Frédéric Dard - Renifle, c’est de la vraie

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Renifle, c’est de la vraie: краткое содержание, описание и аннотация

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Bonne nouvelle : la chasse aux perdreaux vient d'ouvrir !
Oui, mais sale nouvelle pour les perdreaux !
Les flics se ramassent à la pelle dans les rues de Paname !
Il faut absolument qu'on fasse quelque chose, non ?
Alors on fait.
Béru, par exemple, se déguise en gardien de la paix. Comme il prend du service dans le quartier des putes, c'est pas triste, malgré l'hécatombe !
Franchement, si t'es contre la chicorne, la baise et la franche rigolade, vaut mieux que tu relises l'annuaire des Chemins de fer.

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Ils sursautent.

— Balancé ! disent-ils en trois exemplaires authentifiés.

— Balancé, répété-je.

— Par qui ? demande Fernando.

— C’est ce que l’Organisation m’a chargé d’établir. Je tire mon feu de mon bénouze, très Le shériff sifflera trois fois , souffle sur le canon, avant de le fourbir, de ma manche, puis le dépose devant moi.

— On va à des sanctions, les gars, fais-je négligemment. Y a des malins qui ne finiront peut-être pas la nuit !

Je vais prendre une bouteille de vodka dans mon petit réfrigérateur de bureau. Me verse un verre, tout de suite embué et le vide cul sec. Le héros se tape toujours un gorgeon avant le massacre. Ils suivent mes moindres gestes comme si je jonglais avec des grenades dégoupillées. Je fronce les narines.

— Y en a qui ont déjà commencé de se répandre dans leurs guenilles ; le sphincter, c’est ce qui se relâche en premier chez les mauviettes. Vous savez ce qu’est le sphincter, au moins ?

La Raclette répond :

— L’oignon ?

— T’as gagné, Petitou.

— Je suis en seconde année de médecine, il murmure, comme si cette révélation devait lui valoir une mesure de clémence.

Je me lève :

— Je vais commencer par toi, le Tondu. Les deux autres, suivez-moi !

Ayant récupéré une paire de menottes dans un tiroir, je les conduis dans la pièce voisine et les enchaîne l’un à l’autre après avoir fait passer la chaîne du cabriolet grand sport derrière le tuyau du chauffage central, ce qui est une méthode vieille comme le roman policier. Déjà, à l’époque d’Hugues Capet, on procédait de la sorte dans les polars écrits en gothique. Ensuite, je leur placarde un rectangle de sparadrap sur le museau.

— Si vous l’arrachez avec votre main libre, je vous déchausse toutes les dents à coups de crosse, promets-je.

Là-dessus, je reviens à Domino. Il aurait pu mettre les adjas pendant ma courte absence, mais non, tu penses : il a bien trop les foies pour tenter quoi ce soit.

— Bon, je t’écoute, Domino.

Effaré, le loustic.

— Mais j’ai rien à vous dire, il déplore.

— Mais si ! Tu commences par le commencement et tu déroules en essayant de ne rien oublier.

— Quel commencement ?

— Où, quand et comment tu as connu Emeraude, Hervé, le reste des copains. Ce que vous avez fait, les uns et les autres. Tu n’oublies rien, surtout.

Je me dis que je dois absolument ponctuer par du théâtral. Tout est dosage dans la vie, tu comprends ?

Je vais prendre une paire de gants dans mon bureau. Des gants de pécari noir avec des ronds découpés sur le dos de la main à l’emplacement des phalanges. Très lentement je les enfile. Il me regarde avec des lotos exorbités. Je pense que c’est décidément cézigue qui a dû flouser dans son bénoche parce que ça fouette de plus en plus.

CARTE BLANCHE

Moi, le boulot ne m’a jamais fait peur. Je pars de la certitude que, sans cette armature qu’est le travail, les hommes ne pourraient se supporter plus d’un mois. Le plus grand fléau de la société, c’est la cinquième semaine quand elle est prise à la suite des quatre premières. Un désœuvré est un neurasthénique qui s’ignore. L’oisif souffre d’une inguérissable leucémie. Rares sont ceux qui savent vraiment être fainéants à part entière. Qui possèdent suffisamment d’équilibre pour ne rien branler. J’en connais pourtant un, un vrai pro de la glanderie. Un qui se lève sans avoir rien d’autre à foutre que d’attendre qu’il soit l’heure de se recoucher. Il s’occupe de rien. Si de lui, ce qui revient au même. Il change de femme et de voiture très souvent. Il bouffe. Il s’invente. Se raconte à qui veut l’entendre. S’aime. Ça lui tient compagnie. Travailler lui semble profondément méprisable, infiniment subalterne, même que tu sois Lagardère, Tapie ou le roi de l’étain. Œuvrer est pour lui une tare, une indélébile souillure. Parfois je le regarde ne rien faire. J’admire le travail que ça représente ! Dans le fond, il bâtit une œuvre, ce gus : sa paresse. Faut pouvoir ! Ça implique de la maîtrise, de la persévérance. La foi ! Il a foi en sa totale inutilité. L’accomplit comme une mission. Il est l’apôtre de sa flemme.

Mais moi, j’ai réduit mes ambitions. Alors je bosse. Et il m’arrive, comme cette nuit par exemple, de marner plus qu’il n’est concevable, de franchir des limites, d’aller au-delà du harassement intégral. Commencé à une plombe du mat’, mon turf s’achève à huit. Vraiment, c’est l’exploit. Le complet dépassement. L’outrepassement, je conviens.

Pour te résumer, j’ai interrogé les trois tocassons ramassés au Grand Valdingue . Vers du nez ! Jusqu’au plus minuscule ! Rien n’est laissé dans l’ombre. C’est la mise à plat intégrale. Je note au passage les choses importantes. Des noms, des lieux, des dates. Une fois passés à la moulinette, les trois copains de la môme Emeraude téléphonent à d’autres complices pour leur enjoindre de venir nous rejoindre. Et ces garnements, ces terreurs, ces « assassins » viennent docilement se réfugier dans ma toile. Je me fais l’effet d’être une grosse araignée, avec mon blouson de casseur, mes gants noirs, mes lunettes noires, mes tifs gominés, ma boucle d’oreille bidon. Si j’étais resté en complet Cerruti impec, cravate, pompes briquées, ils auraient ergoté, ces lavedus. Seulement je suis là, esprit du mal personnifié, barbare, terrific, mystérieux, alors ils claquent des dents et bédolent dans leur slip. Ne savent plus du tout où ça va, tout ce bignz. Si je suis lard ou cochon. Si je vais leur confier une mission ou les refroidir à coups de flingue.

Neuf !

Et moi, tout seulâbre.

Ils rebelleraient, pourraient me lyncher fastoche, malgré ma rapière et ma saccagne. Me défenestrer sans ouvrir la croisée. Me découiller à l’aide de mon coupe-papier de bureau !

Mais non, vaincus par ma personnalité, ils forment un troupeau soumis. Maintenant, je sais tout, j’ai tout pigé. Et je trouve qu’elle a été organisée de première, cette Opération Mort aux Vaches. Du grand art ! Chapeau ! Faut un esprit sans ratés pour échafauder une telle combine.

Je viens de dénoyauter le dernier des neuf et je sens qu’un vertige m’empare, me dodeline. J’ai éclusé la boutanche de vodka pour me doper au cours de la nuit, et maintenant une méchante nausée me tarabuste l’alambic. Ma vésicule qui me traite de con ! Regimbe ! Bon, d’accord, je l’ai méprisée. Lui demanderai pardon au jus de carotte, au bouillon de poireau, à la tisane de camomille, même, s’il le faut.

La sonnerie du bigophone explose dans mon burlingue comme tout un arsenal plastiqué.

L’horreur ! Mon cerveau se fêle.

Je décroche d’un geste épuisé.

La voix du dirlo, glaciale en ce matin qui n’est pour moi qu’une fin de nuit malgré son soleil engageant.

— San-Antonio ?

— Lui-même.

Ce vieux con qui vient m’éplucher la prostate dans un moment d’intense délabrement…

— Dites donc, mon garçon, pouvez-vous me dire ce qui se passe avec M. le sous-directeur Dumanche-Ackouihl ? Sa ravissante fille a disparu avec votre satané nègre ! Les parents éplorés ne l’ont pas revue de la nuit ! Beau-Phil… Je veux dire M. Dumanche-Ackouihl est là, à mon côté, qui se fait un sang d’encre. Vous savez ce que c’est qu’un père, San-Antonio. Non, n’est-ce pas ! Vous n’avez pas d’enfants, ou alors une quantité, non répertoriés, engendrés au hasard de vos troussées soudardes !

Yayaïe, ce qu’il me plume, ce nœud coulant ! Un fort renvoi consécutif à la vodka m’échappe. Le Vieux se tait, indécis.

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