Frédéric Dard - C'est mort et ça ne sait pas

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C'est mort et ça ne sait pas: краткое содержание, описание и аннотация

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Je vous ai déjà passablement baladés à travers le monde, dans toutes les couches de toutes les sociétés, mais je n'ai pas souvenir de vous avoir présenté le Pape. N'en déduisez pas trop vite que ce bouquin se passe au Vatican et que Sa Sainteté, que je respecte profondément, est l'acteur d'une de mes facétieuses aventures ! Vous n'y êtes pas du tout.
Le Pape dont je parle, s'il s'appelle Paul, ne porte pas de matricule ou plutôt n'en porte plus, vu que voilà bientôt dix piges qu'il est sorti de taule.
Et c'est en toute candeur qu'il a troqué la casquette-à-julot pour la tiare pontificale de la religion… luciférienne ! Cette fois, vous avez pigé ! Oui, mes amis, je vous emmène faire un tour dans une société secrète, avec messes noires, sacrifices et tout le schbigntz…
Vous l'imaginez, votre San-Antonio, en enfant de diable ? Ne vous inquiétez pas si mon encensoir fume, c'est qu'il vient de cracher quelques bastos de 9 mm.

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J’aimerais aller faire la brasse coulée dans mes plumes. Félicie a dû préparer mon pucier, régler le radiateur, arranger un peu de bouffetance dans la cuisine, toute prête pour l’estomac de son fils bien-aimé. Un coup de rouquin avant de se balancer dans le chanvre tissé, c’est radical. Ça vaut toutes les petites pilules pour la dorme !

Pourtant, un petit quelque chose me tire par la manche. Vous savez, mon lutin intime ? Le petit mec abstrait qui me jacte la voix de la raison quand j’ai envie de jouer au con. Pour le quart d’heure, il me dit à peu près ceci :

« Voyons, San-Antonio, tu sais, tu sens quelque chose qui se prépare, dans l’ombre, et tu voudrais te foutre au pieu comme un bon bourgeois ? Alors tu ne crois plus aux messages du destin, dis voir, chérubin ? Tu crois normal d’avoir trouvé ce pneumatique non posté ? Qu’est-ce qu’ils vont branler, les poulets, s’ils ne raccrochent pas les wagons sur les gentillesses du hasard ou de la Providence ? »

Je le chasse d’un coup d’épaule.

— Moule-toi, petit gland, je sais ce que j’ai à foutre, non ?

Agacé je sors de la cabine. Les voyous sont en train de mettre du Gilbert Bécaud comme s’il en vasait. Le disque brame à plein chapeau. De quoi s’enfoncer de la cire à cacheter dans les étiquettes, mais les petits gars font cercle pour mieux déguster. Peut-être qu’ils ont les portugaises ensablées, après tout ?

Je vais au rade écluser un ballon de raide. Puis je me prends par la cuillère et je m’emmène promener.

Comble de pétoche, il flotte. La baille pisse à gros paquets. Ce que c’est chiant. Je flanque un coup de saveur sur le cher Paris nocturne sous la flotte ! Une chouette image pour calendard des Peu-teu-teu ! De quoi faire rêvasser les Genevièves refoulées de la glande.

En rouscaillant je me propulse dans mon métro portable. Je me dresse rapidos un plan de la capitale. La rue Jean-Bouton, je connais ça… Si j’ai pas une tomate pourrie sous la coquille, elle doit se trouver tout près de là, vers le Diderot ?

Je mets le moteur en route. Docile il ronfle. Vous allez me dire que c’est l’heure pour le faire ? D’ac… je sais ; me remuez pas l’édredon dans la plaie.

Cette fois, du train où vont les choses, je suis vachement de la revue pour ce qui est du dodo !

Enfin c’est la vie, pas ?

Celle des flics en tout cas !

CHAPITRE XVIII

UNE SURPRISE

Il est plus d’une plombe lorsque je me radine au 12 de la Jean-Bouton Street.

Ça ronfle dans le secteur, excepté dans un troquet où des nordafs du patelin se farcissent le kif et se cognent les vieilles laitues refoulées par le Sébasto. C’est des drôles de tendeurs, chacun sait cela, les mistonnes en premier.

Je stoppe ma tire devant le 12… C’est un immeuble normal, assez modeste.

La lourde obéit à une pression de bouton. Je me dis qu’à ces heures, si je dois interviewer la concierge, ça fera un drôle de ramdam dans la strass… Seulement faut que je sache où crèche le sieur Bolak.

Heureusement, il y a un panneau des blazes sur la vitre de la loge. Je branche la minuterie et je lis : « Bolak, troisième gauche. » Je soupire parce que ça m’aurait arrangé qu’il crèche au rez-de-chaussée, le frère. Je peux plus arquer à c’t’heure, mes bons frangins. J’ai les cannes qui répondent plus à la commande. Le nerf moteur a une panne de circuit ! Faudra me faire des injections de ciment armé dans les flubes pour me remettre à neuf !

En soupirant je m’engage dans l’escadrin. Pas d’ascenseur, nature ! Ça serait trop bath ! Cramponne-toi à la rampe, Dudule, y fait du vent ! Les alizés, comme disent les mecs qui ont de l’érudition jusque dans la braguette.

Je m’époumone. Où ce qu’il est, l’athlète complet, je me le demande ? Une partie de quatre jambons et le voilà scié ! Sans blague, je vieillis, les mecs… A trente-cinq berges c’est malheureux, faut réagir… C’est pas encore la ménopause tout de même, si ?

Je me hisse jusqu’au troisième… Un rai de lumière filtre sous la lourde de gauche et un ronron de conversation me parvient. Je colle mes étiquettes contre la lourde, mais je suis marron, pas moyen d’entraver une broque de ce qui se bonnit céans !

J’hésite… Ça me permet de reprendre mon souffle.

La minuterie s’éteint. Juste j’ai eu le temps de repérer le bouton de sonnette. J’appuie dessus, un coup long d’abord, puis deux coups brefs.

Aussitôt c’est le silence. Je veux que ça n’est pas une heure pour rendre des visites de politesse et que ça doit un peu les asphyxier, les collègues.

Enfin une voix demande, derrière la porte :

— Qu’est-ce que c’est ?

— De la part de Pauvel, je dis…

Un bruissement de clé dans une serrure bien huilée et un rectangle de lumière orangée me tombe sur le râble.

Dans l’encadrement il y a un type petit et large avec une tête qui vous éviterait de lui demander l’heure à minuit dans la forêt de Saint-Germain.

Il a des yeux pointus, une bouche en guidon de course et un nez légèrement aplati. Tout ce qu’il faut, quoi, pour se faire répondre « Complet » par les portiers des grands hôtels.

Il me jauge avec un air neutre légèrement allumé par la curiosité.

— Qu’est-ce que vous voulez ? demande-t-il…

— J’ai un mot pour vous, de la part de Marc Pauvel…

Il renifle.

— C’est bon, donnez…

Je sors la lettre de ma fouille et je la lui tends. Il s’en empare avec précaution comme s’il s’agissait d’une vipère rouge.

Il s’aperçoit que l’enveloppe a été ouverte, fronce le sourcil et me dit :

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Ben… Une lettre, vous voyez.

— Décachetée, hé ?

— Ouais, le patron s’était aperçu qu’il avait oublié de signer…

— Il y a marqué « pneumatique » dessus ?

— Il avait l’intention de la poster…

— Et il a changé d’avis ?

— C’est ça.

— Pourquoi ?

— Pour que ça aille plus vite, réponds-je, étourdiment.

Il mord sa lèvre inférieure.

— S’il l’avait postée en pneu, je l’aurais eue avant sept heures et il est plus de minuit…

Vous le voyez, ce citoyen ne s’en laisse pas conter. Mais malheureusement j’ai de la matière première sous le couvercle.

— C’est ma faute, je dis. J’avais oublié cette lettre. C’est au moment de me coucher que je l’ai trouvée, juste en me déshabillant… Alors, je l’ai ouverte pour voir si ça pressait tellement… Comme on parlait de quelque chose pour huit heures, je me suis dit qu’il fallait la porter tout de suite.

— Ah ! oui ?

— Oui…

— Je croyais que c’était Pauvel qui l’avait décachetée ?

Je prends la mine emm… d’un gars en faute.

— J’ai dit ça comme ça…

J’essaie un rire frêle, peu convaincu et surtout peu convaincant.

— Personne tient à se faire enguirlander, vous comprenez ? Si vous étiez un chic type, vous ne diriez pas au patron que… Il est tellement soupe au lait, il serait capable de me virer… Et j’ai trois gosses, mon bon monsieur…

Le regard pointu comme des passe-laines du bonhomme me transperce. Il attend quatre secondes et dit :

— Ça va, entrez, je vais vous préparer une réponse…

Je le suis à l’intérieur de la cambuse. Ce qui me saute aux châsses, c’est le dénuement du coinceteau. Pas lerche de meubles et le papier peint pisseux se gondole comme les spectateurs de Charlie Chaplin.

On suit le couloir de bout en bout.

A l’autre extrémité il y a une pièce éclairée.

— Entrez ! invite le type large d’épaules.

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