Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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J'ai retrouvé Jean Vilan. Il habitait avec une femme nommée Angelina un immeuble chic, à Pine Grove, près de Lakeshore. Je passais l'après-midi avec lui, de temps en temps, pour oublier le reste. On allait dans un hôtel du centre, en haut d'une tour. Avec lui, c'était si calme, si tranquille, un vrai salon de première. Par la grande baie vitrée face à l'est, je regardais la nuit bleue, le lac, les lumières des voitures qui serpentaient très bas sur l'autoroute, comme si je planais à trente mille pieds. On parlait encore quelquefois, mais plus comme on l'avait fait dans la chambre d'hôtel à Harvard. On faisait l'amour, on mangeait, puis je dormais lourdement, jusqu'au soir. La plupart du temps, quand je me réveillais, Jean était parti donner ses cours. Il travaillait à une thèse de sociologie, sur les migrants mexicains dans la banlieue sud de Chicago. Une ou deux fois, il m'a emmenée avec lui dans les quartiers de Roselle, Tinley, Naperville, Aurora, il s'invitait à des noces, à des baptêmes. C'était comme s'il allait sur la planète Mars. Je ne suis pas sûre qu'avec tous ses diplômes il comprenait mieux que moi ce qu'il voyait.

Dans Robinson, il y avait de drôles de gens. Le soir, un peu avant la nuit, ils sortaient de leurs maisons aux fenêtres bouchées par des planches. Ils vendaient leurs petites doses de poudre, leurs petits carrés de résine. J'avais appris à les éviter. Mais juste en face de la fenêtre de ma chambre, de l'autre côté de la rue, vivait Alcidor. C'était un géant, grand comme un ours noir, avec un visage enfantin. Il était habillé tous les jours du même overall en jean et d'un T-shirt blanc et rouge, même quand le vent du nord soufflait. Il vivait dans une petite maison chavirée avec sa mère, une petite femme noire qui travaillait dans un café. Il s'était pris d'amitié pour moi. Chaque matin, quand je sortais faire des courses, vers onze heures, midi, Alcidor était assis sur les marches du perron de sa maison, il me faisait de grands signes. Mais il n'arrivait pas bien à parler, il lui manquait quelque chose dans la tête. Il hochait la tête quand je lui disais quelque chose, il ressemblait à un gros chien, monstrueux et inoffensif. Les gosses du quartier se moquaient de lui, lui envoyaient des noyaux, mais il ne se mettait jamais en colère. Il pouvait rester assis des heures sur le pas de la porte, à attendre sa maman, en mangeant des crackers. Les dealers le laissaient tranquille. Quelquefois, pour s'amuser, ils lui faisaient fumer une cigarette de hasch, pour voir l'effet que ça lui ferait. Alcidor fumait la cigarette, puis il se remettait à manger tranquillement ses crackers. Il riait peut-être un peu plus, c'est tout. Il était vraiment d'une force incroyable. Un jour, une camionnette conduite par un ivrogne est montée sur le trottoir et a défoncé le mur d'un bâtiment plus loin. Une poutre est à moitié tombée sur le trottoir, en équilibre sur un des entraits. Alcidor est arrivé, il s'est accroché à la poutre qui pendait et, par son seul poids, il l'a relevée et remise en place. Il paraît qu'un organisateur de combats avait voulu l'engager, mais Alcidor était trop doux, trop gentil, il n'avait pas envie de se battre. Il n'avait pas beaucoup de conversation. Tout ce qu'il disait, c'était sur le temps qu'il ferait en hiver: « Maybe rain, maybe snow, I don 't knoxv.»

Sa mère le protégeait. Un jour, j'étais assise sur les marches de sa maison, à côté d'Alcidor, avec un bouquin de bandes dessinées, je m'étais mis dans la tête de lui apprendre à lire. Sa mère est arrivée, et quand elle m'a vue, elle s'est fâchée: «Qu'est-ce que c'est que cette négresse? Qu'est-ce que vous voulez à mon fils?» Je n'ai plus recommencé.

Pourtant, un après-midi, il y a eu cette histoire terrible avec la police. Le maire avait dû donner des instructions pour qu'on arrête quelques dealers, juste le temps de faire une photo et de parler de lui dans les journaux, et je ne sais pas pourquoi ils avaient choisi cette rue de Robinson – probablement parce qu'il ne s'y passait jamais rien. Tout d'un coup, les voitures de la police sont arrivées par paquets, elles ont bloqué la rue. Les flics sont montés à l'assaut des maisons, surtout celles du bout, qui avaient les fenêtres fermées par des planches. Ils ont dû arrêter quelques petits garçons, et soudain, ils ont vu Alcidor. Le géant venait de terminer sa sieste, il était sorti sur le pas de sa porte, habillé toujours de sa salopette en jean et de son T-shirt rouge et blanc, et quand il a vu les gyrophares qui clignotaient, ça l'a attiré, il a fait quelques pas pour regarder ce qui se passait. En haut des marches en bois, il paraissait encore plus grand, plus gros, un vrai ours qui sortait de la forêt. Moi j'avais le cœur serré, parce que je voyais bien qu'il n'avait pas compris le danger, que les policiers avaient peur de lui. J'aurais voulu lui crier: «Alcidor! Va-t'en, retourne chez toi!» Les haut-parleurs de la police gueulaient des ordres, mais bien sûr Alcidor ne comprenait rien. Il continuait à marcher vers eux, les mains dans les poches, en se dandinant complaisamment. Et puis trois flics lui ont sauté dessus, ils ont essayé de le faire tomber par terre, mais lui les a repoussés d'une bourrade. Il croyait que c'était un jeu. Il regardait leurs armes pointées sur lui sans comprendre, et il continuait à avancer vers le milieu de la rue. Mais il n'avait plus les mains dans les poches. Quand les flics ont vu qu'il n'était pas armé, ils s'en sont donné à cœur joie. Ils lui ont sauté dessus, et ils ont commencé à le bastonner, sur le dos, sur les bras, sur la tête. Alcidor saignait du nez et du crâne, mais il était encore debout, il tournait sur lui-même en grognant, les bras étendus, comme s'il cherchait à se retenir à quelque chose. Puis les flics l'ont battu sur les jambes, et enfin il est tombé par terre. Et là, ils continuaient à le battre à coups de matraque, si fort qu'il me semblait que j'entendais les coups. Ils l'insultaient et ils le battaient. À la fin, j'ai vu Alcidor qui pleurait, couché par terre, les bras sur sa tête pour se protéger des coups. Il poussait des cris, des grognements, il appelait sa maman au secours.

La vieille est arrivée au moment où ils embarquaient Alcidor dans une voiture. Il était si énorme qu'ils n'arrivaient pas à le faire entrer droit, alors ils l'avaient poussé la tête en avant, et ils battaient ses jambes pour qu'il se replie dans la voiture. Et la vieille Noire courait derrière eux en glapissant, elle cherchait à les retenir. Puis ils sont partis, et elle est retournée chez elle, elle a refermé sa porte. Elle était sûre que c'étaient nous tous, dans cette maudite rue, qui avions envoyé les flics chercher son fils. Et deux jours après, quand il est revenu, quelque chose avait changé. Alcidor maintenant ne s'asseyait plus dehors pour regarder passer les gens. Il restait enfermé dans la maison. Il avait peur. Quelque temps après, on a vu un panneau sur la maison. La vieille avait emmené Alcidor dans un autre quartier, et de lui je ne sais plus rien.

Après cela, j'ai connu la dérive. J'en ai eu assez de partager Jean avec Angelina. Je suis sortie avec Bela, un Équatorien qui habitait Joliet, grand, mince, avec des cheveux longs comme un Indien de cinéma, et un petit diamant incrusté dans l'oreille gauche. Il rêvait de reggae, de raga, de lancer son label. En attendant, il trafiquotait des barrettes, des amphétamines, un peu de poudre. Il se défonçait aussi, mais ça je ne le savais pas. J'allais avec lui dans les bars, dans les boîtes à blues, je rencontrais des musiciens. Je restais dehors toute la nuit. Il y avait des stars du basket, des scratcheurs paumés, des dj sans Technics, des égéries qui se prenaient pour Janet Jackson quand elle chante Run away if you want to survive, des Jamaïcains qui se prenaient pour Ziggy Marley, des Haïtiens qui se prenaient pour les Fugees. Moi, ceux que j'aimais, c'étaient les Roots: Razhel «The Godfather of Noise», Black Thought, Hub,? Question Mark, Kamel. Et puis Common Sense, et KRS one, et Coed. J'avais échangé le vieux poste de radio contre un baladeur, j'allais partout avec la musique profonde dans ma seule oreille, comme si le monde entier était muet. Je m'habillais comme eux, je marchais, je fumais comme eux, je parlais comme eux, je disais: «You know what I'm saying?» Personne ne pouvait croire que je venais de l'autre bout du monde. Une fois j'ai parlé de Morocco, on a compris Monaco. Je n'ai pas recommencé. Personne ne savait ce que c'était que d'être d'Afrique, et puis je n'avais pas encore reçu le petit bout de plastique vert qui donne tous les droits. De temps en temps, je revoyais Jean, mais il n'aimait pas me partager avec quelqu'un comme Bela. Et comme il n'a jamais eu beaucoup de menton, il avait l'air encore plus triste.

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