Caryl Férey - Condor

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Condor: краткое содержание, описание и аннотация

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Condor Condor Condor Caryl Férey vit à Paris. Après s'être aventuré en Nouvelle-Zélande avec sa « saga maorie » (
et
), en Afrique du Sud avec
(récompensé entre autres par le
en 2008 et adapté au cinéma en 2013) puis en Argentine avec
, il nous entraîne avec
dans une exploration sombre du Chili, dans une course-poursuite sanglante transfigurée par l'amour. Le nouveau roman de Caryl Férey nous fait voyager et frémir autant que réfléchir et nous rappelle, s'il le fallait, que l'auteur s'est imposé comme le maître du thriller des grands espaces et de l'ailleurs.

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Il n’y eut bientôt plus de poules, de chiens réfugiés sous la grange : la rosée avait coulé sur Gabriela comme un élément liquide, impondérable. La voix de la machi aussi avait disparu, partie sous terre réveiller quelque dieu volcan, la laissant seule avec le monstre… Gabriela fit un voyage mystique : elle n’était plus agenouillée dans la cour mais jetée dans les rouleaux de Quintay, cette nuit où elle aurait dû mourir. Elle suffoquait sous l’eau, se débattait en gestes désespérés pour échapper au courant, remontait à la surface, succession de miracles happés comme autant de goulées d’air. Elle affrontait les flots démontés sous la lune, le Monstre revenu pour elle, elle affrontait la force sombre de Kai Kai, le serpent du fond des mers qui depuis la nuit des temps s’opposait à Ngünechen. Un combat fabuleux : Gabriela se revit dans les vagues, boxée par les bras surpuissants qui voulaient l’abattre, l’attirer vers les grands fonds, la noyer. Il n’y avait pas de providence à attendre, de salut.

Un nuage blanc passa dans son esprit. Une série d’anamorphoses au brouillard aveuglant qui la tinrent en haleine.

Elle vit un âne ricanant sous des parois de sel craquelées.

Elle vit Enrique, vivant, qui mâchait de la terre.

Elle vit un homme au loin, à la cuirasse luisante.

Elle vit sa mère, Karla, embrasser un autre que son père.

Elle vit un étudiant se faire tabasser contre une porte cochère.

Elle vit Camila et son éclat de rire cristallin qui semblait se moquer de leur amour raté.

Elle vit un prisonnier nu couvert d’excréments et le rabot que lui passaient ses geôliers pour l’écorcher vif.

Elle vit les yeux d’une araignée, six, en gros plan, avant qu’ils ne partent en fumée.

Elle vit un couple aux voix désynchronisées qui n’arrivaient pas à s’entendre.

Elle vit son frère Nawuel, le werken du Conseil assesseur indigène, poussé de force dans un hélicoptère des Forces spéciales, le souffle des rotors chassant les vieux et les enfants.

Elle vit un désert blanc et la cité lacustre au bout de la lagune.

Elle vit Esteban tenant à la main une rose ensanglantée.

Elle vit le père Patricio et son sourire sans dents sur les papiers gras d’une décharge.

Elle vit une jolie jeune femme aux cheveux courts, en noir et blanc, qu’elle ne connaissait pas.

Elle vit la tombe de Víctor Jara et le drapeau mapuche qui flottait dans la brise d’un ciel d’été.

Elle vit sa sœur tenant son bébé et l’homme qui les caressait.

Elle vit le serpent du fond des mers, qui lui chuchotait son nom maudit à l’oreille.

Elle vit le Mal, droit dans les yeux.

Les poils de Gabriela se hérissèrent. Le noir se fit soudain : dédoublée, flottant maintenant au-dessus de la plage, esprit-oiseau, elle vit Esteban qui remontait le chemin vers le bois où ils avaient garé l’Aston Martin. Il tournait le dos à l’océan, sa GoPro à la main, la laissant seule affronter leurs démons. Son amour la trahissait. Il l’abandonnerait, à la première occasion. Leur temps s’était désaccordé. Gabriela tomba des nuées, sur le sable mouillé. Une vague plus grosse s’écrasa sur les coquillages et le Monstre réapparut, plus terrifiant encore : il la tira en arrière et la renvoya crue dans l’écume tourbillonnante. Emportée par la lame, Gabriela fut précipitée, littéralement pressée sous les tonnes d’eau qui l’écrasaient. Un froid intense la saisit. La joue plaquée contre le sable, manquant d’air, les courants l’aspiraient par le fond. Son sang se glaça : elle était revenue à la première scène, quand elle se débattait dans les rouleaux. Elle vivait en boucle le même cauchemar. Un poids énorme comprimait sa poitrine, l’oxygène accumulé allait la faire exploser, ou la pression de l’océan. Elle sentit la mâchoire du serpent sur sa nuque, l’étau douloureux qui concassait ses os. Elle tenta de remonter à l’air libre, avec les derniers gestes inutiles des noyés, mais elle perdait pied. L’air se raréfia dans ses poumons, puis soudain le froid se dissipa.

La nuit aussi.

Un soleil crépusculaire tombait maintenant sur l’horizon.

Gabriela était de nouveau face à l’océan mais le décor avait changé : des dunes blondes se dessinaient dans les embruns, les vagues assommaient la plage vide mais la menace s’était éloignée… Une douce chaleur s’empara de son corps, pierre volcanique, repoussant le Monstre dans ses froids abysses. La peur qui l’étreignait s’envola dans la brise marine, comme un mirage. Où se trouvait-elle au juste ? Gabriela sentait une présence autour d’elle, une aura fantôme qui approchait. La chaleur ne la quittait pas, elle grandissait même… Son cœur se gonfla, sûr, puissant : la silhouette d’Esteban apparut sous la bande nuageuse. Le vent la faisait frissonner, les vagues se fracassaient sous l’horizon au crépuscule, mais il était vivant. Elle l’avait ramené à la surface du monde.

Elle l’avait ramené d’entre les morts.

Le tambour s’était tu quand la Mapuche reprit corps avec la réalité.

Une heure avait passé, ou cinq. Gabriela se tenait toujours à genoux au pied du rewe . Une bruine tombait sur la cour de la ferme, où les chiens s’étaient dressés sur leurs pattes : aucun n’aboyait mais tous la fixaient, sentinelles immobiles, les yeux terrifiés…

3

Des oiseaux chantaient à tue-tête dans le jardin de l’ancienne maison de maître. Le soleil perçait les meurtrières des persiennes, une avancée de printemps passé pourtant depuis longtemps.

Esteban ouvrit un œil et reconnut la chambre où on l’avait amené, la lampe de chevet avec ses cadavres de mouches sèches, la tapisserie jaunie et à demi déchirée où son délire lui révélait des formes alambiquées — guanacos, renards, créatures ailées planant sur les volcans… L’esprit de l’apprentie machi venu le visiter ? Des images brouillées jaillissant pêle-mêle de son cerveau comateux ? Esteban avait la tête en feu, un calvaire à genoux qui lui tirait des migraines antiques, le jour par les persiennes comme autant de flèches dans son crâne. Un goût de chimie pataugeait dans sa bouche asséchée. Codéine. Depuis combien de temps était-il là ?

Il se souvenait à peine de son arrivée à Lota, les images et les sons s’étaient fait la malle, ne laissant qu’un esprit vide creuser sa propre tombe. Il vit sa main droite engoncée dans une attelle à plusieurs branches, ses doigts tordus, brisés, douloureux… Dans les réminiscences comateuses qui avaient suivi l’agression, Esteban se remémorait le visage de Gabriela et lui qui s’efforçait de sourire à l’arrière de la voiture au cas où il faudrait mourir. L’étudiante lui avait sauvé la vie, elle avec qui il avait fait l’amour, chez lui, il y avait mille ans… Entre les deux il y avait eu le meurtre d’Edwards, celui du père Patricio, la cervelle de Grazón qui mouchetait le mur carrelé de sa salle de bains, le regard de Luis dans la cuisine qui cherchait encore à s’excuser alors qu’on allait le tuer, l’expression de terreur sur son visage quand la brute l’avait abattu de sang-froid…

Un bout de plâtre se détacha du plafond, tombant sur la moquette en accordéon de la chambre. Les morts se relevaient, et venaient frapper aux portes. Esteban vivait par séquences, des bout-à-bout arrachés au néant, quand un éclair noir le frappa. Un souvenir effrayant jaillissait de son cerveau : cette nuit à Quintay, sur la plage, le trou noir dont ils étaient sortis hagards et amnésiques… Un flash insensé venait de remonter à sa conscience, un monde fantasmagorique, parallèle, où il voyait Gabriela se jeter dans les vagues énormes : ou plutôt il se voyait la filmer , sa caméra à la main, alors que l’écume la submergeait. Des images refoulées, sinistres.

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