Hervé Bazin - L'huile sur le feu

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L'huile sur le feu: краткое содержание, описание и аннотация

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On ne dort plus guère à Saint-Leup du Craonnais : les femmes y brûlent avec une régularité qui exclut le hasard. Et le soupçon, plus encore que la menace, empoisonne le village.
L'incendiaire ? On le découvre au cours de péripéties hallucinantes où chaque personnage se révèle dans sa vérité : Monsieur Heaume, une manière de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement.
Le cauchemar de Saint-Leup est raconté par Céline, la fille unique d'Eva et de Bertrand. A la lueur des incendies, c'est toute l'existence d'un village qui nous apparaît, dans sa profondeur, avec ses passions et ses rancunes.

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*

Il est parti. Farce stupide ou médiocre vengeance, il est parti, abandonnant deux cents carpes qui bâillent leurs dernières bulles, qui d’ici demain auront tout le temps de crever, de devenir des choses molles, puantes, aux ouïes violettes et aux yeux blancs. Petit malheur accessoire ! Que lui importe ? Il est parti. La pluie se fatigue, se résout en crachin, en bruine. La nuit aussi semble se fatiguer : une lueur ocre — qui ne peut pas être l’aurore, mais qui la simule bien — vient de jaillir à l’ouest, du côté de Saint-Leup. Elle s’élargit, elle s’éclaircit rapidement et, trahie par cette toile de fond, l’ombre en marche (ou en fuite) vers le village prend une forme précise, devient une silhouette. Et quelle silhouette ! La tête apparaît d’abord, coiffée — mais oui — coiffée du melon à petits bords que portent les paysans aisés dans les noces ou les enterrements. Puis voici deux épaules, où s’emmanchent deux bras, relevés comme ceux du curé quand il chante orémus, mais terminés par deux poings crispés. Enfin voilà le corps, qui ne ressemble à rien, que dissimule une espèce de robe, de blouse ou de ciré, largement flottant… Toujours plus vive, la lueur tourne à l’orange, son centre devient éblouissant et, soudain, fuse, monte en torche, livre au vent de longs effilés rougeoyants… Le feu ! Plus de doute. C’est le feu. La silhouette balance et frémit. Mais l’homme se redresse aussitôt, se carre sur ce plan de ciel embrasé, dans une espèce de gigue… on dirait qu’il brûle lui-même avec joie ou, mieux, que la flamme se dégage de lui, qu’il la souffle, poitrine pressée à pleins bras, composant une sorte de réplique à l’affiche de l’ouate thermogène.

Illusion, bien entendu. L’homme — si c’est un homme — ne danse pas. Il court. Il fonce au pas gymnastique, une, deux, à travers champs, une deux, à travers prés. Il fonce, il redescend, il disparaît définitivement dans la nuit, tandis que se rapprochent et se précisent ce grand affolement de cuivre, ces couacs d’un clairon qui, là-bas, sonne à l’incendie.

II

Le clairon qui, à Saint-Leup, depuis l’occupation et la fonte des cloches remplaçait le tocsin, le clairon sonnait, sonnait depuis près d’une heure. Papa s’était sans doute levé dès les premières notes, car je ne l’avais même pas entendu partir. Sommeil jeune, sommeil lourd. Mais je finis par céder au tintamarre de Ruaux, l’afficheur et crieur d’annonces, qui remontait la rue des Angevines, soufflant ses trois notes aiguës dans la moindre venelle, sous tous les porches, décollant au besoin ses lèvres de l’embouchure pour lancer des commentaires, voire des invectives, à travers les persiennes closes. J’ouvris les yeux, j’étendis machinalement la main. Personne à ma gauche, bien entendu : Maman n’était pas là, Maman devait, à cette heure, faire jaillir les « oh ! » et les clappements de langue en pénétrant solennellement dans la grange tendue de draps fleuris porteuse de la pièce montée, ce chef-d’œuvre qui lui avait coûté deux jours de travail et qu’attendaient tous les invités de la noce Gaudian (surtout les jeunes, car c’est à la faveur du mouvement causé par cette entrée qu’on va, d’ordinaire, chiper la jarretelle de la mariée).

« Papa ! » criai-je en sautant sur mes pieds.

Pas de réponse, bien sûr. Du reste, je n’en attendais pas. J’enfilai mes bas… C’est drôle, j’enfilais, j’enfile toujours mes bas avant tout autre chose, et ils ne manquent pas de se rouler, de me tomber sur les pieds quand je pars en quête de ma ceinture. Celle-ci trouvée, j’ai souvent du mal à accrocher mes jarretelles. Cette nuit-là, je n’y arrivai pas. Papa était parti. Papa était au feu. Au plus fort du feu, donc du danger, comme d’habitude. Et Ralingue et les autres, sauf peut-être Lucien Troche, devaient certainement lui céder leur part d’imprudence… Inutile de changer ma chemise de nuit contre une chemise de jour ! Une culotte pour l’enfouir, une jupe, un pull et mon blouson… Tirons la fermeture éclair, et hop ! Du vent ! J’éteignis l’électricité, mais je claquai les portes sans les fermer, les oreilles tintantes de protestations de Papa lors du dernier incendie, chez les Daruelle : « Veux-tu rester au lit ! Le feu, ce n’est pas la place d’une gamine de seize ans. » Mais il n’était pas là. Maman non plus — qui aurait donné un tour de clef. Seule, non, je ne pouvais pas rester toute seule. Allez donc dormir quand votre père se distingue dans les flammes ! Je me jetai dans la rue, dans la foule.

*

Le clairon sonnait toujours. Il s’interrompit une seconde, et j’entendis Ruaux crier devant une maison qui restait close : « Si ça vous arrive, on vous laissera bouillir, cochons ! » Puis il reprit ses variations rauques. Je galopais, entraînée par un flot d’affolés, incapable de reconnaître les gens qui lançaient des coups de gueule et des coups de coude dans la nuit. Des attardés, des sauveteurs de la onzième heure à qui leurs femmes avaient fait honte sautaient encore à bas des lits de plume, car on voyait de la lumière filtrer à travers presque toutes les persiennes. D’autres se glissaient sous les portes basses, se joignaient à nous, se mettaient à courir pieds nus dans ces bottes de caoutchouc qui tiennent maintenant lieu de sabots, la braguette mal boutonnée, la peau de mouton jetée par-dessus la chemise de nuit. Et nous nous hâtions tous, pataugeant dans la boue, vers cette clarté insolite, déjà plus molle, qui persistait à l’ouest, tout au bout du village, au-dessous du château de la Haye, là où quelques maisons se détachent de l’ensemble pour constituer ce que le notaire, en ses actes, appelle toujours « le lieudit Chantagasse ». Oubli majeur, la demi-douzaine de lampadaires, réglementairement éteints à minuit, n’étaient pas rallumés, et nous nous heurtions, nous nous bousculions de plus belle dans l’ombre, à peine trouée, de place en place, par les lumières tamisées des fenêtres où s’encadraient furtivement des profils de femmes, hérissées de bigoudis et de questions plaintives :

— Qu’est-ce qui brûle ?

— Ce ne serait pas chez les Gaudian ? Les pauvres ! Ils mariaient leur fille, aujourd’hui.

— Non, c’est chez leurs voisins, les Binet.

— Dire qu’il pleuvait tout à l’heure !

— Dire que c’est le troisième en deux mois !

En vain le cantonnier, qui redescendait la grand’rue à contre-courant, criait-il d’une grosse voix, reconnaissable entre toutes : « Rassurez-vous, ce n’est rien. Rien que la grange aux Binet. Ralingue et Bertrand Tête-de-Drap y sont. La part du feu est faite… » D’autres, des pessimistes ou des farceurs, entretenaient l’angoisse en hurlant : « Faites attention aux flammèches ! Surveillez vos toits ! » Et les retardataires trottaient plus vite, déjà suants, probablement inutiles, mais soucieux de faire au moins acte de présence. La solidarité millénaire des manieurs de paille devant le feu, ennemi commun, ils ne l’éprouvaient plus guère : Victor Binet, pour le matériel et les meubles, M. Heaume, pour les bâtiments, devaient être assurés, comme tout le monde. Mais on a son savoir-vivre, on sait qu’il faut être vu au feu comme à l’enterrement.

Pourtant, à cent mètres de Chantagasse, les gens ralentissaient. Je me sentis plus tranquille en considérant la ferme épargnée, les barges intactes et ces volutes pourpres, presque violettes, que vomissaient encore les lucarnes de la grange. Petite affaire ! Rien de comparable à ce qui s’était passé chez les Daruelle, six semaines plus tôt, quand les flammes alimentées par trente tonnes de fourrage et de grain avaient rôti vingt bêtes, rasé trois cents mètres carrés de bâtiments et surpris dans sa mansarde la vieille Amélie, la grand-mère, dont seul le dentier — en or, il est vrai — avait pu être retrouvé. Cet incendie-là, on l’avait vu de Segré. À trois kilomètres, il rivalisait de clarté avec un soleil couchant, il parsemait la nuit de millions d’étoiles filantes qui menaçaient tous les fenils du bourg. Cet incendie-là, c’était un incendie. Les retardataires s’approchaient de celui-ci avec soulagement. Avec un peu de déception aussi. Ils ne l’avouaient pas évidemment, mais je la sentais bien. Un grand sinistre, quand il ne dévore pas votre maison, c’est beau. C’est un film tragique, gratuit, local. C’est une date forte, dont la chaleur se maintiendra longtemps dans les mémoires, qui remplacera la sécheresse d’un millésime et permettra de dire, un jour, avec assurance : « S’il est vieux, ce cheval-là ? Pensez ! Je l’ai acheté l’année où les Daruelle ont grillé ! »

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