Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

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Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

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« Je ne m’appelle pas La Cloche », dit Martin. « Je m’appelle Martin Torjmann. »

Le garçon se retourna à demi vers le groupe.

« Vous avez entendu ça, vous autres ? »

Immédiatement, ce fut du délire ; tous se mirent à s’esclaffer et à sauter sur place, en poussant de vilains cris d’animaux. Martin voulut se lever pour s’en aller. Mais un des garçons qui avait des cheveux coupés ras le repoussa en arrière.

« Reste assis, La Cloche », dit-il.

Ils continuèrent à rire et à danser sur place. À la fin, celui qui avait dit s’appeler Pierre fit un signe et tous se calmèrent. Puis il s’approcha tout près de Martin.

« Dis donc, Le Bigle », dit-il lentement, « on ne t’a jamais dit que tu avais une grosse tête ? »

Les rires recommencèrent ; Martin voulut se lever à nouveau. Cette fois, Pierre le repoussa du pied, et il manqua tomber à la renverse dans le tas de sable. Martin assujettit ses lunettes.

« Laissez-moi passer », dit-il.

« Lainssez-moin pannsser », nasillarda un des garçons.

« Alors, tu n’as pas entendu ? » continua Pierre ; « je t’ai demandé si on ne t’avait jamais dit que tu avais une grosse tête ? »

« Sûr que sa maman lui a jamais dit ça », dit Bobo.

« Laissez-moi passer, imbéciles », dit Martin. Il commençait à avoir peur ; la colère, aussi, monta en lui, et il voulut se relever encore. Deux garçons l’entourèrent aussitôt et le maintinrent sur le bord du terre-plein. L’aîné continua à racler sa chaussure sur le sol, tout près des pieds de Martin.

« Il ne peut pas répondre », dit-il ; « il ne s’est jamais regardé dans une glace. Pas vrai, Le Bigle ? »

« Moi je n’ai jamais vu une tête aussi grosse, ça c’est sûr », dit Roger. « Même pas au cirque. »

« Une vraie tête de carnaval », approuva Frédéric.

« Laissez-moi », dit Martin ; « ou j’appelle mon père. »

« Eh bien, appelle-le », dit Pierre ; « nous, on ne demande pas mieux, pas vrai, vous autres ? Des fois qu’il aurait une tête encore plus grosse ! »

Les enfants rétrécirent le cercle et se mirent à rire et à crier de plus belle. Martin essaya de se dégager, mais les garçons le tenaient par les bras, et ils étaient plus forts que lui.

« Tu as de belles lunettes, dis donc », dit Pierre. Et il les arracha du nez de Martin. Il les fit tourner dans sa main droite.

« Tu y vois mieux, maintenant, Grosse-Tête ? »

« Rendez-moi ça ! Rendez-moi mes lunettes ! » cria Martin, tremblant de rage.

« La ferme ! » dit Pierre. « Si tu cries, on te casse tes lunettes, compris ? »

« Tiens, passe-les-moi », dit Bobo.

Il prit les lunettes et les enfila sur son nez. Puis il fit semblant de marcher dans la cour, le dos voûté, les jambes cagneuses. Les autres s’esclaffèrent, et essayèrent les lunettes à tour de rôle, en augmentant à chaque fois les grimaces. Martin vit la scène à travers un écran de trouble, des silhouettes tordues et obscures s’agitant devant lui comme des gnomes. Il resta assis sur le rebord du terre-plein, les yeux dilatés, les poumons oppressés, incapable de parler. Quand ils eurent terminé, l’aîné reprit les lunettes et les fit tourner devant le visage de Martin.

« Tu veux les avoir, tes lunettes, hein, Grosse-Tête ? »

« Casse-les-lui, Pierre », dit une des fillettes. « Ça lui apprendra. »

« Non, j’ai une idée », dit Donald Duck ; « vous savez ce qu’on va faire ? On va les cacher dans le sable, et on le regardera chercher. »

Tous se mirent à rire.

« Oui, oui, c’est ça, cachons les lunettes dans le sable ! »

L’aîné approuva :

« D’accord. On va cacher ses lunettes dans le sable. Mais il ne faut pas qu’il voie où. »

« On le tiendra tourné par ici », dit Bobo.

« Et de toute façon, il ne peut rien voir sans ses lunettes », dit Donald Duck.

Martin essaya de se débattre.

« Non, non, rendez-moi mes lunettes ! Imbéciles ! Rendez-moi mes lunettes ! »

Mais les deux garçons le maintenaient bien. Pour plus de sûreté, une des fillettes se joignit à eux et lui serra les jambes.

« Allez, creusez-moi un beau trou ! » dit Pierre. Et il monta sur le rebord du terre-plein.

Tous les autres se mirent à fouiller dans le sable, vers le centre. En quelques minutes, ils préparèrent un trou assez profond. Au moment d’y jeter les lunettes, Pierre se ravisa. Il fit signe aux autres de s’approcher, et chuchota à voix basse :

« J’ai une meilleure idée. On va faire croire à Grosse-Tête qu’on a mis ses lunettes, et moi je les garde dans ma poche. Comme ça, il creusera pour rien. » Les autres pouffèrent de rire, puis ils refermèrent le trou et descendirent du terre-plein, qu’ils entourèrent comme une arène.

Pierre monta sur le rebord du terre-plein ; il se retourna vers Martin et dit doucement :

« Vas-y. Creuse ! »

Martin ne répondit rien. Les autres l’avaient libéré et se tenaient devant lui d’un air menaçant. Il regarda vers les fenêtres, mais ses yeux myopes ne pouvaient rien voir d’autre qu’une masse brouillée de ciel et de ciment.

Le chef de la bande gratta sa semelle sur la bordure du terre-plein.

« Alors ? Qu’est-ce que tu attends, Grosse-Tête ? Va les chercher, tes lunettes ! »

Martin ne bougeait pas. Un des garçons qui l’avait maintenu assis, tout à l’heure, s’approcha brusquement et le poussa en arrière. Martin tomba lourdement à la renverse dans le sable, et tous les enfants se mirent à rire. Les plaisanteries et les ricanements fusèrent tous à la fois, s’élevant du cercle de petits nains, s’élançant, et tombant sur lui, pêle-mêle dans le sable, le faisant ramper. Martin avança à quatre pattes vers le centre du terre-plein, les yeux glauques, la gorge serrée, les poumons étouffants. La rage et la peur étaient entrées en lui, avaient pris possession de cet espace délimité, tas de sable, cercle de voyous, cour d’immeuble. Tout était comme silencieux et blafard, tragique, avec seulement les coups sourds de son cœur battant immensément sur toute la surface de ce sol. Explosant profondément, comme venus de sous-terre de mines, de dynamite enfouie. Il avançait avec peine, les genoux traînant dans les gravillons, les mains enfoncées jusqu’aux poignets dans la matière mouvante et dure, la tête devenue tout à coup si lourde, si grosse, qu’il arrivait difficilement à la soulever au-dessus de la terre. Les cris des enfants le traversaient de plus en plus vite, le blessant à chaque fois en une nouvelle parcelle de sa chair, comme des flèches, tout à fait comme des flèches. Il était l’animal traqué, l’espèce de gros éléphant surpris au centre d’une clairière, et que les nains vidaient peu à peu de son sang, en le piquant avec leurs dards.

« Allez, vas-y ! »

« Creuse ! Creuse ! »

« Allez ! Allez ! »

« Allez ! Cherche, Médor, cherche ! Ouah ! Ouah ! »

« Plus loin ! Plus loin ! »

« Creuse ! Fouille le sable ! Allez ! »

« Ouah ! Ouah ! Cherche ! Cherche ! Sniff ! Sniff ! Ouah ! Ouah ! »

« Allez Grosse-Tête ! »

« Non, à gauche ! À gauche ! Creuse plus fort ! »

« Allez, du nerf ! »

« Creuse ! Creuse ! Creuse ! »

« Plus vite, Grosse-Tête ! Plus vite ! »

« Avec ton nez, Grosse-Tête ! Avec ton nez maintenant ! »

« Allez, plus vite ! Plus vite ! »

« Vas-y, Médor ! »

« Hé ! Tu brûles ! Tu brûles ! »

« C’est ça ! Vas-y ! Cherche par-là ! »

« Allez, La Taupe ! Vas-y ! Creuse ! Creuse ! Creuse ! »

« Ouah ! Ouah ! »

Martin était tombé à plat ventre dans le sable, maintenant. Et il creusait. Doucement, d’abord, en ramant faiblement avec les mains dans la matière liquide et poussiéreuse. Puis plus vite, fouillant avec tous ses bras, faisant jaillir dans sa figure des pelletées de poudre odorante. Avec frénésie, enfin, tout son corps devenu machine à creuser, devenu insecte se débattant, se tordant au milieu du terre-plein, forant des trous de toutes parts, avec les bras, les jambes, les épaules, les hanches, la tête même. Il enfonçait son menton dans le sable, puis son museau entier, il mangeait, il donnait des coups de boutoir, il respirait le sable, il suffoquait, grouillait, se noyait ! Le délire l’avait pris totalement, et c’était comme un gouffre sans fond, comme un puits devenant de plus en plus grand à mesure qu’il tombait. Il était installé dans la chute, dans l’axe de l’abîme même, il était sa propre caverne, de plus en plus caverne, et rien ne pouvait l’arrêter. Le temps avait passé, il l’avait fait la victime incohérente de cette métamorphose, et rien ne pouvait le faire revenir en arrière.

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