Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal

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Le procès-verbal: краткое содержание, описание и аннотация

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«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre: il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes; je leur laisse ces ordures en guise de testament; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre.
Prix Renaudot

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Chacun de ses pas était un danger nouveau; qu’un coléoptère vînt à pénétrer par sa bouche ouverte et bloquât sa trachée-artère; qu’un camion en passant perdît une roue et le décapitât, ou que le soleil s’éteignît; ou qu’il prit soudain à Adam la fantaisie de se suicider.

Il se sentit las tout à coup; peut-être las de vivre, las d’avoir à se défendre sans cesse contre tous ces dangers. Ce n’était pas tant sa faim qui comptait, que le moment où il déciderait qu’il serait prêt à mourir. Il avait horreur de ce changement bizarre, qui interviendrait certainement un jour ou l’autre, et l’obligerait à ne plus penser à rien.

Adam s’assit sur le dossier d’un banc; il avait dépassé les docks depuis un bon moment. À cet endroit, la promenade longeait les criques rocheuses. Un homme passa à bicyclette sur la route; il était vêtu d’un imperméable en toile cirée et de bottes de marin. Dans sa main droite, il portait une canne à pêche démontée et dont les tronçons avaient été fixés par trois élastiques à chaussettes. Les sacoches de sa bicyclette semblaient pleines, de chiffons, de poisson, ou d’un chandail de laine; en pédalant sur la route, avec un bruit gluant, il tourna la tête vers Adam et le regarda. Puis il cria d’une voix enrhumée, en montrant la direction d’où il venait:

«Hé! Il y a un noyé, là-bas!»

Adam le suivit des yeux. Pensant qu’il n’avait pas compris, l’homme, déjà loin, se retourna et cria de nouveau:

«Un noyé!»

Adam se dit qu’il avait raison: les noyés, comme chacun sait, constituent un divertissement de choix, pour tous ceux qui errent sans but le long de la mer, trempés jusqu’aux os, et parfois assis sur le bord du dossier d’un banc. En se levant, il pensa qu’il y aurait ainsi, un peu partout, un noyé par jour. Pour montrer aux autres comment il faut faire; pour les mettre en demeure de périr.

Adam marcha plus vite; la route faisait un tournant autour d’une sorte de cap, et on ne voyait rien: la noyade devait avoir eu lieu de l’autre côté; peut-être au Roc-plage, ou au niveau du fortin allemand, en face du Grand Séminaire; il paria que. malgré la pluie, il y aurait beaucoup de gens en train de regarder vers la mer, beaucoup de gens, et tous heureux, en dépit de ce léger pincement des narines et du cœur, où l’impudeur s’arrêterait un instant, le temps de se charger d’un rien de honte, avant de déferler, mêlée à l’haleine épaisse des repas et des vins, vers celui- ci , vers l’ objet . En effet, dès qu’Adam eut passé le tournant, il vit, assez loin sur la route, un rassemblement. C’était un groupe d’hommes, la plupart des pêcheurs en cirés. Il y avait aussi une camionnette de pompiers, les portières arrière ouvertes. En s’approchant. Adam distingua une autre voiture arrêtée; mais c’était une voiture de marque étrangère, quelque chose comme la Hollande, ou l’Allemagne. Le couple de touristes était descendu et ils essayaient de voir, sur la pointe des pieds.

Au fur et à mesure qu’Adam s’approchait de l’endroit, il lui semblait découvrir plus d’animation. En se penchant par-dessus le parapet, il vit, sur la place, un radeau pneumatique en matière plastique jaune, et deux hommes-grenouilles en train d’ôter leurs combinaisons.

On n’avait pas dû repêcher le corps depuis bien longtemps parce qu’on voyait encore, sur le petit escalier qui montait vers la route, des flaques d’eau de mer que la pluie n’avait pas encore fondues. Dans l’une d’elles traînaient de minces brins d’algues. Quand Adam arriva, on le laissa passer au premier rang sans rien dire, peut-être parce qu’il avait lui-même, à force d’être resté sous la pluie, l’air d’un noyé.

Et Adam vit qu’au milieu du cercle des badauds, posé à plat sur le sol de gravillons comme un tas de chiffons, il y avait cette chose ténue, ridicule, qui n’avait plus rien de terrestre, et rien non plus d’aquatique. Ce monstre amphibie, c’était un homme sans âge, n’importe lequel d’entre les hommes. Sa seule particularité, qui donnait envie de rire, d’un rire du fond de gorge, c’était la somme d’eau qu’il représentait, tant en chairs qu’en habits, au centre de ce paysage mouillé; c’était d’être un noyé sous la pluie. La mer avait déjà défait son corps. Encore quelques heures, et on sentait qu’il aurait ressemblé à un poisson. Il avait deux grosses mains bleues, et sur les pieds, l’un nu, l’autre chaussé, on voyait des touffes de varech. Du plus profond des vêtements tordus, rincés, imbibés d’eau de mer, la tête et le cou pendaient, inertes. Son visage était bizarrement mobile, bien que mort; il fourmillait de toutes parts d’une sorte de mouvement étranger à la vie; l’eau qui gonflait les joues, les yeux et les fosses nasales, tressautait sous la peau, à chaque goutte qui tombait du ciel. Cet homme de quarante ans, honnête et travailleur, était devenu en l’espace de quelques heures un homme liquide. Dans la mer, tout avait fondu. Les os devaient être de la gelée, les cheveux des goémons, les dents des graviers, la bouche une anémone, et les yeux, grands ouverts, fixaient droit en l’air, vers l’endroit d’où vient la pluie, cachés derrière une pellicule vitreuse. Invisible, une atmosphère mêlée de vapeur devait faire des bulles, entre les côtes en forme de branchies. Le pied nu, vissé dans la jambe du pantalon comme un postiche, avait gardé des couches profondes de la mer une peau graisseuse ou grise, simulant entre les orteils des extensions de nageoires naissantes. C’était un têtard géant, descendu par accident du haut de la montagne; là-bas, les flaques d’eau dans les creux de tourbe, frissonnaient solitaires sous le vent.

Quand un des sapeurs-pompiers tourna la tête du noyé, la bouche s’ouvrit et il vomit. Un des spectateurs dit:

«oh…»

L’animation des badauds était tombée; maintenant, ils restaient figés sur place, de pierre, et la pluie ruisselait sur leurs têtes. Seuls les sapeurs-pompiers bougeaient encore, giflant à pleines mains l’homme mort, parlant entre eux à voix basse, manipulant des flacons d’alcool.

Mais le noyé restait seul, ramassé sur le sol, les yeux troubles, prêts à une détente imaginaire, peut-être à un bond qui le ramènerait vers l’élément de sa résurrection. Et la pluie dure continuait à tomber sur ses chairs bleues, en clapotant plus fort, comme si elle frappait sur une mare.

Puis, tout se passa très vite; on apporta une civière blanche; les sapeurs firent reculer le cercle des spectateurs; on eut un instant la vision d’un corps bizarre qui fuyait, gris et mélangé, vers l’ambulance. Les portières claquèrent. Il y eut une rumeur, la foule marqua un pas; et la voiture retourna vers la ville, emportant son fardeau dégouttant; sur le milieu de la route, là où les gens évitaient encore de marcher, pour juste quelques heures, il se mit à flotter malgré la pluie une odeur puissante de mer. La mare en forme de roue était bue lentement par le sol de graviers, et tous, on est le cœur serré par un passage étrange; le corps de l’homme mort, maintenant, se dépouillait tranquillement de son souvenir risible. Il coulait bas au fond des esprits, qui n’essayaient même plus de le retenir, de l’imaginer ballotté dans les morgues et les fosses communes. Il était un drôle d’archange, blanc ou couvert de cuirasses. Il était enfin vainqueur, unique et éternel. Sa main impérieuse, gantée de bleu, nous montrait la mer d’où il était né. Et le rivage, la frange de vagues toute baignée d’ordures, nous invitaient vers eux. Des sirènes en forme de flacons de brillantine vides, des sardines décapitées, des jerrycans et des poireaux fleurdelisés, chantaient à voix rauque leur cantique d’appel; nous devrions descendre l’escalier encore maculé de flaques, et sans ôter nos habits, laisser aller nos corps au milieu du flot. Nous franchirions la lisière où flottent les peaux d’orange, les bouchons et les taches d’huile, et nous irions droit vers le fond. Dans un peu de vase, pénétrés par le dard de l’osmose, avec le fretin entrant dans nos bouches, nous serions immobiles et doux.

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