Daniel Pennac - La petite marchande de prose

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« „L'amour, Malaussène, je vous propose l'amour !“ L'amour ? J'ai Julie, j'ai Louna, j'ai Thérèse, j'ai Clara, Verdun, le Petit et Jérémy. J'ai Julius et j'ai Belleville…
„Entendons-nous bien, mon petit, je ne vous propose pas la botte ; c'est l'amour avec un grand A que je vous offre : tout l'amour du monde !“
Aussi incroyable que cela puisse paraître, j'ai accepté. J'ai eu tort. »
Transformé en objet d'adoration universelle par la reine Zabo, éditeur de génie, Benjamin Malaussène va payer au prix fort toutes les passions déchaînées par la parution d'un best-seller dont il est censé être l'auteur.
Vol de manuscrit, vengeance, passion de l'écriture, frénésie des lecteurs, ébullition éditoriale, délires publicitaires,
est un feu d'artifice tiré à la gloire du roman. De tous les romans.

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— Pas une ligne.

— Il a un nègre ?

— Non.

Alors, l’éclosion de la vérité aurait dessiné un paysage tout neuf sur ta bouille, Loussa, comme un soleil qui se lève en terre inconnue.

— Il a fauché tous ces bouquins à quelqu’un ?

— Oui.

— Un mort ?

— Non, tout ce qu’il y a de vivant.

Et je t’aurais finalement entendu poser la question inévitable :

— Tu connais ce type, petit con ?

— Oui.

— Qui est-ce ?

* * *

C’est le type qui m’a logé une balle entre les deux yeux, Loussa. Un grand type blond, d’une beauté rare, d’un âge indéfinissable, une sorte de Dorian Gray assez semblable à ces héros de J.L.B. que leur précocité semble conserver en éternelle jeunesse. Ils font leur âge jusqu’à dix ans ; à trente, ils sont au sommet de leur gloire et en paraissent quinze ; à soixante, ils passent pour l’amant de leur fille, et leur beauté d’octogénaires est de celles qui sont toujours prêtes au combat. Un héros de J.L.B., je te dis. Un combattant éternellement jeune, éternellement beau, du réalisme libéral. Voilà à quoi ressemble le type qui m’a assassiné. Non sans raison, le pauvre, puisqu’il était l’auteur des bouquins que je prétendais avoir écrits en me donnant des allures de coq ventripotent. Oui, Loussa, il m’a descendu à la place de Chabotte, Chabotte qui m’avait créé spécialement pour ça. Il a cru que c’était moi qui lui avais fauché son œuvre, il a centré ma tête dans sa lunette de visée, il a appuyé sur la détente. Voilà. J’avais servi.

Quant à savoir, maintenant, pourquoi cette phrase : « La mort est un processus rectiligne » a déterré en moi le pot aux roses, quant à savoir pourquoi j’ai revu instantanément la tête de son auteur quand tu me l’as lue — moi qui la cherchais vainement le jour où le géant émiettait mon bureau —, tu m’excuseras, Loussa, mais ce serait trop long à t’expliquer, trop fatigant.

C’est que, vois-tu, cette fois, je suis bel et bien occupé à mourir. Je sais, dit comme ça, à la première personne du singulier, c’est à n’y pas croire, et pourtant, à y bien réfléchir, c’est toujours à la première personne du singulier qu’on meurt pour de bon. Et c’est assez inacceptable, il faut bien le reconnaître. Les jeunes gens qui partent sans peur en croisades guerrières n’envoient que leur troisième personne sur les champs de bataille. À Berlin ! Nach Paris ! Allah Akhbar ! C’est leur enthousiasme qu’ils envoient mourir à leur place, un tiers bourré d’une barbaque et d’un sang dont ils ignorent qu’ils sont les leurs. Ils meurent dans l’ignorance d’eux-mêmes, leur première personne confisquée par des idées tordues à face de Chabotte.

Je meurs, Loussa, je te le dis en toute simplicité, je meurs. Cette machine sur laquelle tu t’extasiais est tout bonnement une dialyse dernier cri, une nouveauté que j’expérimente, en quelque sorte, qui me tient lieu de reins, mes deux reins que m’a fauchés Berthold. (Un accident de moto, à ce qu’il paraît, un jeune homme et une jeune fille, le dos du garçon a heurté le tranchant du trottoir, ses reins ont explosé. Urgence. Il lui fallait deux reins, Berthold a pris les miens.) Je meurs comme beaucoup d’autres pour être tombé sur un bienfaiteur de l’humanité : Berthold ! Et s’il ne m’avait fauché que mes reins, encore… Loussa, tu n’as pas idée de ce qu’on peut soustraire à un corps au fil des semaines sans que personne s’en aperçoive ! Tes proches continuent à te rendre visite, des proches extralucides, des Thérèse, des Petit, et ils n’y voient que du feu. Ils sont devant un sac qu’on vide sous leurs yeux, mais ce sac continue d’être leur frère. « Benjamin vivra jusqu’à l’âge de quatre-vingt-treize ans… » Au rythme où Berthold me pille, je me demande ce qui restera de moi, à quatre-vingt-treize ans. Un ongle, peut-être ? Alors, Clara, Thérèse, Jérémy et Louna, Verdun et le Petit continueront de visiter l’ongle. Je ne plaisante pas, tu verras ce que je te dis, toi-même Loussa, tu visiteras l’ongle, tu t’obstineras à lui apprendre le chinois, tu lui parleras de ton Isabelle, tu lui feras de belles lectures, parce que tous autant que vous êtes, ma famille et toi, ce n’est plus le frère, désormais, que vous venez voir ici, c’est la fraternité, ce n’est plus l’ami que tu visites (l’ami, péngyou en chinois) c’est l’amitié (yŏuyí ), ce n’est plus une personne physique qui vous attire dans cet hôpital, c’est la célébration d’un sentiment ; alors, forcément, la vigilance tombe, on ne se pose plus de questions médicales, on gobe les explications des toubibs (« oui, il nous a fait un petit accident rénal, nous avons dû le placer sous dialyse péritonéale »), et l’ami de s’extasier sur le bel engin : « Mais dis donc, c’est joli, cette nouvelle machine qu’ils t’ont mise là ! » Et les hurlements de mes reins quand Berthold me les a arrachés, c’était joli nom de Dieu ?

Ça y est, Loussa, je m’étais promis de mourir en toute sérénité, ravi d’être éparpillé au profit de mon espèce, et voilà que je m’énerve, mais merde, quoi, tu trouves normal, toi, qu’on me pique mes deux reins pour qu’un connard de fils de famille qui a voulu épater sa copine en faisant vrombir son gros cube puisse continuer à pisser tranquille ? Tu trouves ça juste, moi qui n’ai jamais voulu passer mon permis de conduire, moi qui hais les motards, ces monomaniaques à roulettes, suicidaires tous, et qui menacent la vie de mes petits, tu trouves normal qu’on découpe mes poumons, oui, mes poumons, les prochains sur la liste de Berthold ! pour les greffer à un boursicoteur initié qui s’est collé le roi des cancers à force de griller sèche sur sèche pour mieux entuber son monde ? Moi qui ne fume pas ! Moi qui n’entube que moi-même !… Si au moins on transférait ma queue sur un amant idéal qui aurait perdu la sienne dans une mâchoire trop amoureuse, je ne dis pas, ou la peau de mes fesses pour restaurer un Botticelli, à la rigueur, mais, Loussa, le hasard fait que je suis pillé au profit des pillards… Je suis pillé, Loussa, je suis pillé tout vivant, morceau par morceau, transformé en machines qui se font passer pour moi, qu’on visite à ma place, je meurs, Loussa, parce que chacune de mes cellules a beau avoir quelques milliards d’années d’évolution derrière elle, elle meurt, elle aussi, elle cesse d’y croire et elle meurt, et c’est chaque fois une petite mort singulière, une première personne qui s’éteint, un morceau de poésie qui s’en va…

38

« Je ne crois pas les femmes qui se taisent. » C’est ce que se disait l’inspecteur Van Thian, assis depuis une bonne heure devant une femme qui se taisait.

— Madame ne parle plus depuis seize ans, monsieur. Madame n’entend plus et ne parle plus depuis seize ans.

— Je ne crois pas les femmes qui se taisent, avait répondu l’inspecteur Van Thian au très discret Antoine, maître d’hôtel de feu le ministre Chabotte.

— Je viens voir Mme Nazaré Quissapaolo Chabotte.

— Madame ne reçoit pas, monsieur, Madame ne parle plus, Madame n’entend plus et ne parle plus depuis seize ans.

— Qui vous dit que je suis venu l’écouter ?

L’inspecteur Van Thian s’était tenu un raisonnement simple. Si ce n’est pas Julie qui a exécuté Chabotte, c’est quelqu’un d’autre. Si c’est quelqu’un d’autre, il faut reprendre l’enquête à zéro. Or le zéro, en matière d’enquête, c’est l’entourage de la victime. L’entourage familial d’abord : le point de départ et la ligne d’arrivée, presque toujours. Quatre-vingts pour cent des crimes de sang sont des cadeaux de famille. Eh oui ! la famille tue quatre fois plus que la pègre, c’est comme ça.

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