Hervé Bazin - L'huile sur le feu

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L'huile sur le feu: краткое содержание, описание и аннотация

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On ne dort plus guère à Saint-Leup du Craonnais : les femmes y brûlent avec une régularité qui exclut le hasard. Et le soupçon, plus encore que la menace, empoisonne le village.
L'incendiaire ? On le découvre au cours de péripéties hallucinantes où chaque personnage se révèle dans sa vérité : Monsieur Heaume, une manière de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement.
Le cauchemar de Saint-Leup est raconté par Céline, la fille unique d'Eva et de Bertrand. A la lueur des incendies, c'est toute l'existence d'un village qui nous apparaît, dans sa profondeur, avec ses passions et ses rancunes.

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Aucune chance, au contraire, qu’on se souvînt de ce brûlot. « Cent mille francs de dégâts, tout au plus ! Ce n’était pas la peine de sortir des toiles tout ce populo ! » répétait Ruaux, passant de groupe en groupe et du reste parfaitement inconséquent avec lui-même, car il faisait aussitôt tourner son clairon, comme à la parade, et ne résistait pas au plaisir d’y glisser deux ou trois coups de langue supplémentaires. Il est vrai qu’il lançait aussi de temps en temps cette autre remarque, qui courait sur toutes les bouches et maintenait sur place tous ces gens, avides de détails et surtout d’apaisements :

— Ça fait quand même le troisième en deux mois. On n’a jamais vu ça. C’est trop.

*

Du premier coup d’œil, j’avais aperçu mon père et, tout à fait rassurée — sauf sur ses réactions devant ma présence, — j’observais la scène, juchée sur un de ces grands rouleaux de pierre qui ne servent plus depuis longtemps, mais qu’on trouve souvent aux abords des fermes craonnaises. Le feu avait dévoré le contenu de la grange, soufflé la plupart des tuiles, détruit le lattis, calciné les chevrons. Très violent sans doute au départ, comme tous les feux de grange, il cédait maintenant, faute d’aliment, ne parvenait plus à illuminer les alentours, n’expédiait guère que des paquets d’étincelles. Deux voisins avaient prêté leurs B-14, et la blancheur crue des phares faisait ressembler la scène à un montage cinématographique sous les sunlights. La vapeur prenait le pas sur la fumée, dispersant une odeur d’orge torréfiée, de braise lavée. Surveillée par un gros rouquin — Lucien Troche, le mécanicien, — la petite motopompe communale ronronnait sagement, avec un calme de machine à battre, et Papa se contentait de protéger la ferme, de noyer les cendres. Toute l’eau de la mare y passait, aspirée avec sa canetille. Enfin, je vis s’avancer Amand Ralingue, l’épicier, capitaine des pompiers, qui avait trouvé moyen de revêtir son uniforme — sans oublier la médaille — et commandait les manœuvres, digne, important, rutilant, bien décidé à ne pas se casser un ongle. Il leva le bras.

— Ça va, Bertrand, dit-il. On l’a eu. Tu peux descendre… Vous, les autres, vous pouvez remballer !… T’entends, Troche ? Vous pouvez remballer.

L’interpellé ne répondit pas, ne bougea pas de son poste. Ni lui, ni personne. Un ordre de Ralingue n’était jamais qu’une proposition et restait sans valeur, si Papa, son second, ne le confirmait pas. Or Papa, beaucoup plus exigeant que Ralingue, n’y semblait pas disposé. Sommairement habillé d’un bleu de chauffe et encore plus sommairement casqué, malgré les règlements, de ce fameux passe-montagne de drap noir qui lui valait son surnom, il demeurait assis à califourchon sur le pignon commun de la grange et de l’étable, là où sa hache avait coupé la poutre pour faire la part du feu et l’empêcher de se propager par les combles. Un buisson de poil roussi jaillissait de sa veste entr’ouverte, et il tenait contre son ventre, avec une énorme inélégance de manneken-pis, la lance municipale emmanchée au bout d’un long tuyau, fort peu étanche, qui gargouillait, qui crachouillait par maigres rafales un reste d’eau sale. Soudain l’eau manqua tout à fait : la lance se mit à roter de l’air, impuissante et ridicule.

— Je te dis que tu peux descendre, répéta Ralingue. C’est fini. D’ailleurs, il n’y a plus de flotte…

— Et la crépine doit être bouchée, ajouta un civil magnifiquement barbu.

Papa lui jeta un coup d’œil, reconnut le docteur Clobe et se permit de hausser les épaules. Pourtant, après avoir inspecté les ruines pendant quelques instants, il émit un grognement et, réclamant l’échelle d’un geste bref, se laissa glisser. Les dernières fumerolles venaient de disparaître. La grange n’offrait plus que le spectacle classique de poutres rongées, de ferraille tordue, de sacs à demi consumés, de pommes de terre à moitié cuites, marinant dans une bouillie charbonneuse. Ruaux, enfin, s’était tu. Les propriétaires de guimbardes, craignant pour leurs accus, éteignirent leurs phares. La nuit redevint parfaite, épaisse comme un rideau, à peine trouée par quelques étoiles anémiques, quelques points rouges de gauloises et par la vieille lampe tempête de Binet qui courait d’un coin à l’autre, soucieux d’empêcher certains sauveteurs d’empoigner sa volaille. Augustine, la fille, calmait les vaches, hâtivement poussées dans le verger aux premières minutes du sinistre. Légère et silencieuse, me glissant derrière une muraille de dos, je suivis pompiers, voisins et badauds qui refluaient vers la grande salle où la fermière, bougonne, mais sacrifiant aux usages, remplissait mécaniquement des files de petites verres en reniflant ses lamentations :

— Toutes mes patates perdues ! Toutes ! Et notre luzerne qu’on venait de couper… Qu’est-ce qu’on donnera aux bêtes, je vous demande un peu ? Et les outils ! Et le coupe-racines qu’on a oublié dans l’appentis !

Éreintés, bouffis de sommeil, prudents au surplus — car les consolations raniment les jérémiades, — les pompiers hochaient la tête, mais ne pipaient mot. Le verre de marc dans le creux de la main, ils en reniflaient le bouquet, longuement, à fleur de nez, murmuraient avec déférence : « Hé ! C’est de la quarante-huit ! » et leurs casques se renversaient en arrière, d’un seul coup, dispersant des éclairs d’or. Ce rite accompli, la plupart lançaient le non moins traditionnel : « Eh bien ! bonsoir, messieurs-dames ! » et s’en allaient sur la pointe des pieds, visiblement peu tentés par la perspective de passer une nuit blanche en se laissant désigner pour l’équipe de sécurité chargée de surveiller les cendres et de prévenir un retour offensif du feu. Les voisins, fuyant aussi d’éventuelles corvées, leur emboîtèrent le pas. En peu de temps, il ne resta plus dans la pièce que des notables, le capitaine, l’adjoint, le médecin, à qui leurs responsabilités interdisaient de battre trop rapidement en retraite, et un brelan de vieux chignons toujours ravis de s’associer à un chœur de pleureuses. Il me devenait impossible de passer inaperçue.

— Qu’est-ce que tu fous là, petite chouette ? Tu trouves que ça vaut le cinéma ! me dit le docteur Clobe, toute barbe déployée.

La tête de Papa, campé devant la cuisinière à l’autre bout de la salle, pivota de mon côté, se secoua de droite à gauche pour exprimer de muettes protestations. Mais je m’embrassais la paume, expédiant par-dessus la table une dizaine de baisers, et cet argument contre lequel Papa ne savait guère résister lui ferma la bouche, lui tira un sourire, d’abord noir, puis un peu moins noir, puis complice. Partie gagnée. Je me glissai derrière le docteur Clobe. Autour de la lampe à pétrole qui remplaçait l’électricité, coupée par prudence, les lamentations redoublaient. « Avec ça qu’on a fait une fichue récolte ! » gémissait la fermière. « Ma petite fille qui se mariait aujourd’hui ! Noce de feu, noce de peu ! » chevrotait la grand-mère Gaudian, encore revêtue de ses plus beaux atours. Enfin, agacé, s’autorisant d’un lointain cousinage, Ralingue crut bon d’intervenir :

— Crie pas trop, Valérie, dit-il. Vous dormiez tous comme des loirs. Vous avez eu de la chance d’y perdre si peu. Sans Bertrand, la baraque y passait. Personne d’autre n’aurait grimpé sur le pignon pour faire la part…

— Surtout pas toi ! fit Papa.

C’était la première phrase qu’il daignait prononcer. Tous les regards se braquèrent vers lui. Mais il n’ajouta rien. Le dos tourné, il se balançait, à cheval sur sa chaise, devant la cuisinière où brasillaient encore quelques tisons qu’il regardait avec hostilité.

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