Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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Grâce au Senor, j'ai eu un numéro de sécurité sociale, un permis de conduire. Un soir, sans me prévenir, il a invité Mr Leroy dans son bar, pour m'entendre chanter. Quand j'ai eu fini mon numéro, Mr Leroy a écrit sur sa carte de visite un rendez-vous pour le lendemain. Je suis allée toute seule au studio d'enregistrement, sans en parler à Bela, ni à Jean ni à personne. Je ne comprenais pas bien ce que Mr Leroy voulait. J'ai mis un pantalon serré, et un grand pull noir à col roulé, pour le cas où il aurait été du genre envahisseur. Le studio était dans le sous-sol d'un immeuble de Ohio, juste une grande salle tapissée d'isolant noir, avec au centre un piano blanc. C'était un peu terrifiant. J'ai joué comme j'avais appris avec Simone dans la maison de la Butte-aux -Cailles, penchée sur le clavier pour bien entendre rouler les notes graves. J'ai chanté Nina Simone, I put a spell on you et Black is the color of my true love's haïr. Et puis j'ai joué mon morceau, celui où j'aboyais comme les coupeurs de cannes, où je criais comme les martinets dans le ciel au-dessus de la cour de Lalla Asma, où je chantais comme les esclaves qui appelaient leurs grands-pères loas, au bord des plantations, debout dans la mer. J'ai appelé ma chanson On the roof, en souvenir de la rue du Javelot et de l'échelle des pompiers qui menait au toit du monde. J'avais le cœur qui battait trop fort. Pour me donner du courage, j'ai pensé à la voix drôle et fraîche de Djemaa que j'écoutais jadis au Douar Tabriket, le poste collé à mon oreille, quand elle annonçait Cat Stevens sur Radio Tangiers, The Voice of America.

Maintenant, après toutes ces années, je savais ce que je voulais entendre, ce roulement ininterrompu, sourd, grave, profond, le bruit de la mer sur le socle de la terre, le bruit des bogies sur des rails sans fin, le grondement continu de l'orage qui se lève derrière l'horizon. Comme un soupir, ou une rumeur qui viennent de l'inconnu, le bruit du sang dans mes artères quand je me réveille la nuit et que je me sens seule.

Maintenant, je jouais, je n'avais plus peur de rien. Je savais qui j'étais. Même le petit bout d'os qui s'était brisé derrière mon oreille gauche, ça n'avait plus d'importance. Même le sac noir, et la rue blanche, le cri éraillé de l'oiseau de malheur. Ni Zohra, ni Abel, ni Mme Delahaye, ni même Jup, tous ces gens qui partout épiaient, chassaient, tendaient leurs filets. J'ai chanté longtemps, presque sans reprendre mon souffle, et j'avais mal au bout des doigts. J'avais l'impression d'un très grand vide, comme dans les couloirs du métro quand tout le monde s'en va. Mr Leroy n'a rien dit. Je suis partie du studio le cœur serré, j'avais l'impression d'avoir échoué pour toute ma vie. Je suis allée me réfugier à l'hôtel, avec Jean Vilan.

J'ai dormi pendant deux jours et deux nuits, presque sans me réveiller. J'étais allée au bout de mes forces. D'avoir vu le géant Alcidor jeté à terre par les flics, battu et laissé à pleurer sa maman comme un petit enfant, je ne pouvais plus retourner rue Robinson. J'avais encore dans l'oreille le bruit des sirènes des voitures de police, quand ils avaient bloqué la rue. Il y avait le ciel bleu de l'automne, les arbres rouges, tout ça, mais ça n'était pas différent de la rue Jean-Bouton, ça n'était même pas très différent de la cour de Lalla Asma, ni de la rue blanche où j'avais été volée quand j'étais petite.

Juste avant la neige, en novembre, j'ai reçu en même temps la lettre de l'Immigration contenant ma carte de résident et un rendez-vous avec Mr Leroy pour enregistrer On the roof. Dans le studio, il y avait le producteur, des assistants, des techniciens. J'ai joué et j'ai chanté toute la matinée, l'enregistrement avançait par petits bouts. Il fallait sans cesse revenir en arrière, recommencer. Puis, quand ç'a été fini, j'ai signé un contrat pour un disque single, et pour tout ce que j'allais produire pendant cinq ans. Je n'avais jamais eu autant d'argent. Je ne comprenais pas bien ce qui arrivait. Cette nuit qui a suivi, avec Bela et les musiciens, Mr Leroy et les assistants de production, on est allés dans un restaurant de Grand, qui appartient à Magic Johnson. J'avais la tête qui tournait, il me semblait que je n'avais plus de limites. Une journaliste ebony me posait des questions, je disais n'importe quoi, j'étais française, j'étais africaine. Quand elle m'a demandé le nom de ma prochaine chanson, j'ai dit sans hésiter: To Alci dor with love. J'avais une sorte de colère rentrée, je tremblais. J'avais l'impression que la musique des tambours de Réaumur-Sébastopol était partout, dans l'air, dans la fumée des bars, dans la lueur rouge qui reste au-dessus de Chicago jusqu'à l'aube.

Au matin, je les ai laissés tous. J'ai marché le long du lac. Il faisait très froid, et je n'avais que mon blouson en cuir et mon béret noir enfoncé jusqu'aux oreilles. Les peupliers trembles étaient enflammés, le ciel d'un bleu intense. Le soleil se levait au-dessus du lac. J'ai vu passer les escadrilles des grues vers le Nouveau-Mexique.

J'ai attendu sagement dans les couloirs de l'Alliance française. Jean Vilan ne m'a pas reconnue tout de suite, à cause de mon blouson noir et de mon béret. Il s'est excusé auprès des étudiants, il leur a dit qu'il avait quelque chose d'important et d'urgent. Nous avons marché dans les grandes avenues, nous avons pris un petit déjeuner, comme à Harvard. Nous sommes allés jusqu'au terre-plein qui entoure la station d'épuration, au bord du lac. Il y avait déjà des gens sur les pelouses, des joggers tirés par leurs caniches royaux, des vieux en survêtement qui s'exerçaient au tai-chi. Il faisait froid. En passant devant un immeuble de Sheridan, j'ai loué un studio, j'ai payé tout de suite, un mois de caution, un mois d'avance. Je voulais faire comme si Jean et moi nous nous étions mariés, sans témoins, sans église, sans papiers. Sans avenir. Je crois bien que c'est à ce moment-là que je suis tombée enceinte.

16

Je ne sais pas quel démon m'a poussée à retourner avec Bela, dans son appartement de La Plaza, à Joliet. Peut-être bien que c'était lui le démon. Ou peut-être que c'était Jean Vilan, parce qu'il m'avait fait tellement attendre, parce qu'il attendait tellement de moi. Je ne crois pas que personne se soit jamais autant ennuyé que moi.

À Sheridan, j'étais enfermée dans une cage de verre et de fer, au-dessus de la ville et du lac gelé, dans un endroit tellement hermétique que je pouvais croire que j'étais devenue sourde des deux oreilles. Tout le jour j'attendais. J'attendais que Jean ait fini ses cours, j'attendais qu'il ait fini avec ses élèves, avec ses professeurs, avec ses articles. Puis j'attendais qu'il ait fini avec Angelina. Vers quatre heures, Jean arrivait à la hâte, avec des fleurs, une bouteille de vin, des oranges, comme s'il venait voir une malade. Nous faisions l'amour à même la moquette, devant la baie vide où la nuit tombait déjà. Je m'endormais serrée contre lui, comme autre-fois, quand je me collais au dos de Lalla Asma. À minuit, il s'en allait sur la pointe des pieds. Un jour, je lui ai demandé de me montrer une photo de son amie. Elle souriait un peu bêtement, sur une grande pelouse verte, devant une piscine. Angelina était un nom qui lui allait bien. Elle était grande, blonde, angélique, tout le contraire de moi en somme. Elle était russe, ou lituanienne, je ne sais plus. Elle était médecin.

Bela était lui aussi tout le contraire de Jean. Il était mince comme une liane, doux et violent, avec une sorte de colère rentrée. Il apportait beaucoup de soin à choisir ses habits, ses chaussures, ses chemises de soie noires. Il lustrait chaque matin le diamant incrusté dans son oreille, il disait que ça lui venait de sa sœur, qu'elle le lui avait donné avant de mourir d'une overdose chez ses parents, à Washington. Avec lui, je sentais moins le vide, l'ennui d'avoir à attendre. En fait, je n'attendais plus rien. On vivait au jour le jour, on écoutait de la musique, on allait dans les bars, les boîtes, les soirées. Mr Leroy n'aimait pas Bela. Un jour, il m'a téléphoné, je ne sais comment il avait eu le numéro. Il m'a dit: «Ce n'est pas un type pour toi, trop faible, il va te faire tomber.» J'étais en colère, j'ai décidé de ne plus retourner au studio.

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