Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1973, ISBN: 1973, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Le procès-verbal: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le procès-verbal»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre: il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes; je leur laisse ces ordures en guise de testament; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre.
Prix Renaudot

Le procès-verbal — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le procès-verbal», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Jusqu’à ce qu’un groupe d’hommes, vêtus comme des monstres, vienne nous chercher, croche des gaffes derrière nos nuques, et nous ramène au jour, et nous conduise en ambulance vers la morgue et le paradis.

L. Quand on a vu un noyé, une fois, à peine retiré de l’eau, encore couché sur la route, on n’a pas grand-chose à ajouter. Surtout quand on a compris pourquoi il y a des gens qui se noient, certains jours. Le reste ne compte pas. Qu’il pleuve ou qu’il fasse beau temps, que ce soit un enfant ou un homme, ou une femme nue avec un collier de diamants, etc., cela indiffère. C’est l’espèce de décor d’un drame permanent.

Mais quand on n’a pas compris, par exemple. Quand on se laisse distraire par les détails qui semblent justifier l’événement, lui donner une réalité, mais qui n’en sont que la mise en scène; alors, il y a beaucoup à dire. Ils s’arrêtent, descendent de leurs automobiles, et les voilà qui entrent en jeu. Au lieu de voir, ils composent. Ils se lamentent. Ils prennent parti pour l’un, ou pour l’autre. Ils élucubrent et écrivent des poèmes.

Il demande d’où vient cette poussière souterraine

à sa place sur les choses. Régnant doucement,

au beau milieu des rouages, un granit en miettes.

ça pétrifie les surfaces planes, dit-il.

il veut encore de l’ennui et du goût: les cendres.

il écoute, il faut alors le laisser tel

attendre son bon plaisir de grand prêtre.

il attend de toutes les formes qu’elles lui rappellent

un vœu oublié: on dirait qu’il attend la guerre.

c’est vrai, il se peut qu’il se trompe

que la Guerre ne Soit plus Dormeuse de Courage

mais Casseuse de Cailloux

C’est peut-Être Elle qui Émiette le Granit

C’est peut-Être Elle qui Fabrique la Poussière

la plus Dure

Les Écorchures millimétriques

Il demande

Il veut

Il attend

Il compte sur ses doigts

et se ramasse pour bondir

il — oui, — AIME

la poussière dure

c’est pour ça qu’il ne sait pas

qu’il y a le sable,

ce qui s’appelle le sable

ce qui s’appelle la cendre

& les feuilles jaunes et les fientes

et la terre pluvieuse

les laves & autres graines

oui, tout ça.

qui s’appelle tendre poussière.

Et bien sûr (puisque celui qui écrit se fabrique un destin), ils font petit à petit partie de ceux qui ont noyé le type.

L’un d’eux, il s’appelle Christberg, dit:

«Mais, qu’est-ce qui s’est passé?»

«Il y a eu un accident» dit sa femme Julie.

«Vous avez vu comment il était gonflé? Il devait être resté un sacré bout de temps dans l’eau. Il paraît que ça faisait deux jours…» dit un pêcheur appelé Simonin.

«Sait-on qui c’est?» dit Christberg.

Ils sont tous restés au même endroit, pourtant. Encerclant la tache d’eau de mer, où flottent des débris. — Comme si l’homme-de-tout-à-l’heure, le noyé, s’était mis à rétrécir, jusqu’à n’être qu’un minuscule insecte, à peine visible, nageant encore au milieu de la mare.

«C’est un homme ou une femme?» demandait Julie.

«J’en ai vu un comme ça l’année dernière. À peu près au même endroit. Un peu plus loin quand même. Après le restaurant là-bas. J’étais à la plage, et il y avait une femme qui allait de l’un à l’autre en demandant. Vous n’avez pas vu Guillaume? Comme ça, à tout le monde. On lui disait non. Elle — elle a fait ça pendant un certain temps. Après, on a vu quelque chose qui flottait entre deux eaux, pas trop loin du rivage. Il y avait un type qui savait bien nager, et il s’est mis à l’eau. Il a été le chercher. C’était Guillaume. C’était le — C’était un petit gosse de, de douze ans, je me souviens. Quand l’autre l’a ramené à terre, il n’était pas beau à voir, je vous le dis. On l’a, on l’a étendu sur les galets, et il était tout mauve. On voulait empêcher sa mère de le voir, mais on n’a pas pu, c’était trop tard, elle est passée quand même. Elle l’a vu, et elle s’est mise à le tourner et le retourner sur les galets, en pleurant et en criant comme ça:

Guillaume, hé! Guillaume!

Eh bien, à force de le retourner, vous savez, tout lui est sorti par la bouche. Du fiel, et des trucs laiteux, tout. Et des litres d’eau de mer. Mais c’est drôle, hein, il était mort quand même» raconta un homme qui s’appelait Guéraud.

«Mais qu’est-ce qui s’est passé exactement?» répéta Christberg.

«Il parait que c’est un noyé» chuchota sa femme.

«Vous croyez qu’il est mort?» demanda Bosio.

«Après deux jours, je ne vois pas comment il pourrait encore être en vie» dit Joseph Jacquineau.

«Ils vomissent toujours quand on les retourne. Ils ont tellement avalé d’eau de mer, vous comprenez, la moindre secousse les fait rendre. Ah c’est pas joli la mort» dit Hozniacks.

«Même avec les choses, les piqûres qu’on leur fait au cœur et tout? Ils disent qu’on peut les sauver même quand ils sont morts depuis des jours» dit Bosio.

«Vous y croyez, vous, à ces trucs?» dit Simone Frère.

«Sais pas» dit Bosio.

«Allez savoir» dit Hozniacks, «je»

«Moi j’ai vu un type, mais ce n’était pas pareil. Celui-là, c’était un type qui avait été renversé par une voiture. Sans exagérer, les deux roues avant lui étaient passées sur le corps; une sur le cou, l’autre sur les jambes. C’est bizarre, ça laisse les dessins des pneus sur la peau, ces voitures-là. Eh bien je vous garantis qu’on aurait pu faire toutes les piqûres qu’on aurait voulu, au bonhomme. Ça ne l’aurait pas réveillé. Il y avait du sang partout, jusque dans les ruisseaux. Et puis il avait les deux yeux qui lui étaient sortis de la tête. Comme un chat écrasé, absolument comme un chat écrasé» expliqua un homme appuyé sur une canne, et qui se nommait M. Antonin.

«Ils ont mis trois heures avant de le trouver» dit Véran. «Ils ont cherché partout le long de la côte. Et ici, ils ont fouillé pendant trois heures. Trois heures entières, ils ont fouillé. Je les ai vus depuis le début, parce que je me promenais le long de la mer. Je les ai vus par hasard.»

«C’est donc qu’on savait qu’il avait disparu?» demanda Guéraud.

«Sûrement» répondit Véran.

«Il s’est peut-être suicidé. Il a laissé une lettre chez lui et on l’a retrouvée» dit Hozniacks.

Quelques-uns partaient déjà, en longeant le parapet. Ils faisaient claquer les portières en montant dans les voitures, et on entendait des groupes de badauds qui se hélaient:

«Hé! Jeannot! Tu viens?

— Oui, attends-moi!

— Dépêche-toi!

— Paul! Paul!

— Hé! Jeannot! Alors!

— C’est fini, il n’y a plus rien à faire ici, viens!»

La pluie les chassait les uns après les autres; quelques nouveaux venus ralentissaient, en voiture, ou à pied, puis repartaient aussitôt, un peu inquiets de n’avoir pu savoir ce qui s’était passé; ceux qui restaient avait rompu le cercle. Maintenant, ils s’étaient détournés des derniers vestiges de la mare d’eau salée, et ils regardaient du côté de la mer. L’horizon était vague, imprécis de brume et de couleur grise. Peu de mouettes volaient et la terre avait l’air d’être ronde.

«Il était en bateau?» demanda Hozniacks.

«Ou alors il est tombé d’un rocher, en pêchant» dit Olivain.

«Non, non, ça doit être un bateau qui a chaviré, il était trop loin du rivage» dit Véran.

«Peut-être qu’il a eu un malaise? Ça arrive» dit la femme à lunettes appelée Simone Frère.

«Oui, mais il y a deux jours, la mer était grosse» dit Bosio.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Le procès-verbal»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le procès-verbal» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Ourania
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Désert
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Diego et Frida
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Fièvre
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «Le procès-verbal»

Обсуждение, отзывы о книге «Le procès-verbal» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x