Karine Giébel - De force

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De force: краткое содержание, описание и аннотация

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Le temps de l'impunité est révolu. Le temps des souffrances est venu. Elle ne m'aimait pas.
Pourtant, je suis la aujourd'hui.
Debout face au cercueil premier prix sur lequel j'ai pose une couronne de fleurs commandée sur internet.
Car moi, j'ai voulu l'aimer.
De toutes mes forces. De force.
Lorsque j'arrive devant la porte de mon ancienne chambre, ma main hésite a tourner la poignée. Je respire longuement avant d'entrer.
En allumant la lumière, je reste bouche bée.
Pièce vide, tout a disparu.
Il ne reste qu'un tabouret au centre de la pièce.
Sur le tabouret, une enveloppe.
Sur l'enveloppe, mon prénom écrit en lettres capitales.
Deux feuilles, écrites il y a trois mois.
Son testament, ses dernières volontés.
Je voulais savoir.
Maintenant, je sais.
Et ma douleur n'a plus aucune limite.
La haine.
Voila l'héritage qu'elle me laisse.

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Luc est étonné qu’elle se laisse aller de la sorte à ce genre de confidences intimes. Mais d’un regard tout en douceur, il l’encourage à continuer à se livrer.

— Je suis fille unique, alors je n’ai plus de famille.

— Désolé, répond simplement le jeune homme.

Elle reste silencieuse un moment, comme si elle revivait un instant douloureux. Puis elle poursuit sa confession :

— Maman était une femme formidable… Je la regrette beaucoup. Elle m’a élevée seule, avec son petit salaire d’aide-soignante.

— Elle était née en France ?

Amanda sourit.

— Oui, mais elle était d’origine vietnamienne. Mon père était français. Enfin, je crois.

— Elle ne t’a jamais parlé de lui ? s’étonne Luc.

— Vaguement… Mais rien d’intéressant, je t’assure.

Elle lève son verre, signe que la discussion est close.

— À la nôtre ! dit-elle.

La lumière est tamisée, Amanda a même mis un peu de musique en sourdine. Luc a l’impression d’être tombé dans un piège.

Un piège de velours et de soie.

Pourvu que Maud ne m’ait pas vu entrer chez Amanda, sinon je vais encore avoir droit à une scène !

Il a toujours son pistolet, coincé dans la ceinture de son jean et qui lui blesse les reins. Il s’en débarrasserait volontiers sur la table basse, mais craint d’effrayer la gouvernante.

Soudain, elle pose une main sur sa cuisse et remonte jusqu’à son entrejambe. Luc hésite un instant. Il déteste les complications et ce simple geste augure les pires problèmes. Mais comment résister à ses yeux sombres ? À son sourire décidé et ravageur ?

— Ne t’inquiète pas, murmure-t-elle comme si elle pouvait lire dans ses pensées. Tu me plais, c’est tout…

Luc ne dit rien. Mais son regard la dévore déjà.

— On baise et après on oublie, continue la gouvernante. Ça te va ?

En guise de réponse, il caresse son visage et l’attire vers lui. Il l’embrasse, découvre la douceur exceptionnelle de ses lèvres. Amanda soulève son polo et tombe sur le pistolet.

— Une seconde, dit le jeune homme.

Il récupère l’arme et la dépose sur la table, tandis qu’Amanda suit chacun de ses gestes. Elle semble subjuguée par le Glock. Bien plus que par son propriétaire. Elle s’écarte de lui et effleure le pistolet du bout des doigts.

— C’est juste un flingue, murmure Luc, pressé de passer aux choses sérieuses.

Amanda saisit le Glock, l’approche de son visage. On dirait qu’elle est seule avec l’arme, que Luc n’existe plus.

— C’est beau, dit-elle.

— Hein ? Tu rigoles, ou quoi ?

— Non… Je trouve ça fascinant.

— Sérieusement ?

— Oui… Tu te rends compte ? D’une simple pression, on peut donner la mort.

— Et tu trouves ça fascinant ?

Lentement, elle dirige l’arme vers Luc. Il ne bouge pas d’un millimètre. Tant qu’elle n’ôte pas la sécurité…

— À quoi tu joues ? demande-t-il calmement.

Son sourire a quelque chose d’inquiétant. Et le canon du Glock reste pointé sur le torse de Luc. Pourtant, son visage ne trahit aucune nervosité.

— Tu devrais poser cette arme, dit-il.

— Tu as peur ?

— Non… Pourquoi me tuerais-tu ? Tu as envie de moi, je le sais. Et mort, je serais beaucoup moins sexy, je t’assure !

Soudain, elle part dans un éclat de rire cristallin et Luc en profite pour lui confisquer le Glock en douceur.

— Oublie ce pistolet, dit-il en la prenant dans ses bras.

— Avoue que tu as eu peur, murmure-t-elle près de son oreille.

Il ne répond pas tout de suite, s’appliquant à déboutonner son chemisier. Elle a une peau incroyable. La couleur et le goût du miel.

— Allez, dis-moi que tu as eu peur ! répète-t-elle.

Il plonge ses yeux dans les siens. Mystérieux à souhait.

Il reste collé à elle, mais d’une main saisit le pistolet. Il le fait remonter sur sa peau, depuis sa taille jusqu’à son cou. Il sent que le contact du métal lui procure d’infinis frissons.

Il plante tout à coup le canon dans sa gorge.

— Tu veux savoir ce que ça fait d’être braqué par un flingue chargé ?

Elle ferme les yeux, penche sa tête en arrière, comme si elle s’offrait à la mort.

— Alors, ça fait peur ? demande Luc.

— Non… C’est même très excitant !

Elle glisse entre ses mains et se laisse tomber sur le canapé en l’entraînant dans sa chute langoureuse.

Le Glock atterrit sur le parquet et disparaît bientôt sous un amas de vêtements.

* * *

Luc revient de son jogging matinal. Il passe le portail et remonte l’allée de pierre d’un pas lent, reprenant son souffle.

Puis il s’installe près du bassin, sur le petit banc en bois.

C’est le coin le plus agréable du jardin. Situé à une centaine de mètres de la maison, abrité par quelques arbustes plantés en arc de cercle. De gros galets jalonnent l’étendue d’eau, entourée d’une multitude de plantes aquatiques. Un morceau d’Éden, sorte d’île déserte où il doit faire bon venir savourer de rares parcelles de solitude.

D’ici, il ne peut voir la maison, mais aperçoit la dépendance qui abrite son studio et l’appartement d’Amanda.

Il ferme les yeux, laissant les premiers rayons du soleil pénétrer sa peau.

Il n’a même pas vu sa chambre. Tout s’est passé sur le canapé du salon. Et Amanda l’a viré juste après l’amour. Sans aucun cérémonial.

Tout juste si elle ne lui a pas glissé un petit billet dans le caleçon.

On baise, et après on oublie.

Promesse tenue.

Ce qui lui convient à la perfection.

Lorsqu’il rouvre les yeux, Luc a un léger sursaut. Maud se tient devant lui. Avec le bruit de l’eau, il ne l’avait pas entendue s’approcher. Avant d’ouvrir la bouche, il la dévisage, craignant peut-être qu’elle ne soit furieuse, au courant de ses aventures nocturnes. Mais elle lui sourit tendrement, alors il se détend.

— Salut, dit-il. Tu es déjà debout ?

— Comme tu vois… Tu es allé courir ?

— Comme tu vois !

On dirait qu’elle n’ose pas s’asseoir à côté de lui, alors il tapote le banc avec sa main pour l’y encourager.

— Je te cherchais, dit-elle en se posant près de lui.

— Pourquoi ?

— Pour te proposer de venir prendre ton petit déjeuner avec moi, sur la terrasse.

— C’est gentil. Mais ton père n’est pas encore parti, n’est-ce pas ?

— Il ne va pas tarder, dit-elle comme si elle lui révélait un important secret.

— Alors, on va patienter un peu ! répond Luc avec un clin d’œil. Tu as bien dormi ? Pas trop de cauchemars ?

Elle fixe l’eau du bassin, aperçoit la silhouette fugitive d’une énorme carpe.

— Si, un cauchemar… Un qui me poursuit depuis des années. Je le fais souvent. Rien à voir avec l’agression.

— Tu veux m’en parler ?

Elle sourit tristement.

— Ça t’intéresse ? Ça t’intéresse vraiment , je veux dire ?

— Bien sûr, dit Luc. Pourquoi tu en doutes ? On a bien dit qu’on devait apprendre à se connaître, non ?

Elle hoche la tête.

— Alors, je veux tout savoir de toi.

Elle pourrait écouter sa voix des heures durant. Elle est si grave, si belle. Si sensuelle.

— J’ai rêvé de ma mère, avoue-t-elle. En fait, c’est très bizarre… Je sais qu’il s’agit d’elle mais elle n’apparaît jamais dans le rêve.

— Raconte.

— C’est toujours la même chose : je suis dans la maison, je sors de ma chambre et je descends l’escalier en courant…

Elle marque une pause, comme si les images se bousculaient dans son cerveau.

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