Daniel Pennac - Journal d'un corps

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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61 ans, 7 mois, 27 jours

Jeudi 6 juin 1985

On retire les points de suture. La cicatrice fait à mon crâne une auréole rose, comme si — dixit Grégoire — quelqu’un l’avait ouvert pour jeter un coup d’œil à l’intérieur. Plus tard dans l’après-midi, Mona est alarmée par la démarche de Grégoire. Elle me le montre, par la fenêtre, jouant avec Kopek, dans le jardin. Le gosse est arythmique, disloqué, ralenti, et comme désorienté. Le chien semble impressionné de voir son maître marcher de travers. Affolé, je me précipite : Grégoire déclare alors, en désignant ma cicatrice, qu’il est le petit-fils de Frankenstein.

62 ans, 29 jours

Vendredi 8 novembre 1985

Ce matin, j’ai oublié le code de ma carte bleue. Pas seulement le code mais le moyen mnémotechnique concocté pour le retenir. Et le parcours de mes doigts sur le clavier. Frappé de stupeur devant le distributeur. Complètement ébranlé. Nouvelle tentative ? Quelle tentative ? Aucun souvenir. Pas la moindre piste. Comme si ce code n’avait jamais existé. Pire, comme s’il existait ailleurs, en un lieu auquel je n’ai pas accès. Panique mêlée de fureur. Je demeure sur le trottoir, devant la machine, à ne savoir que faire. Derrière, on s’impatiente. L’appareil me rend ma carte. Je dis : Il est détraqué, je crois. La honte d’avoir prononcé cette phrase, de m’y être cru obligé ! Je me dégage en rasant le mur. J’ai tout perdu : mémoire, dignité, self-control, maturité, je suis complètement dépossédé. Ce code, c’était moi. Je renvoie la voiture et décide d’aller au bureau à pied. La fureur et la honte me font marcher vite. Je traverse au vert. Klaxons. Impossible de me raisonner. Impossible de ramener l’événement à sa juste proportion : une saute de courant, sans conséquence à long terme. À l’heure où j’écris ces lignes (le code est revenu de lui-même prendre sa place dans ma mémoire), les mots me manquent pour décrire l’état de terreur où m’a flanqué ce bref oubli.

62 ans, 1 mois

Dimanche 10 novembre 1985

Ces disparitions soudaines d’une donnée acquise, code de ma carte bleue, codes de portes amies, numéros de téléphone, noms ou prénoms, dates de naissance, etc., me percutent comme des météorites. La surprise plus que l’oubli provoque un ébranlement de toute ma planète. Bref, je ne m’y fais pas. En revanche, je ne suis pas surpris du tout de répondre juste aux questions de ces jeux radiophoniques ou télévisés que j’écoute d’une oreille distraite. Grégoire : Alors tu sais tout grand-père ? Tu te souviens vraiment de tout ?

62 ans, 4 mois, 5 jours

Samedi 15 février 1986

Coiffeurs. Dans ma jeunesse, ils ne vous massaient pas le crâne. Ils vous lavaient rudement la tête avant de la transformer en brosse, que le Pinto, une colle en bâton, maintenait raide jusqu’à la coupe suivante. (Non, le Pinto, c’était plus tard, dans les premières années de l’après-guerre.) Quoi qu’il en soit, le métier s’est féminisé, donc raffiné, et voilà qu’en vous lavant les cheveux des doigts habiles se sont mis à vous masser le crâne. Moment d’abandon où, pour peu que la masseuse soit experte, tous les rêves deviennent possibles. Je crois même avoir murmuré un jour, au bord de l’extase : Arrêtez, s’il vous plaît. Vous n’aimez pas qu’on vous masse ? a demandé ingénument la jeune coiffeuse. Je crois avoir bafouillé : Si, si, mais non. Quand je dis « ingénument » je n’en crois pas un mot, car si j’étais jeune fille et masseuse de cuir chevelu, ils m’amuseraient beaucoup ces messieurs voués à ma dextérité et que leur position dans le fauteuil empêche de porter sur leur braguette l’œil qui chavire sous mes doigts. De fameuses occasions de rigolade entre copines ! Si ça se trouve, elles font des concours, pour se désennuyer de leurs interminables journées. Et le tien, il a bandé en combien de secondes ?

62 ans, 9 mois, 16 jours

Samedi 26 juillet 1986

Angoisse tenace, toute la matinée. Grégoire en a fait les frais. J’ai presque sursauté quand — nous faisions le marché — il m’a demandé, au bord des larmes, si j’étais fâché. Quelle tête lui ai-je donc opposée ? Quelle mine réprobatrice ? Quel masque haineux ? Et depuis combien de temps ? D’ailleurs, quelle tête faisons-nous quand nous faisons la tête ? Et quelle tête faisons-nous quand nous ne la faisons pas ? Nous vivons derrière nos visages. Ce que l’enfant voit de la figure adulte, lui, c’est un miroir. Et, dans le cas présent, le miroir renvoyait à Grégoire l’image de son énigmatique culpabilité.

— Qu’est-ce que j’ai fait ?

— Tu as fait, tu as fait que tu mérites une bonne glace. À quoi la veux-tu, vanille ? chocolat ? fraise ? pistache ?

— Noisette !

Et deux glaces à la noisette, deux !

De l’angoisse au sentiment de culpabilité… Mona, à qui je raconte la chose, m’apprend que le verbe « culpabiliser » s’est installé dans la langue française en 1946. Et le verbe « culpabiliser » en 1968. Quand l’Histoire parle d’elle-même…

62 ans, 9 mois, 17 jours

Dimanche 27 juillet 1986

L’autre peut être un remède à l’angoisse, à condition qu’il nous soit intimement étranger, un peu indifférent. Il n’est pas une journée de travail qui n’ait raison de mon angoisse. Dès que je franchis les portes de la boîte, l’homme social prend le dessus sur l’homme angoissé. Je suis aussitôt réceptif à ce que les autres attendent de moi : attention, conseils, félicitations, ordres, encouragements, plaisanteries, engueulades, apaisement… Je deviens interlocuteur, partenaire, rival, subalterne, bon patron ou croquemitaine, j’incarne l’image même de la maturité. Le rôle a toujours eu raison de mon angoisse. Mais les proches, eux, les nôtres, trinquent à tous les coups, parce qu’ils sont nôtres précisément, constitutifs de nous-mêmes, victimes propitiatoires du marmot que nous restons toute notre vie. Grégoire en a fait les frais l’autre jour.

62 ans, 9 mois, 23 jours

Samedi 2 août 1986

En parlant — assez souvent — de l’angoisse dans ce journal, je ne parle pas de l’âme, je ne fais pas même de psychologie, je demeure plus que jamais dans le registre du corps, cette foutue pelote de nerfs !

63 ans

Vendredi 10 octobre 1986

Pissé dans un café de la rue Lafayette. La lumière s’éteint au milieu de mon affaire. Deux fois. Je me demande sur la base de quelle moyenne d’âge est calculé le temps d’éclairage minimum accordé à un pisseur par les installateurs de minuteries. Se peut-il que je sois si lent ? Se peut-il que j’aie été si rapide ? Saloperie de jeunisme qui affecte jusqu’à la production de ces moulins à temps ! L’observation vaut aussi pour les minuteries d’escalier et pour les portes d’ascenseur qui se referment de plus en plus vite.

63 ans, 1 mois, 12 jours

Samedi 22 novembre 1986

Que ferai-je de mon angoisse, la retraite venue ? Plus d’employeur, plus d’employés ; qui combattra la ronce ontologique quand je serai privé de cette compagnie qui m’est si nécessairement indifférente ?

63 ans, 6 mois, 9 jours

Dimanche 19 avril 1987

Marguerite s’est égratigné le genou en tombant sur le gravier. J’ai nettoyé sa plaie en pratiquant la technique de Violette : hurler à la place du blessé. Marguerite n’a rien senti, mais, une fois pansée, elle a dit, un rien fataliste, comme si elle doutait que je pusse désormais tirer profit de cette donnée objective : Tu sais, grand-père, je crois que tu es un peu fou. Ce que Fanny a confirmé.

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