Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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4

21-36 ANS

(1945–1960)

Ponctuation amoureuse de Mona :

Confiez-moi cette virgule que j’en fasse un point d’exclamation.

NOTE À LISON

Ma chère Lison,

Tu constateras un trou de deux ans après cette agression. C’est que Fermantin et ses petits camarades sont venus me chercher à Mérac figure-toi, pour me faire un mauvais sort. Par bonheur, Tijo qui les avait repérés (il avait alors neuf ans mais déjà toute la vivacité d’esprit que tu lui as connue) m’a prévenu à temps et j’ai pu filer. Après quoi, bien sûr, pas d’autre solution que de prendre le maquis. C’est Manès qui m’y a introduit. J’ignorais que Robert et lui faisaient partie de la Résistance. Manès feignait d’en dire beaucoup de mal, et Manès était du genre que l’on croit sur parole. Comme il ne disait pas de bien de l’occupant pour autant, il gardait sa réputation de sauvage solitaire qu’il ne fallait pas emmerder. L’adhésion de Manès au Parti aura été une des grandes surprises de ma vie. Il a d’ailleurs été communiste jusqu’au bout, malgré le mur de Berlin, malgré la Hongrie, malgré le Goulag, malgré la déstalinisation, malgré tout. Manès n’était pas l’homme aux trente-six idées.

Si je ne vous ai jamais parlé de cette période de ma jeunesse, c’est qu’après tout je n’ai été qu’un résistant de circonstance. Sans la petite bande de Fermantin je serais sans doute resté à taper dans mon sac de sable et à piocher dans mes bouquins jusqu’à la fin des hostilités. Exceller dans les études, collectionner les diplômes, conquérir une situation c’était le tribut que je devais payer à la mémoire de mon père. Certainement pas entrer en guerre ! Il m’aurait maudit ! « Ce qui me navre le plus chez l’espèce humaine, disait-il, ce n’est pas qu’elle passe son temps à s’entre-tuer, c’est qu’elle y survive. » Il aura fallu l’impact d’un crachat pour me jeter dans la tourmente. Mon engagement tient aux lois de la balistique, rien de plus.

Bref, du printemps 43 au printemps 45 (engagement dans l’armée de Lattre), j’ai dû laisser tomber mes études et cesser de tenir ce journal. La longue trace que laisse derrière nous notre écriture ne fait pas bon ménage avec la clandestinité. Trop de camarades sont tombés à cause de l’écriture ! Pas de journaux intimes, pas de lettres, pas de notes, pas de carnets d’adresses, pas de traces. Surtout pendant les missions de liaison qui m’ont été confiées les dix derniers mois ! De tout ce temps, je me suis désintéressé de mon corps. En tant qu’objet d’observation, s’entend. D’autres priorités avaient pris le relais. Rester vivant, par exemple, veiller à l’exécution des tâches et des missions et me maintenir dans un état de vigilance extrême pendant les interminables semaines où il ne se passait rien. La vie du soldat clandestin est une vie de crocodile. Rester immobile dans son trou jusqu’à la seconde où on en jaillit pour frapper, puis disparaître aussi vite et attendre à nouveau. Entre les frappes ne pas baisser la garde, tenir ses nerfs, multiplier les exercices, rester à l’écoute de tous les possibles. Les menaces extérieures musellent les petites surprises du corps.

Je ne sais pas si quelqu’un s’est jamais penché sur la question de la santé dans les guerres clandestines mais c’est un sujet à creuser. J’ai vu très peu de malades parmi mes camarades. Nous avons tout imposé à nos corps : la faim, la soif, l’inconfort, l’insomnie, l’épuisement, la peur, la solitude, le confinement, l’ennui, les blessures, ils ne regimbaient pas. Nous ne tombions pas malades. Une dysenterie occasionnelle, un refroidissement vite réchauffé par les nécessités du service, rien de sérieux. Nous dormions le ventre creux, nous marchions la cheville foulée, nous n’étions pas beaux à voir, mais nous ne tombions pas malades. J’ignore si mon observation vaut pour l’ensemble des maquis, c’est en tout cas ce que j’ai constaté dans mon réseau. Il n’en allait pas de même pour les garçons qui s’étaient laissé prendre par le STO. Ceux-là tombaient comme des mouches. Les accidents du travail, les dépressions nerveuses, les épidémies, les infections en tout genre, les automutilations de ceux qui voulaient s’enfuir décimaient les ateliers ; cette main-d’œuvre gratuite payait de sa santé un travail qui n’en voulait qu’à son corps. Nous, c’était l’esprit qui était mobilisé. Quelque nom qu’on lui donnât, l’esprit de révolte, le patriotisme, la haine de l’occupant, le désir de vengeance, le goût de la bagarre, l’idéal politique, la fraternité, la perspective de la libération, quoi que ce fût, cela nous gardait en bonne santé. Notre esprit mettait notre corps au service d’un grand corps de combat. Cela n’empêchait évidemment pas les rivalités, chaque tendance politique préparait la paix à sa façon, se faisait son idée de la France libérée mais, dans le combat contre l’envahisseur, la Résistance, pour diverse qu’elle fût, m’a toujours semblé ne faire qu’un seul corps . La paix revenue, le grand corps a rendu chacun de nous à son tas de cellules personnelles et donc à ses contradictions.

Pendant les dernières semaines de la guerre j’ai fait la connaissance de Fanche que tu as tant aimée. Sans être médecin elle exerçait un art inné de la chirurgie dans une briqueterie abandonnée où s’entassaient nos blessés. Comme tu le sais, c’est grâce à elle que je n’ai pas perdu mon bras. Mais ce que tu ignores, c’est que je lui avais appris la technique de l’anesthésie auditive selon Violette et qu’elle l’appliquait avec succès. Elle gueulait si fort en changeant nos pansements que la douleur refluait au fond de nos cervelles. Ce que tu ignores aussi, c’est que malgré sa tête carrée, ses yeux fendus, son accent gallo et son caractère trempé, Fanche n’était pas plus bretonne que toi ou moi. C’était une petite Conchita, fille d’Espagnols réfugiés en Bretagne, rebaptisée Françoise par gratitude pour notre République. Fanche, c’est le diminutif masculin que lui avaient donné ses petits copains bretons pour célébrer ses aptitudes de garçon manqué.

*

21 ans, 9 mois, 4 jours

Samedi 14 juillet 1945

Au nom du Gouvernement provisoire de la République française et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés…

Sur quoi ai-je pleuré pendant la cérémonie ? Je n’avais pas pleuré depuis la mort de Violette. Sauf de douleur, ces derniers temps, à cause de mon coude écrabouillé. Bref, j’ai pleuré sans me retenir pendant toute la cérémonie, pleuré continûment, sans l’aide de sanglots, comme on se vide, sans un geste pour m’essuyer. Je me vidais encore quand Il nous a décorés, Fanche et moi. Loin de s’en offusquer, Il m’a gratifié d’un viril : Maintenant vous avez le droit ! Bien que je fusse collant comme un papier gommé, Il m’a donné une franche accolade. Lui non plus ne s’est pas essuyé. Ce que c’est que l’héroïsme, tout de même ! Après deux ans d’interruption, ce sont ces larmes que je veux noter d’abord ici. Ce matin, j’ai effectivement versé toutes les larmes de mon corps . Il serait plus juste de dire que mon corps a versé toutes les larmes accumulées par mon esprit pendant cette invraisemblable tuerie. La quantité de soi que les larmes éliminent ! En pleurant, on se vide infiniment plus qu’en pissant, on se nettoie infiniment mieux qu’en plongeant dans le lac le plus pur, on dépose le fardeau de l’esprit sur le quai de l’arrivée. Une fois l’âme liquéfiée on peut célébrer les retrouvailles avec le corps. Le mien dormira bien, cette nuit. J’ai pleuré de soulagement, je crois. C’est fini. Ça l’était à vrai dire depuis quelques mois mais il m’aura fallu cette cérémonie pour clore l’épisode. Fini. C’est cela, qu’Il a décoré : la fin de ma résistance. Honneur aux larmes !

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