Caryl Férey - Mapuche

Здесь есть возможность читать онлайн «Caryl Férey - Mapuche» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2012, ISBN: 2012, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Триллер, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Mapuche: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Mapuche»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Jana est mapuche, fille d'un peuple sur lequel on a tiré à vue dans la pampa argentine. Rescapée de la crise financière de 2001–2002, aujourd'hui sculptrice, Jana vit seule à Buenos Aires dans la friche de son ancien mentor et, à vingt-huit ans, estime ne plus rien devoir à personne. Rubén Calderón aussi est un rescapé — un des rares « subversifs » à être sorti vivant des geôles clandestines de l'École de Mécanique de la Marine, où ont péri son père et sa jeune sœur. Trente ans ont passé depuis le retour de la démocratie. Détective pour le compte des Mères de la place de Mai, Rubén recherche toujours les enfants de disparus adoptés lors de la dictature de Videla, et leurs bourreaux… Rien, a priori, ne devait réunir Jana et Rubén, que tout sépare. Mais un cadavre est retrouvé dans le port de La Boca, celui d'un travesti, « Luz », qui tapinait sur les docks avec « Paula », la seule amie de la sculptrice. De son côté, Rubén enquête sur la disparition d'une photographe, Maria Victoria Campallo, la fille d'un des hommes d'affaires les plus influents du pays. Malgré la politique des Droits de l'Homme appliquée depuis dix ans, les spectres des oppresseurs rôdent toujours en Argentine. Eux et l'ombre des carabiniers, qui ont expulsé la communauté de Jana de ses terres ancestrales…
Caryl Férey vit à Paris. Après s'être aventuré en Nouvelle-Zélande, avec
et
, puis en Afrique du Sud avec
, dix fois primé et traduit en dix langues, il fait, avec
, ses premiers pas sur le continent sud-américain.

Mapuche — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Mapuche», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

— Elle dealait ?

— Non, je l’aurais su, ça aussi… (Paula bâilla malgré elle.) Pauvre Luz, soupira-t-elle tristement. Dire que je ne connais même pas son nom de famille. Tu connais le mien au moins ?

— Michellini. Miguel Michellini. Ne t’inquiète pas, tu n’es pas faite pour l’anonymat. (Jana écrasa sa cigarette dans la soucoupe où s’entassaient les mégots du petit déjeuner.) En tout cas, il est hors de question que tu retournes tapiner, ma petite : pas tant qu’un malade traîne sur les docks.

Paula allongea ses yeux de mésange sur la banquette.

— C’est bien joli, Cendrillon, mais il doit me rester deux cents pesos en poche. Si je ne travaille pas un peu, on ne tiendra pas un mois à la blanchisserie. Ça va mal, tu sais, ajouta-t-elle, la mine contrite. Les frais pour les soins de maman s’accumulent, on n’a pas de quoi payer et côté ciboulot, ça s’arrange pas non plus. Tu connais pas la dernière ? Je l’ai trouvée hier soir en train de mâchonner des reçus : ouais, des factures ! certifia Paula. Elle bouffe n’importe quoi ! Putain, si ça se trouve elle a même avalé des billets de banque !

La Mapuche grimaça.

— La Vieille Sorcière à Cornes…

— Tu sais bien que c’est plus compliqué que ça, soupira le travesti.

Jana rumina — elle avait vu la vieille une fois, à la blanchisserie : complètement marteau.

— On en a déjà parlé, fit-elle. Pourquoi tu ne viens pas t’installer dans le jardin ? Ta loge est déjà prête, tu n’as qu’à pousser tes frusques et installer un matelas !

— Ça ne règle pas le problème de ma mère, rétorqua Paula. Je ne peux pas la laisser dans cet état, encore moins en ce moment : entre les dettes, son état de santé, et le chorégraphe qui ne me rappelle pas… Qu’est-ce qu’on va devenir ? se lamenta-t-elle bientôt. Je suis bien obligée de travailler sur les docks !

— Pas tant qu’un psychopathe traîne dans le coin, répéta la sculpteuse, catégorique. Tu as envie de finir comme Luz ?

— Non, mais…

— Promets-le-moi ! Le temps qu’on trouve une solution.

Paula acquiesça devant son regard noir, où brillait une pure amitié.

— O.K., concéda-t-elle. Mais il va falloir en trouver une, et vite… (Elle regarda sa montre et fit un bond sur le siège de 404.) Oh merde, on est dimanche, je vais être en retard ! Putain, il faut que je me démaquille sinon l’autre va en bouffer son rosaire !

— Bonne idée, commenta Jana.

Paula enfourcha ses talons et traversa l’atelier sur un fil invisible.

— Je t’appelle tout à l’heure, hein ! Bye, mon ange, bye bye !

Jana voulut lui dire d’envoyer paître sa mère à l’autre bout du cosmos, mais une moitié d’« elle » avait déjà filé sous la pluie.

Peu de travestis étaient des hommes efféminés : leur psychologie était féminine, pas leurs épaules. Miguel Michellini avait les traits fins, un corps menu, des manières délicates… Jana ne savait pas pourquoi il n’avait pas changé de sexe : Miguel n’avait jamais été un homme.

C’est bien ce qu’on lui reprochait.

*

Miguel avait rêvé d’une femme complice à ses côtés, qui lui prêterait ses vêtements, ou, mieux, d’une femme qui lui procurerait l’illusion qu’on le forçait à s’habiller en fille — et qu’il cédait à sa requête… Aussi loin qu’il se souvienne, l’univers féminin l’avait toujours attiré : leurs mouvements, leurs vêtements, leurs jeux. Miguel avait d’abord refoulé cette pulsion mais l’attraction ressurgissait selon les circonstances et les témoins — féminins toujours. Et puis il y avait eu ce jour au début de sa puberté, quand une cousine qui s’était amusée à le travestir avait vu la bosse grossir sous la robe qu’il portait : ce frôlement, cette sensation d’être armé de soie en se glissant dans le tissu, l’ardent frisson sur sa peau, c’était tout bonnement délicieux. Son orientation sexuelle s’était définie ce jour-là, dans une chambre d’été où sa cousine riait.

Le désir de recommencer avait grandi avec son corps. Miguel s’était toujours senti seul au monde. C’était comme s’il lui manquait un bout de lui-même, sans père, sans frère et surtout sans sœur : sa passion pour l’univers opposé comblerait sa solitude. Il ne s’était jamais senti bien dans sa peau. Ou alors dans celle d’un autre inconnu. Comme si sa place n’était pas la sienne, qu’un vide intense l’emplissait, comme s’il manquait de lui, de sa propre identité… Très vite, il lui avait fallu des habits de femme ; se cachant de sa mère, Miguel avait commencé par faire les poubelles avant de venir rôder sur les marchés, dans les fripes de magasins discount. La vue de certaines pièces ou étoffes entraînait chez lui un affolement sexuel qui le poussa bientôt à ne plus se masturber que travesti. Restait à affronter la rue. Il comprit que la sobriété n’était pas assez trompeuse, que la sophistication l’était trop, s’habillait en conséquence. Miguel apprit à marcher, à se livrer au regard des autres, à ressentir avec fulgurance ce que percevait le passant à l’instant où ils se croisaient, à s’asseoir en gardant les genoux joints ; avec le temps, Miguel avait appris à devenir Paula. Devant sa glace, « elle » pouvait répéter mille fois le même geste, comme pour s’en imbiber — tout cet auto-érotisme qui le rendait si seul. Car le premier public du travesti, c’était lui-même…

— Je t’ai pris un rendez-vous chez le docteur, lança Rosa depuis l’arrière-boutique de la blanchisserie. Cette fois-ci, tu as intérêt à y aller !

Miguel se retourna vers sa mère : la vieille femme triturait le rosaire qui pendait à l’accoudoir de son fauteuil roulant, en le fixant avec des yeux de mouette. Miguel reposa le fer à repasser sur son socle.

— Je n’ai pas besoin d’aller chez le docteur, maman, répéta-t-il. Je ne suis pas malade.

— C’est pas ce que dit le pape ! (Rosa réfugia ses doigts malades sous sa couverture à carreaux.) Ni le frère Josef !

— Aaah… Il commence à me les briser, celui-là.

— Ils disent que c’est contre nature ! s’étrangla la bigote. Ah ! Ah ! (Elle s’énervait.) Ils en savent tout de même plus long que toi !

Miguel plia les chemisiers sans plus écouter ses sornettes. La pauvre femme mélangeait tout, le pape, la Vierge, Guadalupe, Dieu et sa mère… Miguel n’arrivait pas à lui en vouloir. Rosa avait trop mal vécu et, l’âge avançant, les malheurs s’accumulaient : après trente années de veuvage et de solitude, la crise et les coupes claires dans les retraites qui avaient ramené sa pension de l’armée à une misère, sa hanche avait rendu l’âme, condamnant sa mère à finir sa vie en fauteuil roulant. Miguel, qui s’occupait des comptes et l’aidait à la blanchisserie, rapportait des docks de quoi surnager : la moitié du quartier savait qu’il se prostituait, mais sa mère ? Après sa hanche, son esprit aussi lâchait prise : la pauvre entrait pour des broutilles dans des rages folles où les anges et l’Église perdaient leur latin, maladie stigmatisée par cette nouvelle manie qui la rongeait.

Rosa faisait des boulettes de tout ce qui lui passait à portée de main : elle déchirait les morceaux de papier, les mastiquait de ses dernières dents avant de les avaler. Les livres, passe encore, Rosa ne lisait que des revues stupides, mais les factures, les reçus, la comptabilité ? La situation devenait impossible : Pascual, le seul cousin avec lequel Miguel gardait contact et qui venait de se marier, avait été clair (« assez d’une hystérique à la maison »), ils n’avaient pas les moyens de payer une aide à domicile, un lieu de retraite ou un endroit médicalisé. Un asile d’aliénés, voilà ce que le destin réservait à sa mère : la blanchisserie de la rue Perú ne valait rien, les rares clients qui venaient encore lui déposer leurs vêtements le faisaient par charité, Rosa n’avait pas d’économies, rien à vendre, qu’un héros mort au combat et ce fils maudit pour mausolée.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Mapuche»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Mapuche» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Caryl Férey - Plus jamais seul
Caryl Férey
Caryl Férey - Plutôt crever
Caryl Férey
Caryl Férey - Utu
Caryl Férey
Caryl Férey - Haka
Caryl Férey
Caryl Férey - Condor
Caryl Férey
Caryl Férey - Zulú
Caryl Férey
Отзывы о книге «Mapuche»

Обсуждение, отзывы о книге «Mapuche» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x