Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

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Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

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« Comprends-moi, ce que tu me demandes est tout à fait impossible, tout à fait impossible. »

Beaumont restait immobile. Ses yeux étaient figés dans les paupières, comme si les larmes avaient gelé. Il écoutait avidement la psalmodie criarde et triste qui partait de sa mâchoire et l’unissait aux murs du corridor ; déjà sa main droite détachait l’écouteur de son oreille, et il se sentait partir, massacré, raide de stupeur.

La voix continuait, très nasillarde :

« Écoute-moi. C’est absolument impossible, je te jure. Mais je viendrai te voir dès demain matin à la première heure. Tu n’as qu’à m’attendre et à te reposer. Je téléphonerai au dentiste, si tu veux. Tu verras, tout ira bien. Ne t’en fais pas, repose-toi. »

Un bourdonnement électrique coupait les paroles de la jeune femme, s’immisçait entre les mots comme une sorte de mouche à viande prise entre un rideau de tulle et le verre d’une vitre.

« Dis, tu m’entends, hein ? Tu m’entends ? Allô ? Réponds-moi. Je t’en prie, comprends. » Puis : « Allô ? Allô ? Tu es là ? Allô ? Allô ? Tu m’entends ? Allô ? »

Le bras de Beaumont pendait tout à fait le long de son corps, maintenant. Au loin, très au loin, il entendait les grésillements du téléphone ; mais il n’avait plus envie d’écouter et de comprendre. La seule idée d’avoir à relever l’écouteur jusqu’à son oreille lui semblait dégoûtante, nauséabonde. Il regardait le papier qui tapissait le mur du couloir, les yeux brûlants de fatigue. Le chant de sa mâchoire était plus grave, désormais ; il vibrait avec de longues ondes paresseuses, qui descendaient le long de la colonne vertébrale, des bras, des jambes, qui terminaient leur course dans chaque extrémité, et plus particulièrement, tout en haut de la tête, à la pointe du cerveau, en une faible explosion sans couleur qui se répandait comme une flamme d’essence. Beaumont était submergé par ces ondes ; il se noyait ; très loin encore, ou peut-être plus exactement comme parvenu de derrière une cloison, il écouta le claquement du téléphone que la jeune femme avait raccroché là-bas, chez elle, avant de resserrer autour d’elle peignoir et chemise de nuit de nylon noir, et de marcher vers sa chambre, et de chuchoter, par la fente de la porte entrebâillée, à sa mère surgie des oreillers : « Maman. Ce n’est rien. Ce n’est rien. Bonne nuit. »

Abandonné sur son tabouret, dans le corridor, Beaumont se sentit envahir par une fureur étrange, quelque chose de froid et d’aigu, une décharge électrique dans la main droite, par exemple, et qui le jeta debout, seul, sur le parquet, détaché du téléphone, couvert de muscles et de tendons, comme dépouillé soudain non seulement de son pyjama, de son imperméable et du couteau hindou, mais aussi de sa peau, de sa longue peau blanche, fiévreuse et distendue. Mâchoire en avant, il progressa sur le sol, en direction de sa chambre. Un courant d’air très mince passait dans sa bouche ouverte, descendait jusque dans ses poumons, puis ressortait, tiède, chargé d’odeurs et de gaz, et s’enfonçait au milieu de l’atmosphère, modifiant doucement des pourcentages et des températures. C’était cela, la vie, rien du tout, un phénomène uniforme et vague, si facile à réduire ; et la douleur, cette passion incohérente faite de vibrations et de graphiques, la douleur coulait dans ce filet d’air, liait les poumons aux objets voisins. C’était une plante à doubles racines, l’une fichée dans les chairs humaines, l’autre tatouée dans la matière, comme une fleur sur la tapisserie d’un mur. Avec cet organe nouveau, imprévu, en train de grandir dans et hors de lui, Beaumont recevait l’indication de sa propre mort ; sournoisement, on lui montrait la pierre et le plâtre, les papiers, les étoffes et les verres, on les lui faisait connaître, on le poussait vers eux, vers le calme inhumain, vers l’ordre mystérieux où le temps ne coule plus, où les mouvements sont imperceptibles, les sensations, éternelles. C’était lui, cette plinthe, c’était lui, cette couleur jaune sale, ces décombres, ces meubles, ces morceaux de bois rongé, ces plaques de peinture malade. Ce lit, ce tas de chiffons, plein de drap et de laine, où il tombait maintenant, et qui balançait tranquillement le poids de son corps. Sans même éteindre la lumière, Beaumont rampa sur le matelas, jusqu’à l’oreiller. Puis il posa la tête sur la masse moelleuse et ferma les paupières.

Dans le noir, la souffrance grandit encore, si c’était possible. Elle cessa d’être multiforme, architecturée. Elle devint un symbole bien droit et bien net, clair ou sombre, une espèce d’I triomphal sur quoi il était empalé tout entier. La position était assurée, à présent, et jusqu’à la fin, jusqu’au chirurgien-dentiste, stomatologue, etc., il devait la garder, tournant autour d’elle désespérément ; la violence verticale. N’importe ce qu’il allait faire, ce qu’il faisait effectivement, c’est-à-dire se lever de nouveau, s’asseoir sur le bord du lit, se regarder dans la vitre du poste de radio posé sur la table de nuit, prendre une cigarette, puis la rejeter par terre, sans avoir eu le courage de l’allumer, il ne cesserait pas d’être debout , debout sur ses deux jambes, raide, paralysé, hagard.

Alors il prit la bouteille d’alcool et se mit à boire. Sa mâchoire ne le quittait pas, non, mais l’ivresse le faisait reculer. Vers quatre heures et demie, il était à environ deux mètres de sa mâchoire ; un peu comme si un grand clou avait été planté dans l’os et dans les gencives, et qu’il avait dû tirer, de toutes ses forces, pour élonger la blessure et prendre du champ. De l’autre côté de la fenêtre, les rumeurs étaient plus fréquentes. La cascade d’eau s’était tue depuis quelque temps, mais elle avait été remplacée par les glissades des pneus de voitures, par des pas humains, par des fracas de rideaux métalliques qu’on soulève. Encore deux heures-deux heures et demie, et il ferait jour. Vautré sur le lit, Beaumont finissait la dernière gorgée d’alcool. Il parlait tout seul, de temps à autre, non pas avec des phrases, mais avec de petits mots qu’il grognait en buvant, dans le genre de « aïe », « aïe-aïe-aïe », « oh », « ah mal mal », « hola-aïe », « aïe-ouh ». Le liquide coulait dans son œsophage, et lui, était sec ; autour du lit, chaque centimètre carré s’était vidé de sa teneur en eau ; le parquet, le papier, les plâtres, les volets, les cendres, tout était desséché, désert. C’était comme de grandes plaques d’ardoise, rêches et poussiéreuses, où l’air frottait avec des bruits de papier émeri ; pareil à un sac d’aspirateur, le cube atmosphérique de la chambre regorgeait de particules, pellicules, cheveux, flocons, braises, échardes, limaille, rouille, d’une espèce de sable âpre et érosif qui entrait partout, bloquait des roulements à billes, soudait des espaces, cimentait les éléments les uns aux autres.

Beaumont était assis maintenant sur un monticule de gravier, et son corps semblait vieillir dans le genre des momies. Sa mâchoire blessée était un curieux os, un peu jaune et sale, où les nerfs étaient hérissés comme des herbes. Sa peau même, autrefois si vivante, cette peau où la sueur et les tiédeurs profondes avaient habité, n’était plus qu’une couverture de laine, une vieille couverture de cheval mangée par les mites, usée, pleine de nœuds et de trames grossières. Le monde était devenu lentement une drôle de symphonie de flanelles, les unes grises, les autres rouges, ou brunes, ou bleuâtres, qui s’irritaient et se grattaient mutuellement. La laine des murs contre l’écru de l’air ; la broderie orange, toute seule, un point rond, de l’ampoule électrique ; la toile à sac de la nuit usant le tricot des volets, ou la finette des toits de tuiles ; les nylons des vitres sur la laine des murs ; l’écru de l’air contre la satinette du parquet obscur. Et des couvertures, encore des couvertures, ici et là, des draps, des lainages, des fils d’Écosse, des suédines, des velours épais et durcis, des cotonnades, du tergal, des mousselines, des fourrures, des toiles, toujours des toiles, partout, se limant les unes les autres, en d’imperceptibles mouvements qui répandaient autour d’elles des nuées de poils et de poudre, en même temps qu’un chant monotone de l’usure, un son unique et discordant où fourmillaient les grattements, les raclages, les hachures, sans cesse, sans but, jusqu’à couvrir tous les autres bruits de la ville. Pris dans ces mandibules, dans ces mâchonnements, Beaumont était un ourlet de tenture, une boule de laine mêlée, quelque chose de mort et de consumable, recroquevillé dans le coton de son pyjama rayé, enserré dans les pans de toile cirée de son imperméable comme dans un suaire, et il vivait là, à plat, cousu sur ces décombres de machine à tisser, sentant les choses bouger autour de lui.

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