San-Antonio
Lâche-le, il tiendra tout seul
Je ne laisserai pour héritage que mes dépenses.
Les Américaines ont des bouches propres à faire des pipes parce qu'elles mangent beaucoup de club-sandwichs.
Le ciel est trop haut, la terre est trop basse, seul, le comptoir est à la bonne hauteur.
Maurice Sachs est surtout connu par son derrière. Ne dit-on pas « le cul de Sachs » ?
Il y a beaucoup de gens dont la mort me surprend parce que je les croyais décédés depuis longtemps.
Il vaut mieux être honteux de vivre que fier de mourir.
Si je n'étais pas si pressé, je pleurerais.
Quand on dit d'un pétrolier qu'il dégaze, cela ne signifie pas qu'il pète, mais qu'il relâche sa cargaison en pleine mer.
Le ciel du Nord te vient aux mollets.
Albert Benloulou
Méfiez-vous de votre première impression : c'est toujours la meilleure.
La Suisse et ses territoires d'outre-lacs.
Avec quatre cintres à habits accrochés les uns aux autres, je réalise un mobile de Calder.
L'érection du matin n'est guère utilisable.
Rien n'est plus redoutable que la familiarité du con.
Il est des gens dont on oublie l'absence aussi vite que la présence.
De nos jours, pour être pédé il faut se faire pistonner.
Il faudrait instituer la journée braguettes ouvertes.
On n'en finit pas d'être con.
Les pets, c'est comme les enfants : on ne supporte que les siens.
Quand j'étais jeune homme, je pleurais à chaude-pisse.
J'aime trop ma langue pour en apprendre une autre.
Tout compte fait, on ne laisse après soi que des regrets et des enfants.
Si j'avais su qu'il était si facile de mourir, je ne serais pas né.
Comme le disait un vieux fakir de mes amis : place au jeûne.
Au clochard inconnu qui a volé l'un de mes bouquins dans une librairie de l'avenue de Suffren.
Avec ma reconnaissance et ma sympathie.
San-A.
Cet ouvrage est la suite de TREMPE TON PAIN DANS LA SOUPE, dont nous vous rappelons ci-après les événements majeurs :
Pamela, fille d'un multimilliardaire U.S., David Grey, se rend en Europe, à bord d'un paquebot de luxe, accompagnée d'une amie de fac, Elnora. Au cours de la traversée, Elnora disparaît et ce mystère n'est pas élucidé.
A son arrivée à Paris, gare du Nord, Pamela, victime d'une bousculade, fait une chute de plusieurs mètres au-dessus des voies. Elle est transportée dans une clinique.
Cet « accident » a eu pour témoin un adolescent, Paul-Robert, voisin de San-Antonio, qui vient se confier au commissaire : alors que la jeune Américaine franchissait une passerelle, entourée de voyageurs pressés, l'un d'eux, après l'avoir saisie par les chevilles, l'a promptement basculée par-dessus la rambarde.
San-A. se rend au chevet de la jeune fille où il rencontre son père, Grey, accompagné de son principal collaborateur, Los Hamouel.
Le commissaire informe le milliardaire que, contrairement aux apparences, sa fille a été le jouet d'une tentative d'assassinat. Le businessman lui confie une petite boîte en or qui devra être remise à Pamela lorsqu'elle sera rétablie.
Soucieux de préserver le jeune Paul-Robert, Sana convainc Félix (l'homme au sexe surdimensionné), de tenir, pour la Presse, le rôle de témoin du pseudo-accident et de servir ainsi d'appât aux tueurs. Mais le piège échoue : l'appartement du vieil homme est mitraillé, il échappe miraculeusement à la mort et les malfrats réussissent à s'enfuir. En guise de consolation, San-Antonio offre à Félix une croisière sur le Mermoz .
Coup sur coup, surviennent deux événements : David Grey se tue, en pleine mer d'Irlande, à bord de son Jet privé. Pamela, elle, est assassinée à la clinique.
San-A. regagne Saint-Cloud où l'attend une surprise de taille : Marie-Marie, la Musaraigne si chère à son cœur et qu'il n'a jamais épousée, conscient de sa propre inaptitude à la fidélité. Marie-Marie est de retour, accompagnée d'une adorable fillette de trois ans, Antoinette, et d'une nurse scandinave. L'enfant ressemble comme deux gouttes d'eau à son père : San-Antonio !
Abasourdi, ébloui, celui-ci n'a malheureusement pas le temps de savourer les joies de cette paternité toute neuve car il lui faut, flanqué de Jérémie Blanc et Béru, partir en Floride poursuivre son enquête dans la résidence de David Grey. Sur place, ils apprennent que le milliardaire n'était certainement pas un homme irréprochable et Los Hamouel non plus. Autour du trio les morts tombent comme des mouches, aussi décident-ils de se rapatrier rapidement en France.
Attirés dans un traquenard, ils se réveillent prisonniers et blessés à bord d'un yacht privé. Ils y retrouvent Los Hamouel, Elnora et un certain Mister Blood, big boss d'une organisation criminelle internationale. Tout semble perdu mais le commissaire redresse la situation à son avantage, abat Los Hamouel, négocie sa liberté et celle de ses compagnons contre la vie de Mister Blood. Par sécurité, ils emmènent Elnora en otage.
Durant le trajet du retour, Elnora se prend d'une passion irrésistible pour Béru et révèle aux trois amis ce qu'elle sait : Blood, patron de la pègre mondiale associé avec Grey, voulait s'approprier cet empire du crime à son seul profit. Pour parvenir à ses fins il avait suborné Los Hamouel et sa maîtresse Elnora puis fait assassiner Pamela et son père. Mais Elnora, ignorait tout du boîtier en or confié à San-A. et qui avait durant ces aventures émis sporadiquement des messages incompréhensibles, venus d'on ne sait où.
A Saint-Cloud, San-Antonio est attendri par le spectacle d'Antoinette endormie entre les pattes de Salami. Il ne se doute pas que Mister Blood va bientôt prendre sa revanche, et elle sera terrible !..
L'Éditeur
Pantalon gris, veste noire faiblement égayée par la rosette dans l'ordre des palmes Académiques, le visage plus émacié que celui du gentil roi Hussein au lendemain de son décès, le regard atone, la mâchoire dégarnie, la lèvre fripée, le sourcil majuscule, le cheveu rare et fou, la pomme d'Adam isocèle, l'oreille coquillière, la voix chauffée au bain-marie, le vieillard se pencha sur la passagère occupée à lire sur le pont soleil et demanda :
— Puis-je vous importuner un instant, madame ?
L'interpellée abandonna le chevalier de l'Esmouche, au moment précis où celui-ci allait engager vingt centimètres d'acier dans la poitrine du comte de Bellemoniche et leva les yeux. L'importun était un homme mornement septuagénaire, à l'air grave, pour qui respirer devait constituer un effort physique harassant.
Elle se fendit d'une expression urbaine.
— Je vous en prie, murmura-t-elle.
Ladite personne avait habilement négocié avec le demi-siècle venant de s'écouler : elle conservait des formes toujours palpables, un minois agréable et le timbre harmonieux.
Le vieux passager s'inclina et avança vers le nez de la dame son médius droit, sec comme un sarment de vigne.
— Pardonnez-moi, fit-il, pourriez-vous me dire si ce doigt sent quelque chose ?
Surprise, mais coopérante, son interlocutrice huma les trois phalanges qu'on lui proposait et convint qu'elles dégageaient une « certaine odeur ».
— Agréable ou désagréable ? insista le curieux personnage.
Elle hésita poliment et biaisa :
— Particulière.
— A quoi l'apparenteriez-vous ? Répondez franchement, je vous en conjure.
— Mon Dieu, balbutia la femme, c'est si complexe.
— Mais encore ? Diriez-vous qu'il s'agit d'une odeur pénible ?
— Je n'irai pas jusque-là, mettons : assez forte !
— Respirez bien à fond !
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