Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

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Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

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« Tiens, garde le parapluie. Comme ça tu ne te mouilleras pas trop. »

« Merci », dit Martin. Et il s’abrita sous le parapluie.

Au loin, bien au-delà des limites de la ville, un roulement de tonnerre se fit entendre. La mère redressa la tête :

« Tu vois », dit-elle, « c’est en train de venir. »

Quand elle vit que Martin n’écoutait pas, elle s’éloigna pour de bon. Elle cria une dernière fois :

« Je t’attends ! — Dans cinq minutes ! Hein ! »

Et puis elle disparut à l’intérieur de l’immeuble. Martin resta seul dans la cour, assis sous le parapluie sonore.

Douze jours plus tard, Martin avait terminé sa grande conférence. Le succès avait été considérable, et plusieurs journaux parlaient déjà de Martin Torjmann comme d’un chef religieux avec qui il fallait compter. Des représentants de tous les pays avaient été présents, les interviews s’étaient multipliées, et le mot de torjmannisme avait même été défini. Mais la grosse surprise avait été pour Martin la présence d’une foule assez considérable, venue à la sortie de la salle de conférences pour l’applaudir. Grâce à un haut-parleur disposé à la hâte, Martin avait pu répondre à cet honneur en improvisant une harangue où il exhortait les hommes, sans distinction de race, de religion, de nationalité, à s’unir dans l’esprit de sainteté. Il avait terminé ce discours par une sorte de prière pour l’humanité, où étaient salués les noms d’Auguste Comte et de Swedenborg. L’époque moderne étant, selon lui, exactement située entre deux naïvetés, celle de l’humanisme et celle du mysticisme. À la veille de son départ pour les États-Unis, une telle popularité était certainement bienvenue.

Le lendemain de cette conférence, Martin éprouva à nouveau le désir de descendre dans la cour du H. L. M. Il était environ trois heures de l’après-midi, et il ne restait plus aucune trace de la pluie qu’il avait connue à cet endroit. Le soleil était bien rond dans le ciel, et la chaleur descendait sur la terre par vagues. Martin commença à marcher sur la cour cimentée. Il observait le sol de très près, notant au passage les moindres détails : fissures pleines de poussière, dessins à la craie plus ou moins obscènes, taches de toutes sortes, boîtes, débris, rebut. Près d’un garage, il trouva un morceau de papier froissé, maculé d’huile, où un pneu de voiture avait laissé une série de croix brunâtres. Sous la couche de crasse, on pouvait lire ceci :

Hannibal sauve sa fortune de la cupidité des Crétois.

Après la défaite d’Antiochus, Hannibal se rendit en Crète, à Gortynée. Cet homme, le plus subtil de tous, vit qu’il courait un grand danger à cause de la cupidité des Crétois. En effet, il portait avec lui une grosse fortune. Aussi emplit-il de plomb plusieurs amphores dont il recouvre la partie supérieure d’or et d’argent. Puis, en présence des notables, il les dépose dans le temple de Diane, feignant de confier sa fortune à leur loyauté. Quand il les eut induits en erreur, il remplit avec son argent toutes les statues d’airain qu’il emportait avec lui, et les laisse à l’abandon devant sa maison. Pendant ce temps, les habitants de Gortynée gardent le temple avec le plus grand soin, de peur qu’Hannibal, à leur insu, n’enlevât et n’emportât son argent. C’est ainsi que le Carthaginois sauva sa fortune, et, s’étant joué de tous les Crétois, il put parvenir au Pont-Euxin, chez Prusias.

Martin plia soigneusement le papier et le mit dans sa poche. Ensuite, il continua sa ronde dans la cour. Il passa à travers des zones de soleil et des zones d’ombre, longea les murs de l’immeuble, regarda à l’intérieur des fenêtres ouvertes, au rez-de-chaussée. Après un quart d’heure, il parvint au centre de la cour, et s’assit sur le rebord du terre-plein. Le sable, derrière lui, était sec et poussiéreux. Martin en prit une poignée dans sa main gauche et l’examina. Il regarda les petits cristaux de roche, les uns après les autres. Il aurait fallu les compter tous, pendant des heures, des jours, des années, sans en oublier aucun chacun d’eux aurait eu un nom, un nom de chiffre, un mot sonore, dans le genre de 334 652, ou 8 075 241, qui l’aurait assis dans l’existence. Il aurait fallu les arracher, comme ça, en les épelant doucement à mi-voix, au trouble ignoble de l’indétermination. Les rappeler à la vie, les faire objets, hors de cette éternelle nuit de l’innommable. Mais c’était trop tard, déjà. Il y avait longtemps que pour Martin le monde était devenu cette étendue impalpable, immense, flottante. Une mer, un océan glauque et compact où tout se brouillait à n’en plus finir, où tout échappait à l’étreinte, aux ordres, à la connaissance. Martin, se retournant à demi, chercha des yeux l’endroit du tas de sable où il avait abandonné le charançon, douze jours auparavant. Mais il ne le retrouva pas. Les microséismes étaient passés par là, ils avaient changé la physionomie de cette parcelle de nature, et le petit insecte poudreux devait être oublié, lui aussi, quelque part à fleur de surface, enterré tout sec entre deux couches de roche concassée ; enfin mort, parti pour toujours de son corps minuscule, confondu avec le dur silence du règne de l’inanimé.

C’est en relevant la tête que Martin aperçut le groupe d’enfants qui entraient dans la cour de l’immeuble. Ils étaient une demi-douzaine environ, filles et garçons, tous inconnus. Martin vit d’abord le chef du groupe, un jeune garçon d’une douzaine d’années, vêtu d’un blue-jeans et d’un sweater blanc. Il avait un visage plutôt pâle, piqué de taches de rousseur, et des cheveux rouges. Il marchait lentement, en traînant les pieds sur le sol, et en regardant de côté, comme si rien de ce qui l’entourait ne pouvait vraiment le concerner. Derrière lui, le groupe d’enfants avançait sans rien dire. Parfois, un enfant plus jeune que les autres faisait une sorte d’écart et courait un moment en zigzag à travers la cour en imitant le bruit d’un moteur. Ainsi, nonchalamment, le groupe vint à l’encontre du terre-plein où était assis Martin. Quand ils furent arrivés, ils ignorèrent d’abord complètement la présence de Martin, feignant de jouer dans le sable. Certains se roulèrent au centre de la plate-bande en poussant de grands cris sauvages ; les autres s’assirent en rond sur le rebord de pierre, non loin de Martin. L’aîné, lui, resta debout, le dos tourné, continuant à racler ses pieds sur place. Parfois il regardait vers les fenêtres de l’immeuble, d’un air indifférent. C’est alors que, tout d’un coup, par-derrière, Martin reçut une pelletée de sable. Il se retourna et vit un des garçons, âgé d’environ dix ans, debout derrière lui. Il avait une chaussure enfoncée dans le sol du terre-plein et s’amusait à projeter du sable devant lui, mécaniquement. Martin l’interpella. À cet instant, toute la bande sortit du tas de sable et fit cercle autour de Martin interloqué. L’aîné du groupe se retourna négligemment et vint prendre place en face de lui. Tous restèrent silencieux quelques secondes, puis le chef du groupe se mit à parler ; il raclait toujours le ciment de la cour avec la pointe de son espadrille, et avait les mains enfoncées au fond de ses poches.

« Comment tu t’appelles ? » dit-il.

« Martin », dit Martin.

« Martin quoi ? »

« Martin Torjmann. »

L’autre hésita un instant. Puis il eut un mouvement du menton vers les fenêtres du H. L. M.

« C’est là que tu habites ? »

« Oui. Pourquoi ? » dit Martin.

Le garçon ignora la question.

« Je m’appelle Pierre », dit-il avec lenteur. Puis il eut un autre mouvement du menton, semi-circulaire, cette fois. « Ils sont avec moi », dit-il. « Le type qui t’a envoyé du sable, c’est Bobo. L’autre, c’est Frédéric, son frère. À côté, c’est Sophie, son père est flic. Roger, Max, Annie, Philippe, et le plus jeune, là, c’est mon frère à moi. Édouard. Mais on l’appelle Donald. Donald Duck, parce qu’il marche comme un canard. Tu saisis ? Et toi, La Cloche, comment tu as dit que c’était, ton nom ? »

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