Daniel Pennac - La petite marchande de prose

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« „L'amour, Malaussène, je vous propose l'amour !“ L'amour ? J'ai Julie, j'ai Louna, j'ai Thérèse, j'ai Clara, Verdun, le Petit et Jérémy. J'ai Julius et j'ai Belleville…
„Entendons-nous bien, mon petit, je ne vous propose pas la botte ; c'est l'amour avec un grand A que je vous offre : tout l'amour du monde !“
Aussi incroyable que cela puisse paraître, j'ai accepté. J'ai eu tort. »
Transformé en objet d'adoration universelle par la reine Zabo, éditeur de génie, Benjamin Malaussène va payer au prix fort toutes les passions déchaînées par la parution d'un best-seller dont il est censé être l'auteur.
Vol de manuscrit, vengeance, passion de l'écriture, frénésie des lecteurs, ébullition éditoriale, délires publicitaires,
est un feu d'artifice tiré à la gloire du roman. De tous les romans.

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— Un demi-siècle de mensonge !

Elle reprenait son souffle. Le récit grondait sous elle. Les mots la pressaient.

— Pendant près de cinquante ans, j’ai été la dupe d’un menteur. Moi ! Sous le seul prétexte qu’il était mon fils.

Thian se demanda fugitivement si le silence des seize années suivantes avait été autre chose que l’expression muette d’une énorme surprise.

— Si je n’avais pas été veuve, les choses auraient sans doute tourné autrement.

Mais son mari, Chabotte, le jeune ambassadeur de France au Brésil qui l’avait enlevée à l’affection de son père, avait eu l’idée de mourir quand elle était enceinte. Mort sotte. Une mauvaise grippe.

— Il m’aurait ouvert les yeux s’il avait vécu. La vérité est une affaire d’homme. La vérité est une affaire de menteur. Policiers, avocats, juges, huissiers de justice, métiers d’hommes. Et qu’est-ce qu’un procès gagné, si ce n’est une vérité travestie ? Et un procès perdu, sinon le triomphe du mensonge ?

« Pas de digression, madame, pas de digression », suppliait Thian intérieurement.

* * *

Elle serait bien retournée au Brésil, si cette même année — l’année de sa grossesse, l’année de la mort de son mari — ne lui avait aussi coûté la vie de son père.

— Acculé au suicide par une intelligentsia de menteurs. Je vous expliquerai.

Elle avait rompu avec le Brésil. Elle s’était consacrée à l’éducation de son fils-Chabotte. Ici. Et voilà qu’un soir, il y a seize ans de cela, le fils en question faisait irruption dans cette même pièce, avec sa démarche si sautillante, tellement gaie, cette élasticité infatigable, une boule de vie qui avait traversé la moitié d’un siècle en bondissant de diplômes en honneurs, de députations en ministères, comme s’il s’était agi de jouer à chat perché, ni plus ni moins, quelle insouciance ! Quel enfant délicieux il avait su rester ! Il était entré ici, avait saisi la chaise entre deux doigts — la chaise sur laquelle Thian était présentement assis —, l’avait placée devant elle tout comme Thian venait de le faire — c’était l’heure de la soirée où il lui faisait ses confidences, l’heure tant attendue où il lui narrait ses exploits du jour, l’heure où depuis cinquante ans il lui mentait ponctuellement, mais elle ne le savait pas encore. Il s’était donc assis devant elle, un énorme manuscrit posé sur ses genoux, et l’avait regardée sans rien dire, l’œil radieux, attendant qu’elle comprit. Elle-même retenait la joie qui montait en elle. Elle ne souhaitait pas comprendre trop tôt. Elle avait laissé les secondes passer. Comme on prendrait le temps de voir éclore un œuf. N’y tenant plus, elle murmura :

« Tu as écrit un livre ?

— J’ai fait mieux que ça, maman.

— Que peut-on faire de mieux qu’écrire un livre ?

— J’ai inventé un genre ! »

Il avait crié cela : « J’ai inventé un genre ! » Puis il s’était lancé dans une démonstration étourdissante sur l’extraordinaire nouveauté de ce qu’il appelait son réalisme libéral ; il avait été le premier à donner au Commerce son droit de cité dans le royaume du roman, le premier à hisser le commerçant à la dignité de héros fondateur, le premier à magnifier sans faux-fuyants l’épopée commerciale… Elle l’avait interrompu, elle avait dit :

« Lis-moi. »

Il avait ouvert le manuscrit. Il avait lu le titre. Cela s’appelait Dernier baiser à Wall Street. Ce n’était pas un titre d’une distinction folle, mais si elle en croyait la théorie du réalisme libéral, les ambitions de son fils le plaçaient au-delà des préjugés esthétiques. Quand il s’agit de donner à lire à la moitié de la planète, on ne fait pas dans le titre arachnéen.

« Lis-moi. »

Elle tremblait d’impatience.

Elle attendait cet instant depuis ce lointain hiver où un télégramme venu du Brésil apprenait à une jeune veuve enceinte le suicide de son père, Paolo Pereira Quissapaolo.

— Il faut que je vous explique qui était mon père.

(« Non madame, pensait Thian, je vous en prie, au fait ! au fait ! »)

— Il était le fondateur de l’« identitarisme », ça vous dit quelque chose ?

Rien du tout. Ça ne disait rien du tout à l’inspecteur Van Thian.

— Évidemment.

Elle expliqua tout de même. Une histoire prodigieusement confuse. Chamaillerie d’écrivains dans les années 1923–1928 au Brésil.

— Pas un seul écrivain, à l’époque, qui fût authentiquement brésilien, hormis mon père, Paolo Pereira Quissapaolo !

(« Oui, mais c’est votre fils qui m’intéresse, Chabotte, le ministre… »)

— Littérature brésilienne, quelle sinistre plaisanterie ! Romantisme, symbolisme, parnassianisme, décadentisme, impressionnisme, surréalisme, les écrivains de chez nous s’acharnaient à fabriquer un exotique musée Grévin de la littérature française ! Peuple de singes ! Peuple de cire ! Les écrivains brésiliens n’avaient rien en propre qu’ils n’eussent volé ! Et pétrifié !

(« Cha-botte ! Cha-botte ! » scandait intérieurement l’inspecteur Van Thian.)

— Mon père, seul, se dressa contre cette francomanie.

(« La digression… », pensait l’inspecteur Van Thian…)

— Il déclara une guerre totale à cette aliénation culturelle dans laquelle il voyait son pays si furieusement avide de perdre son âme.

(« La digression, c’est le lierre de l’interrogatoire, son inflation, son eczéma, pas moyen de lutter contre… »)

— Et puisqu’il n’y avait alors de vie littéraire sans école, mon père fonda la sienne, l’ identitarisme.

(« L’identitarisme… », pensa l’inspecteur Van Thian.)

— École dont il était le seul membre, non reproductible, non transplantable, non transmissible, inimitable !

(« D’accord… »)

— Sa poésie ne disait que lui, et son identité… son identité, c’était le Brésil !

(« Un cinglé, quoi. Un doux dingue. Un poète fou. Bon. »)

— Trois vers résumaient son art poétique, trois vers seulement.

Elle les récita tout de même.

— Era da hera a errar
Cobra cobrando a obra…
Mondemos este mundo !

(« Ce qui veut dire ? »)

— Ère de lierre en errance
Serpent recouvrant toute œuvre…
Émondons ce monde !

(« Ce qui veut dire ? » insista muettement l’inspecteur Van Thian.)

* * *

Bref…

La nuit est bien avancée, maintenant. Le froid pince. Paris est un halo. Thian marche, la petite Verdun sur son arme et son arme sur son cœur.

Bref…, résume l’inspecteur Van Thian, ce type, le poète brésilien, grand-père maternel de feu Chabotte, n’a jamais été publié. Pas le moindre mot. Ni de son vivant, ni après sa mort. Il a dépensé sa fortune en productions à compte d’auteur dont il inondait gratuitement tous ceux qui savaient lire dans son pays. Un cinglé. Illisible. La risée de son milieu et de son temps. Même sa fille se marrait. Et voilà qu’elle épouse l’ambassadeur de France à Rio ! Le parti le moins présentable qu’elle puisse lui présenter.

Et c’est l’exil. Et c’est la grossesse. Et c’est le veuvage. Et c’est le remords. Elle veut rentrer au pays. Trop tard. Le poète maudit s’est fait sauter la caisse. Elle accouche d’un fils : Chabotte. Elle relit l’œuvre paternelle : géniale ! Elle trouve ça génial. « Unique. » « L’authenticité a toujours un siècle d’avance. » Elle jure de venger son père. Elle retournera au pays. Oui, mais à cheval sur l’œuvre de son fils !

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