Hervé Bazin - Vipère au poing

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Vipère au poing: краткое содержание, описание и аннотация

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« Vipère au poing », c'est le combat impitoyable livré par Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et ses frères, à leur mère, une femme odieuse, qu'ils ont surnommé Folcoche.
Cri de haine et de révolte, ce roman, largement autobiographique, le premier d'Hervé Bazin, lui apporta la célébrité et le classa d'emblée parmi les écrivains contemporains les plus lus du XX
siècle.

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A vrai dire, nous préférions les séances de pêche au carrelet ou les savantes approches de la bâche sous les ans, tandis que l'oblat tenait le bateau et que nous ribotions furieusement. J'avais déniché de vieilles nasses rouillées dans le grenier, naguère interdit, et, tous les matins au petit jour, avant la messe, je me tirais du lit avec enthousiasme pour aller les relever. Elles étaient rarement vides. J'y voyais se débattre dards et tanches, brochets et gardons, parfois même une couleuvre d'eau égarée. Tout cela puait la vase, mais les paysans, moins délicats que nous (qui pourtant ne l'étions guère sur ce chapitre), les acceptaient volontiers. En échange, on m'offrait quelques pots de rillettes. Mme Rezeau avait oublié de laisser la clef de l'armoire aux confitures.

A propos de Mme Rezeau, je dois vous dire qu'elle n'allait pas mieux. L'ablation de la vésicule biliaire n'avait point suffi. Les chirurgiens se penchaient sur son cas, aggravé par une négligence sans nom envers sa propre santé. Elle avait d'abord refusé toute visite, hormis celle de son mari. Je gage que Folcoche ne tenait pas à paraître devant nous la malade, la vaincue du moment. Enfin, au bout de trois mois, elle changea d'avis et nous réclama. Papa décida de lui donner satisfaction en deux fournées. Je fis partie de la première, avec Frédie.

Les trente-trois kilomètres qui séparent La Belle Angerie d'Angers me parurent courts. Au fond, nous étions inquiets pour nos cheveux, qui avaient insolemment repoussé, et nous n'avions pas tort, car à peine avions-nous franchi la porte de sa chambre que Folcoche s'écria :

— Mais, Jacques, vous avez oublié de les faire tondre. Ces enfants ne sont pas présentables.

Maman , répondis-je aussitôt, papa estime que nous sommes désormais trop grands pour être tondus.

Folcoche ne sourcilla pas. Je m'assis, le dos volontairement bien calé contre la chaise. J'espérais des reproches qui ne vinrent pas. Notre mère venait de comprendre que la position horizontale lui enlevait toute majesté, toute puissance. Se donner le ridicule de déployer ses foudres en cet état, pas si bête ! Un de ses sourires (le mondain) fleurit bientôt autour de ses lèvres décolorées. Quand mon père, reprenant son chapeau et ses gants, lui annonça la visite prochaine de Cropette, elle protesta poliment :

— C'est inutile, mon ami. Je rentrerai bientôt.

Dieu merci ! Elle ne devait pas rentrer avant plusieurs mois. Mais l'alerte fut chaude. Le soir, au dîner, papa se montra maussade, l'oblat absorbé, mes frères soucieux. Frédie renversa la soupière.

— Vous en prenez un peu trop à votre aise depuis quelque temps ! tonna le vieux, qui se vengea sur le beurre (il lui fallait maintenant sa livre par semaine).

Cependant, une fois la prière du soir expédiée, l'insouciance naturelle des enfants reprit le dessus, notre père se dérida et consentit même à faire un pont.

Cette expression, propre au jargon familial, peut se traduire par le verbe pronominal « se promener », avec une nuance de va-et-vient. La grande allée des platanes, en effet, bifurque devant le manoir et descend jusqu'à la rivière, qu'elle traverse sur un pont solennel. Elle perd alors son nom pour devenir l' « allée rouge », qui file vers La Bertonnière , entre deux rangées de hêtres pourpres.

La saison s'avançait. Papa s'enveloppa dans sa vieille peau de bique, pelée aux coudes et au derrière, remonta son col, s'enfonça dans la nuit avec nous. L'oblat suivait, à quelques mètres, égrenant son rosaire. La dissertation commença.

Je ne saurais vous dire sur quel sujet. Faire un pont avec ses enfants et leur faire un cours avaient dans l'esprit de notre père sensiblement le même sens. Il y avait en lui un professeur sans élèves, dont ces occasions de pérorer décongestionnaient la cervelle. M. Rezeau lisait beaucoup, non des romans, mais des ouvrages scientifiques. Son érudition, servie par une prodigieuse mémoire, ouvrait au hasard ce que Frédie appellera plus tard « la discothèque du vieux ». Certains disques revenaient souvent. D'autres, les plus intéressants généralement, ne se sont fait entendre qu'une ou deux fois. Faisait-il beau ? Notre père, excité par les étoiles, se lançait dans la cosmographie. Sirius, qui fut Sothis, Bételgeuse, les rois mages, Proxima du Centaure, que l'on ne voit pas à l'œil nu, mais qui semble être notre voisine immédiate, Vénus et quelques autres clous du ciel me percent depuis lors la sclérotique, avec la même familiarité dont usaient les hiboux pour nous percer le tympan. Allait-on s'asseoir, quelques instants, sous le grand chêne du Puits-Philippe ? Nous apprenions immédiatement que cet arbre n'était pas de la variété Quercus robur , mais bien le Quercus americana , qu'il ne fallait pas confondre avec le Quercus cerrys , à glands hirsutes, dont un exemplaire figurait parmi les tulipiers ( Lyrodendron tulipiferus ) de la futaie. Le pissenlit, l'edelweiss, l'if, le cyprès, je cite en vrac, se nomment encore pour moi Taraxacum dens leottis, Gnaphalium leontopodium, Taxas viridis, Cupressus lamberciana. Une allusion, un nom historique jeté dans la conversation, et nous voilà aiguillés vers le glorieux passé des Rezeau, du Craonnais et de la France (dans l'ordre d'importance). A bas Michelet ! Vive Lenotre, Funck-Brentano et Gaxotte ! Nous sommes tout près de la politique, nous la frôlons, nous ne l'éviterons pas. M. Rezeau se préparait des fils bien-pensants. Un coup de canne bien placé, éteignant un vers luisant, faisant voler un caillou, ponctuait ses arguments. La bête noire, l'opprobre de ce temps, le génie malfaisant de la franc-maçonnerie s'appelait M. Herriot, l'homme qui avait eu le toupet de dire, en plein congrès radical tenu par bravade en la bonne ville blanche d'Angers, que le coffre-fort dans l'Ouest est souvent scellé d'une hostie. Le radicalisme représentait pour mon père l'opinion sérieuse, mais détestable de la boutiquaillerie française. Ne parlons pas des communistes, ni même des socialistes : on ne discute pas le bien-fondé des sentiments politiques que peuvent avoir les voleurs et les assassins. Or, ces gens-là, que sont-ils d'autre ? Le parti de son cœur, M. Rezeau ne le nommait jamais. Depuis sa condamnation par le pape, L'Action française avait disparu de La Belle Angerie . On n'y lisait plus que La Croix , où, parfois, le grand-oncle pondait un leader.

Ce magma de connaissances nous était présenté, il faut le reconnaître, dans une langue très pure, qui avait la vertu des très bonnes sauces : elle faisait passer chaque bouchée, elle nous garantissait de l'indigestion. Un léger excès d'imparfait du subjonctif, une pointe de déclamation sorbonarde me faisaient cependant tiquer. Au surplus, nous n'avions pas le droit d'interrompre le conférencier :

— Tais-toi. Tu me fais perdre le fil de mes idées, criait-il.

Tout au plus pouvions-nous, lorsqu'il reprenait le souffle, risquer une question respectueuse, demander des éclaircissements. A la seule condition qu'il ne s'agit point d'une objection déguisée, M. Rezeau répondait, souvent de biais. Puis, il remontait le gramophone et nous accablait d'aphorismes.

Le bon ton, le bon goût, les bonnes manières, le droit, le droit canon, tous les substantifs précédés de l'adjectif bon ou de l'adverbe bien, tous les jugements rectifiés, tous les imprimatur , tous les nihil obstat de cette encyclopédie du nom qui s'appelle l'Index, toute l'honorable décalcomanie des images d'Épinal trouvaient en lui leur meilleur champion. Cependant, n'en doutez pas, les Rezeau sont à l'avant-garde de la science et du progrès. Les Rezeau sont l'élite de la société contemporaine, le frein, le régulateur, le volant de sécurité de la pensée moderne. La noblesse est une caste vaine qui a trahi sa mission historique et ne présente plus que l'intérêt de relations ou d'alliances flatteuses. « Ces bons à rien… », disait mon père, qui enchaînait je ne sais comment et finissait par dire avec orgueil : « Nous descendons des barons de Saint-Elme et des vicomtes de Cherbaye. »

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