Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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Je me suis approchée du piano, j'ai touché le bois noir, le clavier d'ivoirine. J'ai regardé le gardien: il continuait à lire, sans faire attention à moi. J'ai pensé: peut-être qu'il est sourd, lui aussi?

Je me suis assise sur le banc, j'ai commencé à jouer. Je crois que j'avais oublié, au début, mes doigts accrochaient les touches, et je cherchais à retrouver les sons, dans ma tête, je chantonnais, je marmonnais. Je penchais la tête de côté, pour capturer les sons, comme faisait Simone quand elle m'enseignait. Et puis tout à coup, ça a commencé à revenir. Mes doigts roulaient sur le clavier, je retrouvais les accords, les airs, je reformais les boucles. Je jouais Billie, je jouais Jimi Hendrix, des morceaux qui s'arrachaient, qui tombaient. Je jouais tout ce qui venait, sans ordre, sans m'arrêter, j'improvisais, comme à Chicago, comme à la Butte-aux -Cailles, je retournais en arrière, je reprenais, j'oubliais, et les sons jaillissaient hors de moi, de ma bouche, de mes mains, de mon ventre. Je ne voyais rien, j'étais dans le coffre du piano, ma bouche béante, mon ventre qui résonnait, ma gorge, même mes jambes, comme si je marchais dehors au soleil, comme si je courais.

Maintenant, j'entendais la musique, pas avec mes oreilles, mais avec tout mon corps, un frisson qui m'enveloppait, qui glissait sur ma peau, qui me faisait mal jusque dans les nerfs, jusque dans les os. Les sons inaudibles montaient dans mes doigts, ils se mêlaient à mon sang, à mon souffle, à la sueur qui coulait sur mon visage et dans mon dos.

Le jeune homme s'était approché de moi. Il se tenait debout, un peu en retrait, et je ne pouvais pas voir son visage. Mais j'ai vu qu'il y avait beaucoup de monde arrêté dans le hall, à l'entrée du magasin. Des enfants assis par terre, des couples enlacés, des vieux en survêtement qui tétaient leur soda. À un moment, j'ai vu la jeune fille qui m'avait demandé un autographe, Anna. Elle s'était installée à l'intérieur du magasin, elle s'était assise sur la marche du podium, comme j'avais fait la première fois que j'avais écouté Sara, à l'hôtel Concorde, à Nice.

Pour eux, pour elle, je jouais, je retrouvais ma musique, le roulement sourd des tambours de Réaumur-Sébastopol, de Tolbiac, d'Austerlitz. La voix de Simone qui chantait le voyage de retour vers la côte de l'Afrique, et les sirènes des flics et les coups de bâton qui frappaient Alcidor, dans la rue Robinson, à Chicago. Ce n'était pas seulement pour moi que je jouais maintenant, je l'avais compris: c'était pour eux tous, qui m'avaient accompagnée, les gens des souterrains, les habitants des caves de la rue du Javelot, les émigrants qui étaient avec moi sur le bateau, sur la route de Valle de Aran, plus loin encore, ceux du Souikha, du Douar Tabriket, qui attendent à l'estuaire du fleuve, qui regardent interminablement la ligne de l'horizon comme si quelque chose allait changer leur vie. Pour eux tous, et tout d'un coup, j'ai pensé au bébé, que la fièvre avait emporté, et pour lui aussi je jouais, pour que ma musique le retrouve dans l'endroit secret où il se trouve.

J'étais prise par la musique, je l'entendais passer sur la peau de mon visage comme un aveugle peut sentir le crépitement du soleil et le roulement lent de la mer. J'ai senti les larmes déborder de mes yeux. C'était la première fois depuis longtemps, depuis que Yamba El Hadj Mafoba s'était glacé tout seul dans son lit, à Évry-Courcouronnes.

J'aurais pu jouer comme ça jusqu'à la fin du monde. J'ai senti les mains des gardes qui me soulevaient doucement. J'ai tendu encore les doigts vers le clavier, mais tout à coup, il n'y avait plus rien, que le silence. Très lentement, comme une procession, les gardes m'ont portée le long du hall, et de chaque côté les gens applaudissaient en silence. La jeune Anna a marché un moment à côté de moi, elle n'applaudissait pas, elle ne parlait pas, elle avait seulement tendu sa main vers moi, et son visage de petit chat était tout de travers, j'ai vu un instant ses yeux allongés qui brillaient parce qu'elle pleurait. Les gardes m'ont déposée dans une camionnette blanche, et à l'arrière de la camionnette, il y avait un homme âgé qui ressemblait à M. Rouchdi, le professeur de ma bibliothèque. Il m'a serrée contre lui, comme s'il me connaissait. J'étais si fatiguée, que je me suis laissée aller, j'ai posé ma tête sur son épaule, et je crois bien que je me suis endormie.

Je suis enfin, maintenant, à l'ombre, assise au frais dans une petite chambre propre, que l'orientation vers le nord protège hermétiquement du soleil. Il n'y a pas de fenêtre, juste un vasistas grillagé en haut du mur qui ne laisse voir que le ciel, bleu en ce moment. À côté du lit, il y a une chaise en plastique et une table de nuit qui cache un bassin et, dans un tiroir, le sac noir avec lequel j'ai débarqué à San Bernardino, contenant tous mes effets, c'est-à-dire principalement les lunettes noires bleues et mon béret où j'ai épinglé ma dernière boucle d'oreille Hilal.

Chaque matin, le Professeur me rend une petite visite. Je ne sais pas s'il est vraiment professeur, mais je l'ai appelé comme ça en souvenir du gentil M. Rouchdi de ma bibliothèque près du Musée. Je l'amuse avec ma façon de jongler avec l'anglais, le français et l'espagnol. Il ne parle pas, il me pose des questions en écrivant sur de grandes feuilles de papier qu'il arrache de son bloc d'un geste. Il écrit nerveusement, avec de grandes lettres, comme ceci: État de votre esprit? Votre plat sucré préféré? Mais il voudrait bien savoir d'où je viens, ce qui m'est arrivé, ma famille, le nom de l'homme qui m'avait mise enceinte.

Quand il pose des questions sur ma famille, j'écris des noms qu'il lit avec attention, comme une énigme: Nada, Sara, Anna, Magda, Malika. Il croit que je suis mexicaine, ou haïtienne, peut-être guyanaise.

Chavez est venue aujourd'hui, pour la première fois. Je ne sais pas bien comment elle m'a retrouvée. Peut-être que les fichiers d'hôpital correspondent, ou bien elle a lu dans le journal local un article avec ma photo, au titre alléchant:

EST-CE QUE VOUS LA CONNAISSEZ?

Elle n'avait pas son uniforme d'infirmière, mais elle était vêtue d'un vaste pantalon et d'une blouse à fleurs de femme enceinte, par solidarité, j'imagine. On s'est embrassées comme si on était de vieilles amies, et elle s'est assise sur la chaise, et moi sur le lit. On a parlé et bien ri, et puis elle m'a fait sortir dans le jardin. Ici, ce n'est pas San Bernardino. On est au Mount Zion, à Beverley. Il y a des palmes, des feuilles partout, de l'herbe bien verte – et de l'argent. Il n'y a pas d'enclos, pas de gardien. Je pourrais juste marcher et m'en aller. C'est peut-être pour ça que je suis restée.

Chaque matin, Chavez est là avec le Professeur. Elle a dû demander un congé pour s'absenter de son travail. Ou peut-être que c'est moi son travail. On monte dans la voiture du Professeur, et on tourne dans les rues, au hasard. Il pose des questions, toujours sur son bloc de papier. Il voudrait comprendre, qui je suis, ce que j'ai fait, où j'ai appris à jouer du piano. On est retournés ensemble au centre, devant le piano, mais ça ne m'a pas inspirée. Le gardien avait changé, ce n'était plus le jeune homme que j'aimais bien. Et le piano était immense, tout seul au milieu du magasin comme une machine infernale. Alors, je les ai emmenés dans une librairie, pour acheter des magazines de mode, et j'ai feuilleté des livres, au hasard. Tout d'un coup, j'ai reconnu la photo du Professeur sur la jaquette d'un livre de philosophie. Le livre s'appelait Hypnos amp; Thanatos, quelque chose de ce genre. Il y avait, écrit sous le titre, Edward Klein, j'étais contente de savoir son nom, et lui semblait un peu gêné, mais content aussi. Il a eu un petit sourire, l'air de dire: «Eh oui, c'est bien moi.» Plus tard il m'a donné son livre, avec une dédicace: « To my dearest unknown!»

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