Frédéric Dard - À San Pedro ou ailleurs…

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VOUS CROYEZ QUE LES MOUCHES AIMENT LE WHISKY ?
IL y a des gens bizarres dans les bars, la nuit…
Des hommes et des femmes accrochés à la rampe du comptoir pour « laisser souffler » leur destin.
Des hommes, des femmes qui se regardent, qui se sourient… se disent quelques mots, n'importe lesquels :
VOUS CROYEZ QUE LES MOUCHES AIMENT LE WHISKY ?
Et puis ils repartent dans la nuit, à la recherche d'un impossible bonheur, à la recherche d'eux-mêmes.
Ils s'en ont plus loin.
A San Pedro…
Ou ailleurs.
VOUS CROYEZ QUE LES MOUCHES AIMENT LE WHISKY ?

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L’ironie du hasard voulait que je découvre son sac à quelques kilomètres seulement de chez elle.

Un double bruit de pas sur le gravier de l’esplanade : Barnaque et Marcé venaient à mon avance. Le producteur portait un vieil imperméable troué et des galoches. Il fumait son éternelle pipe et il avait son regard faussement affable des mauvais jours.

— Eh bien, qu’est-ce qui vous arrive, vieux ? Vous ne parvenez pas à ouvrir votre portière ?

Personne ne pouvait se montrer plus drôle, ni plus gentil que Marcé lorsqu’il était de bonne humeur, et personne n’était capable autant que lui de vous accabler de bienveillantes aigreurs quand il traversait une période de maussaderie. Il devenait alors cinglant, sans pour autant se départir de sa politesse nonchalante. Il avait le genre anglais, ne l’ignorait pas et le cultivait. Pour rien au monde, il ne vous aurait reçu à sa campagne — lui si strict dans sa mise à Paris — autrement qu’en pantalon de velours et pull-over ravaudé.

— Je ne retrouvais plus mon script, bafouillai-je en fourrant le sac à main à l’arrière de la voiture.

Nous échangeâmes des poignées de main. Le regard aigu de Barnaque m’avertit que « ça bardait ».

— Vous avez une foutue mine, Jean, déclara Marcé en rallumant sa pipe.

Nous remontâmes en silence l’allée conduisant à la vieille demeure style Île-de-France. Une saine odeur de campagne mouillée parfumait cette matinée grise.

— Beaucoup de monde sur l’autoroute ?

— Pas mal, merci.

— Avec les futurs beaux jours, on va retrouver les sauve-qui-peut du samedi, soupira Marcé en s’effaçant pour nous laisser entrer.

Un feu de cheminée craquait joyeusement, projetant des lueurs dansantes sur les meubles anciens. La vieille chienne des Marcé somnolait devant l’âtre. D’ordinaire, j’aimais venir à la « Commanderie » où régnait une ambiance douillette. Yves Marcé et sa femme avaient su y recréer une atmosphère de demeure familiale ; en pénétrant chez eux, on éprouvait la rassurante impression que des générations de Marcé vous attendaient. Ce matin-là, pourtant, la maison ne m’émut pas. Pis : elle me parut hostile.

Une servante archaïque et dodue nous débarrassa de nos imperméables et nous nous assîmes autour de la cheminée dans laquelle notre hôte plaça avec amour une nouvelle bûche.

— Un petit café ? proposa le producteur.

— Non, merci.

— Il est trop tôt pour le whisky, décréta-t-il.

Il frotta ses mains pour les débarrasser de la poussière de bois.

— Bon, fit-il, on attaque ?

Barnaque se mit à regarder le jardin par la porte-fenêtre. Mon angoisse monta d’un cran. Un certain radoucissement, dans l’attitude de Marcé, me fit comprendre que j’allais souffrir. Mais je me moquais du scénario. Je ne pensais qu’au sac à main dans ma voiture.

— On se dit tout, n’est-ce pas, Jean ?

Charmante formule. Lui disait toujours tout aux autres mais les autres ne lui disaient jamais rien que d’agréable. Marcé aimait cette formule ; il affirmait qu’on ne pouvait rien produire de valable dans ce putain de métier sans une franchise réciproque.

— C’est si grave que ça ?

Il haussa les épaules.

— N’exagérons rien.

Il me prit mon scénario des mains, le feuilleta à toute allure, comme on actionnait jadis ces albums chargés de reconstituer le mouvement cinématographique, puis il le jeta sur le canapé.

— Il y a de bonnes choses, assura-t-il, de très bonnes choses même, seulement ça manque de rythme…

— Mais la dernière fois, vous disiez…

Il sourcilla et déclara sans ôter sa pipe de sa bouche, ce qui l’obligeait à parler les dents serrées :

— Justement ! La dernière fois, l’histoire était traitée en vingt-cinq pages et me passionnait. Je viens de la lire sur quatre-vingts et elle m’emmerde, il doit y avoir une raison, non ?

— Attention, il manque les dialogues, objecta mollement Barnaque.

Marcé tapota sa pipe contre une brique de la cheminée.

— Avec les dialogues, je m’emmerderai sur cent cinquante pages, et vous le savez très bien.

Je l’écoutais comme si tout cela ne me concernait pas ; comme s’il s’agissait d’une conversation surprise à une terrasse de café.

— Je voudrais vous poser une question, reprit le producteur.

Il s’adressait à nous deux :

— Est-ce que ce machin-là vous plaît ?

La veille encore, « ce machin-là » nous plaisait même beaucoup car il existe un envoûtement de la création qui vous pousse à l’indulgence, voire à l’enthousiasme. Deux cinéastes travaillant à un sujet sont vite persuadés d’œuvrer dans le génie.

Je promenai mes doigts sur mon manuscrit. Chez Marcé je comprenais combien il était creux, boiteux, sans âme. Je prenais du recul, me regardais mettre en phrases nos notes quotidiennes dans ma chambre d’hôtel, sur une machine à écrire déglinguée dont personne, hormis moi, n’aurait pu se servir. Nos idées étaient sans doute valables, seulement je les avais exprimées sans chaleur, dans un style « rapport de gendarme ».

Le grand Barnaque, avec ses sourcils broussailleux et ses mâchoires saillantes, devait m’en vouloir horriblement. La minute de vérité étant arrivée, il découvrait ma responsabilité et faisait de louables efforts pour endosser sa part de sarcasmes. Son amitié pour moi le poussait au sacrifice ; pourtant, quelque chose de flou dans son attitude, de fuyant dans son regard laissait transpercer un vague désaveu.

— Ce n’est pas définitif, dis-je sans la moindre fougue.

— Heureusement, lâcha Marcé.

Il bourra sa pipe, agitant ses doigts à l’intérieur de la grande blague brune avec une virtuosité de pianiste.

— Vous ne m’avez pas répondu, reprit-il en nous dévisageant froidement, ça vous plaît ou pas ?

— Brusquement, je viens de comprendre que nous faisions fausse route, admis-je.

Mon mea-culpa , au lieu de l’apaiser, provoqua chez lui une émission de bile.

— Et comment ! Tout est faux, archifaux : les personnages, les situations. Ces gens n’ont pas l’air de croire à ce qui leur arrive. Quant à Agnès, excusez-moi, mon petit vieux, mais j’ai quelque habitude de ce genre de fille, et je peux vous dire qu’elle cède un peu trop vite à Roland. Vous en faites une Marie-couche-toi-là, or c’est un personnage beaucoup plus ambigu…

Il continua de parler. Je ne l’écoutais plus.

Marie-couche-toi-là ! Je revivais ma soirée de la veille. Ma ridicule faction devant l’hôtel. La pluie sur le pare-brise trop incliné de ma Ferrari (lorsque je roulais rapidement, l’eau remontait la vitre, semblant ainsi couler à l’envers). Et ensuite ma gifle, sa lèvre fendue, ma course derrière son Austin. Je me vis, agenouillé en plein boulevard, comme avaient dû me voir les badauds.

Lorsque j’émergeai de mon évocation, Marcé ne parlait plus. Barnaque et lui me regardaient comme on guette l’éveil d’un opéré.

Je les dévisageai avec égarement.

— Où diable étiez-vous ? bougonna Barnaque.

— Excusez-moi, j’étais resté en panne, plaisantai-je. Je ne suis pas d’accord avec vous, Yves.

— À propos de quoi ?

— D’Agnès. Une femme peut très bien s’offrir brutalement sans pour cela être une catin.

L’insistance de leurs regards conjugués me fit rougir. Je me levai pour surmonter ma confusion. À travers les petits carreaux de la fenêtre j’aperçus ma voiture, à l’autre extrémité du parc. La pluie venait de cesser. Des oiseaux chantaient dans les feuillages ruisselants. Une grande déchirure lumineuse creusait le ciel. Je me dis que Marie (ou plutôt Danièle) n’était qu’à quelques minutes de là. Qu’elle regardait peut-être au même instant cette éclaircie couleur d’écume, et j’en éprouvai un trouble indicible.

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