Hervé Bazin - Le matrimoine

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« J'y appelle Matrimoine ce qui dans un ménage relève normalement de la femme, comme ce qui de nos jours tend à passer de part de lion en part de lionne » Le propos du « Matrimoine » n’est pas en effet de savoir comment un couple se fait ou se défait (sujets classiques pour drame ou mélo), mais comment il
. Pour des motifs différents de ceux qui l’ont amené au mariage et qui le font passer insensiblement de la nouveauté à l’habitude, du désir à la satiété, du risque aux charges, du choix au devoir, du hasard à la fatalité. Malgré
où chacun de nous n’est
. Malgré ces mille problèmes d’accord mutuel, d’argent, de lit, d’autorité, d’éducation. Malgré l’enlisement dans le ronron, l’ennui, la bêtise, l’empiétement familial.
Abel Bretaudeau, petit avocat de province et sa femme Mariette, fille des bonnetiers Guimarch, ce sont M. et Mme Tout-le-Monde. Mais la lucidité d’Abel tour à tour aigre, tendre, féroce, passionnée, montre assez que l’auteur — s’il n’est nullement acteur — se tient tout près de son personnage et partage avec lui l’expérience de ses échecs. Si Hervé Bazin est vraiment, comme on l’a dit, un « spécialiste des difficultés de la famille », « Le Matrimoine » complète une œuvre dont les moyens restent par ailleurs ceux qui, de « Vipère au poing » à « Au nom du fils », lui ont valu le plus constant des succès.

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Certes, il y a d’autres moments où je m’échauffe en songeant à ma mère, où je me dis que c’est normal de rembourser, où je juge sévèrement les célibataires. Mais la plupart du temps je les envie. Gilles, dont le pied bot a des revanches à prendre, vient de s’acheter son Alfa-Roméo. Sorti de l’école de notariat, il n’est jamais que premier clerc dans une étude. Mais il a pu bloquer pendant des mois la moitié de son traitement. On le trouve dépensier. Moi, je le trouve chanceux. Je viens de me payer un landau (à nobles grandes roues et caisse laquée, où se détachent les initiales N B, il est vrai). Avec l’accouchement, la layette, les frais de toutes sortes qui viennent de grever mon budget, je sais où est le prodigue ; et j’avoue que ce prodigue connaît des joies bougonnes, dès qu’il pense à leur prix. Mariette sur le sujet n’est pas accommodante. Pas question d’accepter les affaires “à peine portées” que se repassent souvent les cousines, surtout pour le premier âge, si bref. Mariette ne veut que du neuf et du beau :

— Tout pour le petit. Au besoin on grattera sur le reste.

Mais “on”, c’est moi, qui ne fais pas de miracles ; c’est moi qui m’efforce, qui me rabats en ce moment sur des causes sans gloire, qui fais antichambre pour décrocher la succession d’un collègue défunt, somptueusement porté en terre par la compagnie dont il était le défenseur attitré et dont le contentieux, comme l’activité, sera toujours inépuisable : les Pompes Funèbres. C’est presque fait et je respire malgré le surcroît de travail. Je me fiche des brocards qui me traitent déjà de “détrousseur de cadavres” (comme si pour l’officier, pour le juge, ce n’était pas la même chose ; et même pour tous, par les voies de l’héritage). J’ai besoin d’argent. Je veux absolument pouvoir offrir à Mariette la femme de journée que sa mère déclare “maintenant indispensable”. (Je suis d’accord. Mais comment font donc les femmes de journée qui ont elles-mêmes des enfants ?) L’argent, l’argent. Pensez-y toujours, n’en parlez jamais. Ma femme s’ouvre le ventre. J’ouvre mon portefeuille. C’est dans l’ordre et l’ironie n’est qu’apparente. Le géniteur est bref ; le nourricier sera long. Je la déteste, cette hésitation à m’ôter sinon le pain, du moins le beurre de la bouche, ce regret d’avoir à rogner sur mes plaisirs, mon calme et mes sûretés. Je les déteste, mes réflexes de comptable ; mais je les ai. Étaient-ils si nécessaires, ces meubles de chêne clair et moelle de rotin, achetés tout de suite “pour que Nicolas ait vraiment sa chambre”, ce somptueux plateau-service-toilette, cette mallette garnie pour les déplacements, ce thermomètre-canard, ces jouets qui seront tout rongés quand on sera d’âge à vraiment s’en servir et ces gadgets auxquels Mariette ne résiste pas, comme le fixe-couvertures à coulisse, la tasse en biseau, l’anneau de dentition… ? Le payeur halète. Le payeur se souvient de son célibat, qu’il ne croyait pas si doré. Le payeur regarde par la fenêtre. Il voit Mariette qui sort, poussant le fameux landau, où son fils est niché sous la capote voilée d’une gaze. Il s’émeut, il s’en veut de s’émouvoir. Mariette trotte, met le frein pour lécher une vitrine, repart et au bout de la rue, manœuvrant pour passer le trottoir, lève un bras impérieux, stoppe les voitures qui ont été créées et mises au monde pour laisser la priorité aux mères et aux avenirs. Elle traverse et je ne la vois plus. Un instant, je songe à l’immonde chauffard qui pourrait ne pas s’arrêter, qui pourrait estimer qu’une six-cylindres a le pas sur un landau. Mon gamin !

Et puis soudain la mâle rage me prend. Elle est là, sur mon bureau, la police. Ça y est. Ils y sont arrivés. Ils m’ont eu. Ce type de la Séquanaise, c’est la rue des Lices qui, sans aucun doute, lui a, sous le sceau du secret, donné mon adresse ; c’est elle qui l’a envoyé me faire ce baratin, au terme duquel je me suis vu gisant, noué dans la mentonnière, entouré de bien-aimés survivants affamés par mon imprévoyance. Jadis, le grand devoir, c’était de gagner le ciel : cette assurance-mort. Aujourd’hui c’est de gagner sur terre son assurance-vie. C’est un mois d’honoraires, bon poids, et pour vingt-cinq ans, qu’il me faut inventer. Les femmes sont percées mais c’est d’autre manière que, par esprit de justice, les hommes se trouvent saignés à blanc.

8

Nul n’y peut rien : un petit hominien, par définition, ça parle.

Dans le cri, déjà, s’est entraînée la glotte. Peu à peu de derrière la luette naît la voyelle fondamentale : l’A (Indiscutable : l’A est bien la première lettre de l’alphabet ; le verbe avoir déjà bat le verbe être). Puis la mère, chatouillant le ventriloque, qui rit, qui bat des bras, lui soutire de vagues syllabes :

— A-reu, a-reu…

Mariette n’y a pas manqué. Ah, ces séances de gratte-gésier ! Impatiente de s’entendre nommer, oubliant qu’il y a temps pour tout, l’a-t-elle assez seriné, son marmot !

— C’est sa ma-man, ça, c’est sa ma-man…

Deux mois de plus et elle l’a eu enfin son Mamm-mamm, plus tardivement suivi du Papp-papp qui m’est dû. À ce stade le lexique s’enrichit chaque jour. Mais hélas ! le cuculien, la langue de lait, fait des ravages. On connaît l’idiome, dont certains mots (bébé, pipi, bonbon…) sont passés en français majeur. Élevé par une mère intraitable sur le chapitre (c’est un des détails qui permettent de classer les familles), je pensais pouvoir m’en défendre. Mariette est bachelière. Mais la langue de lait est une sécrétion du cœur, qui va de pair avec celle du sein. J’ai vainement protesté :

— Tu ne peux pas lui parler comme à tout le monde ?

Mariette répond, chaque fois :

— Tu ne peux pas te mettre à sa portée ?

Résultat : si Nicolas s’égratigne, Mariette dit, en cuculien :

— L’a bobo à sa mimine, mon coco ?

Et moi :

— Tu as mal à la main ?

Aucun rapport entre les deux dialectes. Bien sûr, c’est moi qui ne suis pas compris. Je suis dix fois moins présent ; et tous les Guimarch renchérissent. À l’usage des moins de cinq ans ils ne connaissent que bibi, caca, coucou, dada, didi, dodo, fanfan, joujou, lolo, meumeu, mimi, nounours, panpan, popo, quéquette, tata, tonton, toto, teufteuf, toutou, gentil, zoizeau… J’enrage. Avant d’apprendre à parler, mon fils apprend à bégayer, à zozoter. Ainsi le veulent ces archidouces, rêvant inconsciemment d’un royaume de Layette où l’enfant jamais ne parlerait la langue des hommes.

9

Naguère, telle cause gagnée, tel événement politique m’auraient servi de jalons ; comme pour Mariette le mariage d’une amie, une réunion de famille, un film. Mais il n’y a plus qu’un saint au calendrier. Si je demande :

— Chérie, tu te souviens de l’affaire Calette ? Tu pourrais m’en rappeler la date ?

Mariette réfléchit à peine et répond :

— Cette histoire de détournement d’héritage ?… Oui, attends, tu l’as plaidée huit jours avant la paracentèse. Donc, fin avril.

Elle aurait pu dire : huit jours après l’élection partielle. L’otite de Nicolas n’a pas été grave, et une paracentèse, après tout, malgré son nom, n’est qu’un petit coup de lancette dans le tympan. Mais, brûlés par leurs fièvres, ce ne sont jamais les enfants qui ont le plus chaud.

Il y a pourtant beau temps que le gémissant à souffle court, aux cheveux collés de sueur sur la fontanelle, est redevenu le baigneur à bourrelets dont la paupière fait tomber un râteau de cils quand le marchand de sable est passé.

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