Hervé Bazin - L'huile sur le feu

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L'huile sur le feu: краткое содержание, описание и аннотация

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On ne dort plus guère à Saint-Leup du Craonnais : les femmes y brûlent avec une régularité qui exclut le hasard. Et le soupçon, plus encore que la menace, empoisonne le village.
L'incendiaire ? On le découvre au cours de péripéties hallucinantes où chaque personnage se révèle dans sa vérité : Monsieur Heaume, une manière de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement.
Le cauchemar de Saint-Leup est raconté par Céline, la fille unique d'Eva et de Bertrand. A la lueur des incendies, c'est toute l'existence d'un village qui nous apparaît, dans sa profondeur, avec ses passions et ses rancunes.

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— Je pense que Papa est seul à la maison.

— C’est donc ça ! fait M. Heaume qui stoppe et, soudain très parrain, m’enveloppe d’un bras qui fait aisément le tour de mon corps. Tu as peur pour ta mère ? Rien qu’à voir son pansement tout à l’heure, je me disais : « Ça va mal, chez les Colu. » D’ailleurs, tout le monde le sait. Entre nous, elle va vraiment au-devant des coups, ta mère…

Mieux vaut qu’il le prenne ainsi : la légende sauve cette réplique qui m’avait échappé. S’il s’était douté de son sens exact, s’il avait poussé à fond, je ne sais pas trop combien de temps mon secret aurait tenu contre lui : je n’en peux plus d’être seule, je suis à bout de forces, de courage et d’idées. M. Heaume, qui, lui, conserve ses traditions, m’enlève soudain, m’installe au creux des coudes. Sa bouche — qui sent le marc, bien entendu — se promène dans mon cou.

— Ce que tu as maigri ! Si, si… Je connais ton poids. Tu sèches d’angoisse, chez toi. Comme dit Besson : « C’est pourtant le meilleur des hommes, Bertrand. Faut-il qu’elle le pousse à bout ! » Dis… Tu ne le crois tout de même pas capable de faire un mauvais parti à ta mère ?

— Vous ne comprenez donc pas que c’est à lui qu’il a envie de faire un mauvais parti… et que je suis inquiète, parce que justement, ce soir, son moral est au plus bas.

— Va ! dit M. Heaume en me posant à terre.

Mais, réflexion faite, il m’emboîte le pas. Nous n’irons d’ailleurs pas plus loin que la place. Là-haut, dans la mansarde des vigiles, l’ampoule me fait signe. Ainsi ça n’a pas traîné : Papa est sorti sur mes talons.

— Doucement, ma carne !

Je grimpe si vite qu’arrivée au palier j’aurai un étage d’avance sur M. Heaume. Surprise : la pièce est vide. Sauf le lit et la table qui appartiennent à la mairie, tout a été enlevé : papiers, couvertures, lampe à alcool, encrier, réveil, qui provenaient de chez nous. M. Heaume arrive en grognant :

— J’aime la marche, je n’aime pas les marches.

— Si vous cherchez Bertrand, vous le trouverez chez lui, crie Ruaux à travers la cloison. Finis, les vigiles. Il a remporté son matériel.

— Bertrand déclare forfait ! Et il s’en va en oubliant d’éteindre ! On aura tout vu, dit M. Heaume.

Redescendons. L’escalier sent le chêne humide et le papier moisi. Dehors, il recommence à pleuvoir par nappes qui tombent de biais et tissent un halo lumineux autour des lampadaires.

*

Ma mère est sortie ou couchée : en tout cas, il n’y a pas de lumière dans la salle. Au contraire, il y en a sous la porte de mon père : je la pousse et le trouve dans son lit, morne, se curant machinalement un ongle avec un ongle de l’autre main.

— Déjà toi !

— Déjà nous, fait M. Heaume qui s’avance sans discrétion derrière moi et siffle de saisissement devant le crâne nu qu’il n’a jamais vu.

— Excusez, dit Papa. Les coiffeurs affirment que le flambage conserve les cheveux. Mais il ne faut rien exagérer. J’ai voulu que ce soit fait au lance-flammes et voilà le résultat.

L’ironie ne parvient pas à masquer le son lugubre de sa voix et M. Heaume ne paraît pas du tout disposé à la goûter.

— Il y a un autre résultat dont je voulais vous parler, dit-il en me poussant vers le lit. Regardez-la. Ça devrait être frais comme une rose, gras comme une loche, gai comme un pinson, et ça donne ce mélancolique petit tas d’os. Je ne sais pas ce qui se passe ici, mais, en tout cas, c’est la gosse qui paie.

— Je sais, répond Papa. Je vais y mettre bon ordre.

Le ton, cette fois, est ferme, presque cassant. Mais les yeux sont noyés, le menton flasque ; la tête oscille, montrant sous tous ses aspects ce globe de peau grumeleuse et couturée qui ressemble à une carte de lune. Un petit doigt fouille dans le trou de l’oreille qui n’existe plus : on dirait qu’il s’enfonce dans le crâne, qu’il va toucher la cervelle.

— Je vous laisse dormir. Bonsoir ! fait M. Heaume.

Il me regarde, étonné : Papa s’est couché sur le côté, face au fur, sans répondre.

— Si je l’ai vexé, tant pis ! me souffle-t-il dans le couloir.

*

« Vexé » n’est pas le mot. Rien, je crois, ne pourrait plus vexer cet homme qui se hait. Mais, avec les meilleures intentions du monde, M. Heaume vient de l’enfoncer un peu plus dans le désespoir. La porte fermée, je le retrouve dans la même position. Il m’appelle sans se retourner :

— Céline !

Une main sur son front, une main sur sa nuque. Il ne bouge pas, il murmure :

— Heaume a raison : c’est toi qui paies. Quelle jeunesse nous t’aurons fait vivre !

Et plus bas, très bas :

— Je te demande pardon, Céline.

Une seule ressource ! Lutter contre mes yeux qui fondent, contre l’envie d’être grave et dire, malgré moi, sur le ton léger :

— Ça, pour me secouer, vous m’avez un peu secouée ! Mais j’ai de bons nerfs et puis…

Non, je n’éviterai pas le pincement au cœur, la goutte qui glisse le long du nez.

— … et puis on est des gens qui s’aiment.

Alors, brusquement, il se retourne et, pour la première fois, pour la dernière fois, je vois ses paupières rouges, toujours plus ou moins pleines d’eau, gonflées par de véritables larmes qui luisent, qui tombent de biais — comme la pluie tout à l’heure.

— Tu m’aimes, ma petite abeille. Je t’ai pourtant tout dit, tu sais ce que je suis. Que puis-je faire de plus ? Comment te délivrer, te donner horreur de moi ? Si tu me haïssais comme ta mère, ce serait tellement plus facile. Tu m’aimes ! Écoute, Céline…

Il ferme les yeux, sa voix devient rapide et rauque :

— La vieille Amélie, je l’ai vue dans sa mansarde. Dans la confusion, tout le monde la croyait à l’abri, on ne se préoccupait pas d’elle. Mais, moi, du haut de l’échelle, je l’ai vue, je l’ai bien vue : elle était debout près de son lit, environnée de flammes, paralysée de terreur, la bouche ouverte et pourtant vide de cris. Et tu entends, Céline, je n’ai pas fait un geste, pas un. Ou plutôt si ! Quand sa chemise de nuit a pris feu, elle a fait un effort, elle s’est traînée, déjà toute nue, toute noire, flambée comme un poulet, vers la fenêtre entr’ouverte. Alors j’ai braqué ma lance dans sa direction et je lui ai envoyé le jet de plein fouet dans la poitrine… De plein fouet, juste entre ses deux pendouilles, et je l’ai expédiée, les quatre fers en l’air, au fond de la mansarde. Je jubilais, je me disais : « Tu as de la chance, la vieille ! Ce n’est que de l’eau. » Si je disposais d’un lance-flammes, j’aurais pu faire une bien plus jolie démonstration. Il ne faut pas croire qu’on souffre. Après, oui. Sur le coup, on n’a pas le temps. Quand j’ai été touché, en 1940, je n’ai même pas vu venir la giclée, j’ai perdu conscience en grognant : « Quel est l’imbécile qui m’a jeté une cigarette dans les cheveux… » Je jubilais, Céline ! Et juste à ce moment voilà qu’on me crie : « Tu ne vois pas la grand-mère ? Elle n’est pas en bas ! » J’ai dit non et, de fait, je ne la voyais plus : le lattis du faux grenier venait de s’écrouler dans la pièce, il n’y avait rien d’autre que des tourbillons de feu et de fumée. Rien que la sacrée valse du petit père rouge avec la petite mère noire ! Elle rôtissait, elle charbonnait déjà, la vieille… Après tout, finir comme Jeanne d’Arc, c’est une belle mort. Je n’aurai pas cette chance-là ; je roterai ma langue au bout d’une corde ou je descendrai, tout ballonné, au fil de l’eau…

Il s’arrête, haletant, hagard, puis s’aperçoit que j’ai reculé. Son expression change, redevient ce qu’elle était il y a cinq minutes : celle de la désolation. Il se frappe le front.

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