Daniel Pennac - La petite marchande de prose

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« „L'amour, Malaussène, je vous propose l'amour !“ L'amour ? J'ai Julie, j'ai Louna, j'ai Thérèse, j'ai Clara, Verdun, le Petit et Jérémy. J'ai Julius et j'ai Belleville…
„Entendons-nous bien, mon petit, je ne vous propose pas la botte ; c'est l'amour avec un grand A que je vous offre : tout l'amour du monde !“
Aussi incroyable que cela puisse paraître, j'ai accepté. J'ai eu tort. »
Transformé en objet d'adoration universelle par la reine Zabo, éditeur de génie, Benjamin Malaussène va payer au prix fort toutes les passions déchaînées par la parution d'un best-seller dont il est censé être l'auteur.
Vol de manuscrit, vengeance, passion de l'écriture, frénésie des lecteurs, ébullition éditoriale, délires publicitaires,
est un feu d'artifice tiré à la gloire du roman. De tous les romans.

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* * *

Loussa vibrait de conviction, au chevet de Malaussène.

— Comment veux-tu qu’une femme incapable de bazarder un livre de poche ait pu t’envoyer à la mort ? C’est ce qu’il faudra lui expliquer, à ta Julie.

Mais il fallait dire autre chose à Julie, beaucoup plus que cela, pour lui faire comprendre Isabelle. Il fallait remonter à la nuit où Loussa l’avait rencontrée. Il fallait replonger dans cette crise des années trente, un temps où toute l’Europe crevait de faim, mais où les rois du tissu et les maniaques du papier, les nababs de la haute couture et les princes bibliophiles nourrissaient leurs passions, comme si de rien n’était, aux deux extrémités d’une chaîne dont les maillons les moins fréquentables traversaient la nuit obscure des poubelles.

Or, les poubelles étaient rarement pleines en ces temps de disette. On y jetait peu, on y récupérait beaucoup, on s’y battait à mort. Toutes les guerres naissent du même axiome : les poubelles ont horreur du vide. Une poubelle est prise d’assaut à Levallois ; c’est l’Europe qui s’embrase. Et on voudrait que les guerres soient propres…

Les premières armées de cette Seconde Guerre mondiale furent des bataillons de chiffonniers pataugeant dans les gadoues, l’œil fixe, le crochet au poing. (« Les cicatrices que faisaient ces crochets, petit con, tu n’as pas idée… ») Des escouades d’égoutiers surgissaient du pavé, et l’aube trouvait les chiffonniers de surface un croc en tête, tassés dans des poubelles vides. Ces escarmouches n’étaient rien auprès des batailles qui se jouaient aux champs d’épandage de Saint-Denis, de Bicêtre ou d’Aubervilliers. Vraie préfiguration de Stalingrad que ces combats immobiles où des statues de merde s’empoignaient pour la conquête d’une sentine, le contrôle d’une fosse, l’entrée d’une usine de transformation, trente mètres de rails où déchargeaient les bennes.

Cette guerre d’avant la Guerre avait ses armées, ses stratèges, ses généraux, ses services de renseignements, son intendance, son organisation. Et ses solitaires.

Le Chauve était de ceux-là.

Le Chauve était un Polonais recraché à la surface par une convulsion de la mine. Le Chauve était le père d’Isabelle. Un chômeur polonais, résolu à ne jamais replonger. Au gouffre du travail le Chauve avait laissé la plus belle chevelure de Pologne. Il errait par les rues sans un poil sur le caillou. Il arborait un costume blanc par horreur professionnelle du noir. Le Chauve était le seul à savoir qu’il sortait du charbon. Les autres le prenaient pour un prince polak déchu, un de ces types venus de l’Est pour nous faucher nos taxis. Mais le Chauve ne voulait pas faire le taxi… Le taxi, c’était la mine à l’horizontale. Non, le Chauve vivait du portefeuille des autres. Il ne mendiait pas, il assommait. Il assommait, il empochait, il dépensait, puis il assommait à nouveau. Il savait que cela ne pourrait pas durer éternellement. Il assommait en attendant de trouver une meilleure idée. Il croyait à l’« idée » aussi aveuglément que le joueur à sa martingale. Aucune raison pour qu’il ne trouvât pas son idée, puisque même sa femme en avait trouvé une. Le Chauve et sa femme s’étaient séparés d’un commun désaccord. Elle s’était mise tricoteuse, c’était ça, son « idée » à elle, elle faisait sauter les anges. Comme le Chauve était catholique, ils s’étaient séparés. Il lui avait laissé les trois garçons et s’en était allé avec la fille. Isabelle désolait son père. Elle mangeait comme si elle se méfiait de la vie : trois fois rien. Il fallait dépenser beaucoup, tout essayer, les mets les plus fins. Le Chauve vidait le caviar dans la poubelle et redescendait dans la rue. Il pensait qu’Isabelle mangeait peu parce qu’elle lisait trop. Chaque fois qu’il ressortait assommer pour elle, il se promettait d’y mettre bon ordre. Mais il craquait en cours de route ; il remontait avec les revues préférées de la petite. Il adorait voir l’énorme tête d’Isabelle, si semblable à la sienne, penchée sur Modes et Travaux, La Femme chic, Formes et Couleurs, Silhouettes, Vogue… Isabelle deviendrait-elle modiste, une Claude Saint-Cyr, une Jeanne Blanchot ? Il fallait manger, pour cela. Même les mannequins mangeaient. Mais c’étaient des revues qu’Isabelle dévorait, du papier… Et les romans, surtout, dans les revues. Les feuilletons défilaient dans la tête d’Isabelle en convois interminables. Elle découpait les pages, elle les cousait en cahiers, elle faisait des livres. De cinq à dix ans, Isabelle avait lu tout ce qui lui était tombé sous les yeux, sans distinction. Et son assiette était restée pleine.

Le Chauve trouva son « idée », une nuit d’embuscade dans le Faubourg Saint-Honoré. Il suivait un gros tweed d’une soixantaine insouciante. Il préparait son poing. Mais voilà que, sous les arcades des Tuileries, la concurrence lui piqua son gibier. Deux ombres jaillies de l’ombre. Contre toute attente, le tweed ne voulut pas lâcher son portefeuille. Il se fit massacrer. Un pied fit exploser son visage, ses reins craquèrent. Étouffé par la douleur, le tweed ne pouvait pas crier. Le Chauve estima qu’on gâchait le métier. Il se fit sauveteur. Il aplatit les deux gouapes l’une contre l’autre. Des jeunots légers comme des gamelles vides. Puis il aida le gros tweed à se relever. C’était une fontaine de sang. Le Chauve obtura, tamponna, mais l’autre n’avait qu’un mot à la bouche :

— Mon Loti, mon Loti…

Son estomac crachait des caillots, et parmi eux, ce seul mot :

— Mon Loti…

Il pleurait d’une autre douleur :

— Une édition originale, monsieur…

Le Chauve n’y comprenait rien. Le tweed avait perdu ses lunettes. Il plongea sur le trottoir. Qu’est-ce que c’était que ce type qui se vautrait dans son sang ? Il tâtonnait comme un perdu :

— Un japon impérial…

Pur produit de la mine reconverti dans l’embuscade nocturne, le Chauve était nyctalope. Il retrouva ce que l’autre cherchait. C’était un petit bouquin qui avait valsé à quelques encablures de là.

— Oh ! monsieur… monsieur… si vous saviez…

Le tweed serrait convulsivement le petit livre contre son cœur.

— Tenez, je vous en prie, si, si…

Il avait ouvert son portefeuille, il tendait au Chauve une vraie demi-fortune. Le Chauve hésitait. Pour un assommeur, c’était de l’argent malhonnête. Mais l’autre lui enfourna la liasse dans sa poche.

Quand le Chauve raconta l’aventure à Isabelle, la gamine eut un de ses plus rares sourires :

— C’était un bibliophile.

— Un bibliophile ? demanda le Chauve.

— Un type qui préfère les livres à la littérature, expliqua l’enfant.

Le Chauve flottait.

— Pour ces gens-là, il n’y a que le papier qui compte, dit Isabelle.

— Même s’il n’y a rien d’écrit dessus ?

— Même si ce sont des bêtises. Ils rangent les livres à l’abri de la lumière, ils ne les coupent pas, ils les caressent avec des gants fins, ils ne les lisent pas : ils les regardent.

Puis la gamine fut prise de fou rire. Le Chauve avait longtemps pris les fous rires de la petite pour des crises d’asthme provoquées par le poussier des corons. Mais non, cette fuite d’air entre les joues d’Isabelle, c’était un rire qui n’en finissait pas. Le Chauve n’en comprenait jamais la raison. Cette fois-ci, la petite s’expliqua.

— Je viens d’avoir une idée très « Faubourg Saint-Honoré ».

Le Chauve attendit.

— Ce serait rigolo de faire des livres rares avec les tissus d’Hermès, de Jeanne Lafaurie, de Worth, d’O’Rossen…

Elle hoquetait le nom de tous les couturiers du coin.

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