Hervé Bazin - L'huile sur le feu

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L'huile sur le feu: краткое содержание, описание и аннотация

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On ne dort plus guère à Saint-Leup du Craonnais : les femmes y brûlent avec une régularité qui exclut le hasard. Et le soupçon, plus encore que la menace, empoisonne le village.
L'incendiaire ? On le découvre au cours de péripéties hallucinantes où chaque personnage se révèle dans sa vérité : Monsieur Heaume, une manière de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement.
Le cauchemar de Saint-Leup est raconté par Céline, la fille unique d'Eva et de Bertrand. A la lueur des incendies, c'est toute l'existence d'un village qui nous apparaît, dans sa profondeur, avec ses passions et ses rancunes.

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— Tu ne prends rien, Bertrand ? fit la Binet.

Mon père secoua son crâne de drap.

— S’il y avait moins d’ivrognes, grogna-t-il sans se retourner, il y aurait moins d’incendies.

— N’exagérons rien ! fit Ambroise Caré, l’adjoint, qui tenait La Couleuvre, l’un des trois cafés du bourg, et passait pour son meilleur client.

Conciliant, il s’efforça de sourire et sortit de sa poche un paquet de gitanes. Papa le devança.

— Tu sais bien, Ambroise, que je ne fume jamais. S’il y avait moins de fumeurs…

— N’exagérons rien ! répéta l’adjoint.

Dédaigné par mon père, le paquet de gitanes circula. Caré, qui faisait piètre mine, prit la dernière, se la planta en pleine moue. Puis, à grands coups de pouce rageurs, il s’acharna sur son briquet en murmurant du coin de la bouche :

— Il faut avouer qu’on brûle beaucoup, ces temps-ci. Mais les ivrognes et les fumeurs ont bon dos. Moi, je commence à croire à la malveillance. À propos, j’ai téléphoné au château tout à l’heure. C’est le maître d’hôtel qui a décroché pour me dire que M. de la Haye devait être couché et qu’on ne pouvait pas sérieusement aller le réveiller pour un feu de grange.

— Couché, couché… Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? protesta le docteur Clobe. Il fait sa petite balade nocturne, oui ! Il est passé en coup de vent tout à l’heure, il a jeté un coup d’œil sur l’incendie, de loin, et il est reparti en me disant : « C’est tout de même plus beau qu’un feu de la Saint-Jean ! »

Je sursautai. C’était bien là une de ses remarques saugrenues qui lui faisait tant de tort ! Détestable parrain ! Il n’en ratait pas une. Ralingue, Ruaux, Binet se regardaient d’un air entendu et Caré, qui passait pour son homme lige, s’empressait d’enchaîner :

— J’ai aussi téléphoné à la brigade, et un sous-ordre m’a répondu qu’il allait transmettre, qu’on enverrait deux gendarmes sur les lieux, demain matin…

— Feignants ! jeta mon père.

— Il faut reconnaître, reprit Caré avec effort, que, toi, tu ne l’es pas. Comme ours, on ne fait pas mieux, mais, pour aider ton prochain chaque fois qu’il y a un coup dur, tu te poses un peu là. Je sais bien que tu as un petit compte à régler avec le feu…

— Un petit, en effet ! fit Papa d’une voix creuse.

Il se retourna tout d’une pièce, porta la main à son crâne, eut ce geste provocant qui lui était familier et que chacun redoutait. Je criai vainement :

— Non, laisse ça !

Rien à faire. Papa arrachait son passe-montagne, montrant à tous son crâne horrible, rouge et lisse par endroits comme un cul de singe, parsemé ailleurs de cicatrices blanchâtres, de plaques grumeleuses, de boursouflures violacées. Qu’il fût affreux, ce crâne, cela ne me gênait pas. Non, vraiment, s’il gênait Maman, s’il gênait tout le monde, il ne me gênait pas, moi. Mais pourquoi Papa prenait-il plaisir à le montrer avec, dans les yeux, une petite lueur provocante ? Ne savait-il donc pas que moi, sa fille, moi seule, j’avais le moyen, donc le droit de le regarder sans le voir et même, aux grands jours noirs, d’y faire déborder mes lèvres glissant doucement de la joue vers l’oreille… Vers l’oreille ! Ils les regardaient tous, sans respect, ses oreilles, réduites à deux trous, à deux cratères aux bords déchiquetés. Ils la regardaient, avec une curiosité dégoûtée, cette calvitie de cauchemar qui allait buter sur la barre des sourcils, en partie épargnés par le coup de lance-flammes reçu en 1940 et à l’abri desquels avaient par miracle survécu deux prunelles d’un bleu délicat, d’un bleu exquis, noyées dans un larmoiement trouble comme des boules de lessive dans de l’eau sale. « Si c’est possible d’être arrangé comme ça ! » déclamaient les pleureuses. L’adjoint — et je lui en sus gré — détourna les yeux.

— Ça ne fait rien, dit-il. C’est bien ce que tu fais. M. de la Haye me disait l’autre jour qu’il allait te proposer pour la médaille.

— Il ferait mieux d’être là !

Papa s’était mis debout, d’une secousse. Il se rapprocha, considéra Caré, qui venait d’allumer sa cigarette et demeurait songeur, le briquet encore enflammé au bout des doigts.

— Il ferait mieux d’être là, répéta-t-il. Il est maire ou il n’est pas maire ! Et c’est une de ses fermes qui brûle ! En tout cas, dis-lui que je n’ai pas besoin de sa quincaillerie. Dis-lui que c’est une vraie manie chez moi : tout ce qui flambe il faut que je l’éteigne.

Son souffle partit, raide comme une balle, coucha la petite flamme jaune du briquet, l’emporta, l’anéantit. Puis il éclata de rire. D’un beau rire clair, inattendu, un rire d’enfant, découvrant tout son râtelier et qui dura bien une demi-minute pour s’arrêter net, tandis qu’un pli profond se creusait dans le front ravagé.

— J’y pense ! Est-ce que vous n’aviez pas des abeilles ? Je vous ai cédé un essaim, une fois.

Quelques sourires voltigèrent : la tendresse de Papa pour les mouches à miel était connue. De mauvaises langues prétendaient même que, chez Daruelle, il avait sauvé les ruchers avant d’essayer de sauver les chevaux.

— Ne t’inquiète pas, dit Binet, on n’a que deux ruches et elles sont au fond du jardin.

— Ah ! bon, fit Papa, qui parut soulagé et continua d’un autre ton : Amand, il faut prendre nos dispositions. On veille ou on ne veille pas ?

— À quoi bon, il n’y a plus rien à brûler, répondit l’épicier, dont les paupières papillotaient.

— Dans la grange, non. Ailleurs, c’est une autre histoire. Je préfère rester, je m’installerai dans l’écurie. Auparavant, comme il n’y a plus d’eau dans la mare, je vais au magasin chercher une rallonge de tuyaux pour atteindre au besoin le puits du château. Je prendrai aussi un extincteur. Reste là dix minutes et attends-moi. Tu iras te coucher ensuite.

Ralingue fronça les sourcils, réprima un bâillement, mais n’osa refuser.

— Va, maugréa-t-il, va !

J’avais fait un pas en avant. J’en fis un autre en arrière. Papa semblait m’avoir oubliée. Il était déjà dehors, et son pas, solide et sonore, se répercutait dans la nuit.

— Ma foi, je m’en vais aussi, dit l’adjoint. Personne n’a plus besoin de moi, je pense. Bonsoir.

— Et vous, les femmes, allez donc vous coucher, décida le fermier. Je veillerai avec Bertrand, dans l’écurie. Qu’est-ce que tu fais, Céline ?

— J’attends Papa. Maman est chez les Gaudian : je rentrerai avec elle.

*

Dans la salle vide, Binet, Ralingue et moi, nous étions restés seuls. Les hommes s’étaient installés face à face de chaque côté du litre de marc. Un quart d’heure s’écoula. Deux petits verres aussi. Je suçais un canard en me disant : « À quelle heure va rentrer Maman ? » Binet grommelait d’interminables commentaires :

— J’aurais dû me lever plus tôt. Mais la noce Gaudian faisait trop de bruit. Figure-toi qu’au début je me suis demandé si ce n’était pas chez eux qu’il y avait du vilain…

— Beaucoup de gens l’ont cru aussi, dit Ralingue. Quand certains gars s’écartent du côté du foin, avec certaines cavalières, ils ont toujours un mégot à jeter et ils sont trop pressés pour regarder où ça tombe… Excuse, Céline, j’oubliais que tu étais là.

Simple politesse. La manche longue, le corsage boutonné jusqu’au cou, les filles du bocage ont l’habitude de tout entendre. « Taure à taureau, lapin-lapine, et puis après ! J’ai mon écharpe » sont ici l’équivalent du « connaissance n’est pas vice ». Certain gars, certaine cavalière. Pas Céline Colu, en tout cas. Caré continuait, en se tournant, en se retournant sur sa chaise :

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