Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

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Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

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« Martin n’est pas bien, ces temps-ci », dit-il ; « il a eu beaucoup à faire depuis quelques mois. Il vaudrait mieux remettre tout ça à plus tard. Ça permettrait à Martin de se reposer quelques jours. »

« Mais ce n’est pas possible, tu le sais bien », dit la mère.

« Et pourquoi ? Pourquoi ça n’est pas possible ? Hein ? Parce qu’il doit y avoir la télévision, la radio, le journaliste de Life ? C’est à cause de ça que tu dis que ça n’est pas possible ? »

« Oui. »

« Et tu crois vraiment qu’on ne peut pas remettre toute cette fatigue à plus tard ? »

« Comment veux-tu ? Tu sais bien que dans deux semaines Martin doit partir pour les États-Unis, et qu’il y restera deux mois complets. Et comment veux-tu qu’il soit accueilli là-bas si la conférence n’a pas eu lieu ? »

« Je sais, je sais », dit le père ; « mais est-ce que tu veux qu’il se tue à ce genre de choses ? Tu vois bien qu’il est fatigué, actuellement. Il a maigri, il ne mange plus rien, et quand il a fini ses conférences, c’est à peine s’il nous adresse la parole. Il ne dit plus rien, il reste assis dans son coin, à regarder droit devant lui, pendant des heures. Ce n’est pas son état normal, ça je le sais. »

La mère eut une sorte de haussement d’épaules ; elle regarda Torjmann, de ses gros yeux lourds de fatigue et d’âge. Elle commença :

« C’est vrai — Martin est fatigué. Mais crois-tu que j’aime la vie qu’il mène ? Et pourtant, c’est sa vie, c’est la sienne, c’est celle qu’il a choisie. Ce qu’il ne fait pas aujourd’hui, il aura à le faire demain… »

« Écoute, Marthe », interrompit le père ; « je crois que nous devrions essayer de faire reculer la date de cette conférence d’une semaine. Nous irons avec Martin pendant quelques jours à la campagne et, au retour, il sera reposé, il pourra recommencer le cycle des conférences et partir en forme pour les États-Unis. Hein ? Qu’est-ce que tu en dis ? »

« Il ne voudra pas », dit la mère.

« Et pourquoi ? » dit Torjmann ; « je t’assure, c’est moi qui ai raison, pourtant — » Il quitta son poste près du fauteuil et vint vers sa femme. Il éteignit son mégot au passage, et le jeta dans la poubelle, sous l’évier. « Je suis sûr que c’est la meilleure solution. Martin pourra se reposer, et nous aussi. Tu en as grand besoin, toi aussi, d’ailleurs. Et puis Martin ne pourra jamais refaire une conférence comme celle du 10 mai, dans l’état où il est actuellement. Le professeur Hertz m’a dit ça pas plus tard qu’hier. Quand il a vu que Martin ne répondait pas, tu sais, quand il posait ces questions sur Pascal, et que Martin restait dans son coin sans rien dire, sauf pour demander toutes les cinq minutes qu’on lui apporte un verre d’eau. Il m’a dit qu’il valait mieux arrêter tout ça pour un temps. Et je crois qu’il a raison, Marthe. »

« Tu sais bien ce que le professeur Hertz pense des expériences de Martin ? »

« Oui, je sais, mais ce n’est pas ça qui compte. Pour une fois, il a raison. »

« Hertz voudrait que Martin fasse un séjour dans une colonie de vacances ! Il a dit je ne sais combien de fois que, selon lui, Martin n’était qu’un imposteur, un — »

« Oui, je sais, je sais ! Mais là, pour ce qui est du repos, je crois qu’il a raison. »

« Notre fils est si bizarre, depuis quelque temps », soupira la mère.

« C’est qu’il n’est pas bien », dit Torjmann ; « après tout, trois émissions par semaine, dont une à la télévision, les conférences, les débats, les interviews, dans toutes les langues, et puis les prêches, les signatures, les discussions avec le professeur Hertz, avec Maisonneuve, avec le docteur Mercier, avec Stephen Schaeffer, Manzoni, Tillois. Sans compter le travail qu’il fait tous les jours, les leçons de chinois, les méditations sur les textes de Ruysbroek, l’analyse de la Bible et du Mundaka Upanisbad, et les exercices spirituels, tout ça l’a terriblement fatigué. Il a besoin qu’on le laisse tranquille. »

La mère semblait réfléchir. À la fin, elle dit :

« Il ne voudra pas. J’en suis sûre. Et — est-ce que tu crois qu’il peut — est-ce que tu crois qu’il peut vraiment rester tranquille ? »

« Comment, est-ce que je crois ?… »

« Oui. Est-ce que tu crois que notre fils peut vraiment se reposer, maintenant ? Tu vois, j’ai l’impression qu’il n’arrive pas. Il reste immobile, comme ça, comme en ce moment, assis sans rien faire dans son fauteuil, avec l’air de ne rien voir et de ne rien entendre, mais est-ce que c’est vrai ? Est-ce qu’il se repose ? Moi j’ai l’impression qu’il voit tout, qu’il entend tout, et que ça travaille dans sa tête, que ça travaille plus que jamais, qu’il pense à des tas de choses, à des tas de choses que nous ne comprendrons jamais. J’ai l’impression, tu comprends, j’ai l’impression qu’il change. Qu’il change. Qu’il n’est plus Martin, mais quelqu’un d’autre, que je ne connais pas, et qui ne nous connaît plus. Et même, j’ai l’impression qu’il n’a jamais été Martin, qu’il va nous haïr, ou quelque chose comme ça, nous haïr… En tout cas, tu vois, il a changé vraiment depuis quelques mois. Il ne nous parle plus. Avant, à table, il nous expliquait des tas de choses. Il nous disait à quoi il avait pensé dans la journée, ce qu’il avait appris, ce qu’il avait découvert. Il nous disait tout ça. Tu te souviens, le jour où il a découvert le caractère divin du langage ? Il nous avait expliqué ça, en criant, avec des transes de joie, pendant toute la soirée. Il était si heureux, si fier de notre fierté, tellement heureux. Il parlait. Maintenant, maintenant c’est tout juste s’il desserre les dents pour nous dire à quelle heure doit venir le docteur Mercier, ou les journalistes. C’est à peine s’il nous parle des psychotests, ou des débats avec Hertz. Il ne nous parle jamais plus de sa journée du 22 novembre. C’est comme s’il avait honte. Pourquoi ? J’ai l’impression qu’il s’est passé quelque chose… »

« Tu te fais des idées », dit simplement Torjmann. « Martin est fatigué, voilà tout. » Mais le doute l’avait pris, à son tour. Il retourna vers le fauteuil d’osier, carré dans l’aire illuminée de la fenêtre, et il se pencha vers son fils.

« Martin ? Hé, Martin ? Tu as entendu ça ? Tu devrais peut-être rassurer ta mère ? »

Incliné sur le rebord de son siège, le corps pesant de la mère attendit la réponse qui lui redonnerait de l’espoir. En vain. Toujours muet, Martin trônait sans bouger, sans répondre aux appels de son père, sans voir la face anxieuse qui lui soufflait l’haleine au visage ; la sueur dégoulinait toujours le long de son cou, et sur les côtés de son front énorme, les verres de ses lunettes étaient tout blancs de buée, et dehors, le soleil avançait, avançait encore.

L’homme et la femme abandonnèrent Martin dans la cuisine ; il fallait le laisser seul avec sa méditation obstinée, c’était comme un ordre venu d’ailleurs, de toutes les fenêtres du H. L. M., par exemple, un ordre confus, jamais clairement exprimé, mais qu’ils respectaient presque instinctivement, sans y songer. La mère sortit faire quelques courses au Supermarché du coin. Le père demeura dans la salle à manger, et prépara la venue des journalistes. Il vérifia l’ordre de marche du magnétophone, disposa le micro au centre de la table, l’orientant vers le fauteuil de bois où son fils avait l’habitude de s’asseoir. Puis il prépara une pile de livres avec soin, et, tout à fait au bord de la table, il posa deux chemises contenant des feuilles de papier. Une contenant les notes de Martin, l’autre, des pages blanches. Entre les deux, il installa un crayon à bille en métal, du genre qui a trois couleurs.

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