Daniel Pennac - Chagrin d'école
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- Название:Chagrin d'école
- Автор:
- Издательство:Éditions Gallimard
- Жанр:
- Год:2007
- Город:Paris
- ISBN:978-2070396849
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
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Comme un roman
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Bref, que s’est-il passé en moi pendant ces dix années ?
Comment m’en suis-je sorti ?
Une constatation préalable : adultes et enfants, on le sait, n’ont pas la même perception du temps. Dix ans ne sont rien aux yeux de l’adulte qui calcule par décennies la durée de son existence. C’est si vite passé, dix ans, quand on en a cinquante ! Sensation de rapidité qui, d’ailleurs, aiguise l’inquiétude des mères pour l’avenir de leur fils. Le bac dans cinq ans, déjà, mais c’est tout de suite ! Comment le petit peut-il changer si radicalement en si peu de temps ? Or, pour le petit, chacune de ces années-là vaut un millénaire ; à ses yeux son futur tient tout entier dans les quelques jours qui viennent. Lui parler de l’avenir c’est lui demander de mesurer l’infini avec un décimètre. Si le verbe « devenir » le paralyse, c’est surtout parce qu’il exprime l’inquiétude ou la réprobation des adultes. L’avenir, c’est moi en pire, voilà en gros ce que je traduisais quand mes professeurs m’affirmaient que je ne deviendrais rien. En les écoutant je ne me faisais pas la moindre représentation du temps, je les croyais, tout bonnement : crétin à jamais, pour toujours, « jamais » et « toujours » étant les seules unités de mesure que l’orgueil blessé propose au cancre pour sonder le temps.
Le temps… Je ne savais pas qu’il me faudrait vieillir pour avoir une perception logarithmique de son écoulement. (J’étais d’ailleurs tout à fait ignorant des logs, de leurs tables, de leurs fonctions, de leurs échelles et de leurs courbes charmantes…) Mais, devenu professeur, je sus d’instinct qu’il était vain de brandir le futur sous le nez de mes plus mauvais élèves. À chaque jour suffit sa peine, et à chaque heure dans cette journée, pourvu que nous y soyons pleinement présents, ensemble.
Or, enfant, je n’y étais pas. Il me suffisait de pénétrer dans une classe pour en sortir. Comme un de ces rayons tombés des soucoupes volantes, il me semblait que le regard vertical du maître m’arrachait à ma chaise et m’expédiait instantanément ailleurs. Où cela ? Dans sa tête précisément ! La tête du maître ! C’était le laboratoire de la soucoupe volante. Le rayon m’y déposait. On y prenait toute la mesure de ma nullité, puis on me recrachait, par un autre regard, comme un détritus, et je roulais dans un champ d’épandage où je ne pouvais comprendre ni ce qu’on m’enseignait, ni d’ailleurs ce que l’école attendait de moi puisque j’étais réputé incapable. Ce verdict m’offrait les compensations de la paresse : à quoi bon se tuer à la tâche si les plus hautes autorités considèrent que les carottes sont cuites ? On le voit, je développais une certaine aptitude à la casuistique. C’est une tournure d’esprit que, professeur, je repérais vite chez mes cancres.
Puis vint mon premier sauveur.
Un professeur de français.
En troisième.
Qui me repéra pour ce que j’étais : un affabulateur sincère et joyeusement suicidaire.
Épaté, sans doute, par mon aptitude à fourbir des excuses toujours plus inventives pour mes leçons non apprises ou mes devoirs non faits, il décida de m’exonérer de dissertations pour me commander un roman. Un roman que je devais rédiger dans le trimestre, à raison d’un chapitre par semaine. Sujet libre, mais prière de fournir mes livraisons sans faute d’orthographe, « histoire d’élever le niveau de la critique ». (Je me rappelle cette formule alors que j’ai tout oublié du roman lui-même.) Ce professeur était un très vieil homme qui nous consacrait les dernières années de sa vie. Il devait arrondir sa retraite dans cette boîte on ne peut plus privée de la banlieue nord parisienne. Un vieux monsieur d’une distinction désuète, qui avait donc repéré en moi le narrateur. Il s’était dit que, dysorthographie ou pas, il fallait m’attaquer par le récit si l’on voulait avoir une chance de m’ouvrir au travail scolaire. J’écrivis ce roman avec enthousiasme. J’en corrigeais scrupuleusement chaque mot à l’aide du dictionnaire (qui, de ce jour, ne me quitte plus), et je livrais mes chapitres avec la ponctualité d’un feuilletoniste professionnel. J’imagine que ce devait être un récit fort triste, très influencé que j’étais alors par Thomas Hardy, dont les romans vont de malentendu en catastrophe et de catastrophe en tragédie irréparable, ce qui ravissait mon goût du fatum : rien à faire dès le départ, c’est bien mon avis.
Je ne crois pas avoir fait de progrès substantiel en quoi que ce soit cette année-là mais, pour la première fois de ma scolarité, un professeur me donnait un statut ; j’existais scolairement aux yeux de quelqu’un, comme un individu qui avait une ligne à suivre, et qui tenait le coup dans la durée. Reconnaissance éperdue pour mon bienfaiteur, évidemment, et quoiqu’il fût assez distant, le vieux monsieur devint le confident de mes lectures secrètes.
— Alors, que lit-on, Pennacchioni, en ce moment ?
Car il y avait la lecture.
Je ne savais pas, alors, qu’elle me sauverait.
À l’époque, lire n’était pas l’absurde prouesse d’aujourd’hui. Considérée comme une perte de temps, réputée nuisible au travail scolaire, la lecture des romans nous était interdite pendant les heures d’étude. D’où ma vocation de lecteur clandestin : romans recouverts comme des livres de classe, cachés partout où cela se pouvait, lectures nocturnes à la lampe de poche, dispenses de gymnastique, tout était bon pour me retrouver seul avec un livre. C’est la pension qui m’a donné ce goût-là. Il m’y fallait un monde à moi, ce fut celui des livres. Dans ma famille, j’avais surtout regardé les autres lire : mon père fumant sa pipe dans son fauteuil, sous le cône d’une lampe, passant distraitement son annulaire dans la raie impeccable de ses cheveux, un livre ouvert sur ses genoux croisés ; Bernard, dans notre chambre, allongé sur le côté, genoux repliés, sa main droite soutenant sa tête… Il y avait du bien-être dans ces attitudes. Au fond, c’est la physiologie du lecteur qui m’a poussé à lire. Peut-être n’ai-je lu, au début, que pour reproduire ces postures et en explorer d’autres. En lisant je me suis physiquement installé dans un bonheur qui dure toujours. Que lisais-je ? Les contes d’Andersen, pour cause d’identification au Vilain petit canard, mais Alexandre Dumas aussi, pour le mouvement des épées, des chevaux et des cœurs. Et Selma Lagerlôf, le magnifique Gôsta Berling, ce pasteur ivrogne et splendide, banni par son évêque, dont je fus l’infatigable compagnon d’aventure avec les autres cavaliers d’Ekeby, La Guerre et la Paix, offert par Bernard pour mon entrée en quatrième je crois, l’histoire d’amour entre Natacha et le prince André à la première lecture — ce qui réduisait le roman à une centaine de pages —, l’épopée napoléonienne en troisième, à la deuxième lecture : Austerlitz, Borodino, l’incendie de Moscou, la retraite de Russie (j’avais dessiné une fresque immense de la bataille d’Austerlitz, où se massacraient les petits bonshommes de mon écriture clandestine), deux ou trois cents pages de mieux. Nouvelle lecture en seconde, pour l’amitié de Pierre Bezoukhov (un autre vilain petit canard, mais qui comprenait plus de choses qu’on ne le croyait), et la totalité du roman enfin, en terminale, pour la Russie, pour le personnage de Koutouzov, pour Clausewitz, pour la réforme agraire, pour Tolstoï. Il y avait Dickens, évidemment — Oliver Twist avait besoin de moi —, Emily Brontë, dont le moral m’appelait au secours, Stevenson, Jack London, Oscar Wilde, et les premières lectures de Dostoïevski, Le joueur, bien sûr (avec Dostoïevski, va savoir pourquoi, on commence toujours par Le joueur). Ainsi allaient mes lectures, au gré de ce que je trouvais dans la bibliothèque familiale et Tintin, bien sûr, et Spirou, et les Signes de piste ou les Bob Morane qui ravageaient l’époque. La première qualité des romans que j’emportais au collège était de ne pas être au programme. Personne ne m’interrogeait. Aucun regard ne lisait ces lignes pardessus mon épaule ; leurs auteurs et moi demeurions entre nous. J’ignorais, en les lisant, que je me cultivais, que ces livres éveillaient en moi un appétit qui survivrait même à leur oubli. Ces lectures de jeunesse s’achevèrent par quatre portes ouvertes sur les signes du monde, quatre livres on ne peut plus différents mais qui tissèrent en moi, pour des raisons qui me demeurent en partie mystérieuses, des liens étroits de parenté : Les liaisons dangereuses, À rebours, Mythologies de Roland Barthes et Les choses de Perec.
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