Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

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Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

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Écartant les lèvres, filtrant entre les incisives froides, la voix parlait ; elle disait des choses légères et délicates, elle racontait des histoires imaginaires.

« Hier soir, tu sais, Roch, j’ai fait un rêve vraiment bizarre. C’était absolument merveilleux, tellement merveilleux que je savais que ça finirait, et que je voulais continuer à dormir, sans arrêt, pendant une semaine entière. Pour que ça ne s’en aille pas. Tu te souviens de l’arbre qui avait bougé, l’autre soir, devant la fenêtre ? Tu t’en souviens, n’est-ce pas ? J’avais eu peur, je pensais que c’était un voleur qui s’était caché dans l’arbre, tu te rappelles, et je t’avais dit d’aller voir. Toi tu m’avais dit que ce n’était rien, que ça devait être le vent qui avait fait bouger une branche, ou un truc de ce genre. Une branche pourrie qui était tombée toute seule du haut de l’arbre. Tu te souviens de tout ça, hein ? D’ailleurs, je t’assure que ça ne pouvait pas être le vent. Parce que moi, j’ai bien vu, quand je me suis mise à la fenêtre, l’arbre a bougé d’un seul coup, comme si on l’avait secoué. Et il fallait que ce soit quelque chose de très très lourd. Toi, tu t’es moqué de moi, et tu m’as dit qu’après tout les arbres sont des êtres vivants, et qu’il n’y avait pas de raison pour qu’ils ne se secouent pas comme des chiens, s’il y a quelque chose qui les gratte. Bon. Eh bien, cette nuit, j’ai rêvé que je me promenais en bas de la maison, le soir, et tout à coup l’arbre se mettait encore à bouger. Alors il y a un oiseau énorme qui est descendu en sautant de l’arbre et qui m’a dit : « C’est moi qui ai secoué l’arbre comme ça l’autre jour. » Et moi j’étais bien contente et je lui disais : « Ah bon, tant mieux, j’avais peur que ce soit un cambrioleur ! » et lui répondait : « Non, non, c’est toujours moi qui secoue les arbres… », tout ça avec une petite voix flûtée, c’était vraiment curieux de l’entendre. Et puis il s’est mis à me suivre partout comme un caniche, partout. Il est entré dans la maison avec moi, et il allait d’une chambre à l’autre, tu sais, absolument comme s’il était en laisse. Il y avait des gens dans la maison, et en passant devant eux, je leur disais : « C’est l’oiseau. C’est lui qui secouait l’arbre comme ça l’autre jour. » Et lui continuait à me suivre partout. Oh, tu ne peux pas savoir à quel point c’était curieux, ce gros oiseau qui marchait derrière moi ! C’était absolument merveilleux. Et si tu l’avais vu, cet oiseau. Il était énorme, avec un corps tout rond, une vraie boule ! Des plumes courtes comme du duvet, des pattes immenses, qui n’en finissaient plus, et une toute petite tête ronde avec de grands yeux et des cils ! Il était vraiment unique, je t’assure ! Surtout ce corps rond comme une boule, son duvet, comme un poussin, tu sais, et puis ces longues pattes maigres. Il faisait de ces enjambées, derrière moi, très lentement, tu sais, en posant ses doigts de pied délicatement par terre. Partout où j’allais, il me suivait en me regardant avec sa petite tête et ses yeux avec ces cils. Il avait une espèce de bec de moineau, et pas du tout de cou. La tête était posée sur son gros corps, comme ça, et il avançait gravement avec ses jambes qui faisaient au moins un mètre ! Il était vraiment curieux. Il avait une tête de moineau, avec un œil très grand et de très longs cils, un corps de poussin, tu sais, tout rond, pas d’ailes du tout et du duvet partout, et des pattes comme un héron. Vraiment un oiseau extraordinaire. Moi ça me plaisait de le voir me suivre comme ça, je lui parlais en marchant, et il me répondait avec sa petite voix aiguë. J’aurais aimé avoir un oiseau comme ça, qui me suive partout. Avoue que c’est vraiment un rêve curieux ! Mais ce qu’il était merveilleux, cet oiseau ! J’aimerais bien le revoir, vraiment, j’aimerais bien le revoir un jour ! »

Plus bas que la bouche, le menton était dirigé vers l’avant, lourd, massif, en forme de galet. Le front aussi ressemblait à de la pierre, légèrement bombé, dur et mat, avec, près des sourcils, deux rides verticales qui tendaient la peau. Près des racines des cheveux, de petits boutons avaient surgi, traçant le chemin de la sueur. Sous ce front, c’était l’os du crâne, épais et solide, prêt à recevoir les coups, à buter sur les obstacles. Le cerveau était bien à l’abri derrière ce rempart, et il pouvait rester recroquevillé sur lui-même comme une amande, pour faire bouger dans leur bain tiède et mou de minuscules pensées sans ordre. Le front s’élevait haut sous la masse de cheveux noirs ; mais il semblait que la tête n’était terminée par rien, qu’elle allait en s’émiettant ainsi, ouverte dans une forêt de filaments qui flottaient dans toutes les directions. La chevelure était très longue, partagée au centre par une sorte de raie semi-circulaire qui renvoyait chaque flot sombre et luisant en vagues bouffantes. Derrière son dos, les cheveux tombaient très raides, séparés les uns des autres par une répulsion électrique. Lorsque le peigne descendait le long de la crinière, on entendait de drôles de crépitements, et un souffle d’air se mettait à soulever les cheveux au passage, les faisant flotter un instant au-dessus des épaules et des omoplates. Tous étaient indépendants, peut-être vivants, et pourtant insensibles. On pouvait les couper par poignées entières, aucune douleur ne laissait sentir qu’ils avaient abandonné leur corps d’origine ; et ils étaient si nombreux ! Des milliers, des millions, des milliards peut-être, occupant chaque quart de millimètre du crâne, se dressant comme une végétation animale, chauds, doux, pénétrés d’une odeur de paille, tout lustrés de graisse et de sueur, terriblement longs, habités parfois de lents mouvements descendants qui se répandaient en ondulations et en boucles, faits de fils incassables dont toutes les couleurs se mélangeaient les unes aux autres, les noirs bleus, les gris, les blonds cendrés, les blancs, les roux, les noirs d’encre, les fauves, les bruns, les sépia, les terre de Sienne, les noisette, les ocre jaune, dont toutes les formes se brouillaient, s’emmêlaient en nœuds où le peigne accroche et fait mal, les courts et trapus, les minces, les démesurés, les sains, les pelliculaires, les séborrhéiques, ceux à une, deux, ou même trois fourches.

Roch plongeait ses mains dans la douce chevelure, et jouait avec elle, pendant des minutes entières. Il enfouissait son visage au centre de cette forêt, et sentait les milliers de petits tentacules frôler sa peau, entrer à l’intérieur de ses narines pour essayer de l’asphyxier. Puis les cheveux envahissaient sa bouche, et il goûtait leur saveur fade, un peu salée, il respirait leur parfum puissant et familier, l’odeur qui enchaînait, qui vous faisait esclave.

Roch était toujours seul sur son lit mouillé de sueur, et pourtant il sentait le corps de femme glisser longuement entre ses doigts. Tout, le visage, le torse, les hanches, les jambes minces et les bras fluides, tout cela coulait en lui subitement et le faisait vibrer d’une joie délectable. Il tenait entre ses doigts la chair fondante, il la buvait comme un aveugle, avec sa peau, avec le bout de ses nerfs. Et il entrait dans les cloisons secrètes, il se moulait dans les épaules, dans les seins, dans les creux du ventre et des reins, comme s’il était l’âme qui devait habiter cette statue. Car, étrangère malgré tout, sans lui elle serait morte aussitôt, cela était sûr ; cette enveloppe de peau marbrée et souple ne contenait que le vide ; cette poitrine délicate ne respirait que le néant et la destruction ; ces mains aux longs doigts frémissants étaient déjà inanimées, et n’étreignaient plus rien. Lui, étendu sur son lit, ne pouvait la sauver que passagèrement ; il allait lui donner la vie, dans une sorte de transfusion ardente et désespérée. Il allait enfin l’aimer.

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