Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio - Fièvre» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1965, ISBN: 1965, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Fièvre: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Fièvre»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

Fièvre — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Fièvre», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

« Le mysticisme ? »

« Oui, le mysticisme comme seule forme possible de religion. Naturellement, je ne tardai pas à me heurter à Pascal. Et rétrospectivement, je me trouvai ainsi en état d’hérésie pure et simple par rapport à saint Augustin ou au thomisme. C’est à ce moment-là si vous voulez que j’eus quelque chose de comparable à une crise. Mais c’était toujours à l’intérieur de la foi, et cela n’avait rien d’un doute. Pour moi, Descartes ou Malebranche n’avaient jamais cessé de représenter des mondes étrangers, ceux du raisonnement et de la dialectique. Je les lisais, je les comprenais, mais s’il fallait mettre quelque chose en doute, c’étaient eux, c’était leur étonnante prétention à tout régulariser, à bâtir un monde sur les fondements du langage humain, ce langage si pauvre, si malhabile. Vous savez, la pensée divisée en deux parties, parce que la phrase se divise en deux parties, que la cause appelle la conséquence, le thème le prédicat, la principale la subordonnée. Si deus est bonus est . Tout cela me semblait puéril, petit, aveugle. Il fallait autre chose. Il fallait quelque chose qui déborde, qui se vide, un calme complet, une innocence totale vis-à-vis de la réalité. »

« Ce que vous offrait Ruysbroek ? »

« Pas du tout ! Ruysbroek aussi a fait de la dialectique. Mais c’était un théologien, et à son époque, au XIVe siècle, personne n’aurait accepté l’expérience mystique à l’état pur comme base d’élévation spirituelle. C’était même dangereux d’être un mystique, à son époque. Les transes étaient plutôt mal vues. Alors il fallait des cadres, de l’exégèse, des arguments sérieux et déterminants. Et puis le langage n’était pas le même, et ne lui permettait pas de s’exprimer librement. Au fond, notre époque me semble parfaite pour l’extase. Nous pouvons même essayer de l’écrire ! »

« Cependant, vous voyez dans Ruysbroek, et plus généralement dans le mysticisme, l’essentiel de la vertu religieuse ? Pourquoi ? »

« Il n’y a pas de raison véritable à cela. Je préfère poser un a priori : la foi est une transe, et tout ce qui est proche de cette transe participe de la foi. »

« Mais c’est dangereux ce que vous dites, n’importe quelle transe — »

« N’importe quelle transe ne m’intéresse pas. »

« Est-ce une catégorie de transe, alors ? »

« Absolument pas. L’état de transe est un état quasi normal chez l’être humain ; il suffit de très peu de chose pour le provoquer. Un rien, un peu d’alcool dans le sang, un peu de drogue, l’excès d’oxygène, la colère, la fatigue. Mais cet état est intéressant dans la mesure où il est orientable. Il s’agit d’un basculement, mais ce basculement met en œuvre des régions inconnues de notre esprit. En fait, il n’y a fondamentalement aucune différence entre un homme intoxiqué par l’alcool et un saint qui se livre à son extase. Et pourtant il y a quand même une différence : c’est celle de l’interprétation. Le moment de folie est préparé par une étape où le sujet est plongé dans une sorte de vacillement de la conscience, d’excitation cérébrale violente. C’est ce moment-là qui véritablement fabrique l’extase et lui donne son sens. Tandis que l’extase en elle-même est aveugle. C’est le vide total, sans ascension ni chute. Le calme plat. Si bien qu’on peut dire que le saint ne connaîtra jamais Dieu. Il L’approche, puis il en revient. Et ces deux étapes sont celles qui sont. Entre les deux, le néant. Le vide, l’amnésie complète. Au moment X de l’extase, le saint et l’intoxiqué sont semblables, sont au même endroit. Ils habitent le même paradis vide et terrifiant. »

« Est-il important que Dieu n’existe pas ? »

« Quelle est votre religion ? »

« Je n’ai pas véritablement de religion. Je ne suis pas contre le principe de la religion, parce qu’il est le seul qui organise le sentiment de religiosité. Mais je pense que dans la plupart des cas, l’esprit religieux passe avant l’organisation en religion. Je veux dire que l’esprit de l’ascension pure et véridique vers Dieu est essentiel, alors que la fédération, je veux dire, l’ensemble des règles qui constitue une religion comme le catholicisme est une simple contingence. Or ce que je reproche aux différentes religions, et aussi bien au christianisme qu’au bouddhisme, c’est que cet ensemble rituel empêche le total épanouissement de l’individu en un Dieu qui lui soit propre. Elle dirige, elle fabrique des interdits, elle se fait morale, alors qu’il est bien évident que Dieu est au-delà de toute morale. »

« Dieu n’est pas bon ? »

« Non, à proprement parler, Dieu n’est pas bon : il est. Bon, mauvais sont de pauvres mots s’appliquant à un ensemble de règles concernant quelques détails de notre vie matérielle. Pourquoi Dieu serait-il concerné par nos pauvres mots et nos pauvres valeurs ? Non, Dieu n’est pas bon. Il est plus que cela. Il est la forme la plus riche, la plus accomplie, la plus puissante de l’être, en quelque sorte. Il rend concrète l’abstraction même de la forme de l’être. Et je pense que l’envisagement même de l’être ne pourrait être possible si Dieu ne lui avait donné au préalable son état. Dieu est la création. Il est donc un principe inextinguible, inorienté, la vie même. Rappelez-vous les paroles : « Je suis Celui qui suis. » Aucune autre parole humaine n’a mieux compris et relaté la forme divine. Intemporelle, non, pas même intemporelle et infinie. Le principe. Le fait qu’il y a quelque chose au lieu qu’il n’y ait rien. »

« Mais alors, Dieu n’a pas besoin — »

« Et bien au-delà de toute expression, même. Si vous voulez, je suis Dieu. Il n’y a pas de doute à entretenir, pas de question à poser. Vous êtes. Donc vous êtes Dieu. Vous ne pouvez pas être autrement. Si vous n’étiez pas Dieu, vous ne seriez pas. »

« Un panthéisme, en quelque sorte ? »

« Non, parce qu’il ne s’agit pas d’honorer Dieu en toute chose. Dieu est extérieur, et si je vous disais que vous êtes Dieu, que je suis Dieu, ce n’était pas pour vous donner l’idée que, selon moi, Dieu est une espèce de corps à l’intérieur duquel nous vivons. Non, je voulais seulement insinuer une sorte d’analogie entre les deux mots de la phrase, agir sur l’être en le déterminant par Dieu. L’Être étant en quelque sorte une dimension propre, aussi relative mais aussi réelle que le temps et l’espace. Et Dieu étant l’absolu de cette dimension, comme l’infini est l’absolu de l’espace, et l’éternel l’absolu du temps. En fait, l’absolu de l’Être est aussi l’absolu de l’espace et l’absolu du temps. Voilà pourquoi Dieu est à ce point inimaginable pour les pauvres esprits des hommes. »

« Mais alors Dieu n’ordonne pas aux hommes ? Les hommes sont libres ? »

« Ils sont libres, oui. Mais la vie du saint ne fait que peu de cas de cette liberté. Ce qui importe, c’est la connaissance la plus parfaite possible de la dimension divine. Les hommes sont conditionnés par cette nature divine qu’ils portent en eux du fait qu’ils sont vivants. Le bien, le mal, ce ne sont que de misérables contingences humaines. La police est là pour qu’elles soient observées, ces contingences. Mais ce à quoi tout homme est tenu, et ce à quoi nul ne l’oblige, c’est à monter vers Dieu. À monter plus haut, à fixer sa volonté et son désir sur son propre état d’existence, et à serrer, oui, en quelque sorte, à serrer, à étreindre, à être de plus en plus rapproché du centre, du noyau, à multiplier par l’adoration et par la sainteté la puissance unique de la vie, à la développer, comme cela, sans voir, aveuglément, avec une foi et une densité, une volonté d’être toujours plus grandes, et ainsi sans cesse, le plus directement, le plus soigneusement du monde, jusqu’à l’approche de la vérité première, de la volonté initiale, du centre du rayonnement et de la chaleur, jusqu’à la pensée concrète, semblable à l’action, de l’existence totale. »

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Fièvre»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Fièvre» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Ourania
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Désert
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Diego et Frida
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - The African
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «Fièvre»

Обсуждение, отзывы о книге «Fièvre» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x