Daniel Pennac - Journal d'un corps

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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Cela fait, elle glisse jusqu’à mon oreille où je l’entends murmurer : Fanche nous a dit que c’était ton anniversaire, j’ai pensé que je serais un cadeau acceptable.

23 ans, 3 jours

Dimanche 13 octobre 1946

Mon cadeau d’anniversaire s’appelle Suzanne, elle nous vient du Québec, spécialiste ès explosifs, démineuse pour tout dire, ce qui est aussi un labeur de patience et de précision . Grâce à elle mon entretien s’est bien passé. Je regorgeais d’énergie vitale. Il y a nuit blanche et nuit blanche. Car, comme l’a tranquillement expliqué Suzanne à la table commune du petit déjeuner, nous avons passé toute la nuit « en amour », pas question de se satisfaire d’une simple « mise en bouche », après le mien ce fut « son tour de jouissance », puis le mien encore, puis le nôtre, explosion synchrone cette fois, et encore un ou deux « tours d’manège » parce que « ce tchum-là, c’t’ à peine croyable la quantité d’amour qu’il avait en réserve ! » J’écris entre guillemets ces phrases québécoises, et je rêve aux accents qui traversent les siècles et les océans. Pendant que la tablée riait, le soupçon m’est venu que Louise Labé versifiait peut-être avec l’accent de Suzanne, ou Corneille, que Fanche cite à propos : Car le désir s’accroît quand l’effet se recule.

23 ans, 4 jours

Lundi 14 octobre 1946

J’aime la chair des accents !

23 ans, 5 jours

Mardi 15 octobre 1946

Il y a quelque chose de physique, presque d’animal, en tout cas de primitivement sexué, dans la confrontation entre le vieux chef de bureau et le jeune impétrant. C’est du moins la sensation que me laisse l’entretien que je viens de passer. Deux mâles s’observent. Le vieux dominant et le jeune qui grimpe. Aucune aménité dans ce reniflage des savoirs et des intentions. Jusqu’où sais-tu, jusqu’où iras-tu ? demande le groin du chef. Quel piège me tends-tu ? demande le museau du candidat. Deux générations s’affrontent, la mourante et la remplaçante. Ce n’est jamais gentil. En dépit des apparences, la culture ou les diplômes y ont peu de part. Duel de couilles. Es-tu digne de perpétuer la caste ? Voilà ce qui intéresse le chef. Mérites-tu de vivre encore ? Voilà ce que demande le candidat. Grognements, grognements, dans un fumet de sperme rance et de foutre neuf.

23 ans, 16 jours

Samedi 26 octobre 1946

Tout à l’heure, après l’amour, allongé à plat ventre, en nage, vidé, apaisé, déjà somnolent, j’ai senti, tombant sur mon dos, mes cuisses, mon cou, mes épaules, à des intervalles irréguliers, des gouttes fraîches. Un lent et délicieux goutte-à-goutte, d’autant plus exquis que je ne savais ni où ni quand tomberait la prochaine, et que chacune me faisait découvrir un point précis de mon corps, resté jusqu’alors, me semblait-il, intouché. J’ai fini par me retourner : agenouillée au-dessus de moi, un verre d’eau à la main, Suzanne m’aspergeait, du bout des doigts, concentrée comme au-dessus d’une mine. Sa peau, constellée de taches de rousseur et de grains de beauté, est un ciel étoilé. Au stylo bille, j’y ai reconstitué la carte céleste du mois, Grande Ourse, Petite Ourse, etc. À ton tour, m’a dit Suzanne, voyons un peu ton ciel et tes cieux. Mais rien sur ma peau, ni de face ni de dos, pas un grain de beauté, rien. Page blanche. Ce qui me navre, et qu’elle traduit à sa façon : Tu es tout neuf.

23 ans, 3 mois, 11 jours

Mardi 21 janvier 1947

Suzanne partie, retournée en son Québec. Les guerres finissent pour tout le monde. Avons fêté cet arrachement avec dignité :

Une griffure sur la joue droite.

Une trace de morsure sur le lobe de l’oreille gauche.

Un suçon sur le cou, à droite, là où bat l’artère.

Un autre suçon à gauche, sous le menton.

Une trace de morsure de la lèvre supérieure, tuméfiée, bleuâtre.

Quatre griffures parallèles espacées chacune d’environ un centimètre, allant de la pointe supérieure du sternum au mamelon gauche.

Estafilades similaires dans le haut du dos.

Un suçon sur le mamelon droit.

Une morsure assez profonde dans le gras du pouce.

Les couilles douloureusement essorées.

Et, signature ultime, l’empreinte d’un baiser au creux de mon aine gauche : « Quand le rouge à lèvres aura disparu, il faudra recommencer à vivre ».

Fanche, une fois de plus, soigne mes blessures. En m’apprenant par exemple que Suzanne ne s’est pas seulement glissée dans mon lit pour cause d’anniversaire. Non ? Non mon pétard, c’est sur ordre qu’elle est allée faire sauter ton pucelage. Sans blague ? Sans blague ! Tu nous perturbais. Un agent de liaison chaste, c’est extrêmement rare. Tant de dangers, tant de tensions, la plupart d’entre vous se retrouvaient au lit une fois leur mission accomplie. Les agents de liaison conjuraient la guerre en s’aimant à pleins tuyaux. Besoin d’énergie vitale et de bras protecteurs, garçons et filles ! Toi non. Ça se savait. D’où soupçons : Curé ? Puceau ? Impuissant ? Viande froide ? Échaudé de l’amour ? C’étaient les questions qu’on se posait à ton propos. Suzanne est allée chercher la réponse sur le terrain. Dernière prouesse de la Résistance, mon pétard !

*
NOTE À LISON

Fanche m’appelait « mon pétard » depuis cet après-midi de mars 45, après la bataille de Colmar, où un éclat de mine avait manqué m’arracher la moitié du bras gauche sur une route d’Alsace. Je conduisais le coude à la portière d’une traction, insouciant, comme si la guerre était déjà finie. Ainsi Fanche appelait-elle ses blessés. Par le nom de l’arme qui les avait meurtris. « Mon pétard » à cause de cette mine, « ma rafale » pour Roland qui était sorti d’une embuscade ses tripes dans les mains, « ma baignoire » pour Edmond rescapé d’un interrogatoire exhaustif. Mon pétard : elle ne m’a plus jamais appelé autrement.

*

23 ans, 3 mois, 28 jours

Vendredi 7 février 1947

Après chaque rhume, je me réveille le nez bouché. Sec, mais bouché. Surtout la narine gauche, obstruée par une excroissance de la muqueuse que je sens très bien du bout de mon index si je l’y enfonce assez profondément. Je dors la bouche ouverte et me réveille le gosier sec, comme une charogne évaporée. Serais-je allergique à l’air de Paris ?

23 ans, 4 mois, 9 jours

Mercredi 19 février 1947

Est-ce le départ de Suzanne, est-ce le tir de barrage que Chapelin fait à toutes mes propositions, est-ce ce crétin de Parmentier qui m’exaspère avec son obsession des quotas, toujours est-il que je me retrouve avec des aigreurs d’estomac. Enfant déjà j’avais des maux de vieux. De ces maux qui vous accompagnent toute une vie et finissent par définir un tempérament. Serais-je aigre , et dans quelques années un aigri ?

23 ans, 5 mois, 21 jours

Lundi 31 mars 1947

Mangé du bout des lèvres. Mal dormi. Rien ne passe et rien ne sort. Douleurs quasi permanentes au niveau de l’œsophage. J’ai laissé traîner et maintenant je m’inquiète. Étienne me conseille un examen. C’est bon surtout contre l’inquiétude, précise-t-il. Le gastro-entérologue auquel il me recommande peut me recevoir dans deux semaines à l’hôpital Cochin. Les pastilles Rennie me soulagent encore un peu. Aucune nouvelle de Suzanne.

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