Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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66 ans, 10 mois, 7 jours

Vendredi 17 août 1990

Jusqu’à une date toute récente, le mot « pollution » désignait soit la profanation d’un lieu sacré, soit — et surtout — l’éjaculation nocturne involontaire, autrement dénommée spermatorrhée . Le choix de ce mot, de ce mot-là, précisément, du mot « pollution » pour désigner la dégradation du milieu naturel par la contamination des produits toxiques date des années 1960, apogée de la grande branloire industrielle.

66 ans, 10 mois, 9 jours

Dimanche 19 août 1990

Cette incertitude à l’adolescence : allais-je devenir un homme ? En été, c’étaient les feuilles des platanes qui recueillaient mon sperme. Pas commode.

66 ans, 10 mois, 23 jours

Dimanche 2 septembre 1990

Fin des vacances scolaires. Les enfants nous ont laissés épuisés. Littéralement : deux puits vides. Le spectacle de l’énergie qu’ils dépensent entre le lever et le coucher du soleil est à lui seul éreintant. Des corps en perpétuelle dépense quand les nôtres vont désormais à l’économie. Sur quinze jours, toutes nos réserves vitales y sont passées. Ces gosses nous abrègent, dis-je à Mona. Et nous nous effondrons sur notre lit, inertes. Où est passé ce désir inextinguible qui fut à l’origine de ces générations ? Je suis mou comme une chique et Mona sèche comme un vent de sable.

66 ans, 10 mois, 24 jours

Lundi 3 septembre 1990

À ce propos, j’observe que je n’ai rien dit ici sur la fonte de notre désir avec les ans. La question n’est pas tant de savoir depuis quand nous ne faisons plus l’amour (curiosité de magazine) mais comment nos corps s’y sont pris pour passer sans heurt de la copulation perpétuelle à la jouissance de notre seule chaleur. Cette extinction progressive du désir ne semble pas avoir entraîné de frustration, sauf à mettre certains énervements sur le fait que nos sexes ne se parlent plus. Nous faisions l’amour plusieurs fois par jour dans les premiers mois, nous l’avons fait toutes les nuits de notre jeunesse (mis à part les derniers mois de grossesse dévolus à ce que Mona appelait le « moulage » des enfants) et ainsi pendant au moins deux décennies, comme s’il était inconcevable de nous endormir l’un hors de l’autre, puis moins souvent, puis presque plus, puis plus du tout, mais nos corps demeurant enlacés, mon bras gauche autour de Mona, sa tête au creux de mon épaule, sa jambe au travers des miennes, son bras sur ma poitrine, nos peaux nues dans leur chaleur commune, souffle et sueur mêlés, ce parfum de couple… Notre désir s’est épuisé sous l’odorante protection de notre amour.

67 ans, 3 mois, 2 jours

Samedi 12 janvier 1991

En rentrant de chez les Verne, dent cassée. Aucun doute : molaire supérieure gauche. Ma langue y va voir, identifie une arête suspecte, revient, y retourne, c’est bien ça, le mont Cervin dans ma bouche. Une dent déjà dévitalisée. Blanc de poulet, gratin de courgettes, tarte à la myrtille, conversation molle, il n’y avait pourtant pas là de quoi casser une dent. Le voilà, le vrai début de la vieillesse. Cette cassure spontanée. Ongles, cheveux, dents, col du fémur, nous tombons en poudre dans notre sac. La banquise se détache de notre pôle, mais à bas bruit, sans ce hurlement des glaces qui effraie la nuit polaire. Vieillir, c’est assister à ce dégel. Il a bien fondu, disait maman de tel vieux malade. Elle disait aussi : Il a bien décollé, et l’enfant que j’étais imaginait un octogénaire prenant son envol au bout d’une piste d’aéroport. Des morts, Violette disait : Untel est parti. Je me demandais pour où.

67 ans, 4 mois, 13 jours

Samedi 23 février 1991

Quand je suis couché sur le côté, dans certaine position qu’avec l’expérience je trouve sans difficulté, je sens mon cœur battre au plus profond de mon oreille sur laquelle ma tête pèse de tout son poids. Un doux chuintement régulier, un piston rassurant dont la compagnie me berce depuis ma plus tendre enfance et que ne couvre pas complètement le sifflement de mon acouphène.

67 ans, 9 mois, 8 jours

Jeudi 18 juillet 1991

Une des blagues préférées de Grégoire : J’avance dans le couloir, quand sa main, jaillissant d’une cachette, me barre le passage en brandissant une photo de moi. Bien entendu, je sursaute. Grégoire en conclut : Pauvre grand-père, tu es si laid que tu te fais peur à toi-même ! Le rituel veut que je le poursuive, que je le rattrape, que je me venge en le chatouillant jusqu’à ce qu’il demande grâce. Cela fait, je regarde la photo. Chaque fois, la même chose me frappe : plus elle est récente plus je peine à m’y reconnaître ; si elle est ancienne c’est moi tout de suite. Cette dernière photo, Grégoire l’a prise et tirée lui-même il y a deux semaines. Je dois recomposer la scène pour m’y reconnaître (en un éclair, certes, mais c’est tout de même une reconstitution) : Mérac, la bibliothèque, la fenêtre, l’if, l’après-midi, le fauteuil et, dans le fauteuil, moi, écoutant de la musique. À ta mine tragico-mélancolique, dit Grégoire, ce doit être du Mahler. Tiens donc, tu devines le type de musique qu’on écoute à l’expression d’un visage, toi ? Parfaitement, quand tu écoutes ce Polonais, là, Penderecki, tu ressembles à un Rubik’s Cube abandonné.

67 ans, 9 mois, 17 jours

Samedi 27 juillet 1991

Trois heures de chaise longue à lire un roman policier, et pas moyen de me relever sans m’appuyer lourdement aux accoudoirs. Hanches douloureuses, ankylosées. Pendant quelques secondes, l’impression d’être pris dans les glaces. Désormais, entre le monde et moi, l’obstacle de mon corps.

Je revois l’oncle Georges dans ses dernières années, assis dans son fauteuil à parler de tout et de rien, le regard pétillant, les mains comme deux libellules. Le même, exactement, qu’à quarante ou cinquante ans. Mais dès qu’il se levait, on entendait craquer ses genoux, ses hanches, son dos. Assis, un jeune homme ; debout, un vieillard voûté, grimaçant de douleur, d’où émanait sur la fin une discrète odeur d’urine. Et qui a gardé jusqu’au bout une très gracieuse aptitude à prendre les choses à la légère. Avec l’âge, disait-il (citant je ne sais plus qui), les raideurs se déplacent.

67 ans, 9 mois, 18 jours

Dimanche 28 juillet 1991

D’où me vient ce sentiment de permanence, pourtant ? Tout se dégrade, mais demeure cette constante joie d’être. Je pensais à cela hier en regardant Mona marcher devant moi. Mona et son « port de reine », comme dit Tijo. Depuis quarante ans que je marche derrière elle, son corps s’est alourdi, bien sûr, a perdu de son élasticité, mais comment dire ? il s’est alourdi autour de sa démarche qui, elle, n’a jamais changé, et j’éprouve toujours le même plaisir à regarder Mona marcher. Mona est sa démarche.

68 ans, 8 jours

Vendredi 18 octobre 1991

Un des protégés de Tijo, ancien légionnaire unijambiste (guerre d’Algérie), vient le trouver sur deux béquilles. Et ta jambe mécanique ? demande Tijo. L’autre tergiverse. Tijo patiente suffisamment pour apprendre, au terme d’un récit filandreux, qu’il y a eu beuverie, dispute conjugale, et que l’épouse, après une raclée de trop, a claqué la porte. Fichu le camp en emportant la jambe mécanique ! D’après toi, me demande Tijo, quelle conclusion en a-t-il tirée, mon légionnaire ? (Ma foi…) Eh bien, celle-ci : Faut qu’elle m’aime encore, non, pour s’être barrée avec ma jambe ? Au lieu de conclure à l’idiotie Tijo conclut à notre insatiable besoin d’être aimé.

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