Daniel Pennac - Chagrin d'école
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- Название:Chagrin d'école
- Автор:
- Издательство:Éditions Gallimard
- Жанр:
- Год:2007
- Город:Paris
- ISBN:978-2070396849
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
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Comme un roman
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— Alors, ça s’est bien passé aujourd’hui ?
— Très bien. Nouveau mensonge.
Qui lui aussi demande à être coupé d’un soupçon de vérité :
— En histoire la prof m’a demandé 1515, j’ai répondu Marignan, elle était très contente !
(Allez, ça tiendra bien jusqu’à demain.)
Mais demain vient aussitôt et les journées se répètent, et notre externe reprend ses va-et-vient entre l’école et la famille, et toute son énergie mentale s’épuise à tisser un subtil réseau de pseudo-cohérence entre les mensonges proférés à l’école et les demi-vérités servies à la famille, entre les explications fournies aux uns et les justifications présentées aux autres, entre les portraits à charge des professeurs qu’il fait aux parents et les allusions aux problèmes familiaux qu’il glisse à l’oreille des professeurs, un atome de vérité dans les uns et dans les autres, toujours, car ces gens-là finiront par se rencontrer, parents et professeurs, c’est inévitable, et il faut songer à cette rencontre, peaufiner sans cesse la fiction vraie qui fera le menu de cette entrevue.
Cette activité mentale mobilise une énergie sans commune mesure avec l’effort consenti par le bon élève pour faire un bon devoir. Notre mauvais externe s’y épuise. Le voudrait-il (il le veut sporadiquement) qu’il n’aurait plus aucune force pour se mettre à travailler vraiment. La fiction où il s’englue le tient prisonnier ailleurs, quelque part entre l’école à combattre et la famille à rassurer, dans une troisième et angoissante dimension où le rôle dévolu à l’imagination consiste à colmater les innombrables brèches par où peut surgir le réel sous ses aspects les plus redoutés : mensonge découvert, colère des uns, chagrin des autres, accusations, sanctions, renvoi peut-être, retour à soi-même, culpabilité impuissante, humiliation, délectation morose : Ils ont raison, je suis nul, nul, nul. Je suis un nul.
Or, dans la société où nous vivons, un adolescent installé dans la conviction de sa nullité — voilà au moins une chose que l’expérience vécue nous aura apprise — est une proie.
16
Les raisons pour lesquelles il arrive aux professeurs et aux parents de passer outre ces mensonges, voire d’en être complices, sont trop nombreuses pour être discutées. Combien de bobards quotidiens sur quatre ou cinq classes de trente-cinq élèves ? peut légitimement se demander un professeur. Où trouver le temps nécessaire à ces enquêtes ? Suis-je, d’ailleurs, un enquêteur ? Dois-je, sur le plan de l’éducation morale, me substituer à la famille ? Si oui, dans quelles limites ? Et ainsi de suite, litanie d’interrogations dont chacune fait, un jour ou l’autre, l’objet d’une discussion passionnée entre collègues.
Mais il est une autre raison pour laquelle le professeur ignore ces mensonges, une raison plus enfouie, qui, si elle accédait à la conscience claire, donnerait à peu près ceci : Ce garçon est l’incarnation de mon propre échec professionnel. Je n’arrive ni à le faire progresser, ni à le faire travailler, tout juste à le faire venir en classe, et encore suis-je assuré de sa seule présence physique.
Par bonheur, à peine entrevue, cette mise en cause personnelle est combattue par quantité d’arguments recevables : J’échoue avec celui-ci, d’accord, mais je réussis avec beaucoup d’autres. Ce n’est tout de même pas ma faute si ce garçon se trouve en quatrième ! Que lui ont donc appris mes prédécesseurs ? Le collège unique est-il à mettre en cause ? À quoi pensent ses parents ? Imagine-t-on qu’avec mes effectifs et mes horaires je puisse lui faire rattraper un pareil retard ?
Autant de questions qui, rameutant le passé de l’élève, sa famille, les collègues, l’institution elle-même, nous permettent de rédiger en toute conscience l’annotation la plus répandue des bulletins scolaires : Manque de bases (que j’ai trouvée jusque sur un bulletin de cours préparatoire !). Autrement dit : patate chaude.
Chaude, la patate l’est surtout pour les parents. Ils n’en finissent pas de la faire sauter d’une main dans l’autre. Les mensonges quotidiens de ce gosse les épuisent : mensonges par omission, affabulations, explications exagérément détaillées, justifications anticipées : « En fait, ce qui s’est passé… »
De guerre lasse bon nombre de parents feignent d’accepter ces fables débilitantes, pour calmer momentanément leur propre angoisse d’abord (l’atome de vérité — Marignan 1515 — jouant son rôle de cachet d’aspirine), pour préserver l’atmosphère familiale ensuite, que le dîner ne tourne pas au drame, pas ce soir s’il vous plaît, pas ce soir, pour retarder l’épreuve des aveux qui déchire le cœur de chacun, bref, pour repousser le moment où on mesurera sans réelle surprise l’étendue de la bérézina scolaire en recevant le bulletin trimestriel, plus ou moins adroitement maquillé par le principal intéressé, qui tient à l’œil la boîte aux lettres familiale.
Nous verrons demain, nous verrons demain…
17
Une des plus mémorables histoires de complicités adultes au mensonge d’un enfant est la mésaventure arrivée au frère de mon ami B. Il devait avoir douze ou treize ans, à l’époque. Comme il redoutait un contrôle de math, il demande à son meilleur copain de lui indiquer la place exacte de l’appendice. Sur quoi il s’effondre, simulant une crise terrible. La direction fait mine de le croire, le renvoie chez lui, ne serait-ce que pour s’en débarrasser. De là, les parents — à qui il en a fait d’autres — le conduisent sans grande illusion dans une clinique voisine, où, surprise, on l’opère sur-le-champ ! Après l’opération, le chirurgien apparaît, porteur d’un bocal où baigne un long machin sanguinolent et déclare, le visage rayonnant d’innocence : « J’ai bien fait de l’opérer, il était à deux doigts de la péritonite ! »
Car les sociétés se bâtissent aussi sur le mensonge bien partagé.
Ou cette autre histoire plus récente : N., proviseur d’un lycée parisien, veille à l’absentéisme. Elle fait elle-même l’appel dans ses classes de terminale. Elle tient particulièrement à l’œil un récidiviste qu’elle a menacé d’exclusion à la prochaine absence injustifiée. Ce matin-là, le garçon est absent ; c’est la fois de trop. N. appelle aussitôt la famille par le téléphone du secrétariat. La mère, désolée, lui affirme que son fils est bel et bien malade, au fond de son lit, brûlant de fièvre, et lui assure qu’elle était sur le point de prévenir le lycée. N. raccroche, satisfaite ; tout est dans l’ordre. À ceci près qu’elle croise le garçon en retournant à son bureau. Il était tout simplement aux toilettes pendant l’appel.
18
En limitant les va-et-vient entre l’école et la famille, l’état de pensionnaire présente sur celui d’externe l’avantage d’installer notre élève dans deux temporalités distinctes : l’école du lundi matin au vendredi soir, la famille pendant le week-end. Un groupe d’interlocuteurs pendant cinq jours ouvrables, l’autre pendant deux jours fériés (qui retrouvent une chance de redevenir deux jours festifs). La réalité scolaire d’un côté, la réalité familiale de l’autre. S’endormir sans avoir à rassurer les parents par le mensonge du jour, se réveiller sans avoir à fourbir d’excuses pour le travail non fait, puisqu’il a été fait à l’étude du soir avec, dans le meilleur des cas, l’aide d’un surveillant ou d’un professeur. Du repos mental, en somme ; une énergie récupérée qui a quelque chance d’être investie dans le travail scolaire. Est-ce suffisant pour propulser le cancre en tête de la classe ? Du moins est-ce lui donner une occasion de vivre le présent comme tel. Or, c’est dans la conscience de son présent que l’individu se construit, pas en le fuyant.
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