Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

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Fièvre: краткое содержание, описание и аннотация

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Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

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Pourtant les forces lui manquèrent. Il resta étendu au centre de la lice, à plat ventre dans le sable, ne bougeant presque plus les membres. Seul un léger frémissement des bras indiquait qu’il était encore vivant. Le soleil inondait son corps immobile, et se mêlait au sable qui couvrait sa peau et ses vêtements. Martin était tout gris, à présent, gris comme une vieille dépouille de lézard, d’un gris terne et sale qui semblait l’arracher au monde des vivants.

Presque instinctivement, les enfants se turent. Ils restèrent groupés autour du terre-plein, regardant l’espèce de cadavre de Martin sans bouger. Ensuite, Pierre mit le bout de son espadrille à l’intérieur du terre-plein et, d’un mouvement sec de la cheville, envoya une giclée de sable sur Martin. Le sable retomba sur le corps inerte, un peu partout, sur les cheveux emmêlés, sur la nuque, sur les épaules, sur les oreilles. Quand il vit que Martin ne bougeait plus, Pierre tira de sa poche les lunettes et les lança sur le sable, près du corps étendu ; puis il descendit au milieu de ses camarades. Il n’eut pas besoin de prononcer un mot : le signal fut compris tout de suite ; les enfants s’enfuirent en courant et quittèrent la cour de l’immeuble.

Cinq minutes plus tard, Martin se releva sur le tas de sable. Il regarda autour de lui, hébété, sentant les petits ruisseaux de grains de pierre qui coulaient délicatement le long de ses habits, à l’intérieur des sous-vêtements, et sur sa peau. Il marcha à genoux, comme ça, à l’intérieur du terre-plein. Puis il rencontra le fil de fer de ses lunettes, et les posa sur son nez, machinalement. Le monde redevint clair, tout à coup, nu, dur et luisant de toutes ses forces, plein d’objets carrés, de lignes droites et tranchantes, de couleurs poissantes comme des nappes de confiture. Le ciel aussi était très beau, très blanc et très fixe, dans le genre d’une fenêtre ouverte brutalement sur vos rétines. Tout cela était si calme, et si éclatant que ce devait être immuable, éternel, rempli à tout jamais d’une vieillesse incomparable. Derrière ses lunettes, les yeux de Martin redevinrent troubles soudain. Des larmes, mais étaient-ce bien des larmes ? Car cela venait du plus profond de lui-même, cela coulait facilement et sans honte à la manière d’un liquide naturel, cela était eau en vérité, source de son être, sa propre vie qui s’épanchait tranquillement et se répandait au-dehors.

« Dieu, ô Dieu ! » dit Martin. « Je t’ai trop blasphémé ! Si tu es là, si c’est cela que tu veux, viens, prends ma vie ! Emporte-moi ! Emporte-moi ! »

Le monde est vivant

Voici ce qu’il faut faire : il faut partir pour la campagne, comme un peintre du dimanche, avec une grande feuille de papier et un crayon à bille. Choisir un endroit désert, dans une vallée encastrée entre les montagnes, s’asseoir sur un rocher et regarder longtemps autour de soi. Et puis, quand on a bien regardé, il faut prendre la feuille de papier, et dessiner avec les mots ce qu’on a vu. Vous comprenez, il faut inscrire le paysage, pièce par pièce, sans rien oublier ; longuement, méthodiquement, il faut faire la carte de ce morceau du monde, indiquer le moindre caillou, la moindre touffe d’herbe, faire le schéma des visions et des odeurs, écrire tout, dessiner tout. Alors, lorsqu’on a fini, et que le soir est venu, on peut retourner chez soi. Sur la feuille, là, dans ce rectangle de papier de 21 × 27, on a gribouillé une parcelle de la terre. On a fait le portrait de quelques kilomètres de lumière, de bruits et de senteurs. On les a aplatis comme sur une carte postale, ainsi, très facilement. Et maintenant, ils sont à vous, ces kilomètres, ils ne pourriront plus dans l’oubli ; ils resteront, martelés à coups de petits signes, dans votre tête pour l’éternité. Ou, tout au moins, le temps que vous vivrez.

À cet endroit, les montagnes avaient poussé partout, n’importe comment ; elles occupaient tout l’horizon, avec de hautes masses dures et ravinées, des crêtes aiguës qui surgissaient dans tous les sens. En bas, la plaine se rétrécissait brusquement, en forme de triangle, et le chaos commençait. Le lit de la rivière, une sorte de désert de galets fendu en deux par un mince filet d’eau, était semé de rocs énormes, tombés là au cours d’une avalanche vieille de mille ans. Entre les rocs, les galets étaient posés par vagues, modelant les courants et les tourbillons de la dernière crue. De l’autre côté de la rivière, il y avait un pan de montagne abrupt, plus haut que les autres, qui se tenait debout à l’entrée du défilé, comme un mur.

On arrivait sur lui à la vitesse d’un avion, et petit à petit, les détails se faisaient jour, les aspérités innombrables, les taillis d’arbustes accrochés à même le roc, les ruisselets desséchés, les trous, les éboulis ; le mur se dressait droit le long de la vallée, haut de quelque chose comme 500 mètres, à pic, nu, et massif. La montagne était immobile, pesante, seule contre le ciel bleu où traînaient des nuages en loques. C’était comme ça. La ligne de la montagne grimpait en pente douce vers le nord, puis la pente devenait plus raide, se faisait falaise ; le premier pic avait deux sommets, séparés par une déclivité. Derrière le deuxième pic, le soleil faisait briller un objet bizarre, peint en blanc, qui avait tout l’air d’un crucifix. Encore une déclivité, arrondie celle-là, et on arrivait au deuxième sommet ; moins élevé que le premier, il était composé d’une suite de rochers cassés qui s’emboîtaient les uns dans les autres. Après, le dessin de la montagne redescendait en une sorte de gorge, puis remontait en pente douce vers le plus haut sommet. Celui-ci n’était fait que d’un seul pic, une espèce d’obélisque large, aux flancs couverts d’arbres qui émergeaient de sa silhouette massive comme une série de petits ressorts. De l’autre côté du pic, quand on avait passé cette zone déserte et glacée, ce point chauve qui culminait sans cesse, c’était la dégringolade presque verticale vers la vallée. Pourtant, à mi-chemin, la chute était arrêtée par une ramification de la montagne, une torsion dans son corps qui courait vers la droite et la rattachait à un autre bloc de pierre. Tout à fait comme un cou de bête gigantesque, la masse rocheuse se recourbait longuement, en un mouvement sinueux et lourd, et l’arête supérieure de cette paroi difforme semblait continuellement tendue dans un effort épouvantable, digne d’un cataclysme.

Et en fait, elles étaient encore là, les traces du cataclysme ancien qui avait modelé la terre. Les rocs avaient surgi comme des fusées, au milieu de torrents de boue brûlante, des lacs grands comme des mers s’étaient vidés à travers les failles, et les gouffres soudain creusés, de vrais volcans à l’envers, avaient englouti des millions et des millions de kilomètres cubes de pierre et de marécages. On voyait encore la catastrophe telle qu’elle avait été pétrifiée des siècles auparavant ; le chaos reposait là, tranquille, écrasé sous sa propre force, faces de mort surgissant désespérément du flot suintant de la vie : forêts d’arbustes ondulants, douce et sinueuse rivière aux eaux troubles, amas de poussière et de sable recouvrant les arêtes primitives. Le monde était à moitié enseveli sous le limon en action, mais on pouvait savoir qu’il avait été là. Qu’il avait explosé autrefois, qu’il avait éclaté de toutes les forces de ses os vivants, bousculant tout autour de lui, à l’assaut du ciel.

Au nord, en amont de la rivière, le cirque des montagnes s’est resserré. L’espace est devenu trop étroit, et les blocs de pierre ont poussé les uns contre les autres. La rivière doit passer à travers un défilé incommode, plein d’ombre, et les cimes sont alignées, se chevauchent.

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