Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

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Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

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Martin garda la main à hauteur de ses lunettes un long moment, regardant intensément l’insecte. Des pensées étonnantes naissaient dans son cerveau, à présent ; d’abord une volonté féroce de faire bouger l’animal, de le faire fuir, courir le long de sa ligne de vie, escalader les bourrelets de muscles de sa main, et disparaître vers son poignet, vers les profondeurs étouffantes de sa manche de chemise. Il sembla à Martin que ses yeux et ses lunettes étaient devenus des lames d’acier, et que la volonté se déversait le long du métal, qu’elle déferlait avec une violence implacable sur la petite boule sèche et noire. Quelque chose comme des mots, des verbes à l’état pur, BOUGER BOUGER BOUGER BOUGER. Des projectiles qui tombaient au centre de l’abdomen, entre les pattes crispées, et qui allaient animer le corps de l’insecte, rompre la mort apparente, et provoquer la fuite éperdue, la panique mobile. Mais rien ne venait. Le temps était toujours arrêté, à l’intérieur de la carapace. Peut-être même l’insecte était-il devenu aveugle, était-il vraiment mort soudain, devenu petit caillou que rien ne peut détruire, que rien ne peut toucher. Mais où était-il, alors ? Où avait-il disparu, celui qui avait été l’insecte ? Martin cherchait désespérément à comprendre ce qui s’était passé. Il avait été si près, un moment, d’être un véritable dieu ; il était parvenu aux limites d’un état sublime ; et maintenant, il ne pouvait rien faire pour lutter : c’était la fuite, l’abandon ; il semblait que son esprit redescendait les marches d’un grand escalier, de plus en plus vite, sans voir, sans vouloir, quatre à quatre, enfoncé à chaque pas plus profond dans sa chute. Il allait tomber, se désintégrer, il ne resterait plus rien de lui-même, et cela, à cause d’un insecte minuscule, d’une sorte de charançon incompréhensible qui s’obstinait à rester bloqué au creux de sa main. Il fallait agir, vite, avant qu’il soit trop tard. Martin, le cœur serré, sentit la nuit venir, l’ombre qui marchait, qui avançait, quelque chose de glacé et d’opaque qui se répandait en lui. Il sentit arriver la marée noire et volatile. Des choses s’effritaient, partout, en lui, d’inexprimables châteaux de sable qui s’éboulaient en silence. Une inquiétude immense survenait en nappes. Comme un incendie noir, filant sous le vent, agrandissant sans cesse son cercle de néant. Il sentit même sa vie, sa pauvre vie lui échapper, se retirer de lui, vider ses lieux. Il fallait agir avant qu’il soit calme, avant qu’il soit statue.

Martin pencha un peu plus la tête vers la paume de sa main gauche. Ses lunettes étaient si près du charançon qu’il ne pouvait plus le voir distinctement. L’animal immobile était une tache charbonneuse, vague, au milieu de la masse de chair rosée. Quand son visage ne fut plus qu’à une dizaine de centimètres de la bête, Martin arrondit lentement ses lèvres et souffla. L’haleine puante enveloppa d’un seul coup l’insecte ; celui-ci tint bon quelques secondes, puis, suffoquant, il se retourna sur le ventre et se mit à marcher. Martin avait triomphé. Avec une répulsion instinctive, il lâcha l’insecte sur le sable et le regarda grouiller. Quelque chose de bas et de douloureux monta dans son esprit ; Martin murmura : « Anima… Anima… » et il se mit à rire.

Plus tard, Martin reprit la petite bête entre ses doigts, creusa un trou dans le sable et la plaça au centre. Le charançon, sans hésiter, commença à escalader la pente. Mais le sable glissait sous ses pattes continuellement, et il retombait au fond du trou. Il restait là un moment, comme étourdi par sa chute, ou faisant le mort sans raison, puis il recommençait à grimper le long de la muraille friable. Les petites pattes s’agitaient à une vitesse folle, la tête s’enfonçait entre les grains, les antennes palpitaient fébrilement dans tous les sens. Martin regarda le manège de l’insecte avec une attention extrême ; il ne pouvait se détacher du corps noirâtre, comme si toute la vie du monde avait été placée au fond de ce trou, sans espoir d’en sortir. Parfois, pendant son escalade, le charançon provoquait une avalanche de sable, au-dessus de lui. Un pan entier s’écroulait et fondait sur l’insecte, et les grains de poussière le recouvraient complètement ; alors il s’immobilisait quelques secondes, les pattes accrochées à des gravillons. Puis, quand l’avalanche avait cessé, il reprenait son ascension, il travaillait, il progressait, il montait, il montait. Des blocs s’ébranlaient sous ses pattes, et il manquait basculer en arrière. Mais rien de tout cela ne le décevait, rien ne l’arrêtait. Il montait encore, encore. Puis, arrivé à environ un tiers de la falaise, tout à coup, le sol ne tenait plus sous ses pattes ; il continuait à ramer désespérément, mais c’était dans le vide. Le mur cédait tout entier, et, soudain, c’était la chute, pêle-mêle avec des torrents de sable. Chaque fois, Martin croyait qu’il allait abandonner, qu’il allait rendre son corps au malheur : un corps si chétif, si léger, un corps qui ne valait rien, sûrement, devant la mort. Mais l’insecte n’abandonnait pas. À peine avait-il touché le fond du gouffre qu’il repartait aussitôt, attaquant presque toujours le même côté de la muraille. Il y avait donc un dieu pour les insectes aussi, un messie pour les coléoptères et pour les arthropodes, un sauveur tout noir, caparaçonné, couvert d’antennes et de pattes, et qui avait donné pour toujours son ordre magique ! Un dieu pour chacun de ces monstres, pour les scarabées-rhinocéros et pour les dynastes Hercule, pour les staphylins et pour les pyrales de la vigne, pour les grands paons de nuit et pour les scolopendres ! Ou bien n’y avait-il personne pour ce monde, personne pour ce trou creusé dans le sable ? Toute la terre était comme ce socle où Martin était assis : petits Sahara, grands Sahara. Des trous, des éboulements. Des pattes qui rament, des antennes qui palpent, et bien au chaud, à l’intérieur des carapaces craquantes, des organes serrés, des replis tout frémissants d’une rage mystérieuse.

Martin cessa de regarder le charançon qui entreprenait sa 264 eescalade, et il observa sa main ouverte devant lui. Il fit bouger ses doigts, les uns après les autres, le pouce, l’index, l’annulaire, le médius, le pouce à nouveau. Il ferma la main. Il la rouvrit. Il la plongea dans le sable, ferma les phalanges et la ressortit. Du sable était resté prisonnier à l’intérieur de la main. Martin desserra l’étreinte des doigts : le sable coula, doucement. Martin se redressa, et s’agenouilla dans le gravier. Au-dehors, la nuit était en train de venir. Le ciel était garni de nuages épais, vitreux, qui devaient avoir absorbé toute la lumière.

Les choses étaient ainsi. Il fallait être vivant, se sentir vivant jusqu’au plus oublié de soi-même, pris dans le crépuscule, dans cette ville, sur cet espace de terre habitée, au centre d’une cour, espèce de troglodyte de H. L. M. Il fallait avoir tout son corps et toute son âme bien à soi, à la fois solitaire au centre d’un désert de béton, et coulant lentement avec tout le reste de l’univers. Un corps comme une source, unique et se répandant alentour, un corps comme une feuille, posé là, en même temps épars, un véritable appartement aux murs réguliers, divisé en pièces, cuisine, salle de bains, placards, avec portes et fenêtres, offert tout entier. Alors la nuit pouvait venir, les réverbères et les phares s’allumeraient tranquillement, les uns après les autres. La foule se bousculerait dans les rues pour regagner les domiciles, les bars s’éclaireraient, les magasins barricadés clignoteraient, des haut-parleurs commenceraient à mugir les musiques monotones. Quelque chose de mystérieux glisserait partout, une sorte de sommeil habituel, et les animaux regagneraient leurs coins pour dormir. Tout cela allait se passer bientôt, sans doute. C’était inscrit dans les corps, sur les nerfs, sur les fibres, au centre des chairs. C’était dessiné partout, sur les trottoirs, le long des murs, à l’intérieur des ampoules électriques, dormir, dormir, comme une petite croix invisible, la marque de la vie.

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