Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio - Fièvre» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1965, ISBN: 1965, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Fièvre: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Fièvre»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

Fièvre — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Fièvre», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

L’ombre de la maison avançait toujours vers Martin. Lui, les yeux écarquillés derrière les verres de ses lunettes, regardait toujours l’ombre avancer. Plus le soleil était bas dans le couloir vertical, plus l’ombre marchait vite. Chaque bond qu’elle faisait, maintenant, était pratiquement consommé avant d’avoir été vu. C’était par dizaines de centimètres, par mètres entiers que la décomposition liquide gagnait du terrain. Et, fait remarquable, chacune de ces avancées, si rapide qu’elle fût, effaçait totalement celle qui l’avait précédée. Tout se passait comme si ce changement de la lumière en l’ombre n’était pas un passage, mais une sorte de métamorphose absolue et incompréhensible. Là, le ciment du sol était blanc. Ici, il était noir. Comme un jeu. Tout à fait comme un jeu, un échiquier gigantesque où les cases se seraient retournées d’elles-mêmes, une à une, mécaniquement, n’offrant plus rien que leur envers noirâtre et uniforme.

Mais là où régnait la nuit, le néant, quelle était la richesse, la puissance des senteurs et des structures, quel était le grouillement des choses barbouillées, quelle était la vague des visions enchevêtrées, des splendeurs ! On était bercé, emporté, embarqué dans un bateau invisible, et des courants durcis vous tenaient serré, vous servaient de membres. C’était ainsi. On était plongé soudain dans un spectacle merveilleux, on entrait dans un tableau profond, éblouissant, nocturne, comme tête la première dans un bocal, et on découvrait les tanières, les secrets de la vie dégradée en action, un vrai bouillon de culture, une zone de fermentation où les éléments évaporés, indistincts, montaient lentement, sous forme de lourdes banderoles de nuages, et se croisaient entre eux incessamment. C’était dans le genre d’une nuit, non pas paisible, non pas silencieuse, mais où tout était marqué au fond de l’âme par le signe de la férocité ; une colère de fauve, surgie du passé sans doute, et qui remontait lentement, dangereusement le cours du temps. C’était le domaine de l’absence totale, une espèce de coucher de soleil sans soleil et sans horizon, et le calme et la destruction se perpétraient mécaniquement, commençant leurs actions au fond du cerveau de Martin, puis gagnant, gagnant, se répandant au travers de sa peau et de ses organes, gagnant encore, coulant sur le sol comme un sang humain, mais un sang envahi par quelque venin de vipère des sables, un sang glacé, saburral, paralysant.

Martin était à l’ombre, maintenant. Comme retourné à l’intérieur de lui-même, la tête rentrée dans son cou et regardant vers le fond de son corps, vers l’obscurité étrange qui roulait dans ses entrailles. C’était cela, son désir secret, depuis tant d’années ; c’était vivre dans son propre corps, ne vivre que de soi, que dans soi, se faire caverne et y habiter. Assis sur son socle de sable, les bras tendus en arrière et enfoncés comme des pieux jusqu’au-dessus des poignets, il avait été lentement recouvert d’une sorte de fine poussière grise, mince pellicule sablonneuse que le vent faible avait fait pleuvoir sur lui. L’ombre, en passant, l’avait encore terni davantage. Plus rien ne brillait ; tout était gris, ses vêtements, ses cheveux, sa peau, ses yeux, ses lunettes, les boutons de sa chemise, et jusqu’à la chaîne d’or qu’il portait autour du cou. Et pourtant, il voyait. Il pensait encore à quelque chose, il imaginait de longs chemins très raides tracés à même la surface plane de la cour de ciment. C’était comme si la conscience de la déliquescence totale de cet univers réduit, la mort, n’avait pu se faire que grâce à la présence, derrière lui, autour de lui, par-delà les remparts de l’immeuble, d’une explosion extraordinaire de vie et de lumière. Pas le souvenir du soleil et de la chaleur, mais un genre de combat ultime et désespéré qui se livrait encore sur la terre. Les limites se refaisaient infatigablement, des murs se reconstruisaient au fur et à mesure qu’ils étaient détruits, des lignes se retraçaient, puis s’effaçaient, puis reparaissaient. Le monde écorché renouvelait ses écailles, et l’ombre, en passant sur les aspérités, sur les dards, sur les signes gravés dans le dur, lavait, lavait sans arrêt, inondait de son doux mouvement de flux et de reflux, comme une main invisible, ou plutôt non, comme une impérissable érosion qui balançait la surface entière du sol, qui la faisait plage longue et molle, étendue à peine luisante de plateaux de vase où se réverbérait l’infini du ciel.

Martin bougea à nouveau. Il se mit à jouer avec le sable. Il aurait aimé avoir des seaux, des pelles, pouvoir faire des châteaux, des pâtés. Tout son esprit était concentré sur ce jeu minuscule. Il y avait comme une boule dans son cerveau, une sphère électrique qui résonnait de cette seule phrase : « Il faut creuser un trou très profond dans le sol. »

Martin commença à creuser. Mais il se produisait ceci, qui faisait partie du jeu : à mesure que les doigts de Martin enlevaient du sable, au centre du trou, les pans trop abrupts s’écroulaient et remplissaient à nouveau le petit gouffre, si bien qu’il était à peu près impossible d’aller plus profond qu’une dizaine de centimètres. Mais les mains de Martin ne s’occupaient pas de ce détail : c’était un jeu, un petit jeu de rien du tout, et il fallait creuser un trou très profond dans le sol. D’ailleurs, après quelques minutes, Martin commença à découvrir les subtilités de son travail. Il suffisait de creuser rapidement quelques centimètres, sans tenir compte du reste. Puis, délicatement, enlever le sable par petites pincées, comme ça, centimètre après centimètre. Lorsqu’on avait atteint le point précis où, par expérience, on savait que tout allait s’effondrer, il fallait faire très attention. En retenant sa respiration, en étudiant sans en avoir l’air la direction et l’intensité de la brise, on procédait du bout des doigts, doucement, doucement. On enlevait le sable au centre du trou, presque grain par grain. On gagnait en profondeur, un millimètre, deux millimètres, trois, quatre, cinq, six, sept millimètres. Les flancs du trou bougeaient un peu ; des avalanches microscopiques se déclenchaient le long des falaises, et des grains de poussière roulaient de haut en bas, entraînant derrière eux un sillage d’autres grains plus petits encore. Un souffle d’air, en passant, ou les vibrations d’un rouleau compresseur dans l’avenue voisine faisaient crouler des pans entiers. Mais le trou était toujours là, parfaitement conique, menaçant, défiant le reste de ce désert. Alors, quand on avait bien joui de lui, quand on en avait assez d’être heureux, de le voir, on recommençait à creuser très doucement. Du bout de l’index, on enlevait encore un, deux millimètres. On écartait quelques grains, et puis, d’un seul coup, sans qu’on ait eu le temps de rien voir, la catastrophe se produisait : le sable se refermait sur la main de Martin comme une trappe, et il n’y avait plus, à la place du trou, qu’une vague dénivellation sur le sol immobile, où pas même la rumeur sourde de l’écrasement n’était perçue.

Martin joua ainsi plusieurs fois de suite. C’était bien, parce qu’il n’avait pratiquement pas à bouger. Seules ses mains agissaient, fouillant dans le sable, choisissant les particules au hasard, écartant les obstacles, les brindilles, agiles et précises comme des insectes. Le jeu était de plus en plus petit, de plus en plus imperceptible, et il semblait en quelque sorte que rien n’eût pu l’arrêter. C’est alors que, passant entre deux couches de sable, les doigts de Martin sentirent un petit objet rond, résistant, qui se trouvait là. L’ayant ramené à la surface, Martin vit qu’il tenait entre le pouce et l’index de sa main droite une espèce de graine noire, à peine grosse comme un gravillon. L’objet était mat, plutôt sphérique. En le déposant dans la paume de sa main gauche, Martin constata que l’objet était un animal, un insecte ; un charançon, sans doute, ou quelque chose d’approchant. Un scarabée nain, peut-être, si on réfléchissait que les charançons ne se trouvent guère que dans les sacs de farine. À moins que ce ne fût un charançon perdu, un de ces charançons qui prennent les grains de sable pour des grains de blé. Martin pencha la tête vers la bête immobile au creux de sa main et la contempla longuement. Il vit le corps rond, noirâtre, la rainure des élytres, la tête et les antennes rentrées. En le faisant sauter dans sa main, il le mit à l’envers et regarda l’abdomen gris, et toutes les pattes recroquevillées, fines, terminées par des sortes de minuscules crochets duveteux. La bête ne bougeait pas, et on aurait aussi bien pu la croire morte depuis des jours, séchée dans sa posture inerte. Mais Martin ne s’y trompa pas ; il comprit tout de suite que le charançon était vivant, et qu’il faisait le mort pour qu’on le laisse tranquille. Il vit ça tout de suite, au premier coup d’œil, à cause de l’application que mettait le petit animal à rester lové sur lui-même, et peut-être aussi à cause d’un imperceptible mouvement de vibration dans les antennes pliées. C’était cela, la peur, ce petit grain de poussière, ce pauvre pépin de fruit, tout noir, tué sur lui-même, le temps arrêté, le corps à l’envers, les pattes serrées sur son abdomen où la vie palpitante se cachait.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Fièvre»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Fièvre» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Ourania
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Désert
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Diego et Frida
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - The African
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «Fièvre»

Обсуждение, отзывы о книге «Fièvre» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x