Frédéric Dard - À San Pedro ou ailleurs…

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À San Pedro ou ailleurs…: краткое содержание, описание и аннотация

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VOUS CROYEZ QUE LES MOUCHES AIMENT LE WHISKY ?
IL y a des gens bizarres dans les bars, la nuit…
Des hommes et des femmes accrochés à la rampe du comptoir pour « laisser souffler » leur destin.
Des hommes, des femmes qui se regardent, qui se sourient… se disent quelques mots, n'importe lesquels :
VOUS CROYEZ QUE LES MOUCHES AIMENT LE WHISKY ?
Et puis ils repartent dans la nuit, à la recherche d'un impossible bonheur, à la recherche d'eux-mêmes.
Ils s'en ont plus loin.
A San Pedro…
Ou ailleurs.
VOUS CROYEZ QUE LES MOUCHES AIMENT LE WHISKY ?

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J’avais hâte de me retrouver en tête à tête avec Danièle.

— Pas pour l’instant, ma jolie, lui dis-je en fourrant un billet dans la poche de son tablier blanc.

Je poussai le verrou et me retournai. Avec ses glaces piquées et son cosy creusé, son sanitaire mesquin et sa moquette lépreuse, la chambre était d’un terrible réalisme. Danièle accrocha son manteau de fourrure au portemanteau avant d’aller s’asseoir sur le divan bas dans une pose impudique. Elle m’attendait avec une soumission voisine de l’indifférence absolue. Je restai adossé à la porte afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble de la scène et de son décor. Cela dura. Elle ne bronchait pas. À la fin je m’approchai du lit, pris de l’argent dans ma poche et lui tendis un billet de cent francs tout froissé.

— Ton petit cadeau ! annonçai-je, ça ira comme ça ?

Elle se laissa tomber sur le dos, noua ses mains derrière sa tête et se mit à fixer le plafond. Son regard était d’une pureté étonnante.

— T’es une pute, Danièle, murmurai-je en m’asseyant dans un fauteuil pelucheux. Une pauvre roulure. Dis-moi tout : tu faisais le tapin avant d’épouser ton béquilleux ? Il n’est qu’une prostituée pour suivre ainsi le premier venu…

La colère me faisait bafouiller. Tout ce que je n’avais jamais osé dire à ma femme, aux pires instants de notre drame, je le crachais à cette fille quasi inconnue.

— Tu me dégoûtes, Danièle ! Je n’ai pas la moindre envie de toi. Je serais incapable de te prendre, incapable, tu entends ? Je préférerais me taper le souillon informe qui nous a ouvert la porte.

Son silence, son immobilité me montaient à l’incandescence. Un reste de lucidité — bien vacillant — me retenait de la battre. Jamais jusqu’alors je n’avais frappé une femme, pourquoi éprouvais-je l’affreuse envie de la meurtrir ? Ma gifle d’hier se lisait encore sous son rouge à lèvres. Une petite boursouflure foncée lui déformait quelque peu la bouche. Ce fut cette légère protubérance qui m’empêcha de la rouer de coups. Trop d’alcool dans les veines ! À ce rythme-là, j’allais bientôt voir des chauves-souris. Elle venait de fermer les yeux. Je me mépris :

— Pas la peine de chialer, les putains ne pleurent pas.

— Je ne pleure pas, fit-elle en gardant les paupières baissées.

Je continuai de la couvrir d’injures. Je les débitais sourdement, les mains crispées sur les accoudoirs du fauteuil. Je cherchais les mots les plus blessants, les comparaisons les plus outrageantes, les images les plus crues.

Quand ma rage pantela et qu’à bout d’inventions je me tus, je vis que Danièle s’était endormie.

Sa poitrine se soulevait régulièrement. Sa robe retroussée révélait des jambes admirables. J’allai au lavabo et me fis couler longuement de l’eau froide sur la tête. Ce bruit d’ablutions ne la réveilla pas. On eût dit, à la voir reposer si calmement, qu’elle allait dormir de la sorte pendant très longtemps, des jours peut-être ? Je voulus croire qu’à son réveil elle serait devenue une autre femme.

Je revins m’asseoir auprès d’elle. L’une de ses chaussures gisait sur le parquet. Je la ramassai et la glissai à l’intérieur de ma veste, contre ma poitrine. Geste d’ivrogne, bien sûr, mais qui traduisait mon immense besoin de réchauffer cet être endormi, de le faire participer aux battements de mon cœur.

Je dus rester longtemps, plié en deux sur mon siège pour que s’impriment dans ma chair les durs reliefs du soulier. À la fin j’eus le souffle bloqué. Je ressortis la chaussure vernie et la déposai à terre. Après quoi, j’arrachai une page de mon carnet de rendez-vous et j’écrivis :

Danièle,

J’ai l’honneur de porter à ta connaissance le fait suivant : je t’aime.

Jean.

Je mis ce billet dans le soulier avant de m’en aller.

*

À plusieurs reprises je faillis retourner à l’hôtel. J’étais honteux d’avoir laissé Danièle dans cette triste chambre. Une infamie de plus à inscrire à mon palmarès ! Pourtant, quelque chose m’assurait confusément qu’elle était nécessaire, qu’elle s’inscrivait dans l’obscur agencement de nos destins.

Il était bien que je l’eusse injuriée et qu’elle se fût endormie. À certains moments de sa vie, on a la certitude d’accomplir des actes prémédités par une volonté supérieure. C’était le cas cette fois-là. Je consentais un sacrifice en abandonnant Danièle sur le cosy ravagé par des amours de passage.

Je me mis à chercher ma voiture dans le quartier, mais je devais être saoul perdu car je ne parvins pas à la retrouver. Peut-être me l’avait-on volée après tout ? Je pris un taxi pour rentrer au George V .

CHAPITRE VII

— Je suis malade, décidai-je en me réveillant.

Et je me rendormis, vaguement satisfait de me savoir indisponible.

Et puis il y eut des cloches ! En plein quartier des Champs-Élysées, c’était bizarre. Elles m’intriguèrent un moment, mais je me souvins qu’on était dimanche. De nouveau satisfait, je replongeai dans une torpeur qui n’était plus exactement du sommeil.

Je continuais de réfléchir en pointillé. Dimanche à l’hôtel ! Ce pouvait être un bon thème de film. Le dimanche, c’est la maladie du monde. Où qu’on se trouve, il vous atteint. Je cherchais dans ma mémoire les dimanches que j’avais ignorés, et n’en trouvais pas. En croisière, perdu dans un refuge de montagne, dans une chambre de clinique, partout il s’était manifesté Si ! Il m’était arrivé de ne pas en avoir conscience au départ, de me mettre à vivre une journée toute pareille à une journée de semaine, mais infailliblement j’avais fini par me trouver « en état de dimanche ».

Je fis une rapide mise au point.

— Je suis malade. C’est dimanche. J’ai perdu ma bagnole.

Quoi encore ? J’oubliais quelque chose mais n’insistai pas. J’étais hors d’atteinte. Hors de toutes les atteintes. Il suffisait que je reste pelotonné dans la chaleur de mon lit pour m’abstraire.

« Do not disturb ». L’écriteau pendait au loquet de ma porte, dans le couloir. Il représentait mon dernier geste cohérent.

Ma tête me faisait très mal. Elle s’accompagnait d’une brûlure tenace au ventre. Je savais que la position verticale me serait fatale. Je souffrais également de la gorge. « Ma cuite de la veille, songeai-je. Cette fois j’ai dépassé la dose prescrite. » Habituellement, j’encaissais bien les lendemains désenchantés. Pourtant, quelques années auparavant, à la suite d’une période de fortes libations, j’avais essuyé une horrible crise de foie dont le souvenir me donnait encore le frisson. Pendant quatre jours j’étais resté plié en deux, l’abdomen fouaillé de brûlures fulgurantes, avec un teint de cancéreux, des paupières plombées et les nausées les plus féroces de toute mon existence. Martine me soignait bien. Avec juste ce qui convenait d’énergie et de sollicitude. Je gardais encore aux lèvres le goût pisseux de ses bouillons de poireaux.

Maintenant il me fallait supporter stoïquement mon mal. Traverser seul ce douloureux passage. La meilleure thérapeutique c’était mon lit. J’évoquais la vieille chienne malade des Marcé, se gavant de chaleur devant la cheminée. Elle mettait sa vieillesse à rissoler et on devinait, à son immobilité, à ses légers clignements d’yeux, qu’il s’agissait d’une certaine forme de la volupté.

Je dormis encore, content en filigrane d’user le temps à si bon marché. Le ronfleur du téléphone m’arracha aux sortilèges d’un rêve indécis. D’instinct, je refusai cet appel. Quel importun osait troubler ma précaire félicité ? Barnaque ou Marcé, naturellement. On allait me parler avec passion de ce sujet scabreux, si étranger à moi depuis deux jours. Je m’abstins de décrocher. La sonnerie insista. Je mis mon oreiller sur ma tête. À la fin elle cessa. Il suffisait d’un peu de patience pour se préserver des invasions de ce genre. Tout au fond de mon individu, une nausée se préparait. Je fermai les yeux, m’efforçai de l’oublier. Je devais pouvoir la refuser comme, à l’instant, l’appel téléphonique. Question de volonté, d’endurance. Des pensées biscornues me vinrent. Quelle différence y a-t-il entre le foie et le téléphone ?

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