Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances

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Coeur brûle et autres romances: краткое содержание, описание и аннотация

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« Il avait fait chaud cet été-là en Provence, une chaleur tyrannique, menaçante. Vers juillet, Pervenche est partie. Elle ne s'était même pas présentée au bac, à quoi bon ? Elle n'avait rien fait, elle savait bien qu'elle ne pouvait pas réussir. Toute l'année, elle avait traîné, surtout avec “Red” Laurent, dans les bistros, les boîtes, les fêtes, ou simplement dans la rue. Elle buvait des bières, elle fumait. L'après-midi, elle retrouvait Laurent devant le garage abandonné, au pied de la colline. Laurent soulevait le rideau de tôle, et ils se glissaient à l'intérieur. Ça sentait le cambouis, et une autre odeur plus piquante, comme de la paille, ou de l'herbe qui fermente. Ils faisaient l'amour par terre, sur une couverture. »
« La moitié de tout ce qui dans le monde est vraie beauté, vertu ou
a été mise au cœur des gens simples, cachée dans les corps ordinaires » (Louisa M. Alcott, Mrs Podger’s teapot).

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ROSA

Quand elle était petite fille, à Zamora (État du Michoacán, Mexique), Rosa avait appris très tôt qu’elle n’était pas comme tout le monde. Au collège des bonnes sœurs, il y avait d’autres petites filles habillées du même uniforme, jupe et gilet bleu marine, socquettes blanches, blouse grise. Mais elles n’appartenaient pas au même monde. Elles s’appelaient Hernandez, Acevedo, Gutiérrez, Lopez, Ayala. Elles avaient tous ces noms, Leti, Chavela, Lourdes, Araceli, et même Barbara, ou Cathy, quand les parents étaient allés se mouiller les épaules dans le rio Grande. Rosa ne leur en voulait pas d’être comme elles étaient, elle les considérait sans commisération ni rancœur. Mais sans sympathie non plus. Elle ne pouvait pas oublier. Ses tantes le lui avaient répété sans cesse : Ne fais pas ci, ne fais pas ça. Tu es une Verduzco. Tu ne dois pas dire ça, une Verduzco ne parle pas comme cela. Ceux qu’elle regardait avec envie, après l’école, c’étaient les enfants qui couraient jouer sur le zocalo, ou qui se massaient le soir devant le petit jardin de l’église de San Francisco pour sucer des cannes à sucre et des bonbons au piment. Ceux qu’elle épiait surtout, entre les robes noires de ses tantes, c’étaient les enfants pauvres en haillons, qui galopaient à travers les rues comme des chats sauvages, la police à leurs trousses. Les enfants en maraude, les chapardeurs. « Des canailles ! disait son père. De la graine d’assassins. » Quelquefois, devant Rosa, l’un d’eux passait, tenu aux bras par des policiers, le visage noirci, le regard brillant comme un couteau, on l’emmenait on ne savait où, dans un bagne, là-bas, à Mexico, la capitale de tous les vices. C’est comme cela qu’était née en elle l’idée. Elle ne le disait à personne, mais elle y pensait sans cesse, et l’idée grandissait avec elle, devenait plus forte, plus précise. Un jour, elle aurait des enfants. Elle n’aurait pas des enfants de propriétaires et de notaires, elle n’aurait pas de futurs docteurs, pharmaciens ou marchands de fraises. Non, ce seraient eux ses enfants, ces petits maraudeurs au visage noirci, hirsutes et malades comme des chats perdus, eux qui ne savaient que les gros mots et les blasphèmes, qui étaient capables de mentir, de voler, de tuer même.

À l’âge où on est jeune fille et où on cherche un mari, Rosa cherchait les enfants perdus. Dans une vieille maison en contrebas de la route, elle a recueilli dix, puis vingt, puis cinquante enfants. Aujourd’hui, ils sont plus de trois cents. À chacun elle a donné une éducation, de quoi manger et s’habiller, et une place dans cette république d’enfants. Elle leur a appris des métiers, elle leur a montré la discipline, la responsabilité. À chacun, elle a donné un nom, ce nom de Verduzco si précieux, si rare. Ce nom si puissant, si riche. Rosa est la seule mère de ces centaines de gamins jetés sur le trottoir de Mexico, de Morelia, de Guadalajara. Ces voleurs, cette « graine d’assassins ». Ces sniffeurs de ciment-colle. Capturés par la police comme des chiens errants, et sortis de prison pour entrer dans la « Grande Famille ». Avec eux, Rosa n’a peur de personne. Quand l’argent manque, elle parcourt les rues des bourgs du Bajio avec sa camionnette et elle proclame au haut-parleur les noms de ceux qui n’ont pas donné, ces pendejos, ces bourgeois avares. Les jours de Fiestas Patrias, les parias de Rosa défilent dans les rues, dans leurs uniformes délavés. Est-ce que Rosa se souvient du temps où elle épiait les enfants perdus, entre les robes noires de ses tantes, est-ce qu’elle se souvient de sa détermination, de cette force qui est entrée en elle et ne l’a jamais quittée ?

ALICE

Alice est née à la fin du siècle dernier, dans une famille riche et unie. Elle a aimé ses parents comme on ne peut aimer personne davantage, sa mère si élégante et discrète, son père, maigre, intransigeant, foncièrement bon et si distrait. Quand elle était encore une enfant, il y a eu la ruine. Cela se passait à Maurice, loin des vacarmes de la première guerre mondiale, comme dans un autre monde. Les uns après les autres, les frères d’Alice sont partis. Ils sont allés étudier à Londres, à Paris. Ils ont voyagé. Ils se sont mariés au loin. Alice, elle, est restée dans l’île. Il y avait sa sœur, fragile, malade. Il y avait son père et sa mère, si doux, si menacés. Après la ruine, ils avaient trouvé refuge dans une maison agréable, du côté de Phœnix, sur une hauteur pluvieuse. Alice aimait la vie, l’esprit, la poésie. Elle était plus qu’intelligente, elle était brillante. Quand elle parle de cette jeunesse si vite passée, elle dit : « On sortait, on avait des amoureux. » Elle dit aussi : « Aller en France, c’était le rêve. » Pourtant, elle savait déjà qu’elle ne pourrait pas mener la vie de tout le monde. Elle l’avait déjà compris. Elle ne se marierait pas, elle n’aurait pas d’enfants. Elle qui avait voulu si fort s’échapper de l’île, connaître le monde, voir Paris, s’enivrer de cette fête de l’esprit qu’elle imaginait là-bas, les monuments, les musées, les jardins, la musique, elle a su tout de suite que ce ne serait qu’un rêve. La vie est un jeu d’osselets, son lot était tombé, elle ne pouvait pas ne pas le reconnaître. La vie : sa sœur, ses parents, ce monde fragile et destructible dont elle était la seule gardienne. Puisqu’elle ne pouvait pas vivre son rêve, Alice a choisi de ne pas se détourner de sa destinée, fût-ce pour un instant de bonheur. Les autres seraient heureux. Les autres auraient des maris, des enfants. Des maisons pleines de bruit et de mouvement, des fantaisies, des fêtes. Qui pouvait vouloir d’une fille pauvre et lucide, si différente ? Pour tous, Alice est devenue l’image qu’elle voulait donner d’elle-même, cette femme grande et mince, au visage énergique, au regard sombre et scrutateur, toujours vêtue de façon austère, et qui savait décocher des traits contre ses contemporains, ces hommes et ces femmes dérisoires dans leur faiblesse et dans leur quête du bonheur. Les années ont passé, sans entamer cette cuirasse, sans altérer l’acuité du regard. Les années de crise, l’appétit des riches prêts à sacrifier le monde pour sauver leur profit, la guerre, la panique de ceux qui répétaient : « Les Japonais arrivent ! Leurs bateaux sont là ! » La misère des petits, les femmes abandonnées, les chiens mourant de faim, avec qui Alice partageait le peu qu’elle avait. Les cancéreuses qu’elle aidait à mourir. Ses parents sont morts, et sa sœur aimée aussi s’est éteinte, à la suite des privations de la guerre. Ils avaient été la part la plus douce d’Alice, sa joie, le cœur très tendre qui était son seul secret. Autour d’Alice, les gens se sont usés, ils sont devenus fragiles à leur tour. C’est dans leur faiblesse qu’Alice pouvait apercevoir leur part divine. La solitude extrême est sa force. C’est elle qui garde son corps droit et fort, malgré les années, c’est elle qui donne toujours à ses yeux l’éclat de la vie. L’étincelle est en elle, comme la source de cette lumière qui lui permet de discerner la beauté surnaturelle dans les vanités du monde, et ne se détourne jamais de la pauvreté inguérissable de la race humaine.

De ces trois « aventurières », nul doute que c’est Alice qui me touche le plus.

Kalima

Ô Kalima, quel chemin as-tu suivi jusqu’à cette journée du mois de janvier 1986, où tu gis étendue nue sur le marbre froid de la morgue, recouverte d’un drap blanc qui suit les volumes et les creux de ton corps, et cache ton visage jusqu’au front, ne laissant apparaître que tes cheveux d’un noir de jais, épais, ondulés, vivants encore, et tes pieds réguliers, aux ongles peints en vermillon, avec, attachée à ta cheville gauche par un bracelet de fil de fer, une étiquette plastifiée qui porte ton nom, ton âge, ton origine, et la date de ta mort, ce peu de mots et de chiffres que les hommes ont su de toi ?

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