Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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21 ans, 11 mois, 7 jours

Lundi 17 septembre 1945

Je me suis remis à la préparation du concours. J’ai immédiatement retrouvé toutes les sensations physiques du travail intellectuel. Le vibrant silence des livres, le duvet de leurs pages sous la pulpe du doigt, le crissement de la plume sur les fibres du papier, le parfum âcre de la colle, les reflets de l’encre, le poids du corps immobile, les fourmis au bout des pieds restés trop longtemps croisés et qui me font sauter tout à coup sur mes jambes pour cogner sur mon sac, dansant et frappant, balançant directs du droit et du gauche, crochets, uppercuts, séries, reprises (je ne peux plus déplier complètement mon gauche, bien sûr, mais il peut toujours frapper en crochets et en uppercuts), la tête bourdonnant des vers récités au rythme de la boxe, les méninges ressassant les phrases offertes par les siècles pendant que dansent mes jambes, que mes poings cognent, que ma sueur coule, la fraîcheur de l’eau puisée dans la lessiveuse, asperge-toi, sèche-toi, remets ta chemise, au travail, au travail, et l’immobilité à nouveau, cette sensation de planer au-dessus des lignes ! Le faucon pèlerin fait le point sur le grand champ de la page imprimée, cachez-vous chères idées, mes proies et ma pâture, non seulement je m’en vais vous manger, mais vous digérer, chair à venir de ma tête ! Bigre, où vais-je ? Arrêtons là pour ce soir, mes paupières pèsent leur poids de sable et ma plume déconne. Dormons. Couchons-nous sur la terre et dormons.

21 ans, 11 mois, 10 jours

Jeudi 20 septembre 1945

Me suis accordé une récréation pour relire une bonne partie de ce journal. (C’est Tijo qui m’a rendu mes cahiers l’autre jour. Il les avait cachés — « sans rien lire, je te le jure ! ».) J’y ai retrouvé Dodo avec surprise et grande émotion. Dodo, que je m’étais inventé quand je vivais chez maman pour me tenir physiquement compagnie, Dodo mon petit frère fictif, à qui j’apprenais à pisser, Dodo à qui j’apprenais à manger ce qu’il n’aimait pas, Dodo à qui j’apprenais l’endurance, Dodo à qui j’enseignais les vérités du sexe — branle-moi mon petit Dodo j’ai une montée de sève ! Dodo que je dressais en silence contre l’orgueilleuse, mensongère et pontifiante imbécillité maternelle. Je ne puis pas dire que Dodo était moi, non, mais il était un exercice d’incarnation convaincant. Je me sentais si peu exister — si peu existant — entre ce père mourant et les mensonges que cette mère appelait « la vie », la vie n’est pas ceci, la vie n’est pas cela… Tout imaginaire qu’il fût, le petit corps fébrile de Dodo (je l’entendais respirer dans son sommeil à côté de moi quand la peur lui faisait quitter son lit pour le mien) était autrement réel et concret que « la vie » selon sainte Mère. En écrivant cela il m’apparaît que pendant ces dernières années la voix du Maréchal fut à mon oreille l’exacte duplication de la voix maternelle. Ce que ce chevrotement laissait entendre de la vie en parlant de la Patrie relevait du même immobile, séculaire, peureux, hypocrite et risible mensonge. Au fond de moi, c’est Dodo qui est entré en résistance. Et c’est Dodo qu’on a décoré. Du moins suis-je assuré qu’il ne s’en vantera pas.

22 ans, 3 mois, 1 jour

Vendredi 11 janvier 1946

Le goût retrouvé du café après toutes ces années de chicorée ! Le café noir, fort, amer. Cette morsure dans la bouche, qui appelle, aussitôt la gorgée avalée, un petit clappement de langue satisfait. Cette brûlure derrière le sternum qui fouette et réveille, qui accélère les battements du cœur et branche les neurones. Souvent infect, au demeurant. Il me semble qu’il était bien meilleur avant-guerre. Mais pourquoi le café serait-il moins bon aujourd’hui ? Nostalgie d’un avant ?

22 ans, 5 mois, 17 jours

Mercredi 27 mars 1946

La question des cauchemars. J’en ai fait assez peu pendant ces deux dernières années. La paix revenue ils reprennent l’offensive. Je ne les tiens pas pour une production de l’esprit mais pour les déjections cérébrales de mon organisme. Pris la résolution de les apprivoiser en les notant. Un calepin au pied de mon lit et dès le réveil le cauchemar est noté. Cette habitude a deux effets sur les rêves. Elle les structure comme des récits et elle leur ôte toute capacité de me faire peur. Ils ne sont plus objets de frayeur mais de curiosité, comme s’ils savaient que je les attends pour les coucher sur le papier et qu’ils prenaient cela pour un honneur littéraire, les imbéciles ! Tout sinistres qu’ils demeurent, ils ont perdu leur qualité de cauchemars. Cette nuit même, au plus terrifiant de l’un d’eux, j’ai clairement pensé : Ne pas oublier de noter cela en me réveillant. Cela : en l’occurrence le bras arraché du gendarme de Rosans écrivant sur le ciel.

22 ans, 6 mois, 28 jours

Mercredi 8 mai 1946

Premier anniversaire de la Victoire. On dirait que tous les maux dont ces mois de combat m’ont préservé se déclenchent d’un coup pour le célébrer : coryza, coliques, insomnies, cauchemars, angoisses, montées de fièvre, troubles de la mémoire (égaré ma montre et mon portefeuille, perdu l’adresse de Fanche, mes cours sur Suétone, tous mes t.p., etc.). Bref, mon corps se déchaîne. On dirait qu’il renoue d’un seul coup avec celui de l’enfant fébrile que j’étais. (Ce n’est rien, disait Violette, tu as tes nerfs.) Le fait est que ce matin au réveil j’avais les nerfs à vif, le nez pris, les intestins liquides, la gorge serrée et une température à 38,2 o. Attraper un rhume sous trois épaisseurs de couvertures et la chiasse après un excellent pot-au-feu, mon corps regimberait-il devant le confort retrouvé ? Pour ce qui est de l’angoisse, deux heures de travail ont suffi à en dissoudre la boule qui obstruait ma gorge ; la traduction du bon vieux Pline m’a calmé. En revanche, la dysenterie me laisse sur les genoux et je peux à peine taper dans mon sac. Vive la guerre, condition de la bonne santé ? En tout cas, pendant ces deux années où je suis entré dans la danse macabre, le monde a eu ses nerfs à ma place.

23 ans

Jeudi 10 octobre 1946

Passé chez Fanche en arrivant à Paris. Demain, mon entretien au ministère. Fanche me demande si j’ai quelque part où dormir. Un hôtel, dans le quatorzième. Moi vivante, mon pétard, pas d’hôtel, surtout le jour de ton anniversaire. (Tiens, elle se souvient de ce détail !) Elle me conduit chez une demi-douzaine de musiciens qui occupent un vaste appartement de la réquisition, boulevard Rochechouart. Ça boit, ça rit beaucoup, ça se rationne peu, ça ne se raisonne pas davantage. On y va, quoi. C’est bien. À un moment donné ils fichent tous le camp en cave. Fanche connaît un abri dont on a fait une boîte épatante, rue Oberkampf : Allez viens ! J’hésite. Je suis fatigué. J’ai encore le train dans le corps. Pas question de compromettre mon entretien de demain. Si je le rate, je n’ai plus qu’à retourner à la niche. Non merci, je dors. Fanche me montre une chambre, un lit, c’est là. Tu veux prendre un bain ? Un bain ? Dans une vraie baignoire ? C’est possible ? J’y recompose un corps pulvérisé par dix-sept heures de chemin de fer. Après le bain, je m’endors aussitôt, nu et chaud. Pour me réveiller au milieu de la nuit. Quelqu’un s’est glissé sous mes draps. Un corps tout aussi nu et chaud que le mien, tout à fait dodu, on ne peut plus féminin, trois mots seulement, chut, ne bouge pas, laisse-moi faire, avant de m’engloutir, mon sexe se déployant aussitôt dans sa bouche, prenant chair louable, authentique et durable, pendant que deux mains caressent mon ventre, glissent jusqu’à ma poitrine, dessinent mes épaules, redescendent le long de mes bras et de mes hanches, me détourent comme des mains de potier, saisissent mes fesses qui s’y logent en confiance, doucement pétries, pendant qu’œuvrent des lèvres charnues et tendres, une langue moelleuse, oh ! continue, je t’en prie, continue, mais je sens le flot monter bien sûr et mon ventre se creuse, retiens-toi bonhomme, retiens-toi, ne tue pas cette éternité, et comment retient-on un volcan en éruption, par où le retient-on, il ne suffit pas de serrer poings et paupières, de me manger les lèvres, de me cabrer sous une cavalière que je ne veux surtout pas désarçonner, tout est inutile, ça monte, balbutiements, arrête, doucement, attends, arrête, arrête, mes mains repoussant ses épaules, attends, attends, mais si rondes les épaules, si pleines que mes doigts s’y attardent les traîtres, doigts de chat pétrisseur à présent, et je sais que je ne tiendrai plus, je le sais, et le garçon bien élevé se dit subitement, pas dans sa bouche, ça ne se fait sans doute pas , c’est même une certitude, pas dans sa bouche, mais elle repousse mes mains et me garde là, pendant que je jouis du plus profond de moi-même, me garde dans sa bouche et boit longuement, patiemment, résolument, complètement, le sperme de mon dépucelage.

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