Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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25 ans, 7 mois, 5 jours

Dimanche 15 mai 1949

Cette question du tailleur que je n’ai pas comprise. Portez-vous à droite ou à gauche ? Il a fallu qu’il m’explique. Cela fait, il a fallu que j’y réfléchisse. Plutôt à gauche, je crois. Oui, plutôt à gauche. Mon sexe a tendance à rouler à gauche. Je n’y avais jamais songé.

26 ans, 5 mois, 2 jours

Dimanche 12 mars 1950

Des mois que je n’ai pas écrit ici, comme toujours quand il m’arrive quelque chose d’important. En l’occurrence un coup de foudre. L’urgence n’était pas de le noter mais de le vivre. La suffocation amoureuse ! Pas facile à décrire si on ne veut pas se noyer dans la soupe aux sentiments. Par bonheur, l’amour regarde foutrement le corps ! Il y a trois mois de cela, donc, soirée chez Fanche. L’appartement est plein. On sonne, je suis le plus près de la porte, j’ouvre. Elle dit juste : « Je suis Mona », et j’en reste debout, à lui barrer le passage, éperdu d’un amour immédiat, inconditionnel et définitif. C’est fou le crédit que le désir fait à la beauté ! Cette Mona, à coup sûr la plus désirable apparition qui soit, la voilà aussitôt promue la plus intelligente, la plus gentille, la plus raffinée, la plus aimable, la mieux accompagnante de toutes ! Une perfection superlative. Mon cœur a fondu comme un plomb. Eût-elle été la plus idiote, la plus méchante, la plus convenue, la plus rapace et tacticienne et mensongère et garce et foutue bourgeoise ou gueuse temporaire, et m’eût-on confié son dossier pour examen préalable, ce sont mes yeux que mon cœur aurait crus ! Ma vie n’attendait qu’elle ! Ce qui se tient debout devant moi dans l’encadrement de cette porte et qui, tout bien pesé, ne me semble pas pressé d’entrer non plus, c’est la mienne ! La femme majuscule ! Ma femme à moi ! Adjectif et pronom possessifs ! De certitude éternelle ! C’est toute notre culture que le flux des glandes nous fait remonter au cœur à la seconde où nous frappe cette foudre, toutes les chansons d’amour à deux sous et tous les opéras huppés, le premier regard du Montaigu sur la Capulet et celui du Nemours sur la Clèves, et les vierges et les Vénus et les Ève des Cranach et autres Botticelli, toute cette effarante quantité d’amour remontée du ruisseau et des musées, des magazines et des romans, des photos publicitaires et des textes sacrés, Cantique des cantiques des cantiques, toute la somme des désirs accumulés par notre jeunesse, magnifiée par nos ardentes branlettes, tous ces coups adolescents tirés à blanc dans les images et dans les mots, toutes ces visées de notre âme éperdue, c’est tout cela qui nous gonfle le cœur, nous incendie l’esprit ! Ah ! cet éblouissement de l’amour ! Ô l’instantané clairvoyant ! Qui reste comme un crétin debout dans l’encadrement de la porte. Par bonheur mon manteau s’y trouvait accroché. Je l’ai saisi et depuis trois mois Mona et moi ne quittons plus notre lit où nous nous sommes envisagés en gros et en détail, pour l’instant et pour toujours. Nacre, soie, flamme et perle, perfection du con de Mona ! Pour m’en tenir à l’essentiel, car il y a l’appétit de son regard aussi, et le velours infime de sa peau, et la tendre lourdeur de ses seins, et la souple fermeté de ses fesses, et l’idoine arrondi de ses hanches, et la rondeur exacte de ses épaules, tout à ma main, tout à mon exacte mesure, à ma juste température, à ma narine et à mon goût — ah ! la saveur de Mona ! — , il faut un Dieu pour qu’une porte s’ouvre sur votre si parfait complément ! Il faut au moins l’existence d’un Dieu pour l’emboîtement si convaincant de nos sexes ! Progression oblige, nos mains et nos lèvres se sont apprises d’abord, puis nos sexes, que nous avons amadoués, caressés, titillés, branlés, accordés, avant de les autoriser à se visiter-engloutir, à distendre savamment la note du plaisir jusqu’au basculement du contre-ut, et maintenant ils se dévorent et se défoncent pour un oui ou pour un non, vite fait bien fait, sans notre permission, à l’aveugle, dans les escaliers, entre deux portes, au cinéma, dans la cave de cet antiquaire, dans le vestiaire de ce théâtre, sous le bosquet de ce square, au sommet de la tour Eiffel, s’il vous plaît ! Car je dis notre lit, mais c’est Paris notre lit, Paris et ses environs, sur Seine et sur Marne ! Nos sexes nous en usons jusqu’à plus soif, nous les préparons et nettoyons à la langue, comme des fonds de gamelle, comme des dos de cuiller, nous les contemplons en leur gloire comme en leur épuisement, avec une idiote tendresse d’ivrogne qui traduit tout ça en termes d’amour et d’avenir et de descendance, moi je veux bien, la progéniture, pourvu que Mona ne quitte pas ma couche, croître et multiplier, pourquoi non si le plaisir n’en pâtit pas et si l’addition s’appelle le bonheur ? Va pour la marmaille cavaleuse, autant qu’on en veut, un marmot par coup tiré s’il le faut et louer une caserne pour abriter cette armée de l’amour ! Bref, j’en suis là. Je pourrais laisser courir ma plume encore si une urgence absolument nue dans le travers de mon lit ne me soufflait que l’heure n’est pas à la commémoration mais à l’action encore et encore ! Il ne s’agit pas de célébrer le temps passé mais d’honorer celui qui ne passe pas !

26 ans, 7 mois, 9 jours

Vendredi 19 mai 1950

Hier après-midi, jeudi de l’Ascension, six fois, Mona et moi. Six et demi, même. Et de plus en plus longues. Cet épuisement radieux, au sens propre. Comme des piles qui finiraient de se vider après avoir donné toute leur lumière. Mona se lève et tombe très mollement au pied du lit. Elle rit : Je n’ai plus de squelette. D’habitude elle dit qu’elle n’a plus de jambes. Nous avons battu un record.

26 ans, 9 mois, 18 jours

Vendredi 28 juillet 1950

À quel point le corps bénéficie de l’énergie amoureuse ! Tout, absolument tout me réussit en ce moment. Ma hiérarchie me trouve inépuisable.

26 ans, 10 mois, 7 jours

Jeudi 17 août 1950

En matière de jouissance, le lexique n’a rien trouvé de plus évocateur que le verbe chavirer. C’est vrai qu’on chavire ! Pourtant, si on en croit Littré, au XIX esiècle chavirer stigmatisait l’échec, le faux pas dans la carrière sociale. « Ce jeune homme a chaviré. » Aucune acception du verbe ne concernait alors le plaisir. Il ne désignait que le naufrage des espérances bourgeoises.

26 ans, 11 mois, 13 jours

Samedi 23 septembre 1950

Ponctuation amoureuse de Mona : Confiez-moi cette virgule que j’en fasse un point d’exclamation.

27 ans, anniversaire

Mardi 10 octobre 1950

Mona et moi avons trouvé notre bon animal. Tout le reste est littérature. Passons sur la grâce de sa démarche, la lumière de son sourire, notre connivence en toutes choses, passons sur tout ce qui regarderait un journal intime pour nous en tenir à ce constat de l’animalité satisfaite : j’ai trouvé ma femelle et depuis que nous partageons la même couche, rentrer chez moi c’est regagner ma tanière.

27 ans, 29 jours

Mercredi 8 novembre 1950

On ne vit pas avec le nez bouché. Je dois ronfler. Mona ne m’en dit rien mais je dois ronfler. Or je sais, par longue expérience des dortoirs, qu’on peut étouffer un ronfleur sous son oreiller. Répudié pour ronflement, moi ? Jamais ! J’ai pris rendez-vous chez le docteur Bêk aux aurores pour qu’il extraie ce polype de ma narine gauche. Peu m’importe que le poulpe immonde repousse à brève échéance, ce que je demande à la chirurgie c’est de me permettre de respirer pendant six mois en toute liberté. Êtes-vous sûr ? L’extraction d’un polype n’est pas une partie de plaisir ! Enfin, mon neveu nous aidera. Le neveu en question est un colossal Sénégalais d’une vingtaine d’années, aussi large que haut, qui achève des études de philosophie à la Sorbonne en gagnant de quoi vivre au service de cet « oncle » dont il tient muettement le secrétariat. Vous paierez auprès de mon neveu est la dernière phrase qu’entendent les patients en quittant le docteur Bêk. Le neveu tend la facture, empoche les billets, rend la monnaie et tamponne le récépissé sans un sourire et sans un mot. Il œuvre avec radicalité à la démythification du joyeux nègre Banania. Son aide consiste, en l’occurrence, à immobiliser ma tête, une main sur mon front l’autre sous mon menton, en la maintenant renversée contre l’appui en moleskine du fauteuil de chirurgie tandis que l’oncle m’ordonne de m’accrocher aux accoudoirs et, « si possible », de ne plus bouger. Sur quoi le voilà qui introduit une longue pince coudée (dite pince de Politzer) dans ma narine gauche, lève au ciel les yeux de l’investigation, tâtonne, puis son regard se fige : Ah ! Je le tiens, le salopard. Respirez un bon coup ! Et le docteur de tirer sans ménagement sur le polype, lequel résiste de toutes ses fibres en m’arrachant un cri de surprise aussitôt étouffé par la main immense du neveu, moins pour m’empêcher de hurler que pour veiller au moral de la salle d’attente, remplie dès l’aube par la renommée du docteur. Craquements des ligaments dans la caisse de résonance de mon crâne. Ah ! Il ne vient pas la sale bête ! L’affaire devenue strictement personnelle entre le polype et le docteur, le premier s’accrochant de tous ses tentacules aux parois de sa caverne et l’autre s’acharnant au point que chaque muscle de son avant-bras se tend à se rompre pendant que j’étouffe dans la main du neveu et c’est tout à fait comme si le docteur Bêk avait entrepris d’extraire la totalité de mon cerveau par ma narine gauche et nul ne sait combien de temps durera cette éternité pendant laquelle je retiens tout le souffle de ma vie, mes poumons au bord de l’éclatement, mes doigts plantés jusqu’au métal dans les accoudoirs du fauteuil, mes jambes projetant dans l’espace le V d’une victoire tétanisée, et mon oreille interne — craquements, déchirements, hurlements de la chair — résonnant du combat de titan que se livrent la matière vive de mon crâne et ce furieux aux yeux exorbités, aux lèvres avalées, qui sue maintenant toute l’eau de sa tête au point que ses lunettes embuées en font peu à peu un aveugle. L’effort ne serait pas plus impressionnant s’il m’arrachait la langue. Ah ! ça y est ! Le voilà ! Je le sens ! Il vient ! Ouiiiii ! Un geyser de sang accompagne l’orgasme de la victoire. Belle bête, non ? s’exclame le docteur en contemplant le morceau de chair qui goutte au bout de sa pince. Puis, au neveu, dans un murmure distrait : Nettoyez-le et méchez-le. C’est de moi qu’il s’agit. De ce qu’il en reste.

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