Mourlevat - Le combat d'hiver

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Le combat d'hiver: краткое содержание, описание и аннотация

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Bart et moi, on se regarde, stupéfaits. Au bout d’une minute, le gars est de retour. « Merci, dit Bart en glissant dans sa poche l’enveloppe en lambeaux, comment tu t’appelles au fait ? – Je m’appelle Basile, et vous savez ce qu’y va faire maintenant, le Basile ? – Non, on lui dit. – Eh ben y va se tenir à carreau, le Basile, y va devenir un ange, un petit agneau. Voilà. Et surtout y va se reposer parce qu’il a fini son boulot ! »

Là-dessus, il nous serre la main à tous les deux et s’en va de sa démarche d’ours. On l’entend renifler à dix mètres.

Par la suite, on est devenus amis. C’était passionnant de l’écouter. Il avait connu plus de six internats et appris plein de choses secrètes. Il suffisait de demander. L’assemblée annuelle, Van Vlyck… tout ça, c’est par lui que je suis au courant.

— Je comprends. Et en plus il avait sans doute lu la lettre. Personne ne peut garder une lettre trois ans dans ses poches sans résister à la tentation de la lire.

— Effectivement. Sauf une personne qui ne sait pas lire…

— Basile ne savait pas lire ?

— Non. Les hommes-chevaux ne savent pas lire.

— Les quoi ?

— Les hommes-chevaux. Basile dit « bourrin » pour se moquer de lui-même, mais ce sont des « hommes-chevaux ». Je t’expliquerai une autre fois. Bref, ils ne savent pas lire. Dès le premier jour, Basile s’est installé au dernier rang, dans la salle de classe, et on a vite compris. Les professeurs lui ont fichu la paix.

— Pauvre garçon. Et il y avait quoi dans l’enveloppe ?

— Une lettre pour Bart.

— Je m’en doute. Et de qui elle était cette lettre ?

— Attends un peu. Bart l’a lue aussitôt après dans les toilettes. Je lui ai tenu la porte. Chez nous, c’est comme chez vous : on ne peut jamais être tranquille ! Il est ressorti incroyablement pâle. « Ça ne va pas ? je lui ai demandé. Qui t’a écrit ? – Mon père… il a répondu. C’est une lettre de mon père… je ne savais même pas que j’en avais un… il me l’a écrite il y a quinze ans… »

Dans les jours suivants, Bart a changé. Lui qui n’est pas bavard s’est mis à interroger plein de camarades, les uns après les autres. Et c’était toujours la même question : « Tu te souviens de tes parents ? » Un autre que lui se serait fait jeter, mais on ne jette pas Bartolomeo Casal… C’était étrange : il s’avançait vers des gars à qui il n’avait jamais adressé la parole en trois ans, et leur posait directement cette question : « Tu te souviens de tes parents ? » Le plus souvent, la réponse était non. Mais si quelqu’un répondait oui, alors il l’interrogeait pendant des heures.

— Pour quoi faire ?

— Pour vérifier quelque chose que son père lui explique dans la lettre.

— C’est-à-dire ?

— Bart a fini par me le confier, et c’est justement la chose grave dont je voulais te parler.

— Vas-y…

— Nous… comment dire… nous ne sommes pas des orphelins comme les autres…

— Pas comme les autres ?

— Non. Nos parents avaient tous quelque chose en commun.

— Quoi donc ?

— Ils ont tous lutté contre la Phalange quand elle a pris le pouvoir.

Le cœur d’Helen se serra. En dix-sept ans de vie, elle n’avait jamais pu se représenter ses parents d’aucune façon. Elle avait souvent essayé de les imaginer, mais malgré tous ses efforts, ils glissaient de sa mémoire comme un poisson glisse des mains. Entendre quelqu’un les évoquer, même en termes si vagues, paraissait irréel. Il lui sembla que ces deux silhouettes insaisissables depuis toujours, son père et sa mère , lui faisaient de loin, d’infiniment loin, après tout ce temps, un signe affectueux de la main. Elle se serra contre l’épaule de Milos, pour se persuader que tout cela existait bien : le toit sur lequel elle était assise, la nuit pure et froide autour d’elle, et ce garçon tranquille sur le point de lui révéler des secrets inouïs.

— Je ne comprends pas… On nous aurait regroupés à cause de nos parents ?

— Oui.

— Pourquoi ?

— Parce qu’ils sont tous morts… au même moment… ou à peu près.

— Tu veux dire qu’on les aurait…

— On les a éliminés.

— Éliminés ? Mais qui a fait ça ?

Milos hésita quelques secondes.

— Les types de la Phalange. Le père de Bart utilise un mot très simple : il dit que ce sont des barbares . Ils ont pris le pouvoir par la force, il y a un peu plus de quinze ans. Ça s’appelle un coup d’État. Ils ont arrêté et assassiné tous ceux qui ont osé résister. Ils ont effacé leurs traces, interdit qu’on prononce leurs noms, détruit leurs œuvres s’ils étaient des artistes…

— Mais le père de Bartolomeo s’en est tiré, lui, puisqu’il a écrit cette lettre…

— Il était un des chefs de la Résistance, et il a réussi à fuir. Dans la lettre, il écrit qu’il se trouve presque au sommet des montagnes du Nord et qu’il a pu échapper jusque-là aux Diables, les hommes-chiens de Mills. Mais il dit qu’il n’ira pas plus loin, qu’il est épuisé, que ses pieds sont gelés. Et qu’il remet la lettre à un compagnon avec l’espoir qu’elle arrivera un jour dans les mains de Bartolomeo, son fils.

— Elle aura mis quinze ans, mais elle est arrivée ! s’émerveilla Helen. Grâce à Basile !

— Exact. Et pour finir, continua Milos, le père de Bart explique qu’il a rencontré dans sa fuite une femme extraordinaire, une cantatrice que les gens adoraient et protégeaient. Les barbares n’arrivaient pas à la faire taire. Aussi longtemps qu’elle a pu chanter, ils ont eu peur d’elle, de sa voix. Elle s’appelait Éva-Maria Bach et elle avait une fillette blonde qui lui ressemblait trait pour trait.

— … Milena… murmura Helen.

— Oui. Les barbares ont traqué sa mère dans la montagne où elle s’était enfuie avec le père de Bart et une poignée d’autres partisans. Ils ont lâché les hommes-chiens sur elle…

Helen frissonna :

— Mon Dieu ! Bart ne va pas raconter ça à Milena, hein ?

— Je ne sais pas…

Ils se turent quelques instants, puis Helen reprit :

— Tous ces gens-là, je veux dire nos parents, sont morts ? Il ne reste plus rien d’eux, alors ?

— Non, rien, dit tristement Milos, il ne reste rien d’eux… Puis il ajouta très bas : Sauf nous.

Sa voix résonna étrangement à travers l’air translucide de la nuit. Il leur sembla qu’ils étaient en cet instant, perchés côte à côte sur ce toit d’ardoise, les survivants d’un malheur ancien et terrible, deux oiseaux fragiles et miraculés.

— J’ai toujours su que Milena n’était pas une fille ordinaire, dit Helen en souriant, qu’il y avait au fond de sa personne un secret qui nous dépassait toutes, un pouvoir singulier. Il suffit de l’entendre chanter pour le comprendre.

— Bartolomeo n’est pas un garçon ordinaire non plus, dit Milos. Ces deux-là devaient forcément se rencontrer. Tu te rappelles le soir où nous nous sommes croisés sur les pentes de la colline ? Ils ne se quittaient pas des yeux ! Comme on rentrait à l’internat, Bart s’est arrêté net au milieu du pont et il m’a dit : « Tu as entendu ? Elle s’appelle Milena ! C’est elle ! » J’ai compris aussitôt que plus rien ne l’empêcherait de la rejoindre, même pas l’idée d’envoyer un camarade innocent au cachot. C’était plus fort que tout. On n’a pas eu besoin de se parler davantage. Il m’a juste embrassé, et il est parti. Il s’est retourné un peu plus loin et m’a lancé : « On se reverra, Milos ! On se reverra… ailleurs ! On se retrouvera tous, les vivants et les morts ! » Et il a disparu. Je me suis retrouvé couillon tout seul sur ce pont, exactement comme toi quelques heures plus tard…

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