Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal

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«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre: il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes; je leur laisse ces ordures en guise de testament; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre.
Prix Renaudot

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«Attendez, attendez un moment, je —» commença la jeune fille. Adam continua:

«Je voudrais arrêter ce jeu stupide. Si vous saviez comme je voudrais. Je suis écrasé, bientôt presque écrasé…» dit-il, la voix non pas plus faible, mais plus impersonnelle.

«Vous savez ce qui se passe?» demanda-t-il. «Je vais vous le dire, à vous. Il se passe qu’on vit, un peu partout; il se passe qu’il y en a qui meurent de syncopes, le soir, tranquillement, chez eux. Il se passe qu’il y a encore des gens qui souffrent, parce que leur femme est partie, parce que leur chien est mort, parce que leur enfant avale de travers. Vous savez — Et nous, et nous, qu’est-ce qu’on vient faire là-dedans?»

«C’est pour ça que vous avez fait tout ÇA? demanda la jeune fille.

«Tout ça QUOI?» cria Adam.

«Eh bien, ces histoires — toutes ces histoires qu’on —»

«Attendez!» dit Adam. Il se hâtait, comme s’il avait honte de s’expliquer;

«J’en ai assez! C’est assez de psychopathologie pour aujourd’hui — Je veux dire — il n’y a plus rien à comprendre. Tout est fini. Vous êtes vous et je suis moi. N’essayez plus de vous mettre continuellement à ma place. Le reste c’est de la foutaise. J’en ai assez, je — je vous en prie, n’essayez plus de comprendre. Vous savez — je, j’ai honte — je ne sais pas comment dire. Ne parlez plus de tout ça…»

Il baissa soudain la voix, et se pencha vers Julienne R. de manière à n’être entendu que d’elle.

«Voilà ce qu’on va faire: je vais vous parler, tout bas, rien qu’à vous. Et vous me répondrez de même. Je vais vous dire, bonjour, ça va? et vous, vous me direz, merci, je vais bien. Vous voyez ce que je voudrais: et puis, comment vous appelez-vous, vous êtes jolie, j’aime bien la couleur de votre robe, ou de vos yeux. Vous êtes de quoi? Du scorpion, de la balance? Vous me direz, oui, ou non. Vous me parlerez de votre mère, de ce que vous avez mangé au dernier repas, ou bien de ce que vous avez vu au Cinéma. Les voyages que vous avez faits, en Irlande, aux îles Scilly. Vous me raconterez une histoire de vos vacances, de votre enfance. La fois où vous avez commencé à vous mettre du rouge à lèvres. La fois où vous vous êtes perdue dans la montagne. Vous me direz si vous aimez vous promener le soir, quand il commence à faire nuit, et qu’on entend les choses cachées qui bougent. Ou quand vous alliez regarder les résultats du bac, sous la pluie, et ce que vous pensiez en parcourant la liste des noms. Vous me parlerez tout doucement, en me racontant des choses tellement minuscules que je n’aurai même pas besoin d’écouter. Des histoires d’orage ou d’équinoxe, des automnes en Bretagne, des fougères plus hautes que vous. Quand vous aviez peur, quand vous ne pouviez pas vous endormir et que vous alliez regarder la nuit à travers les fentes des volets. Et pour les autres, pour tous les autres, je continuerai mon histoire à moi. Vous savez, cette histoire compliquée, qui explique tout. Ce truc mystique. Vous voulez?»

Les autres s’étaient penchés en avant et observaient; certains, l’étudiant blond, par exemple, souriaient ironiquement. Ils n’y croyaient pas; ils voulaient tous que cette histoire de l’autre monde se termine, qu’ils puissent rentrer chez eux, manger le dîner, et sortir, ce soir. Au cinéma, il y avait quelque chose, et à l’Opéra, peut-être Gluck.

Adam lut l’assentiment sur la jeune fille; il le lut sur le cou, tout autour du cou, sur les coins des lèvres, sur les épaules, les seins, la colonne vertébrale, jusque sur les pieds, crispés dans les escarpins à boucles d’or, infinitésimalement divergents; il repoussa son corps en arrière, et le laissa toucher le pan de mur; il déplia ses jambes et frôla de loin les genoux nus de la jeune fille. Il sentit sur sa peau les rayures rouges et noires du pyjama; elles dessinaient leurs prolongements sur une sorte de surface solide, impénétrable, qui s’établissait maintenant entre lui et le groupe des étudiants. Sa main chercha, et trouva dans la poche de sa veste, le paquet de cigarettes. L’étudiant à lunettes noires lui tendit à bout de bras une boîte d’allumettes. Dans le petit tiroir de carton, il y avait cinq allumettes: trois brûlées et deux intactes. Adam alluma sa cigarette à la perfection; seul détail temporel dans cette attitude réussie, une goutte de sueur coula du creux de son aisselle, et vint choir, sous forme de piqûre froide, au niveau de la deuxième côte. Mais ce fut si rapide, et somme toute, si bien toléré, que nul n’eût pu le deviner. Julienne R., tassée sur sa chaise, accusait plus la fatigue: de toute évidence, elle attendait quelque chose. Quelque chose, non point de nouveau, d’étrange, mais de fatalement social; de tranquille, de glacial, comme de barrer un mot sur une phrase, par exemple.

«Il y a un ou deux ans» commença Adam, «pour reprendre mon histoire de tout à l’heure…»

Julienne R. prit son cahier d’écolier, et se tint prête à noter l’essentiel.

«J’étais à la plage avec une fille. J’étais allé me baigner, et elle, était restée étendue sur les galets, occupée à lire un magazine d’anticipation. Il y avait une histoire qui s’appelait «Bételgeuse», je crois. Quand je suis sorti de l’eau, elle était encore là. J’ai vu qu’elle avait chaud, et. je ne sais pas pourquoi, pour l’embêter probablement, j’ai posé mon pied mouillé sur son dos. Elle avait un bikini. Alors elle s’est relevée en sursaut, et elle m’a dit quelque chose. Je ne me rappelle plus ce que c’était. Mais l’important, c’est ça. Deux minutes plus tard, elle est revenue vers moi, et elle m’a dit: «Parce que tu m’as mouillée tout à l’heure, moi je te prends une cigarette.» Et elle a fouillé dans la poche de mon pantalon que j’avais posé à côté de moi sur la plage, pour prendre la cigarette. Moi, je n’ai rien dit, mais j’ai commencé à réfléchir à partir de ce moment-là. Deux heures après, je me souviens, j’y pensais encore. Je suis rentré chez moi, et j’ai regardé dans le Dictionnaire. Je vous jure. J’ai cherché chaque mot, pour comprendre. Et je ne comprenais toujours pas. J’ai passé ma nuit à y penser. Vers quelque chose comme, 4 heures du matin, j’étais cinglé. La phrase de la fille ne me sortait plus de la tête. Les mots allaient dans tous les sens. Je les voyais écrits partout. Sur les murs de ma chambre, sur le plafond, dans les rectangles des fenêtres, sur les bords des couvertures. J’ai marmotté tout ça pendant des jours et des nuits. J’en étais malade. Puis, j’ai recommencé à y voir clair. Mais ce n’était plus pareil. C’était comme si tout était devenu faux, ou juste, du jour au lendemain. Je me suis dit, de n’importe quelle façon que je tourne La Phrase, ou les faits qui lui sont parallèles, ça doit être de la logique pure. Je veux dire, j’ai tout commencé à comprendre, clairement. Et j’ai pensé qu’il fallait que je parte, que je balance ma moto à la mer, et tout le reste. Je me suis imaginé que le»

Mais déjà Adam avait disparu aux yeux de tous, comme il avait dû disparaître aux yeux de sa mère, de Michèle, et de beaucoup d’autres; isolé à l’extrémité éclairée de l’infirmerie, il flottait quelque peu, de ses membres grêles, de sa tête ovoïde, de sa main gauche où collait une cigarette horizontale. Son corps, tenu bien droit sur la chaise de métal, semblait fumer au sein d’un chaos involontaire; un rien, sa mâchoire de prognathe, son front perlé de sueur, et peut-être ses yeux triangulaires, servaient à le métamorphoser en créature préhistorique. On aurait dit qu’il émergeait sans cesse d’une eau trouble et jaune, sous forme de volatile lacustre, les plumes plaquées sur la peau, chaque muscle microscopique en mouvement pour l’élever vers l’éther. Sa voix se déroulait sur le peuple terrestre, plus trop compréhensible, et l’entraînait sur ses ondes comme un cerf-volant. Au-dessus de lui, près du plafond, deux sphères azurées se bousculaient, répercutant en orages magnétiques les chocs de leurs enflures adverses. C’était comme l’idée d’un Dieu des destins, un nœud de mystères et de canonisations, né un jour de l’étincelle entre deux rouages de locomotive. Adam se transformait en mer. À moins qu’il ne se fût endormi, sans posture, à la suite de l’influence magnétique du regard de Julienne R., ou de la persuasion hypnotique d’un simple pyjama à rayures. En tout cas, il voguait en arrière, mou, transparent, ondulant, et dans sa bouche les mots se heurtaient comme des galets, en produisant de curieux borborygmes. Tout un réseau de bouillonnement avait garni la pièce étroite, et les autres étaient en danger de le suivre. Quand Adam s’arrêta de parler, et se mit à pousser de faibles grognements, le médecin se décida à agir; mais c’était trop tard. Il cria deux ou trois fois.

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