Caryl Férey - Condor

Здесь есть возможность читать онлайн «Caryl Férey - Condor» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2016, ISBN: 2016, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Триллер, Прочие приключения, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Condor: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Condor»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Condor Condor Condor Caryl Férey vit à Paris. Après s'être aventuré en Nouvelle-Zélande avec sa « saga maorie » (
et
), en Afrique du Sud avec
(récompensé entre autres par le
en 2008 et adapté au cinéma en 2013) puis en Argentine avec
, il nous entraîne avec
dans une exploration sombre du Chili, dans une course-poursuite sanglante transfigurée par l'amour. Le nouveau roman de Caryl Férey nous fait voyager et frémir autant que réfléchir et nous rappelle, s'il le fallait, que l'auteur s'est imposé comme le maître du thriller des grands espaces et de l'ailleurs.

Condor — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Condor», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Le temps n’avait pas arrangé les choses : Esteban ne passait plus au cabinet qu’en coup de vent, laissait la poussière s’accumuler sur son bureau, multipliait les conquêtes sans qu’aucune curieusement ne s’en plaignît, était de tous les clubs underground de la capitale où le pisco-champagne coulait à flots, une vie de draps défaits.

Son père avait tenté de le raisonner, en pure perte évidemment. À croire qu’il le faisait exprès. Pourquoi ? Pour ridiculiser leur nom ? Sa famille ? Pauvre pitre, éructait Adriano, il y a longtemps que plus personne n’attendait rien de lui !

Esteban les laissait dire. Selon toute logique, il n’avait pas beaucoup de temps à vivre, à moins d’un miracle qui soulagerait sa conscience. Autant croire à la paix dans le monde, au partage des richesses, toutes ces foutaises…

Il était onze heures du matin au cadran de l’Aston Martin. La Panaméricaine filait sous le capot, boa de bitume longeant les Andes. Le vent attisait les braises de sa cigarette dans la décapotable. Fini les vacances à la mer, la défonce, les histoires de Colosse, Esteban roulait, les yeux gonflés derrière ses lunettes, sondant le bleu du ciel sur la Cordillère. Quelques neiges éternelles bravaient l’inéluctable, réchauffant leur peau blanche au soleil austral.

Le retour à la réalité était toujours difficile, le sentiment plutôt neutre. Esteban avait dormi deux jours d’affilée, à peine réveillé par la soif postchimique qui le voyait tituber du lit au robinet de la cuisine, et retomber dans le coma dépressif consubstantiel à la prise répétée de méthédrine. Quand il s’était senti mieux, il avait roulé jusqu’au restaurant de Quintay, un bord de mer où les pélicans attendaient le retour des pêcheurs, et mangé pour trois — lui, Catalina et le Colosse. Ses héros. Il les sentait encore couler, sang d’encre dans ses veines.

Il pensait toujours au texte qui manquait à L’Infini cassé , l’épitaphe de Catalina. Esteban l’avait laissé en suspens, comme ces peintres japonais qui, méditant devant leur toile pendant des jours, achèvent soudain leur œuvre d’un seul et unique coup de pinceau… Soleil de plomb et vent debout dans l’habitable. L’esprit vaporeux, Esteban s’inventait des mirages sur l’asphalte chauffé à blanc.

Cent cinquante kilomètres-heure : le bitume défilait au rythme des cigarettes ventilées. Sans nouvelles du monde extérieur depuis près d’un mois, l’avocat n’était pas pressé de le réintégrer. Des rangées d’oliviers rectilignes se tenaient au garde-à-vous dans les collines, nargués par les cactus anarchiques du bord de route. Il traversait les vallées fertiles du centre, les serres et les taudis où les ouvriers agricoles s’entassaient, sans rien reconnaître. Le monde avait-il tant changé en un mois ? L’Aston Martin ralentit à l’approche d’une zone de travaux, enfer de camions à benne et de goudron chaud répandu sur la piste — tout le pays semblait en travaux.

Enfin la Panaméricaine fit place à une banlieue grise qu’Esteban ignora, encore imprégné de sa virée littéraire hors du temps. L’arrivée sur l’avenue Providencia le ramena vite sur terre. Circulation incessante, bus ou camions crachant leur fumée noire, la brume de pollution était si dense dans la cuvette de Santiago que les Andes toutes proches demeuraient invisibles : une purée de pois où le ciel était gris même en plein soleil.

Esteban prit son mal en patience. Les voitures rugissaient sur l’artère qui saignait la ville, se répandaient dans les rues sans y croiser aucun cinéma ni théâtre. Santiago n’avait presque rien gardé des vieux bâtiments qui marquent l’histoire d’une ville, les urbanistes de Pinochet s’étaient empressés de raser les lieux trop « typés » pour ériger des buildings austères, administratifs. L’avocat s’extirpa du trafic à hauteur de Lastarria et gara la voiture un peu plus loin dans la rue, près du bar qui lui servait de QG.

L’atmosphère était plus calme près de Bellas Artes ; les terrasses échappaient aux poisons des voitures, il y avait même une petite place piétonne avec des restaurants, quelques moineaux pour oublier les murs fades. Esteban marcha pieds nus jusqu’à l’immeuble numéro 43, son sac de voyage à l’épaule, encore incognito derrière ses lunettes noires.

L’appartement avait l’avantage de couvrir le dernier étage et de se situer à dix minutes du cabinet d’avocats. Mobilier moderne d’un blanc aseptisé, lumière du jour omniprésente, terrasse en bois exotique, Esteban vivait seul dans le loft de Lastarria, ce qui à quarante ans constituait ici une anomalie. Mais qu’avait-il à partager ? Ses délires schizophrènes, son dilettantisme affectif, ses affaires de caniveau ? Esteban était trop lucide pour croire en lui-même, et pas assez ravagé pour entraîner quelqu’un dans sa chute.

Clos pendant près d’un mois, l’appartement aussi avait besoin d’un grand coup de frais ; Esteban leva les volets électriques, ouvrit les baies vitrées pour laisser couler la brise du dehors et fit quelques pas sur la terrasse, chat reprenant ses marques. On apercevait la façade de la Católica de l’autre côté de l’avenue, le Jésus géant aux bras ouverts sculpté au sommet, ses murs noircis par les moteurs. Ses années d’études passées là-bas lui semblaient une autre galaxie.

Midi. Ses affaires de vacances jetées dans la machine, il descendit l’escalier de marbre qui menait chez la concierge pour récupérer Mosquito, le perroquet.

Patricia, la concierge, était une grosse femme toujours enjouée.

— Alors ces vacances, s’enquit-elle, c’était comment ?!

— Plein de morts, répondit Esteban.

— Ho ho ! s’esclaffa-t-elle, rodée aux facéties de l’avocat. C’est vrai que tu n’as pas très bonne mine pour un vacancier !

— Je bronze de l’intérieur, comme les Noirs, dit-il, ça se verra bien un jour.

— Comme les Noirs, ho ho !

Un gilet informe tombait sur son corps de bouddha. Esteban remercia la brave femme de s’être occupée de l’affreux bestiau, rejoignit son antre et consigna l’oiseau sur la terrasse.

Mosquito faisait la gueule, ses petites griffes nerveuses rivées au perchoir de la cage. Une ex lui avait laissé son perroquet en le quittant avec perte et fracas. Esteban l’avait gardé, comme on garde un vieux bibelot de famille. Il se concentra sur l’atmosphère qui régnait dans le loft et les objets, peu à peu, retrouvèrent leurs vertus familières. Une descente en douceur, cotonneuse. Il faisait chaud, presque étouffant malgré la brise du cinquième étage. Esteban prit une douche, s’habilla d’un costume noir — il en avait une ribambelle —, bouda les restes périmés du frigo et, désœuvré, fuma une cigarette en observant la Torre Mirador du parc voisin…

À l’instar de Joaquín Bello, l’écrivain dandy qui avait abandonné ses titres et son rang pour défendre la cause du peuple, pourquoi n’était-il pas devenu tout simplement auteur, quitte à perdre son héritage au casino et reprendre sa vie de zéro ? Une fois son roman achevé, devait-il chercher à le faire publier en laissant tout tomber, le cabinet, Edwards, cette ville avariée où il pourrissait sur pied, se foutre en l’air une bonne fois pour toutes ? Mais publier, à quoi bon : la moitié des maisons d’édition du pays appartenait à son père, l’autre à ses amis, toutes plus portées sur les récits people et le développement personnel que sur les élucubrations politico-métaphysiques d’un Colosse et de sa belle arrachés au néant structurel chilien.

Au fond, il se sentait lâche. Ou le courage lui manquait. L’envie. Il affûtait chaque jour un dégoût de lui-même un peu plus profond sans affronter ses monstres endormis, inoffensifs tant qu’il les couchait sur papier… L’étaient-ils vraiment ? Et lui, qu’attendait-il au juste ? Esteban se posait des questions existentielles et ce n’était pas très bon signe. Il n’avait jamais parlé à personne de ses écrits, de ce qu’il en ferait, pas même à Edwards.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Condor»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Condor» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Caryl Férey - Plus jamais seul
Caryl Férey
Caryl Férey - Plutôt crever
Caryl Férey
Caryl Férey - Utu
Caryl Férey
Caryl Férey - Mapuche
Caryl Férey
Caryl Férey - Haka
Caryl Férey
Caryl Férey - Zulú
Caryl Férey
Отзывы о книге «Condor»

Обсуждение, отзывы о книге «Condor» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x