Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

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Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

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Sur la rive gauche, il y a une autre montagne, informe, qui surplombe la route. Son ventre est gonflé au-dessus de la rivière, et les maigres arbustes agrippés à ses flancs tordent désespérément leurs branches pour pouvoir pousser à la verticale.

Le cirque se termine en aval par la fuite des montagnes vers les collines, des collines vers les plaines, et des plaines vers la mer.

Mais c’est à l’intérieur du cirque que les choses se passent. Dans ce gouffre taillé dans la terre, où coule doucement une rivière entre des bosquets d’oliviers, dans cet entonnoir plein de calme et de couleurs, il faut descendre. Face à la montagne comme un mur, compter les touffes d’arbustes accrochées au rocher blême ; sentir les dents de scie contre le ciel, et le mouvement rotatif des nuages qui avancent, qui avancent… Écouter les bruits et les déterminer ; renifler les odeurs ; avoir mal d’une piqûre de taon ; voir les dessins des caillons et des herbes, et ne pas les oublier ; et surtout, dévisager le paysage.

Au pied des montagnes, donc, il y a une rivière ; large à l’entrée du cirque, elle va en s’amenuisant à mesure qu’elle remonte la pente de la terre, avec beaucoup de méandres. Au début, l’eau est claire, presque grise. Elle coule infatigablement vers la mer, dans un bruit égal et chuintant, sans mouvement apparent à sa surface. Elle glisse ainsi, tout d’une pièce, à la fois opaque et translucide, ne reflétant rien, au milieu d’une plaine de galets. D’autres canaux ont été tracés dans son lit, où stagnent des espèces de mares boueuses, refuge des moustiques. Sur les galets, rien ne bouge ; peut-être l’eau coule-t-elle aussi en profondeur, avec de pénibles infiltrations entre chaque caillou, des gouttes claires qui tombent et retombent incessamment, en silence. Les galets, à la surface, sont couchés par longues stries en diagonale, les unes gris rosé, les autres mauves, d’autres encore couleur d’ardoise. Sous les stratifications de cailloux, au plus profond, c’est toujours le roc. La cassure millénaire qui court le long de la terre, et que l’avancée imperceptible de la masse de la rivière use, use sans repos. Car la rivière avance, cela est sûr, eau et galets, comme un corps, comme un boa en miettes. Les couches supérieures des galets sont entraînées par le courant du fleuve, et frottent sur les couches moyennes, qui frottent sur les couches inférieures, qui frottent à leur tour sur la paroi rocheuse. Toute cette friction est lente, très lente. Mais une force surnaturelle anime le fleuve, et l’eau pousse tout le temps, elle n’a pas de répit, elle arrache de la poussière à la terre, elle écrase, elle vide, elle rogne. Éternelle, l’eau coule, vive à la surface, goutte à goutte en profondeur ; quand elle a coulé, le soleil frappe sur les cailloux et l’évapore. Alors elle monte dans le ciel, elle se traîne en longs nuages blancs ; puis le vent accumule les nuages, les fait gris, bruns, bleus, noir d’encre, et alors, soudain, le ciel crève et l’eau retombe sur la terre, coule vers la rivière, pénètre dans son lit, imbibe tout, et pousse à nouveau, use à nouveau, ronge comme une mâchoire.

Plus en amont, la rivière est serrée entre les pans de montagne ; là, l’érosion n’a pas encore élargi les masses de roc, et les galets sont rares. Sur les berges, d’un côté des terrains plantés de roseaux, de l’autre la paroi abrupte et nue. L’eau coule au pied de ces murs, profonde, bleue. Le rocher entre droit dans la rivière, sans plages, avec seulement un cerne noir qui court au-dessus du niveau de l’eau ; la marque moussue des crues, sans doute, lorsque le fleuve est gonflé par les pluies d’automne et qu’il roule des guirlandes de tourbillons le long de la montagne.

Sur l’autre rive, pourtant, le roc, moins résistant, a cédé. Ou peut-être est-ce la force excentrique du courant, à cause de la courbe de la rivière, qui a rejeté toute l’eau sur l’autre paroi. Au bord du fleuve, près du méandre, dans la terre visqueuse, des roseaux et des herbes se sont installés. Le vent, en passant, les agite faiblement, et le soleil a chauffé leurs tiges toute la journée. Des oiseaux fusent en piaillant et montent dans l’air en zigzag. Là, sur ce sol spongieux, la végétation a su pousser. Les racines vivantes ont grandi dans la terre, et l’eau les a nourries. Entre les herbes et les roseaux, le mur d’en face est visible, plus nu que jamais. Plus loin, plus bas, à l’endroit où le fleuve s’agrandit et où les plaines de galets commencent, de grands arbres tristes, attachés on ne sait comment à la roche, sont penchés vers le lit de la rivière. Et sous leurs feuillages retombants, il y a des cachettes noires ; des animaux, des serpents, des crapauds y habitent peut-être. Les trous ombreux doivent sentir la pourriture, la feuille morte, et l’air y est froid sûrement. Qui sait si ces trous ne dissimulent pas un cadavre infect, tout blanc et tout bleu, la peau percée de cent coups de couteau ?

À proximité des terrains sablonneux où croissent les roseaux, la colline commence ; en pente légère, avec champs de maïs, terrains vagues, vieille souche, et même espèce de ruine, elle monte jusqu’à la route. Les derniers mètres de terre sont en espaliers, plantés d’oliviers ; là, les insectes sont nombreux. Ils filent dans l’air avec de drôles de bruits grinçants, hannetons, mouches à viande, taons, libellules, moustiques, bourdons, guêpes maçonnes, et longues fourmis ailées dont le corps palpite nerveusement. À ras de terre, entre les grains, les cailloux et les herbes sèches, un serpent rampe doucement ; il s’arrête de temps à autre et son cou se balance. Les plantes sont hérissées, immobiles. On dirait que les choses attendent, ainsi, un événement grandiose. Mais rien ne se produit.

Plantés raides sur les terrasses de terre, les oliviers sèchent. Une force sourde et mystérieuse est en eux ; elle les tient fichés dans le sol, elle monte dans leurs branches contorsionnées, elle se répand dans leurs fibres. Une volonté d’être arbre, peut-être, une dureté implacable, intense, parfaitement inanimée. À l’intérieur des écorces, dans les replis serrés du bois, elle travaille à son œuvre verticale, elle parfume, elle sustente, elle recourbe doucement les bordures des petites feuilles vernies. Elle est dans la terre, aussi, dans la terre sucée qui monte en eux par les racines, et qui se fait béton armé de leurs branchages, ciment sec et cassant qui étend leurs doigts innombrables bien haut vers le zénith. Les tiges des feuilles sont dressées très droites, comme tendues vers un soleil invisible, et il semble que l’arbre se rattache ainsi au sein des nues électriques pour en recevoir la manne foudroyante.

Au bord de la route, entre les blocs de pierre, des fleurs ont poussé. Une tige fine, haute, recouverte d’une espèce de duvet argenté, avec, tout en haut, l’amoncellement de bourgeons et de boutons, en bas une racine en forme de Z d’où partent plusieurs poils. Tout le long de l’herbe, les feuilles se sont ouvertes, offrant leurs creux minuscules à la poussière et au vent. Entre deux bras qui partent de chaque côté du corps, terminés par une feuille géante, il y a une rosace de feuilles fraîchement nées, et de fleurs pas encore écloses. C’est comme un cœur microscopique, froissé, replié sur lui-même, où rien n’est distinct. Quelque chose de délicat et de doux, une boulette verte et grise, pareille à un visage infime, qui vit tassée sur elle-même en attendant l’heure de s’ouvrir. Au sommet de l’herbe, au bout d’un fil recourbé, une série de petites fleurs blanches, étoiles à cinq pétales dont le centre est vaguement teinté de jaune, s’accroche en grappe. De là aussi la vie doit surgir, de ces petits nids velus et odorants. Une vie sourde et molle, qui vous fait vivre le changement des saisons, la suite régulière des jours et des nuits, les heures fraîches, les heures chaudes, les heures de rosée, les heures de lumière, comme ça, sans impatience, sans désir.

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