Frédéric Dard: Circulez ! Y a rien à voir

Alors il fait ce que j’escomptais.

Il sort son feu de sa vague et me défouraille dessus. Mais moi, hein ? Bon, t’as pigé ? Evidemment qu’une fraction de seconde avant la première bastos j’ai exécuté un roulé-boulé entre les tombes. Ah ! l’acrobate que voilà. C’est rien de le dire ! Pas feignant des muscles, l’artisss !

Je le culbute dans mon rush. Il lâche sa pétoire. Prend ma tête dans les badigoinces, c’est bon pour sa gingivite ! Il est étourdi, un crochet au menton l’achève. Vite fait, il a les menottes aux poignets.

— Tentative de meurtre sur un officier de police, lui fais-je, ça, ça va aller chercher la Bastille pour quelque temps. Les Ricains auront tout le temps de procéder à ton extradition, grand. Puisque tu aimais tellement les States, tu vas y retourner.

Je cours récupérer mon talkie-walkie dans la putride guitoune afin d’alerter mes deux potes, leur dire de venir nous chercher. Une fois que c’est fait, j’aide Marcus à se relever et on va les attendre, debout devant le muret du cimetière. Je lui montre les champs au-dessus de nous.

— C’est là-haut, vers les Serves, qu’on se cachait dans un grand saule creux pour tripoter le frifri de la fille Marchandise, tu te rappelles ?

Il ne répond rien.

— Je me demande si ce saule vit encore, soupiré-je. Ce ne serait pas impossible : les saules sont tellement plus costauds que nous !

Les noms que je cite ici vont bientôt disparaître alors que mes polars resteront encore un millénaire ou deux en librairie. Que les noms des fantômes évoqués constituent un témoignagne. Amen. S-A.

Elle y est du temps que je commets ce book, mais d’ici qu’il soit publié, le régime aura peut-être changé. On est en alternance, en France : un coup je te vois, un coup je te vois pas ! Comme ça, y en a pour tout le monde !

A son sens inné de la poésie, San-Antonio ajoute un côté pratique révélateur de l’homme d’action qu’il est malgré son tempérament contemplatif.

Je raffole de ce calembour. Il me rappelle un prof de maths que j’ai eu et qui, à chaque phrase, usait de l’adverbe évidemment. Toute la classe ajoutait « chacouilles ». Ça faisait manche à couilles, tu comprends ? Non, tu comprends pas ? Bon, tant pis, ça ne fait rien.

Béru entend par là une valise Samsonite, de toute évidence.

Biffer la manutention inutile.

San-Antonio rédige beaucoup trop vite, à preuve : il écrit le casier géant pour le cas échéant !

Jeu de mots seulement compréhensible par les amateurs de théâtre de boulevard français ; mais moi, tu le sais, j’œcuménise à tout berzingue. San-A .

Même pour réfléchir je m’invente des néologismes. Faut jamais lésiner sur son confort cérébral.

En français dans le contexte.

Jeu de mots typiquement san-antonien, à double détente. S’alcooliser de Rome = Colisée de Rome. Mais le bacardi étant du rhum, il y a également calembour phonétique. Bravo, San-Antonio !

San-Antonio emploie des grossièretés à plaisir, par esprit de provocation ; comme s’il entendait décourager les nombreux supporters qui exigent sa réception sous la coupole.

Pourrait s’écrire « exténués » puisque basket est à ta fois masculin et féminin ; mais je donne priorité au féminin ; et après, ces nœuds vont me traiter de macho !

Vas-y de ma part, on te fera des prix.

Prodigieux raccourci dont S-A. a le secret !

Si je ne faisais pas des livres, je crois que j’écrirais ; j’adore ça !

Pour j’ouïs, tu l’auras compris.

Non mais, de quoi y s’mêle, ce Yougo de merde !