Tonino Benacquista - Romanesque

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Un couple de Français en cavale à travers les États-Unis se rend dans un théâtre, au risque de se faire arrêter, pour y voir jouer un classique :
. La pièce raconte comment, au Moyen Âge, un braconnier et une glaneuse éperdument amoureux refusent de se soumettre aux lois de la communauté.
Malgré les mille ans qui les séparent, les amants, sur scène comme dans la réalité, finissent par se confondre. Ils devront affronter tous les périls, traverser les continents et les siècles pour vivre enfin leur passion au grand jour.
Tonino Benacquista livre ici un roman d’aventures haletant et drôle qui interroge la manière dont se transmettent les légendes : l’essence même du romanesque.

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Ils avaient lu que la Constitution américaine avait été conçue pour donner sa chance à un anonyme de devenir quelqu’un. Le souci de ces deux immigrants-là avait été justement d’inverser la proposition, car là où l’on pouvait devenir quelqu’un , on pouvait en toute logique décider de n’être personne . Où, sinon au pays de la réussite et des grandes destinées individuelles avait-on le plus de chance de passer inaperçu ?

Et de fait, à Albuquerque, au Nouveau-Mexique, ils n’avaient eu aucun mal à se faire embaucher dans le restaurant « Monsieur Pierre », dont le propriétaire n’employait que des Français pour donner à son établissement un indiscutable cachet. Le couple donnait entière satisfaction, l’un en cuisine, l’autre en salle, omniprésents, infatigables, précieux pour un patron qui n’aimait rien tant que déléguer. Et ils auraient pu se fondre dans le décor, s’y faire oublier pour de bon, si le mari n’avait proposé à sa femme une escapade dans le petit village de La Soltera, en Californie, qu’il brûlait de connaître.

À l’entrée, un panneau prévenait à la fois en anglais et en espagnol :

WOMAN, WHOEVER YOU ARE, WHATEVER YOU DID, BE WELCOME HERE
MUJER, QUIENQUIERA QUE SEAS, LO QUE HAYAS HECHO, BIENVENIDA

Femme, qui que tu sois, quoi que tu aies fait, tu es la bienvenue .

L’avenue principale aboutissait à une grande place carrée, dont les bancs, les fontaines, les platanes et les parterres de gazon accueillaient les touristes et les habitants venus s’y rafraîchir. Sur une dalle en pierre trônait une sculpture grandeur nature du fondateur de La Soltera. Le cuivre avait viré au vert, par endroits au doré. Le visage, sculpté à partir du seul portrait connu du personnage, avait perdu ses contours. Pourtant le Français reconnut son ami Alvaro Santander avec lequel il avait jadis partagé une cage au fond d’une jungle.

Ému aux larmes, il retraça les grandes lignes de ses mésaventures avec ce drôle de compagnon qu’il définit à sa femme comme « hirsute, polyglotte, déserteur et féministe par dépit amoureux ».

Au pied de la statue on pouvait lire les origines de la ville, fondée en 1728 au milieu du désert par un aventurier d’origine castillane, dont on savait peu de choses sinon qu’il avait déserté l’armée espagnole pour chercher fortune dans l’Ouest américain. Il avait construit là une maison d’accueil laïque réservée exclusivement aux femmes, où pauvresses, pécheresses, veuves et répudiées avaient leur place, mais aussi des célibataires et des vieilles filles — d’où le nom de La Soltera —, le plus souvent abusées ou jugées trop ingrates. De fait, la réputation d’un asile si singulier avait couru dans cette nation naissante, et trente ans après sa création, plus de cent femmes s’y étaient établies, construisant elles-mêmes des dépendances, édictant leurs règles internes, gérant les finances, ouvrant un atelier de manufacture puis des boutiques alentour. L’hacienda d’origine, bâtie de ses mains par Alvaro et quelques pionniers, s’était rapidement transformée en un petit pueblo autonome, un phalanstère de femmes, vaillantes, déterminées, qui avaient eu la chance de choisir leur voie sans en référer à un mari, un père ou un patron, à une époque où toute femme se voyait condamnée à la violence d’au moins l’un d’eux, parfois des trois. Au fil du temps, La Soltera était devenue un bastion, un symbole de la lutte pour les droits des femmes, leur ouvrant les portes du Sénat et du Parlement.

Ils assistèrent à la visite guidée du fameux centre d’accueil, devenu un musée en 1956. On y avait conservé la manufacture, le patio, le réfectoire de l’époque, et recréé à l’identique le premier dortoir. Le guide, fier de déclarer qu’il était un descendant direct du fondateur, montra un arbre généalogique qui couvrait huit générations de la famille Santander, devenue Stanton à la fin du XIX e siècle ; une gigantesque tribu disséminée dans tout le pays, qui se réunissait une fois l’an à La Soltera pour célébrer leur aïeul — une fête honorée par la présence du gouverneur de Californie.

Au premier étage du bâtiment, il entraîna ses visiteurs sur des coursives extérieures menant à des tourelles qui dominaient le village — sûr de son effet, il en souriait d’avance. Les résidentes, munies de fusils, y prenaient le quart jour et nuit pour décourager les humeurs paillardes des desperados persuadés de trouver là une maison de rendez-vous. Il ajouta cependant que l’homme n’était pas exclu de cet univers, au contraire, y étaient accueillis des célibataires, paysans, propriétaires, pionniers, moins préoccupés de conquérir l’Ouest que de fonder une famille. Clou de la visite, il les entraîna dans un coin du patio où un petit kiosque entouré d’une haie était dédié à la conversation des premières rencontres, lorsqu’un candidat, le chapeau à la main, présentait ses intentions. L’ancêtre du speed dating , conclut Philip Stanton, comme un bon mot mille fois servi mais toujours apprécié. Il les encouragea à entrer dans la boutique de souvenirs, babioles, cartes postales, où trônait le petit livret biographique consacré à Alvaro Santander, 12 $, qu’aucun acheteur ne lisait jamais mais qui fournissait un alibi à la visite. Puis il répondit à une dernière question, posée par une touriste devant l’entrée principale de la propriété, dont l’immense porte à double battant était ornée d’un blason en fer forgé qui donnait son nom à toute l’institution : Doña Leonor . Qui était donc cette Leonor pour que son nom devienne l’emblème d’un domaine où, pour la première fois sur le continent américain, on s’était inquiété de la cause des femmes ?

Malgré une routine qu’on sentait usée par deux visites quotidiennes, le jeune Philip se fit un peu lyrique — comment évoquer la mère de sa propre dynastie sans une vive émotion ? Alvaro Santander, fou d’amour pour sa femme et mère de ses enfants, rencontrée dès son arrivée dans la région, avait donné son nom à sa maison d’accueil pour femmes seules. Car sans rien enlever à son glorieux ancêtre, c’était sans doute elle qui avait suggéré à son mari d’ouvrir ce centre. Qui sinon une femme pouvait en être l’inspiratrice ?

À la porte du bâtiment, sur les coups de quatre heures de l’après-midi, le groupe d’une trentaine de visiteurs, prêts à se disperser, prenait les dernières photos de Philip Stanton, posant avec quiconque le lui demandait, épouses et bambins, devant l’entrée d’un musée dont il était à la fois la mémoire et le gérant. L’enfant lointain de cette belle histoire avait tant besoin de la transmettre.

Or parmi les touristes, un seul traînait le pas. Quelque chose en lui refusait de s’éloigner de cette porte au blason en fer forgé.

Doña Leonor .

La seule ombre à une photo de famille qui, si elle avait été prise, aurait réuni un millier de Santander et de Stanton, morts et vivants, avec en son centre — si l’on en croyait la version officielle — le couple fondateur. Alvaro et Leonor, soudés par un amour si fort qu’ils avaient voulu le partager, le convertir en bienfaisance, afin de porter secours aux femmes rejetées en cette ère de sauvagerie.

Et pourtant la vérité était tout autre. Et pas de celles qui rassurent une descendance.

La dépouille de la vraie Doña Leonor reposait quelque part en Castille, oubliée de tous, du fait d’un certain Alvaro.

C’était elle, La Soltera , dont le surnom aujourd’hui résonnait non plus comme la célibataire mais comme l’ unique . Comment ne pas s’attrister de la voir oubliée une seconde fois ? Comment ne pas rendre hommage à son sacrifice ? Le seul qui pouvait en témoigner aujourd’hui se souvenait d’un Alvaro meurtri de honte en évoquant les raisons de son enrôlement précipité, lui, le moins héroïque de tous les soldats, aussi lâche en amour qu’à la guerre. Mais son besoin de rédemption l’avait rendu généreux et inventif, car c’était bien le fantôme de cette Leonor qui lui avait donné la force d’accomplir son œuvre solennelle. C’était le visage de cette jeune fille séduite et abandonnée qui le hantait pendant qu’il posait la première pierre de son édifice. Le centre Doña Leonor de La Soltera était le fruit non de l’amour mais du remords, et l’histoire n’en était pas moins belle, celle d’un homme venu réparer, si loin de chez lui, une injustice commise dans une vie passée. Et l’on pouvait aussi avoir une pensée pour sa femme, rencontrée ici, qui avait compris et admis les raisons de son mari de dédier sa maison à une autre, impossible à oublier. À force d’abnégation, elle avait aidé son homme à bâtir ce centre sur les cendres d’une idylle perdue qui habitait encore son cœur. Philip Stanton aurait pu être fier de cette preuve d’amour de sa chère aïeule.

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