Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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32 ans, 5 mois, 1 jour

Dimanche 11 mars 1956

Bruno passe une partie de la matinée langue mollement pendante, comme une langue de chien rêveur. Quand je lui demande la raison de cette exhibition, il répond, le plus sérieusement du monde : Ma langue s’ennuie à l’intérieur, alors de temps en temps je la sors. Le petit garçon se vit encore comme un puzzle éparpillé. Il fait connaissance avec les éléments qui le constituent comme avec des camarades de rencontre. Il sait très bien qu’il s’agit là de sa langue, il n’en doute pas une seconde, mais il peut jouer encore à la croire étrangère, à la sortir comme on sort le chien. Sa langue et lui, mais aussi son bras, ses pieds ou son cerveau — il converse beaucoup avec son cerveau ces temps-ci : Taisez-vous je parle à mon cerveau ! — , tous ces morceaux de lui-même peuvent encore le séduire. Dans quelques mois il ne prononcera plus ce genre de phrases, dans quelques années il ne voudra pas croire qu’il les a prononcées.

32 ans, 6 mois, 9 jours

Jeudi 19 avril 1956

Tijo me fait observer que quand j’éternue je dis ATCHOUM, littéralement. Il y voit un souci d’orthodoxie. Toi et tes bonnes manières ! Tu es si bien élevé que si ton cul pouvait parler, il dirait « prout ».

32 ans, 10 mois

Vendredi 10 août 1956

En regardant les enfants se brosser les dents avec soin, je dois m’avouer que je n’applique aucune des consignes que Mona et moi leur imposons : trois brossages quotidiens sans penser à autre chose , les dents du haut d’abord — de haut en bas s’il vous plaît ! — , les dents du bas ensuite — de bas en haut s’il vous plaît ! — , devant et derrière, et pour finir long brossage circulaire, méthodique et patient, trois minutes minimum. Chez moi ne survit que le brossage du soir, hâtif et désordonné, histoire de ne pas imposer à Mona un arrière-goût de dîner. En d’autres termes, je n’aime pas me brosser les dents. J’ai beau savoir que le calcaire fait son travail de banquise, que l’âge venant il me fera un jaune sourire déchaussé, qu’un jour ou l’autre il faudra attaquer cette muraille au marteau piqueur, que le bridge et le dentier me guettent, rien n’y fait, la perspective de me laver les dents me rappelle aussitôt d’autres tâches plus urgentes, poubelles à sortir, coup de téléphone à passer, ultime dossier à boucler… Tout se passe comme si la procrastination, que j’ai vaincue très tôt sur tous les fronts, avait dressé son camp retranché dans cette affaire d’hygiène dentaire. À quoi cela tient-il ? À l’ennui. Élevé ici au rang d’une métaphysique. Me brosser les dents c’est l’antichambre de l’éternité. Il n’y a que la messe pour m’ennuyer davantage.

33 ans, 18 jours

Dimanche 28 octobre 1956

Mona et Lison en vadrouille, j’ai passé toute la journée seul avec Bruno. En dehors d’une heure de sieste comateuse, il n’a cessé de gigoter, de produire du mouvement , et l’intuition m’est venue qu’aucun adulte au monde, si jeune, si costaud, si entraîné, si infatigable soit-il, aucun adulte à l’apogée de sa puissance nerveuse et musculaire ne saurait produire, dans la même journée, la moitié de l’énergie dépensée par ce corps de tout petit garçon.

33 ans, 4 mois, 17 jours

Mercredi 27 février 1957

Sorti ce matin sans m’être assez couvert. Le froid a sauté sur mes épaules et m’a pénétré. Par les grosses chaleurs j’éprouve la sensation inverse. L’hiver nous envahit, l’été nous absorbe.

33 ans, 4 mois, 18 jours

Jeudi 28 février 1957

Être à température, voilà toute mon ambition.

33 ans, 5 mois, 13 jours

Samedi 23 mars 1957

Réveillé la bouche amère et l’humeur sombre. Je suis décidément incapable de résister à la bouffe, que la compagnie soit plaisante ou pénible. Dans le premier cas, je mange par entrain, dans le second par ennui, dans les deux cas je mange et bois trop, sans envie réelle de manger ou de boire. Le lendemain la sanction est là : réveil amer, la bouche et l’humeur pleines de fiel. Pour ce qui est d’hier soir je soupçonne une ventrée de saucisson au pain beurré et trois whiskies à l’apéritif. Beurre et saucisson n’ont pas passé la douane. Ni d’ailleurs la plâtrée de cassoulet qui a suivi. (Resservi combien ? Deux fois ? Trois fois ?) L’amertume matutinale dénonce le tout à ma haute autorité, qui me reproche une fois de plus de ne pas m’être contrôlé. À l’apéritif, je dévore comme un moineau mécanique. Les petites assiettes appellent la pioche. Je pioche et je bavarde, je bavarde et je pioche. Un moineau. Ce rapport entre la nourriture et l’ennui — ou l’entrain — date de ma plus haute enfance. Du temps où maman me faisait faire « la jeune fille de la maison », autrement dit passer les zakouskis aux invités en m’interdisant de me servir moi-même. La sanction aussi remonte à loin : C’est de l’huile de foie de morue que j’avais, ce matin, dans la bouche.

33 ans, 5 mois, 14 jours

Dimanche 24 mars 1957

Ce soir, merde lourde et collante. Deux chasses d’eau ne suffisent pas à décoller les chiures sur la céramique ni à effacer les traces brunes au fond de la cuvette. D’où balayette. Et là, révélation : dans mon enfance je ne savais pas à quoi servait la balayette des cabinets. Je la prenais pour un ornement, avec sa tête de porc-épic perpétuellement plongée dans une gamelle immaculée. Elle m’était familière et littéralement insignifiante. Parfois, je la transformais en jouet, sceptre que je brandissais assis sur le trône. Cette ignorance tenait à ce que les crottes des petits enfants ne collent pas ou peu à la cuvette. Elles glissent d’elles-mêmes et disparaissent dans la cataracte sans laisser de trace. Restes d’ange. Foin de balayette. Et puis un jour, la matière prend le dessus. Ça résiste. La matière fait cal . On n’y attache pas d’importance — on ne regardait jamais le fond de la cuvette — jusqu’à ce que l’adulte de service vous fasse observer la chose et exige la propreté des lieux.

Quand donc ai-je fait pour la première fois ce geste de brossage qui aujourd’hui s’impose assez souvent à moi ? L’événement n’est pas consigné dans ce journal. Ce fut pourtant un jour important de ma vie. Une perte d’innocence.

Ce genre de lacune me confirme dans ma prévention contre les journaux intimes : ils ne saisissent jamais rien de déterminant.

33 ans, 6 mois, 11 jours

Dimanche 21 avril 1957

Jardin zoologique de Vincennes. Comme nous rêvassons, Lison, Bruno, Mona et moi devant un couple de chimpanzés occupés à s’épouiller (keskifonpapa ?), je songe à cette expression animale de l’intimité propre à presque toutes les femmes que j’ai connues : la chasse aux points noirs. La peau de ma poitrine pincée entre les deux pouces et le comédon lentement expulsé par la jonction des ongles. La mine que Mona prend alors ! Quant à moi, coup d’œil au ver blanc à tête noire échoué sur son ongle, je me soumets à cet accouchement avec le stoïcisme rêveur du camarade chimpanzé.

33 ans, 6 mois, 13 jours

Mardi 23 avril 1957

C’est l’oxydation du sébum au contact de l’air qui fait sa tête noire au comédon. Cet amas graisseux de débris cellulaires reste d’un blanc irréprochable tant qu’il demeure sous la protection du derme. Dès qu’il le perce, il noircit. Le vieillissement n’est rien d’autre que ce phénomène d’oxydation généralisé. Nous rouillons. Mona me dérouille.

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