Hervé Bazin - Vipère au poing

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Vipère au poing: краткое содержание, описание и аннотация

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« Vipère au poing », c'est le combat impitoyable livré par Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et ses frères, à leur mère, une femme odieuse, qu'ils ont surnommé Folcoche.
Cri de haine et de révolte, ce roman, largement autobiographique, le premier d'Hervé Bazin, lui apporta la célébrité et le classa d'emblée parmi les écrivains contemporains les plus lus du XX
siècle.

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La Belle Angerie ? Trente-deux pièces, toutes meublées, sans compter la chapelle, sans compter les deux nobles tourelles, où sont dissimulés les cabinets d'aisances, sans compter cette immense serre, stupidement orientée au nord, de telle sorte que les lauriers-roses y crèvent régulièrement chaque hiver, sans compter la fermette annexe du jardinier, les écuries, qui deviendront garage, les communs divers, les cabanes élevées un peu partout dans le parc et toutes dédiées à quelque saint frileusement recroquevillé dans sa niche et servant de relais aux jours de Rogations… J'oublie deux ou trois pigeonniers depuis longtemps abandonnés aux moineaux, trois puits comblés, mais toujours chapeautés d'ardoise taillée, deux ponts solennels jetés sur le filet d'eau qui s'appelle l'Ommée, quelques passerelles et une trentaine de bancs de pierre ou de bois, répandus çà et là dans le parc, afin que s'y répande éventuellement la distinguée fatigue du maître.

Ce confort des fesses est d'ailleurs à La Belle Angerie le seul dont on jouisse. Téléphone, chauffage central, des mythes ! Le simple « E. G. E. » des petites annonces locatives est ici totalement inconnu. L'eau, à cent mètres, se tire d'un puits douteux, aux margelles fleuries d'escargots. Hormis le salon, dont le parquet, posé directement sur le sol, est à remplacer tous les dix ans, toutes les pièces sont pavées de carreaux de terre cuite. Je dis « pavées », car ces carreaux ne sont même pas jointifs. Qui pis est, les cuisines n'ont droit qu'à l'ardoise de Noyant-la-Gravoyère, en plaques, vaguement cimentées de terre battue. Peu de poêles, mais d'immenses cheminées à chenets de fonte. Ajoutez à cela des communications défaillantes par chemins vicinaux encombrés de trognons de choux, un ravitaillement purement local, donc paysan, un climat parfaitement défini par la vieille devise des seigneurs du lieu, les Soledot : « Luis, mon soleil d'eau ! », et vous estimerez comme moi, sans doute, que notre Belle Angerie n'est habitable qu'en été, lorsque les marais de l'Ommée fument au soleil, puis se dessèchent, forment croûte, se craquellent en forme de dalles, où se hasarde le pas léger des gamins en quête d'œufs d'effarvatte.

Ma grand-mère le comprenait ainsi, qui déménageait deux fois par an, à jour fixe, et n'oubliait jamais d'emporter avec elle le piano, la machine à coudre et la batterie de cuisine de cuivre rouge, qui n'existaient point en double. Cependant, nous devions, plus tard, habiter la Maison (grand M) toute l'année et nous en contenter, comme se contentent des leurs, en tous points analogues à la nôtre, les hobereaux de la région.

Ladite région, à l'époque où commence mon récit, c'est-à-dire il y a environ vingt-cinq ans, était du reste beaucoup plus arriérée que maintenant. Probablement la plus arriérée de France. Aux confins des trois provinces du Maine, de la Bretagne et de l'Anjou, ce coin de terre glaise n'a pas de nom défini, pas de grande histoire, sauf peut-être sous la Révolution. Craonnais, Segréen, Bocage angevin, vous pouvez choisir entre ces termes. Trois départements se partagent cette ancienne marche frontière entre pays de grande et de petite gabelle, abrutie durant des siècles par une surveillance et une répression féroces. Chemin de la Faul-saunière, ferme de Rouge-Sel, domaine des Sept-Pendus, les noms sinistres demeurent. Nul pittoresque. Des prés bas, rongés de carex, des chemins creux qui exigent le chariot à roues géantes, d'innombrables haies vives qui font de la campagne un épineux damier, des pommiers à cidre encombrés de gui, quelques landes à genêts et, surtout, mille et une mares, asiles de légendes mouillées, de couleuvres d'eau et d'incessantes grenouilles. Un paradis terrestre pour la bécassine, le lapin et la chouette.

Mais pas pour les hommes. De race chétive, très « Gaulois dégénérés », cagneux, souvent tuberculeux, décimés par le cancer, les indigènes conservent la moustache tombante, la coiffe à ruban bleu, le goût des soupes épaisses comme un mortier, une grande soumission envers la cure et le château, une méfiance de corbeaux, une ténacité de chiendent, quelque faiblesse pour l'eau-de-vie de prunelle et surtout pour le poiré. Presque tous sont métayers, sur la même terre, de père en fils. Serfs dans l'âme, ils envoient à la Chambre une demi-douzaine de vicomtes républicains et, aux écoles chrétiennes, cette autre demi-douzaine d'enfants, qui deviennent, en grandissant, des bicards et des valets qui ne se paient point.

Dans ce cadre, très piqué des vers, ont vécu nos vieilles gloires, aujourd'hui abolies au même titre que les bonnets de nuit. J'appartiens, achevez de l'apprendre, à la célèbre famille Rezeau. Célèbre, évidemment, dans un rayon qui n'est pas celui de la planète, mais qui a dépassé celui du département. Dans tout l'Ouest, notre carte de visite, gravée si possible, reste en évidence sur les plateaux de cuivre. La bourgeoisie nous jalouse. La noblesse nous reçoit et même parfois nous donne une de ses filles, à moins qu'elle n'achète une des nôtres. (A vrai dire, emporté par un reste d'humide fierté, j'ai oublié de mettre cette phrase à l'imparfait.)

La petite histoire ne vous a sans doute pas dit que Claude Rezeau, capitaine vendéen, entra le premier aux Ponts-de-Cé, lors de l'avance éphémère de l'armée catholique et royale. (On chante depuis : « catholique et français ».) Le nom de Ferdinand Rezeau, d'abord secrétaire du prétendant, puis député conservateur de « leur » république, ne doit pas non plus hanter votre mémoire. Mais René Rezeau ? Qui ne connaît René Rezeau, ce petit homme moustachu qui brandit à bout de bras le chapeau de l'arrière-garde bournisienne, ce génie largement répandu dans les distributions de prix des écoles chrétiennes ? Tenez-vous bien et respectez-moi, car c'est mon grand-oncle. Le retour à la terre, le retour de l'Alsace, le retour aux tourelles, le retour à la foi, l'éternel retour ! Non, vous n'avez pas oublié ce programme. C'est lui « la brosse à reluire de la famille », c'est lui le grand homme, né trop tard pour s'engager dans les zouaves pontificaux, mort trop tôt pour connaître les saints triomphes du M. R. P., mais glorieusement à cheval sur tous les grands dadas de l'entre-trois-guerres. C'est lui, commandeur de Saint-Grégoire et signataire d'excellents contrats d'éditions pieuses, qui sut asseoir la renommée des Rezeau jusque dans ce fauteuil de l'Académie française, où il se cala les fesses durant près de trente ans. Et je n'ai point besoin de vous rappeler que sa mort, survenue en 1932, après ce lent martyre de vessie qui lui conféra sa dernière auréole, fut l'occasion d'un grand défilé de bien-pensants consternés, sous une pluie battante de postillons et d'eau bénite.

Ce héros avait un frère, qui fut mon grand-père, et mon grand-père, comme tout le monde, avait une femme répondant au nom évangélique de Marie. Il lui fit onze enfants, dont huit survécurent à leur éducation chrétienne. Il lui fit onze enfants parce que les premiers furent six filles, dont quatre devaient embrasser l'état religieux (elles ont choisi la meilleure part) et qu'il fallait un fils pour perpétuer le nom et les armes bien que celles-ci fussent roturières. Mon père arriva, bon septième, qui reçut le nom de l'apôtre Jacques (celui des deux qui est devenu collaborateur en compromettant sa fête avec la Saint-Philippe). Et mon vénérable grand-père, après cette naissance d'un héritier enfin mâle, ne voulut point mourir avant d'avoir fait encore quatre enfants à Marie, ma grand-mère, et s'être ainsi rendu digne d'offrir à Dieu un futur chanoine, en la- personne de Michel Rezeau, son benjamin, aujourd'hui protonotaire apostolique… Amen .

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