Tonino Benacquista - Romanesque

Здесь есть возможность читать онлайн «Tonino Benacquista - Romanesque» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2016, ISBN: 2016, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Romanesque: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Romanesque»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Un couple de Français en cavale à travers les États-Unis se rend dans un théâtre, au risque de se faire arrêter, pour y voir jouer un classique :
. La pièce raconte comment, au Moyen Âge, un braconnier et une glaneuse éperdument amoureux refusent de se soumettre aux lois de la communauté.
Malgré les mille ans qui les séparent, les amants, sur scène comme dans la réalité, finissent par se confondre. Ils devront affronter tous les périls, traverser les continents et les siècles pour vivre enfin leur passion au grand jour.
Tonino Benacquista livre ici un roman d’aventures haletant et drôle qui interroge la manière dont se transmettent les légendes : l’essence même du romanesque.

Romanesque — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Romanesque», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Ce matin-là, ils attendaient l’arrêt du car sur la Grand-Place quand soudain la femme lâcha le bras de son mari, troublée à la vue d’une jeune fille mal fagotée, seule sur un banc public, qui se roulait une cigarette, accoudée à son sac à dos.

Jamais on ne l’aurait remarquée si à ses pieds ne se reposait un chien, sans laisse, les yeux clos, la gueule calée contre un trottoir, les pattes jointes comme de petits poings fermés. Un jeune chow-chow écrasé de fatigue, aussi sale que sa maîtresse.

Le mari devina l’émotion de sa femme — y a-t-il retrouvailles plus intenses qu’entre deux inconnus ? Rien dans l’allure de la sauvageonne ne lui était étranger, ni sa façon si naturelle d’agir à ciel ouvert comme sous un toit, ni son souci de veiller sur le sommeil de son chien. Et quel chien.

À côté de lui, un setter, un berger, tous les chiens du monde n’auraient été que des chiens, et aucun n’aurait mérité que l’on s’arrêtât sur sa silhouette endormie. Mais ce chow-chow en rappelait un autre, et même deux, amis perdus, protecteurs jusqu’au sacrifice, graves toujours, avares de leurs émotions pour n’en gaspiller aucune. Elle se revit enveloppée dans une fourrure, glissant sur son traîneau, admirative de ses petits compagnons, capables d’une telle abnégation qu’ils auraient pu racheter à eux deux la condition humaine. Comment ne pas être ému devant cette image, la jeune fille au chow-chow , une toile pour laquelle elle-même avait posé jadis, dans un autre décor.

La sauvageonne se déclara en galère , forcée de rejoindre Barcelone à pied, où l’attendait son ami qui venait d’y trouver un travail, de quoi vivre à deux quelques mois, ensuite on verrait. À l’approche d’une voiture-pie, tous trois quittèrent le banc public, l’immobilité étant pour le nomade un luxe hors de ses moyens — on connaissait la pénible fin des causeries de coin de bitume. La jeune fille proposa de passer la nuit dans une usine désaffectée, trop vétuste pour y croiser des vigiles. Le mari pressa sa femme de prendre le dernier car mais celle-ci ne put se résoudre à quitter sa petite sœur , qui avait besoin à ce point de sa traversée de renouer avec un peu de chaleur humaine, de retrouver l’usage de la parole, de dormir avec la sensation d’être veillée par des parents de passage. Jadis elle-même aurait tout donné pour une seule de ces nuits-là. S’ils partaient maintenant, elle en garderait l’amer sentiment que toute son odyssée passée ne lui avait rien appris.

Avant l’aube, deux gendarmes, lors d’une patrouille visant à déloger les consommateurs et vendeurs d’héroïne, leur demandèrent à tous trois de soulever leurs manches pour montrer la saignée de leurs bras.

*

Au poste, on plaça l’homme dans une cellule occupée par un ivrogne assoupi. Dans celle adjacente, les deux femmes se retrouvèrent en tête à tête, ce qui paradoxalement fit cesser tout dialogue. Grâce à un tatouage dans l’oreille, il fut établi que le chien avait été arraché dix-huit mois plus tôt à un petit garçon dans un beau quartier de Paris durant la promenade du soir. De surcroît, la jeune fille, plusieurs fois arrêtée pour vol à l’étalage et grivèlerie, ne connaissait personne à Barcelone, où elle n’avait jamais eu l’intention de se rendre. Son manque cruel de destination et sa vie de divagation l’avaient endurcie au point de ne plus faire confiance à quiconque, y compris aux autres vagabonds ouverts au partage.

Il avait beau s’attendre à quelque obstacle, le mari supporta très mal son enfermement. Cette geôle-là ne lui en rappelait aucune autre. Toute de béton et d’acier, sans la moindre ouverture vers le dehors, elle provoqua chez lui une angoisse inconnue, celle d’être prisonnier d’un matériau indestructible, plus dur qu’une roche du désert, qu’une dalle de forteresse, qu’une paroi de l’Enfer, et les millénaires auraient beau s’écouler, cet endroit existerait toujours, pas même éraflé, à peine poussiéreux, prouvant à quel point la chair humaine était éphémère. Et ce cube de béton gris scellé dans le sol, sur lequel cuvait un ivrogne aux allures de gisant, prenait valeur de tombeau à l’épreuve de toutes éternités, infernales comme divines.

Sa femme avait posé la paume de sa main sur le mur qui la séparait de son mari, comme jadis, au premier jour de leur procès, et tout lui revint en mémoire : la paille et la pierre, les chaînes, sa codétenue, sorcière sans vocation et sans talent, bien plus innocente que cette petite sœur , si peu sincère, rouée au point de voler un chien à un enfant. Sans regretter son coup de cœur pour une malandrine, elle reconnaissait combien son mari avait raison de se tenir à l’écart des destinées humaines pour ne songer qu’à la leur.

Elle fit une tentative, vouée à l’échec, pour amadouer le planton. Elle se souvint avec tendresse de ses camarades fous de l’hôpital de Svilensk, dont la capacité d’élucubration forçait la mansuétude des infirmiers. Lancée dans une diatribe inimaginable pour un esprit rationnel, elle créa de toutes pièces une maladie mentale très rare et très dangereuse si on ne l’entourait pas de précautions, le syndrome de Janus , dont étaient victimes les individus vivant en symbiose depuis trop longtemps et qui, séparés de force, sombraient dans une sorte de catatonie entraînant au mieux l’arythmie cardiaque, au pire l’attaque cérébrale — symptômes qui cessaient immédiatement dès que les sujets étaient à nouveau réunis. Afin d’éviter les urgences, les intraveineuses de sédatifs, les IRM, toutes complications dont personne n’avait besoin ici, il suffisait de les placer dans la même cellule, où ils promettaient de se tenir tranquilles — une entorse au règlement bien innocente au regard du risque encouru. Après avoir de bonne foi examiné la situation, et tapé syndrome de Janus sur un moteur de recherche, le gendarme s’en tint à la procédure habituelle.

En fin de matinée on relâcha la sauvageonne, qui déguerpit sur la première route venue, sans son petit compagnon à quatre pattes, bien plus doué qu’elle pour attirer l’aumône du passant.

On relâcha l’ivrogne.

On garda le couple. Qui parvenait à échanger quelques mots d’une cellule à l’autre, dans une langue aux tournures bien curieuses, du « vieux français » soupçonna le planton, qui se demandait maintenant si parmi les symptômes de leur maladie imaginaire on comptait aussi la bouffée délirante.

*

Rien dans les fichiers : ni état civil, ni casier judiciaire, ni photo, ni empreintes. Pas la moindre trace de ces deux SDF au profil de clandestins, qui parlaient un français précieux et ampoulé, et qui de surcroît étaient accoutrés comme des paysans d’une autre époque. Impossible néanmoins de les imaginer tout juste échappés d’un hameau perdu ; depuis l’après-guerre les clivages régionaux avaient été gommés, les dialectes supprimés, on avait tiré les idiots congénitaux de leur misère morale, banni les mariages consanguins, alors d’où sortaient ces deux spécimens ?

Durant l’interrogatoire, le capitaine, malgré ses cinquante ans révolus, son bel uniforme et ses galons, son phrasé aux tournures de code civil, son réel souci de justice et son expérience de terrain, passa aux yeux des suspects pour un enfant. Un petit garçon encore préservé par la vie, qui pense tout savoir mais qui a tant à apprendre, un innocent qui croit que le monde se partage entre bons et méchants. Dans une autre vie, ils auraient pu s’entendre avec ce gendarme, pas plus redoutable qu’un soldat du roi, un chef indien, un sorcier africain, mais l’heure était venue de lui fausser compagnie, sans fraterniser, sans rien lui apprendre de la condition humaine ni de son extinction prochaine.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Romanesque»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Romanesque» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


libcat.ru: книга без обложки
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Malavita encore
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Quelqu'un d'autre
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Les morsures de l'aube
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Tout à l’ego
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Nos gloires secrètes
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - La Maldonne des sleepings
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - La Commedia des ratés
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Homo erectus
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Malavita
Tonino Benacquista
Отзывы о книге «Romanesque»

Обсуждение, отзывы о книге «Romanesque» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x