Hervé Bazin - L'huile sur le feu

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L'huile sur le feu: краткое содержание, описание и аннотация

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On ne dort plus guère à Saint-Leup du Craonnais : les femmes y brûlent avec une régularité qui exclut le hasard. Et le soupçon, plus encore que la menace, empoisonne le village.
L'incendiaire ? On le découvre au cours de péripéties hallucinantes où chaque personnage se révèle dans sa vérité : Monsieur Heaume, une manière de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement.
Le cauchemar de Saint-Leup est raconté par Céline, la fille unique d'Eva et de Bertrand. A la lueur des incendies, c'est toute l'existence d'un village qui nous apparaît, dans sa profondeur, avec ses passions et ses rancunes.

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Une certaine considération se peignit sur le visage du magistrat, dont le regard monta, d’une secousse, des pieds de « celui qui » jusqu’à son crâne de drap noir.

— Encore une fois mes compliments, monsieur, dit-il. Mais ce que vous m’avez dit ce matin, sur les lieux, me suffit. Vous pouvez disposer… Oh ! la jolie fillette !

Je le détestai pour ce « fillette » et m’aplatis contre le mur, lui laissant le côté de la rampe. Il descendit deux marches et soudain se ravisa :

— Un mot, tout de même.

Son nez, qui découpait l’air en tranches, s’immobilisa. Le bout d’un bel index rose vint se poser sur le gilet de Papa.

— Vous êtes agent d’assurances et, comme tel, obligé de faire toutes observations utiles à votre compagnie… Au cours des différents incendies ou seulement au cours de l’un d’entre eux, n’avez-vous vraiment rien noté qui vous ait paru insolite ?

— Mon Dieu… non ! répondit Papa d’une voix si traînante que le juge, intéressé, lui poussa l’index au creux de l’estomac.

— Cherchez bien.

— Non, je n’ai rien remarqué, répéta mon père… Rien, sauf une coïncidence qui ne signifie sans doute pas grand-chose.

— Mais dites donc ! glapit M. Giat-Chebé.

Impatient, il tapotait de la semelle l’arête de la troisième marche. Le dialogue du juge et de Papa, juste au sommet de l’escalier d’honneur, n’avait échappé à personne, si bien que dans la grande salle du rez-de-chaussée les conversations restaient suspendues, les bouches bées. De pilier en pilier, le journaliste s’était rapproché et commençait à crayonner. Un flash illumina le visage de Papa juste au moment où il se résignait à dire :

— Excusez-moi, monsieur le juge, j’ai seulement remarqué que tous les incendies avaient eu lieu le soir d’une noce.

*

Un ange passa. Le menton rentré dans le cou, les mains nouées, le juge expédiait de tous côtés ces petits coups d’œil de l’homme qui se consulte et se demande s’il ne risque pas le ridicule en prenant au sérieux un gros mystère enfantin. Il murmura :

— Hum ! On m’a dit aussi que toutes les fermes incendiées appartenaient au maire de ce pays. Vingt personnes sont venues me le répéter. Ce qui est inexact, d’ailleurs, car la ferme Daruelle n’appartient pas à M. Heaume.

L’assistance, elle, semblait beaucoup plus impressionnée. Certains, faisant de visibles efforts de mémoire, dépliaient les doigts, un à un, jusqu’à quatre. Puis, leur contrôle opéré, ils regardaient leurs voisins en haussant les sourcils, avec gravité, presque avec respect, tout prêts à franchir le pas qui sépare l’incompréhensible du fabuleux.

— Ça, alors, ça ! fit Ralingue, exprimant à peu de frais le sentiment de tous ceux qui ne prétendaient pas avoir de lumières.

— Curieux ! Vraiment curieux ! dit presque aussitôt le docteur Clobe, au nom des autres. Si vraiment il y a rapport quelconque entre ceci et cela, il faudra que je revoie la théorie des correspondances… Aurions-nous hérité, dans ce trou, d’un étonnant sadique ?

Il empoigna sa barbe et resta songeur, tandis que brusquement tout le monde se mettait à parler. Immobilisé sur la troisième marche, le juge prenait l’avis du brigadier. Nous n’attendîmes pas leur permission pour dégringoler l’escalier. Toujours flanqué de sa fille et de Lucien Troche, Papa franchit les grilles d’un bon pas et piqua droit sur les quatre fermiers qui, très entourés, discutaient sur la place. Il saisit Martial Oudare par la manche et lui souffla dans le nez :

— Attention ! N’oublie pas de me prévenir que tu as brûlé, par lettre recommandée, demain au plus tard. Toi aussi, Binet…

Puis il me lissa les cheveux : geste qu’il faisait toujours quand il allait me quitter.

— J’ai un client à voir avant de rentrer. Va aider ta mère.

Il sauta sur son vélo. En reprenant le mien, je m’aperçus que les deux pneus étaient crevés. Dans l’un d’eux, une aiguille était restée plantée. « Ça, c’est un coup d’Hippo ! dit Lucien en jetant la machine sur son dos. Tu n’as qu’à remonter à pied, je te la ramènerai ce soir. » Je l’accompagnai jusqu’au garage, où il me quitta pour se glisser sous une B-14 dont la tripe métallique était éparse sur le ciment huileux. Je rentrai seule, furieuse, et me retournai trois fois pour crier : « Salaud ! » à ce garnement d’Hippolyte qui me suivait de loin, s’esclaffant, soufflant entre ses pouces : « Houhouhou ! » selon la vieille méthode des bracos et des chouans dont le signe de ralliement était le cri de la chouette.

VII

Dans la chaleur, la vapeur, l’odeur du linge chaud et de l’amidon cuit, nos bras nus glissent en cadence, comme des bielles. Julienne tire de long, aplatit à toute allure serviettes et torchons. Maman, qui s’est réservé la jeannette et ses difficultés, travaille surtout de la pointe, triomphe des entournures de manches, des angles de col, des replis de dentelle, par de savants et prestes pivotements du poignet. Avec une régularité d’horloge, toutes les cinq minutes, elle troque son fer contre un des autres fers, qui attend sur les rondelles du centre de la cuisinière, l’approche de sa joue pour l’apprécier, à quelques degrés près, et de la main gauche saisit dans le tas une nouvelle pièce. Quant à moi, qui n’ai droit qu’aux mouchoirs, je travaille au fer électrique, sur une petite table contiguë, torturant d’ailleurs mon « Calormatic », dont je manipule sans cesse le thermostat pour le seul plaisir de voir s’allumer ou s’éteindre la petite lampe rouge. Et le linge repassé s’entasse lentement sur la commode, disposé en deux piles : la pile Colu un peu plus haute que la pile Troche, tandis que s’allonge le silence, à peine troublé par le tintement des repose-fer ou par de brefs pétillements franchissant le crible du cendrier. Pas un mot. Au bout d’une heure, je n’y tiens plus, je me campe devant Julienne et je crie, les bras croisés sur ma combinaison de pilou blanc :

— Vous êtes drôles, aujourd’hui !

Personne ne répond. Ni Julienne, ni Maman qui baisse le nez, bougonne. Je sais ce qu’elle a : Lucien a dû faire allusion à ma présence au feu devant Julienne, qui s’est empressée de s’étonner, de prêcher prudence « pour le bien de cette petite » qu’elle déteste depuis qu’elle se sent percée à jour, surveillée, suivie par mes yeux vairons. D’où ce malaise. Pourquoi n’en sortons-nous pas ? J’aime bien que les malaises finissent au plus vite, même s’ils doivent finir comme les assiettes : par des éclats. Elle ferait mieux de dire, ma mère : « À propos, ne dis pas à ton père que tu ne m’as pas vue en rentrant. Ça ferait des histoires. » Et ce serait fini, car, des histoires, ce n’est pas moi qui lui en ferai. Ici, moi, je suis la seccotine qui, désespérément, cherche à tout recoller, même l’enfer. Mais il y a autre chose dans l’air qui fume plus fort que la patte-mouille : Maman fait une crise de jalousie. Ma course au feu, elle en connaît bien le sens. L’angoisse, la vigilance, la chaleur que cela suppose, elle ne peut pas les supporter. Comment cet homme qui n’existe plus pour elle peut-il m’occuper tant ? Comment puis-je avoir si peur pour lui ? Comment puis-je aimer cet ennemi ? Elle sait bien que je l’aime, elle aussi, mais je m’en aperçois tous les jours un peu plus, la tendresse que je lui voue lui semble souillée par celle que je réserve à mon père. Si encore je me contentais d’avoir un peu d’affection, un peu de pitié, pour lui !… J’ai dans l’oreille une de ses remarques, jetée à Julienne devant moi : « Après tout, c’est sa fille ! » et je vois encore sa tête quand Julienne, toujours à l’affût du mal qu’elle peut nous faire, lui répondit : « Avant tout, c’est sa fille ! » La préférence ! Voilà sa plaie, qui vient de se rouvrir. Une plaie inguérissable, car cette préférence, dès qu’elle ne l’estime plus assurée à mon père, elle en réclame aussitôt le bénéfice. Elle n’admettra jamais ce partage équitable qu’admet fort bien Papa. Il est vrai que lui — et voilà pour moi son auréole, — il est vrai que lui ne la hait pas. Non, mon pauvre père, il ne la hait pas…

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